Noah était assis dans le salon avec Laureen. La télévision était allumée, mais aucun d’eux ne la regardait vraiment. Au bout d’un moment, il posa la télécommande qu’il avait à la main et se tourna vers sa mère.
— Maman, dit-il doucement Laureen, qui était plongée dans un livre, releva la tête. — Oui, mon chéri ? Noah hésita, cherchant les bons mots. — J’ai une question. Et je veux une vraie réponse cette fois. Laureen fronça les sourcils, mais elle posa son livre, prête à l’écouter. — D’accord. Qu’est-ce qui te tracasse ? Il prit une profonde inspiration. — Est-ce que tu pourrais m’en dire plus à propos de mon père? La question tomba comme une pierre dans un lac calme. Laureen sentit son estomac se nouer. Elle avait espéré mourir sans jamais avoir cette conversation, mais elle savait que ce jour viendrait. — Noah… Je t’ai déjà dit tout ce que tu avais besoin de savoir. — Non, maman, tu ne l’as pas fait, répondit-il fermement. Tu as toujours évité la question. Tu dis qu’il est parti avant ma naissance, mais pourquoi ? Qui était-il ? Où est-il maintenant ? Est-ce qu’il sait que j’existe ? Laureen détourna les yeux, cherchant une réponse. Mais comment pouvait-elle lui dire la vérité ? — Noah, dit-elle doucement, c’est compliqué. — Ce n’est pas une réponse, maman, rétorqua-t-il, la voix tremblante. Est-ce qu’il était quelqu’un de mauvais ? Est-ce que… est-ce que tu as honte de lui ? de moi ? — Jamais je n’aurais honte de toi mon chéri! mais Je ne veux pas que tu sois blessé par cette histoire, Noah, dit-elle au bord des larmes. — Mais ça me blesse encore plus de ne pas savoir. J’ai le droit de connaître mes origines, Noah ajouta, frustré. Il quitta la pièce, laissant Laureen seule avec ses secrets et ses regrets. Laureen resta assise sur le canapé, figée, le regard fixé sur la couverture de son livre qu’elle n’avait plus la force de tenir. Les mots de Noah résonnaient encore dans sa tête : « J’ai le droit de connaître mes origines ». Et il avait raison. Elle le savait. Mais comment pouvait-elle lui raconter l’histoire complète ? Comment pouvait-elle lui révéler ce qu’elle-même avait toujours essayé d’oublier ? Elle ferma les yeux, ses doigts tremblants venant masser ses tempes. Son cœur battait à un rythme incontrôlé, une peur sourde s’emparant d’elle. Elle avait toujours su que ce moment viendrait, mais elle ne s’était jamais sentie prête. Pas maintenant, pas encore. Dans sa chambre, Noah faisait les cent pas. La frustration qu’il n’arrivait pas à canaliser bouillonnait en lui. Il s’arrêta devant son bureau, ses mains agrippant le rebord. Il avait grandi avec cette absence, ce vide qu’il n’avait jamais pu combler. Sa mère avait toujours été là pour lui, aimante et protectrice, mais il savait qu’elle lui cachait quelque chose. Il l’avait toujours su, au fond de lui. Et maintenant, il en avait assez des demi-vérités, des excuses vagues. Il voulait des réponses. Dans le salon, Laureen se leva enfin, incapable de rester immobile. Elle se dirigea vers la chambre de son fils avec ses pensées qui ne cessaient de tourner en boucle. Elle se souvenait de ce soir-là, il y a vingt ans. Le moment où tout avait changé. Elle avait pris une décision, une décision qu’elle croyait juste à l’époque, mais qui la hantait encore aujourd’hui. Le père de Noah ne savait rien de lui et rien de ce qu’elle avait fait. C’était mieux ainsi, se répétait-elle. Mais alors pourquoi ressentait-elle ce poids insupportable chaque fois que Noah posait des questions ? Elle ouvrit la porte de la chambre de Noah et le vit celui-ci sur son lit, la tête entre les mains. — Mon chéri… — Pourquoi tu ne me fais pas confiance ? demanda-t-il avant qu’elle ne puisse finir sa phrase — Ce n’est pas une question de confiance, Noah, dit elle en s’asseyant à ces côtés. — Alors c’est quoi ? lâcha-t-il, sa voix teintée de colère et de tristesse. Tu crois que je ne peux pas comprendre ? Que je ne suis pas assez fort pour entendre la vérité ? — Ce n’est pas ça. Sa voix était faible, presque un murmure. — Alors quoi ? insista-t-il. Tu veux me protéger ? De quoi, maman ? De mon propre père ? Tu dis qu’il est parti, mais je n’y crois pas. Le silence s’abattit sur la pièce, lourd et oppressant. Laureen sentit son cœur se serrer. — Je sais que tu as besoin de savoir et je te dirais ce que tu veux savoir mis pas tout de suite, je suis désolée, Noah, dit-elle finalement, sa voix tremblante. Noah la regarda, ses yeux remplis d’une demi déception et il hocha simplement la tête, résigné. — Bonne nuit, maman, dit-il avant de disparaître de s’allonger sur son lit. Ce soir-là, ni Laureen ni Noah ne trouvèrent le sommeil. L’un hanté par ses secrets, l’autre par ses questions sans réponses.Le tintement familier de la clochette accompagna l’entrée de Nathan et Max dans le petit café chaleureux où Noah travaillait. Une douce odeur de café moulu et de pâtisseries fraîches flottait dans l’air, mêlée au brouhaha paisible de conversations étouffées et de frappes de clavier.Max fit claquer ses mains, visiblement ravi.— Ah, l’antre du travailleur ! Où est notre cher barista préféré ?Derrière le comptoir, Noah leva les yeux de la machine à espresso, un sourire fatigué mais sincère aux lèvres.— Si ce n’est pas les deux piliers du chill, murmura-t-il en ajustant son tablier. Prenez une table, je vous rejoins dès que j’ai fini cette commande.Nathan et Max s’installèrent près de la grande baie vitrée, là où la lumière du jour éclairait les grains de café entassés dans des bocaux étiquetés à la main. Nathan avait l’air distrait, ses yeux fixant le vide alors que Max s’étirait paresseusement.— Tu veux un truc ? demanda Max.— Peu importe. Un truc pas trop sucré.Max le fixa un i
Le tintement familier de la clochette accompagna l’entrée de Nathan et Max dans le petit café chaleureux où Noah travaillait. Une douce odeur de café moulu et de pâtisseries fraîches flottait dans l’air, mêlée au brouhaha paisible de conversations étouffées et de frappes de clavier.Max fit claquer ses mains, visiblement ravi.— Ah, l’antre du travailleur ! Où est notre cher barista préféré ?Derrière le comptoir, Noah leva les yeux de la machine à espresso, un sourire fatigué mais sincère aux lèvres.— Si ce n’est pas les deux piliers du chill, murmura-t-il en ajustant son tablier. Prenez une table, je vous rejoins dès que j’ai fini cette commande.Nathan et Max s’installèrent près de la grande baie vitrée, là où la lumière du jour éclairait les grains de café entassés dans des bocaux étiquetés à la main. Nathan avait l’air distrait, ses yeux fixant le vide alors que Max s’étirait paresseusement.— Tu veux un truc ? demanda Max.— Peu importe. Un truc pas trop sucré.Max le fixa un i
— Tu vas lâcher ce sac ou tu comptes l’épouser ? La voix de Max tira Nathan de sa rêverie. Il baissa les yeux vers le tote bag à moitié vidé qu’il tenait encore à la main, suspendu entre deux gestes. Il le balança sur le banc et haussa les épaules, l’air de rien. — J’pensais à un truc, murmura-t-il. Max le connaissait trop bien pour ne pas remarquer le ton distant. Il plissa les yeux et suivit instinctivement le regard de son ami. Un peu plus loin, il aperçut Monsieur Harrington et Mme Carter se séparer après une discussion. Tandis que Mme Carter venait sans doute de lui dire au revoir avec un sourire poli, Mr Harrington, lui, ne la lâchait pas du regard. — C’est pas ta prof, ça ? demanda Max. — Ancienne prof, répondit Nathan un peu trop vite. Max arqua un sourcil. — Peu importe. Nathan détourna les yeux et fourra son téléphone dans sa poche. — T’as peur qu’elle remplace ta mère ? lança Max, à moitié sérieux. Nathan sursauta. — Quoi ? Non, pas du tout ! C’est pas du tout ça
Le froid mordant de janvier enveloppait le campus d’une brume hivernale. Laureen, emmitouflée dans son manteau, traversa la grande cour menant au bâtiment principal. La pause d’hiver était passé en un éclair, et bien qu’elle ait apprécié cette pause, elle ne pouvait ignorer cette légère appréhension à l’idée de replonger dans le rythme effréné des cours et des obligations universitaires. Elle monta les escaliers menant au bâtiment des professeurs et poussa la porte, son souffle créant un nuage blanc dans l’air glacé. À l’intérieur, l’agitation était déjà bien présente. Des étudiants cherchaient leurs salles, des professeurs discutaient en petits groupes, et quelques retardataires couraient dans les couloirs. Alors qu’elle ajustait l’écharpe autour de son cou, une voix familière l’interpella. — Mme Carter. Elle se retourna et tomba sur Daniel Turner, un sourire aux lèvres, les mains dans les poches de son manteau. — M. Hartman, répondit-elle en lui rendant son sourire. Il la rega
L’air hivernal piquait agréablement les joues, et la ville était animée en cette période de fin d’année. Noah et Laureen marchaient côte à côte sur l’avenue principale, leurs sacs de shopping ballottant à chaque pas. Cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pas pris une journée rien que pour eux, et ils en profitaient pleinement. — Je crois qu’on a un peu abusé, souffla Laureen en jetant un regard amusé aux nombreux sacs qu’ils transportaient. — Pas du tout, maman, répondit Noah en ajustant ceux qu’il portait. C’est notre journée, on se fait plaisir ! Elle sourit, attendrie par son enthousiasme. — J’espère juste que tu n’auras pas besoin de nouvelles baskets dans trois mois. — Eh, j’y peux rien si je grandis encore ! Ils arrivèrent devant un café et décidèrent de s’y arrêter pour une pause bien méritée avant leur partie de bowling. Une fois installés, Noah attrapa son chocolat chaud et s’enfonça dans son fauteuil avec un soupir satisfait. — Alors, ton boulot au café, ça se passe
— Flashback —Sarah avançait à grands pas dans les couloirs du campus, son cœur battant à un rythme effréné. Chaque seconde qui passait sans nouvelles de Laureen renforçait son angoisse.Elles avaient parlé la veille. Laureen n’allait pas bien, mais jamais elle ne serait partie sans prévenir. Ce n’était pas son genre.Sarah arriva devant la chambre de son amie et frappa avec insistance. Rien. Elle réitéra, plus fort cette fois.Après quelques secondes, la porte s’ouvrit sur une jeune femme aux cheveux en bataille, visiblement à moitié endormie.— Qu’est-ce qui se passe ? grogna la colocataire de Laureen.— Où est Laureen ? demanda Sarah sans détour.L’étudiante fronça les sourcils, perplexe.— Elle est partie.Une vague glaciale parcourut Sarah.— Partie ? Où ça ?— J’en sais rien, elle a fait ses bagages tôt ce matin et s’est barrée.Sarah la fixa, cherchant un indice dans son regard.— Elle a dit quelque chose ?— Non, elle avait l’air pressée, c’est tout. Elle était bizarre ces der