Plongée dans mes pensées, mon téléphone vibre à nouveau.
Je soupire. Antoine, sûrement. J’ai envie qu’il me laisse tranquille, juste quelques heures encore. Je veux rester dans cette bulle douce, où son absence ne me fait plus peur. Mais ce n’est pas lui. C’est Gabriel.« Tu es bien rentrée, mon ange ? Je t’embrasse. » Un sourire se dessine sur mes lèvres, avant même que je m’en rende compte. Mon cœur bondit, ma main se tend instinctivement vers le téléphone. Je saute sur mon lit, écris ma réponse à toute vitesse. Et là, une pensée me frappe : Je n’ai pas réagi comme ça avec Antoine. Cette injustice me saute au visage. Ma partialité. Mon cœur a choisi sans me consulter Les jours qui suivent notre parenthèse dans le parc s’écoulent avec une légèreté nouvelle. Quelque chose a changé, indéniablement. Il est plus attentif, plus présent, presque naturellement. Il vient déjeuner avec nous chaque jour, se glisOn se retrouve tous devant le petit resto-bar à karaoké. L’endroit a un charme délicieusement kitsch : lumières tamisées, néons colorés, vieux posters d’artistes oubliés**,** et une playlist joyeusement décalée. Dans un coin, une piste de danse clignote, illuminant déjà quelques silhouettes qui s’échauffent dans des éclats de rire.On entre, accueillis par la chaleur animée du lieu et une chanson pop des années 2000. On repère un grand canapé d’angle, parfait pour notre bande. Sans surprise, je me retrouve entre Gabriel et Anouka, qui, fidèle à elle-même, glisse une remarque taquine. Je lui donne un petit coup de coude, faussement vexée. Gabriel, lui, esquisse un sourire discret, le regard ailleurs. Ce soir, il semble plus silencieux. Moins lumineux.La soirée démarre dans la légèreté : les verres tintent, les rires fusent, les anecdotes pleuvent. Nadia parle fort, éclate de rire à ses propres blagues. Raph tente de convaincre José de chanter un duo romantique, « juste pour mettre l’a
Plongée dans mes pensées, mon téléphone vibre à nouveau. Je soupire. Antoine, sûrement. J’ai envie qu’il me laisse tranquille, juste quelques heures encore. Je veux rester dans cette bulle douce, où son absence ne me fait plus peur. Mais ce n’est pas lui. C’est Gabriel.« Tu es bien rentrée, mon ange ? Je t’embrasse. » Un sourire se dessine sur mes lèvres, avant même que je m’en rende compte. Mon cœur bondit, ma main se tend instinctivement vers le téléphone. Je saute sur mon lit, écris ma réponse à toute vitesse. Et là, une pensée me frappe : Je n’ai pas réagi comme ça avec Antoine. Cette injustice me saute au visage. Ma partialité. Mon cœur a choisi sans me consulter Les jours qui suivent notre parenthèse dans le parc s’écoulent avec une légèreté nouvelle. Quelque chose a changé, indéniablement. Il est plus attentif, plus présent, presque naturellement. Il vient déjeuner avec nous chaque jour, se glis
Je rentre chez moi légère, presque en apesanteur. Une bulle m’enveloppe, fragile et lumineuse, faite de rires échappés, de confidences volées, et de cette proximité nouvelle avec Gabriel. Mon corps flotte encore dans cette sérénité rare, cette ivresse douce qui laisse le cœur en désordre, un mélange de surprise, de chaleur, et peut-être… de bonheur.Je souris toute seule, sans raison, mes pas suspendus comme si le sol n’existait plus. Le monde autour semble flou, distant, sans importance. Tout est encore imprégné de lui.Le souvenir de ses lèvres brûlantes dans le parc, de ses mains contre ma peau, de son souffle qui s’est mêlé au mien…Et ses mots. Ces mots. Murmurés près de la serre, comme une promesse que je n’ose pas encore croire, mais que je garde au creux de moi comme un trésor fragile.Je ne me suis pas sentie aussi vivante depuis longtemps. Ni aussi vulnérable.Puis mon téléphone vibre. Antoine.Trois jours sans nouvelles. Trois jours sans appels, sans questions, sans présenc
Le silence retombe autour de nous, à peine troublé par le bruissement des feuilles. Mon souffle est encore court, mes lèvres encore brûlantes du baiser, mais déjà, quelque chose d’autre s’installe. Moins impulsif. Plus réel. Comme si, après la tempête, venait le calme… ou peut-être, la confrontation.Gabriel ne dit rien tout de suite. Il observe nos mains entremêlées, pensif. Puis il relève les yeux vers moi. Son expression a changé. Moins joueur. Plus grave.— Il faut qu’on parle, murmure-t-il.Je hoche la tête. Moi aussi, je le sens. Ce moment ne peut pas rester suspendu dans l’irréel. Il y a des choses que je dois comprendre. Et d'autres que je dois peut-être oser dire.— Élena…, soufflai-je.Il soupire. Son regard se perd au loin, au-delà des arbres.— Je sais ce que tu as vu. Et je devine ce que tu as pu ressentir. Mais il n’y a rien entre nous. Rien de ce que tu crains, en tout cas.Je garde le silence. J’ai besoin de l’entendre jusqu’au bout. Pas de demi-vérités.— On s’est tou
Gabriel garde son bras autour de mes épaules, son pouce frôlant doucement mon bras. Je veux le repousser, garder ma colère, mais sa chaleur me désarme. Il me murmure à l’oreille :— Si tu continues à bouder, je t’embrasse devant tout le monde.Je fais un bond, surprise. Il n’oserait pas… Mais ça me tente. Cette envie monte en moi. Alors je lui réponds :— Je boude encore.Il me regarde, il ne s’y attendait pas, et rit doucement.— Tu es sérieuse ?— Oui, je lui réponds avec ferveur.Ses lèvres tremblent, lui aussi en a envie. Mais il doit se retenir, il le sait. D’un bond, il se lève, fuyant la tentation.— Bon, je vais chercher à manger, tu l’auras plus tard.Ça sonne comme une promesse. Une partie remise.— Ça va mieux, on dirait, me lance Emma.— Vous êtes adorables, c’en est presque écœurant, intervient Anouka.Je rougis, plus qu’il ne le faut. Je me rends compte que mon cœur a fait son choix, sans demander mon avis, sans peser le pour et le contre, sans analyse.En rentrant, je n
Arrivées à la cafétéria, on rejoint nos places habituelles. Presque tous les étudiants en Agronomie s'y retrouvent, des premières aux cinquièmes années. On reste entre nous, comme séparés du reste du monde par une barrière invisible. Une forme de solidarité naturelle : partage de notes, conseils pour les stages, soutien dans les pratiques… une vraie petite famille.Mais le seul que je veux voir… n’est pas là.Gabriel est absent. Et c’est là que la torture commence. Mon esprit s’emballe, mes pensées s’enchaînent, incontrôlables. Il est avec elle, n’est-ce pas ? Peut-être qu’en ce moment même, elle lui avoue ce qu’elle ressent. Peut-être qu’il l’écoute. Qu&rs