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chapitre 4: Frissons dans le silence

Author: Sidi_mosth
last update Last Updated: 2025-08-08 23:43:20

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Le lendemain matin, le lycée semblait différent. Plus froid. Plus hostile.

Comme si les murs eux-mêmes s’étaient imprégnés des rumeurs qui circulaient. Les couloirs résonnaient de chuchotements à peine contenus, de rires étouffés aussitôt qu’elle apparaissait. Léna avançait parmi eux comme une étrangère, un corps déplacé dans un décor qui n’était plus le sien.

Elle gardait les yeux baissés, tentant de faire abstraction des regards pesants, mais l’indifférence lui était impossible. Elle n'était plus l’élève discrète de la rentrée. Elle était devenue une cible.

Arrivée devant son casier, elle sentit son estomac se nouer. Un petit papier blanc dépassait, glissé entre deux cahiers. Ses doigts tremblants s’en saisirent. Il n’était pas signé. Mais le message était limpide :

"On sait ce que tu caches. Même Elias va te laisser tomber."

Son souffle se coupa net. Elle relut la phrase trois fois, comme si chaque mot allait soudainement prendre un autre sens. Mais non. C’était une menace. Pas une moquerie. Pas un avertissement. Une menace directe. Et ce qui la glaça davantage, ce fut l’idée que quelqu’un… savait.

Mais savait quoi, exactement ?

Les secrets de Léna n’étaient pas tous visibles. Il y avait des choses qu’elle avait enfouies, qu’elle n’avait jamais confiées. Des douleurs anciennes. Des silences d’avant. Et pourtant… quelqu’un fouillait. Quelqu’un cherchait à la briser de l’intérieur.

— Léna !

Elle se retourna brusquement. C’était Mathis. Il venait vers elle d’un pas rapide, son regard chargé d’inquiétude.

— Tu vas bien ? demanda-t-il, essoufflé.

Elle lui tendit le papier sans un mot. Il le lut, les mâchoires serrées.

— On t’a encore laissé un message… murmura-t-il.

— Oui. Et cette fois, c’est plus qu’une rumeur. C’est ciblé. Calculé. Quelqu’un essaie de me faire craquer.

Il regarda autour d’eux, comme s’il s’attendait à voir un coupable sortir de l’ombre. Puis, comme un réflexe protecteur, il posa sa main sur son épaule. Ce geste, pourtant simple, eut l’effet d’une décharge. Léna sentit son cœur s’emballer.

Ils se fixèrent en silence. Un silence habité. Chargé. Ce n’était plus un simple contact d’amitié. Il y avait autre chose. Une tension suspendue. Un moment figé où ni l’un ni l’autre ne savait s’il devait reculer… ou avancer.

Elle ouvrit la bouche, prête à dire quelque chose — n’importe quoi pour briser cette intimité soudaine — quand une voix froide surgit derrière eux.

— Alors c’est vrai ?

Elias.

Il se tenait là, les bras croisés, le regard dur. Mais ce n’était pas la colère d’un garçon jaloux. C’était une douleur contenue, une incompréhension blessée.

— Tu viens d’arriver, Léna. Et tu joues déjà sur deux tableaux ? C’est pour ça que tu m’évites ?

— Elias, ce n’est pas ce que tu crois, je…

— Tu me fuis depuis des jours, et maintenant je te retrouve dans ses bras ?

Léna sentit la chaleur quitter son corps. Elle aurait voulu s’expliquer, mais aucun mot ne semblait à la hauteur. Mathis, de son côté, recula d’un pas, mal à l’aise.

— Tu me déçois, Léna, lâcha Elias, la voix serrée. Et il tourna les talons sans un regard de plus.

Le silence retomba, lourd et coupant. Léna resta figée, incapable de bouger. Elle avait perdu Elias. Ou du moins, elle en avait l’impression. Et ça lui faisait plus mal qu’elle ne l’aurait cru.

---

Le reste de la journée fut un supplice. Les cours s’enchaînaient sans qu’elle n’y prête vraiment attention. Même les professeurs semblaient parler dans une langue étrangère. Elle sentait les regards, les rumeurs qui enflaient, les gens qui attendaient sa chute comme on attend un spectacle.

À la pause de midi, elle s’enferma dans les toilettes du deuxième étage. Elle avait besoin de silence. De solitude. De réfléchir. De comprendre.

Elle sortit son téléphone. Aucun message de sa mère. Rien de ses anciens amis. Uniquement des notifications anonymes, des comptes sans photos, sans noms :

> « T’as cru qu’on ne saurait pas ? »

« Tu devrais avoir honte. »

« Sale manipulatrice. »

Léna sentit les larmes monter, mais elle les ravala. Elle ne voulait pas pleurer. Pas ici. Pas maintenant. Pas comme ça.

Elle inspira longuement. Ferma les yeux. Et, contre toute attente, ce fut Mathis qui revint dans ses pensées. Ce regard doux. Cette main sur son épaule. Ce silence partagé. Il ne l’avait pas jugée. Il n’avait pas fui. Il avait juste été là.

Et pourtant… Elle pensait encore à Elias. À ses regards brûlants, à sa proximité, à ce qu’ils auraient pu être.

---

Le soir, de retour chez elle, Léna entra dans sa chambre et verrouilla la porte. La maison était calme. Trop calme. Sa mère travaillait tard, comme toujours. Elle était seule. Et cette solitude, ce soir-là, la terrifiait.

Elle posa son sac, s’assit sur le lit et alluma son ordinateur. Elle hésita longuement, puis ouvrit une page vierge.

"Et si je disparaissais un jour… Est-ce que quelqu’un le remarquerait ?"

Elle resta là, fixant cette phrase. Elle ne savait pas pourquoi elle l’avait écrite. Mais elle était là. Crue. Vraie. Comme un cri qu’on garde au fond de la gorge depuis trop longtemps.

Son téléphone vibra.

Numéro inconnu. Encore.

Elle hésita… puis lut.

> "Tu pensais pouvoir t’en sortir comme ça ? On sait tout. On t’observe."

Son sang se glaça. Il n’y avait plus aucun doute : quelqu’un la suivait. Quelqu’un savait. Et ce quelqu’un ne voulait pas simplement lui faire peur… Il voulait la détruire.

---

Le lendemain, Mathis l’attendait à l’entrée du lycée. Il avait les traits tirés, l’air inquiet.

— Tu m’as pas répondu hier soir.

— Je ne savais pas quoi dire.

Ils restèrent un moment dans un silence inconfortable. Puis elle finit par lui tendre son téléphone, montrant le dernier message.

— Ils savent quelque chose. Et ce n’est pas une coïncidence.

Mathis lut le message, le visage sombre.

— Léna, écoute-moi… dit-il doucement. Tu dois me dire ce que tu caches. Parce que là, je ne peux plus t’aider si je ne sais pas ce que tu affrontes.

Elle détourna les yeux.

— Je ne peux pas. Pas encore.

Il hocha la tête, déçu mais compréhensif.

— Alors promets-moi une chose : quoi qu’il arrive, tu ne restes pas seule.

Elle hocha lentement la tête.

Mais au fond, elle savait déjà qu’elle était seule. Parce que le vrai danger n’était pas que les autres découvrent son secret…

Le vrai danger, c’était qu’elle-même ne sache plus qui croire.

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