Chapitre 5
Livia s’éveilla dans l’obscurité, la tension palpable dans l’air autour d’elle. Elle ne savait pas si c’était la douleur ou la peur qui la tenaillait le plus, mais elle n’avait pas besoin d’être réveillée par la lumière du matin pour comprendre qu’une nouvelle épreuve l’attendait. Caïn ne l’avait pas mentie quand il lui avait dit que sa place ici ne serait jamais assurée. La meute de Caïn n’était pas simplement un groupe de loups rivaux, c’était un royaume où la force, la brutalité et la loyauté étaient les seules monnaies qui comptaient.
Elle se leva lentement, son corps encore fatigué, mais elle ne laissa rien paraître. Elle savait ce qui se passait, elle savait qu’elle n’était pas là pour faire de la figuration. Caïn lui avait donné une chance, une chance d’être là, mais il n’avait pas offert de protection. Tout, ici, serait une épreuve.
Les regards sur elle étaient pesants, glaciaux. La meute de Caïn la considérait comme une intruse, et cela se lisait sur leurs visages, dans les gestes lents mais menaçants qu’ils adoptaient à son approche. Livia essaya de rester indifférente, mais son instinct lui criait de ne pas baisser la tête, de ne pas montrer de faiblesse. Pourtant, elle se sentait faible, plus que jamais. Une brise glaciale soufflait autour d’elle, mais ce n’était pas seulement le vent qui faisait battre son cœur plus fort. C’était la tension qui bouillonnait autour de la meute, prête à exploser.
« Elle ne devrait pas être ici », murmura une voix, suffisamment proche pour qu’elle l’entende, mais assez basse pour ne pas être entendue par Caïn. Livia tourna les yeux, repérant un groupe de jeunes loups qui la regardaient avec méfiance. L’un d’eux s’avança légèrement, un regard glacial sur son visage. « Elle n’est qu’une traîtresse. »
Livia garda sa bouche fermée. Elle n’avait pas besoin de répondre. Elle n’avait pas besoin de prouver quoi que ce soit. Pas encore.
Caïn, comme s’il avait anticipé ce genre de réaction, s’approcha d’elle d’un pas mesuré, ses yeux noirs brillants d’un éclat indéchiffrable. « Je vous avais prévenus », dit-il d’une voix calme, mais tranchante. « Elle est là parce qu’elle a un but. Ce n’est pas parce que vous la détestez que vous pourrez l’éliminer. Alors gardez vos rancœurs pour vous et apprenez à vivre avec. »
Livia se tourna vers lui, ses poings serrés. « Tu ne peux pas me protéger à chaque instant. »
« Je ne le ferai pas », répondit-il, un sourire sans chaleur s’étirant sur ses lèvres. « C’est à toi de prouver que tu es digne de ta place ici. »
Les paroles de Caïn résonnèrent dans son esprit. Il ne l’avait pas emmenée ici pour qu’elle soit protégée, il l’avait emmenée ici pour qu’elle gagne sa place. Ce n’était pas un geste de pitié. C’était une tentative de l’obliger à se surpasser. Elle n’était pas ici pour être une protégée, mais pour être une combattante.
Un bruit sec, un cri étouffé, fit tourner la tête de Livia. Un autre loup de la meute, plus grand et plus fort, s’était approché, l’air menaçant. « Tu crois que tu peux nous intégrer aussi facilement ? » dit-il d’une voix rauque, ses crocs légèrement découverts. « Tu n’es qu’une déchue. Une traînée qui a trahi sa meute. Tu n’as rien à faire ici. »
La colère monta en Livia comme une vague prête à engloutir tout sur son passage. Mais elle savait que ce n’était pas le moment d’agir sur l’impulsion. Elle n’avait pas l’avantage ici. Pas encore.
Elle planta son regard dans celui du loup, ne cillant pas. « Je suis là parce que Caïn m’a permis de le faire », répondit-elle calmement. « Et je ne partirai pas. Pas tant que je n’aurai pas prouvé ce que je vaux. »
Le regard du loup se fit plus dur. Il tourna les talons, lançant un dernier regard méprisant à Livia avant de disparaître dans l’ombre.
Caïn observait la scène, un intérêt masqué derrière son expression impassible. Il se tourna vers elle. « Tu vois ce que je veux dire ? »
Livia ne répondit pas immédiatement, mais elle se sentait plus forte, plus consciente de la réalité brutale qui l’entourait. Elle avait survécu à pire. Elle pouvait survivre à ça aussi. Elle avait besoin de se battre, de prouver qu’elle méritait ce qu’elle avait.
« Tu veux une place ici ? Prouve-la », dit Caïn en se rapprochant d’elle, son regard plus acéré. « Montre-leur que tu n’es pas juste une déchue. Montre-leur que tu peux être une des nôtres. »
Un frisson parcourut l’échine de Livia. Les règles de la meute étaient impitoyables. Les faibles ne survivaient pas. Mais Livia n’était pas une faible. Pas encore.
« Et comment je fais ça ? » demanda-t-elle d’une voix sèche, mais teintée de défi.
« Tu vas apprendre à les défier. Pas à les combattre. Pas encore. Mais tu vas les pousser, les tester. Quand ils commenceront à te respecter, ce ne sera pas parce que tu as été leur compagne ou leur égale. Ce sera parce qu’ils auront peur de toi. »
« Je ne veux pas qu’ils me respectent par la peur », répliqua-t-elle, une pointe d’indignation dans sa voix. « Je veux qu’ils me respectent parce que je le mérite. »
Caïn la fixa un instant, puis, après un silence, hocha la tête. « Très bien. Tu auras ton respect. Mais tu devras le prendre de la manière la plus difficile possible. »
« Ce n’est pas la première fois que je dois me battre pour ça », murmura-t-elle, ses yeux fixés sur l’horizon.
Caïn sembla légèrement amusé par sa détermination. « Tu vois, c’est ce que j’aime chez toi. Pas la soumission. Pas l’obéissance aveugle. Mais la volonté de te battre. »
Il s’éloigna, laissant Livia seule avec ses pensées. Un éclat de certitude naquit en elle. Elle n’était pas ici pour jouer selon leurs règles. Elle était ici pour redéfinir ces règles.
Les jours suivants furent une suite de tests, de confrontations. À chaque regard, à chaque murmure, Livia sentit la pression monter. Mais elle ne céda pas. Elle se battait chaque jour pour ne pas céder à la peur, pour ne pas céder à la douleur. À chaque pas, elle sentait le regard des autres loups sur elle, les jugements à peine voilés, la méfiance palpable. Mais elle ne faiblit pas.
Caïn n’était pas son allié. Pas encore. Mais il l’avait choisie. Il l’avait choisie pour une raison. Il croyait en elle. Et maintenant, elle devait le prouver à tous.
Chapitre 50Le crépuscule se posait doucement sur le camp, une lueur dorée enveloppant la terre, comme pour adoucir les cicatrices laissées par tant de batailles. Livia se tenait au sommet d’une petite butte qui surplombait la meute, le regard tourné vers l’horizon. Elle repensait à tout ce qu’elle avait traversé : les trahisons, les combats, les nuits de doute et de solitude, et pourtant, en chaque souvenir, elle trouvait désormais une fierté inébranlable. Son passé, qui avait jadis été source de douleur, était devenu le socle de sa force.« Regarde, Caïn, » dit-elle d’une voix basse, emplie d’une émotion à la fois douce et résolue, alors qu’il se joignait à elle sur la butte. Ils contemplaient ensemble le camp qui s’étendait en contrebas, là où les flammes des torches dansaient encore, animant les visages fatigués mais fiers de leurs frères et sœurs de la meute. « Tout ce que j’ai vécu m’a conduite ici. J’ai laissé derrière moi la peur, la honte et la douleur. Aujourd’hui, je regar
Chapitre 49Les dernières lueurs du crépuscule s’effaçaient lentement, laissant place à une obscurité parsemée d’étoiles timides. Dans le calme qui succéda à la tourmente de la bataille, Caïn et Livia se retrouvèrent seuls sur le perron de la grande tente, là où la meute, épuisée mais victorieuse, se rassemblait en silence. Ils avaient traversé tant d’épreuves, et dans le tumulte des combats, une vérité s’était imposée à eux comme un éclair dans la nuit : ils étaient faits pour être ensemble.Caïn regarda Livia d’un air qui trahissait enfin ce qu’il avait toujours pensé en secret. Ses yeux, d’un noir profond, se posèrent sur elle avec une tendresse inattendue. « Livia, » commença-t-il d’une voix basse, chargée d’émotion, « je t’ai toujours vue… pas simplement comme une arme, ni comme un outil que l’on pouvait utiliser pour remporter une victoire. Tu es bien plus que cela. Depuis le début, tu as été mon égale, mon partenaire. Je ne t’ai jamais considérée comme une simple pièce intercha
Chapitre 48La tension qui planait sur la meute n’avait jamais été aussi palpable que ce soir-là. La nuit, épaisse et imprévisible, s’était abattue sur eux comme un présage funeste. Un danger imprévu, surgissant des ténèbres, menaçait leur fragile équilibre. Des rumeurs de mouvements ennemis s’étaient répandues rapidement, portant avec elles l’ombre d’une attaque qui pourrait tout anéantir. Dans ce tumulte, Caïn et Livia se tenaient côte à côte, prêts à défendre ce qu’ils avaient bâti ensemble, conscients que l’avenir de leur meute en dépendait.« Tu as entendu ? » demanda Livia en chuchotant, le regard fixé sur l’obscurité mouvante à la lisière du camp. Sa voix portait une urgence mêlée d’appréhension, tandis que son cœur battait la chamade.« Oui, » répondit Caïn d’un ton calme mais résolu. « Nos éclaireurs confirment qu’un groupe ennemi se rassemble. Ils veulent frapper avant que nous ne puissions nous organiser. »La certitude dans la voix de Caïn insufflait à Livia une force qu’e
Chapitre 47La lumière douce du matin baignait le camp, comme pour marquer le début d’une nouvelle ère, et pourtant, chaque rayon semblait raconter les cicatrices laissées par la lutte acharnée. Sous le règne de Caïn et Livia, la meute avait enfin trouvé sa voie. Les anciens conflits, les batailles sanglantes et les trahisons du passé semblaient s’évanouir dans le fracas des cris victorieux et dans le murmure apaisant des loups unis. Dans ce nouvel ordre, chaque membre sentait que quelque chose avait changé. La dominance de la meute s’était affirmée, non par la force brutale seule, mais par la vision partagée et le respect mutuel qui avaient émergé des cendres de la guerre.Livia se tenait aux côtés de Caïn, dans le centre du camp, où les feux de joie éclairaient la nuit et où les visages, autrefois méfiants, se paraient désormais de sourires sincères et de regards emplis d’espoir. Elle avait longtemps erré, se demandant si la paix pouvait vraiment exister après tant de sang versé, ap
Chapitre 46La nuit était tombée sur le camp, mais la lueur des torches illuminait les visages fiers et déterminés des membres de la meute. Ce soir-là, tout avait été préparé pour sceller une union qui marquerait un tournant dans l’histoire de leur monde. Livia se tenait droite, le regard empreint d’une force nouvelle, aux côtés de Caïn. Autour d’eux, les murmures s’élevaient, puis se faisaient plus forts, comme pour annoncer que la cérémonie allait débuter.La scène était simple, mais chargée de symboles. Au centre d’un cercle formé par les guerriers et les anciens, un autel de pierre avait été dressé. Des symboles anciens, gravés avec soin, racontaient l’histoire de la meute, ses victoires et ses tragédies. Livia se rappelait les jours sombres où on l’avait traitée comme une ennemie, une traîtresse, et tout cela lui semblait maintenant lointain. Ce soir, elle était ici pour affirmer sa place, pour montrer que le cœur d’une louve peut être forgé dans la douleur et la lutte pour deven
Chapitre 45La nuit était encore fraîche lorsqu’elle se réveilla. Le soleil n’était pas encore levé, mais la lueur grise du matin commençait déjà à envahir la pièce. Livia se leva lentement, le cœur lourd de ses pensées. Elle avait passé des heures à tourner dans son esprit, cherchant des réponses, se battant contre ses propres doutes. Mais la clarté qu’elle espérait ne venait pas. Les questions se bousculaient encore dans sa tête, trop nombreuses pour être ignorées. Et pourtant, au fond d’elle-même, il y en avait une qui se distinguait de toutes les autres, une question qui, bien qu’angoissante, semblait trouver une réponse chaque fois qu’elle posait son regard sur Caïn.Elle avait compris quelque chose pendant cette longue nuit de réflexion : elle ne voulait plus fuir. Plus de fuite devant ce qu’elle ressentait, devant ce qu’elle pourrait devenir. Plus de peur de perdre une partie d’elle-même en s’ouvrant à un autre. Oui, elle avait des peurs, des incertitudes, mais cela faisait par
Chapitre 44Livia se tenait dans l’ombre d’un arbre, les yeux fixés sur la meute en train de s’organiser autour du feu. Il y avait un calme étrange dans l’air, une sorte de paix fragile qui semblait prête à se briser à tout instant. Elle n’arrivait pas à se concentrer sur ce qu’ils faisaient. Son esprit était ailleurs, perdu dans un tourbillon de doutes et de questions. Caïn l’avait laissée à la tête de la meute, lui avait confié des responsabilités et un rôle qui l’effrayait autant qu’il la poussait à se dépasser. Mais au fond, un sentiment persistait, insidieux et lourd : pouvait-elle vraiment accepter tout ce qu’il représentait ? Pouvait-elle l’aimer après tout ce qu’ils avaient traversé ?Elle ferma les yeux, respirant profondément. La brise de la nuit était douce, presque réconfortante. Et pourtant, une angoisse grandissait en elle. Caïn. Il avait été son ennemi, puis son allié, et à présent, il était presque devenu sa seule constante. Il l’avait vue dans ses pires moments, l’ava
Chapitre 43Livia se tenait au bord de la forêt, l’air frais de la nuit caressant sa peau. Elle avait traversé de nombreux défis, mais aucun n’avait été aussi lourd que celui qu’elle allait maintenant affronter : le retour à la meute. Elle savait ce que cela signifiait. Elle n’était plus la jeune femme perdue, celle qui avait fui son passé, qui s’était battue pour un avenir incertain. Non. Aujourd’hui, elle était Livia, l’Alpha, celle qui avait survécu à tout, y compris à ses propres doutes. Mais malgré tout ce qu’elle avait traversé, une petite voix en elle hésitait. Était-elle vraiment prête à faire face à ce qui l’attendait ? À être ce qu’ils attendaient d’elle ?Derrière elle, Caïn se tenait silencieux, une présence calme mais imposante, comme une ombre qui la suivait sans jamais la quitter. Il n’avait pas dit un mot depuis leur départ de la cache où elle avait affronté Lukas. Il avait respecté son silence, lui donnant l’espace nécessaire pour digérer la victoire, pour comprendre
Chapitre 42Le vent soufflait fort contre la fenêtre, secouant les volets de bois dans un rythme désordonné. Livia était toujours attachée à la vieille chaise, ses poignets endoloris par les cordes rugueuses qui les liaient. La pièce était sombre, froide, à peine éclairée par un rayon de lune qui passait à travers les volets entrouverts. Lukas n’était plus là, et pourtant l’atmosphère restait lourde de menace. Elle sentait une pression dans sa poitrine, une inquiétude sourde, mais elle ne pouvait pas se permettre d’avoir peur.Elle serra les dents. Tout ce qu’elle avait vécu, tout ce qu’elle avait traversé, la manière dont elle s’était battue pour être là, à ce moment précis, ne serait pas gâchée par la peur d’un homme comme Lukas. Il l’avait sous-estimée, et maintenant, c’était à son tour de se tromper.Il avait cru qu’il pourrait l’user, l’affaiblir, lui rappeler sa place dans ce monde où les plus forts gouvernaient. Mais il n’avait pas compris. Livia avait déjà fait face à bien pir