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Chapitre 4

Author: Chloé Berger
Sonia s'est retournée, arborant un sourire doucereux : « Bonjour Mégane ! »

Elle portait ce jour un chemisier à encolure en V qu'elle a ajusté négligemment, révélant une peau marbrée de marques rougeâtres à la base de son cou.

La nausée est remontée instantanément à la gorge de Mégane, qui s'est apprêtée à partir.

Juste à ce moment, Timothé est sorti de la cuisine avec les œufs sur le plat : « Mégane, attends-moi, On va au bureau ensemble. »

« Je n'y vais pas », a-t-elle répondu sans même se retourner, « je vais à l'hôpital. »

Il a déposé l'assiette sur la table et lui a demandé : « L'hôpital ? Tu es souffrante ? Je t'accompagne. »

Alors qu'il s'avançait vers elle, Sonia a agrippé son bras.

« Mais tu avais promis de m'accompagner aujourd'hui… » a-t-elle murmuré d'une voix tremblante de reproche.

Comme prévu, Timothé a hésité, puis s'est arrêté net.

Mégane a ignoré cette comédie de sollicitude et a quitté les lieux sans un regard.

Son départ a laissé Timothé avec une obscure appréhension. Mais Mégane l'aimait tant… Cette absence aurait-elle vraiment des conséquences ? Tout au plus bouderait-elle un peu. Rien d'inquiétant, n'est-ce pas ?

À l'hôpital, après les examens, le médecin a conclu : « Votre gastrite s'est aggravée. Je vous prescris des médicaments, prenez-les régulièrement. »

Mégane a soupiré de soulagement.

Au moins, ce n'était pas une grossesse.

« Travaillez-vous excessivement en ce moment ? Veilles tardives, repas irréguliers ? » a repris le médecin, sévère, « Même jeune, il faut prendre ces symptômes au sérieux, sans quoi les complications seront sévères. »

Elle en a eu un rire amer.

Ce projet l'avait effectivement épuisée, au mépris de sa santé. Mais ce marathon toucherait à sa fin.

« Merci, je ferai attention. »

« Pas seulement maintenant, mais à l'avenir aussi. »

« Je sais », a-t-elle murmuré, « c'est la dernière fois. »

Après cette consultation, Mégane est allée au bureau. Une voix douce et familière a résonné dès son arrivée : « Nous serons collègues désormais. J'ai apporté quelques douceurs pour fêter cela. »

« Des pâtisseries de chez Folie Citron ! Mais c'est ultra chic ! »

« Sonia, vous êtes trop généreuse. »

« Tant que cela vous fait plaisir », a répondu Sonia avec un sourire angélique.

Sous les regards admiratifs de ses collègues qui formaient un cercle pleine d'excitation, elle distribuait des pâtisseries avec une grâce étudiée.

« Mégane, te voilà ? » l'a interpellée une collègue en l'apercevant, « Viens doc ! Voici Sonia, notre nouvelle recrue. »

Sonia a levé les yeux vers elle, un sourire rouge sang ourlant ses lèvres. Son regard portait une pointe de provocation triomphante.

Mégane a froncé les sourcils, a ignoré délibérément son geste, et a gagné son poste de travail.

Son assistante s'est approchée, le visage marqué d'une indignation mal contenue : « Mais c'est injuste ! »

« Qu'y a-t-il ? » Mégane a allumé son ordinateur, s'apprêtant à peaufiner le planning du projet.

« Après tous les sacrifices que vous avez consentis pour ce projet, comment peut-on laisser une autre en récolter les lauriers ? »

Mégane s'est immobilisée, levant les yeux : « Que veux-tu dire ? »

« M. Grinda vient d'annoncer que Sonia reprendrait dès aujourd'hui la direction du projet que vous avez porté jusqu'ici ! » a explosé la jeune femme.

Une colère brûlante est montée aux tempes de Mégane, éclairant soudain le sens moqueur du sourire de Sonia.

Que pouvait-elle espérer de plus, sinon savourer la spoliation de mois d'efforts ?

Elle s'est levée et est entrée sans frapper dans le bureau de Timothé : « Tu confieras mon projet à Sonia ? »

Comme s'il l'avait anticipé, il affichait un calme imperturbable.

« Tu as été trop éprouvée récemment », a-t-il avancé d'un ton doucereux, « ta visite à l'hôpital ce matin m'inquiète. J'ai décidé de confier ce projet à Sonia. »

Mégane a ricané : « Il entre dans sa phase finale, les plus gros efforts sont derrière nous. Une fois achevé, à qui reviendront les mérites ? Qui en tirera gloire ? »

Avait-elle donc risqué sa santé pour qu'une intruse récolte le fruit de son labeur ?

« Mégane ! » La voix de Timothé s'est faite plus sévère, « La collaboration à venir avec la famille Soyer nécessite la participation de Sonia. Si ce projet peut servir de référence à son portfolio, cela nous sera profitable. Pourrais-tu faire preuve de maturité ? »
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