Elle tourna la tête vers lui, ses yeux bleus rencontrant les siens, d’un acier doux mais déterminé. Sa main serra la sienne plus fort, un ancrage dans la tempête.— Tu crois ? murmura-t-elle, sa voix à peine audible.— Je sais, répondit-il avec un sourire en coin, celui qu’il arborait quand il voulait la taquiner mais qui, cette fois, portait une tendresse inattendue.Une nouvelle secousse, plus violente, fit basculer l’avion, et Deborah étouffa un cri, ses ongles s’enfonçant dans la paume de Jonathan. Les annonces du pilote, calmes mais fermes, demandèrent aux passagers de boucler leurs ceintures et de rester assis. Deborah ferma les yeux, sa respiration saccadée, des images d’accidents d’avion défilant malgré elle dans son esprit. Jonathan, toujours silencieux, ne lâcha pas sa main, son pouce traçant de petits cercles apaisants sur le dos de sa paume. Ce geste, si simple, semblait absorber une partie de sa peur, comme s’il prenait sur lui une fraction de son angoisse.— Parle-moi, m
Le lendemain, l’aube pointait à peine, un ciel pâle et rosé s’étirant à l’horizon, lorsque Hélène, la mère de Deborah, les déposa à l’aéroport. La fraîcheur matinale mordait leurs joues alors qu’ils traînaient leurs valises vers le terminal, l’air chargé d’une humidité annonciatrice de pluie. Deborah, encore ensommeillée, serra son écharpe contre elle, jetant un regard reconnaissant à sa mère qui leur souhaitait un bon voyage avec un sourire chaleureux. Jonathan, plus alerte, chargea leurs bagages sur le chariot, son énergie contrastant avec la fatigue de Deborah, qui n’avait presque pas dormi, hantée par ses pensées sur le contrat et leur avenir incertain.À l’enregistrement, l’ambiance était fébrile, les voyageurs pressés se bousculant dans un brouhaha de valises et d’annonces au haut-parleur. Deborah observa Jonathan, qui discutait avec l’hôtesse avec son assurance habituelle, obtenant sans effort des sièges côté hublot. Elle soupira, partagée entre l’agacement face à son aisance e
Avant de finaliser leurs préparatifs, Deborah et Jonathan décidèrent de passer chez les parents de Deborah pour leur confier Flocon, leur chat tigré, qui ronronnait paresseusement dans son panier. Deborah attrapa la cage de transport, tandis que Jonathan portait un sac de croquettes et de jouets.— Il va être gâté chez tes parents, lança Jonathan en montant en voiture. Ta mère va probablement lui donner du saumon tous les jours.Deborah sourit, caressant Flocon à travers les barreaux.— Elle va surtout le câliner jusqu’à ce qu’il en ait marre. Mais au moins, il sera entre de bonnes mains.Arrivés chez ses parents, l’odeur d’un ragoût mijotant emplit la maison. La mère de Deborah, Hélène, les accueillit avec un grand sourire, essuyant ses mains sur son tablier.— Vous voilà ! Entrez, entrez ! Oh, mon petit Flocon, viens voir mamie !Elle ouvrit la cage, et Flocon, après un regard méfiant, se laissa prendre dans ses bras, ronronnant sous les caresses.— Tu vois, je t’avais dit, murmura
Le vendredi s’écoulait dans une frénésie de préparatifs. Leur vol pour Venise était prévu tôt le lendemain matin, et Deborah et Jonathan couraient dans tous les sens pour boucler leurs valises. Deborah, fidèle à son rituel, attrapa son stylo et barra une nouvelle case sur son calendrier mural. 1780 jours, calcula-t-elle mentalement, un pincement au cœur. Ce contrat, ce mariage arrangé, pesait encore sur elle comme une ombre, malgré les moments où tout semblait aller mieux entre eux.Elle ne pouvait effacer de sa mémoire les deux fois où Jonathan avait douté d’elle, où ses mots l’avaient blessée comme des lames. Même si leur relation s’était adoucie, même si elle voyait parfois dans ses yeux une tendresse sincère, ces souvenirs la hantaient. Elle ne se plaignait plus à personne de ce contrat. À quoi bon ? Tout le monde autour d’elle ne voyait que le confort que Jonathan lui offrait : un homme beau, riche, jeune, avec une carrière brillante. Aux yeux de la société, elle avait tout pour
— Tu ne vas pas recommencer avec ça ! Tu ne comprends pas, Deborah. Tu ne peux pas te permettre d’aller régler ce genre de choses à ma place. Ça complique tout, s’emporta-t-il. Et en plus, elle me dit que tu l’as frappée.— Peut-être, répondit-elle en remettant tout dans les sacs, elle n’osait plus le regarder.— Si tu ne fais rien, Jonathan, ça ne fera qu’empirer. Elle doit savoir que notre vie privée est hors limites. Là, on va partir et je n’avais pas envie qu’elle gâche tout par ses appels !Jonathan soupira à nouveau.— Écoute, c’est purement professionnel, je ne sais pas comment te le dire.— Pour toi, mais pas pour elle ! C’est professionnel quand elle me dit que tu étais à elle la première.Il changea de couleur.— Oui, mais elle pense ce qu’elle veut, tu sais que je t’appartiens.— Mais non, tu n’appartiens à personne ! Ah, j’oubliais, y a ton autre associé, un barbu très laid qui a dit qu’il allait porter plainte contre moi !— Barnabé ?— Je n’en sais rien, mais je lui ai d
Deborah rejoignit la voiture, ses joues encore brûlantes, la douleur dans sa mâchoire pulsant comme un rappel de la bagarre. Nathalie et Alicia l’attendirent, leurs regards curieux, et éclatèrent de rire lorsqu’elle raconta ses mésaventures.— Non mais je me suis battue comme au collège ! dit-elle d’une voix choquée.— Bah, elle le méritait, elle a vu que tu ne rigolais pas, répondit Nathalie en riant.— Elle m’a traitée de clocharde.— Toute façon, les regrets, ça ne sert à rien, c’est fait ! rit Nathalie.— On va vous laisser entre amoureux, j’imagine que l’autre a téléphoné et on ne voudrait pas se prendre un coup d’éclair, dit Nathalie en jetant un coup d’œil à Deborah.— Tu penses qu’elle oserait ? demanda Deborah, hésitante.— À ton avis, elle ne va pas hésiter un seul instant à aller chialer dans ses bras, surtout si ce con est à son écoute ! répondit Nathalie avec conviction.— Tu as sans doute raison, soupira Deborah.— Allez, Deborah, sois fière de toi, nous, on l’est ! fit