— Je reviens dans une demi-heure. Et d’ici là, je veux que tout soit nettoyé, ordonna-t-il, d’un ton tranchant.Il s’avança, pointant un doigt menaçant vers elle.— J’essaie de faire des efforts pour toi, mais toi, tu ne fais rien. Je vais pas te supporter longtemps.D’un geste du menton, il désigna un placard.— Tout ce qu’il faut pour nettoyer est là.Deborah le fusilla du regard, la mâchoire crispée.— Je connais cette maison aussi bien que toi, Dean, répondit-elle sèchement, sa voix vibrante de rancune.Il la regarda de la tête aux pieds et partit.Elle prit une grande inspiration pour ne pas pleurer, entendit la porte de son bureau claquer, puis se dirigea vers l’entrée.En fouillant dans la poche de sa veste, elle trouva ses clés de voiture.Elle allait partir, revenir plus tard. Elle avait trop besoin de prendre l'air.Elle enfila son manteau, ouvrit la porte avec précaution, puis la referma sans bruit derrière elle. Jetant un rapide coup d’œil autour d’elle, elle se dirigea ve
— Encore un peu de thé ?Deborah rit doucement.— Mais je vais finir par me pisser dessus avec tout ce thé que tu me donnes !Alicia éclata de rire à son tour.— Je te retrouve ! Ton rire me fait du bien, dit-elle en la regardant tendrement.— J’ai pleuré toute la semaine, confia Deborah, un soupir lourds de tristesse.— Je veux bien te croire, répondit Alicia avec compréhension.Les deux amies continuèrent à discuter, et cette après-midi en compagnie de Alicia fit un bien fou à Deborah. Mais tout à coup, elle regarda l’heure.— Merde, il est presque 19h ! s’exclama-t-elle, prise de panique.Alicia sourit en coin.— Tu sais comment on est quand on papote.— Merde ! répéta Deborah.— Tu vas y retourner ? demanda Alicia, inquiète.— Je n’ai pas trop le choix. Il va être moins mielleux d’un coup, répondit Deborah, un soupir d’angoisse dans la voix.Alicia la regarda avec inquiétude.— Si jamais il te frappe, appelle les flics. Ça va le calmer, sa réputation en prendra un coup aussi !Deb
— Eh bien, le tien si ! répondit-il en esquissant un sourire narquois. Mais rassure-toi, Léa a récupéré les alliances.Elle n’avait pas le cœur à jouer à ce jeu.— Trop gentille, dit-elle sèchement, avant de se détourner pour se diriger vers la chambre.Elle voulut quitter la cuisine mais il bloqua son chemin.— Tu prévois de préparer à manger ou pas ?— Ce n’était pas prévu, mince, tu comptais sur moi pour ça !— J’espérais un peu de gentillesse de ta part. Mais non, tu n’as rien à offrir, c’est toujours toi, toi et encore toi.Elle le regarda, exaspérée .— J’aime juste qui je suis. Que veux-tu ?Elle tenta de le repousser, mais il resta de marbre.— Excusez-moi, je voudrais passer.— Et alors ?— Ben, dégage !— Pourrais-tu demander gentiment, s’il te plaît ?Elle leva les yeux au ciel.— Si Son Altesse veut bien avoir la bonté de se pousser, j’aimerais aller me doucher avant de dormir.— Donc, tu ne feras aucun effort pour moi ? Il insistait toujours.Il se tenait fermement, ses y
1 L’Héritage InattenduDeborah Miller avançait d’un pas rapide, enfoncée dans son épais manteau d’hiver, bonnet enfoncé sur la tête et bottes fourrées aux pieds, alors que de gros flocons de neige tombaient autour d’elle. Le ciel était gris et chargé, et une fine couche de neige recouvrait déjà les voitures et le trottoir. Malgré le froid piquant, un léger sourire flottait sur ses lèvres. Il y avait quelque chose de réconfortant dans ces flocons qui dansaient sous les réverbères, lui rappelant les jeux d’enfance sous la neige avec ses frères et sœurs : les batailles de boules de neige, les bonshommes aux nez de carotte… des souvenirs lointains mais chaleureux.Elle se gara prudemment sur le parking enneigé devant le bâtiment en briques rouges qui abritait le cabinet du notaire. Glissant un rapide coup d’œil à ses pieds, elle veilla à ne pas marcher sur les plaques de glace qui commençaient à se former. En sortant de sa voiture, elle serra son sac contre elle, les épaules légèrement cr
Deborah sentit une chaleur envahir son visage, ses joues s’empourprant sous l’effet de la gêne. Ses mains tremblaient légèrement alors qu’elle tentait de reprendre contenance, mais l’agitation à l’intérieur d’elle restait vive. Le regard de JonathanCarter, ce prétentieux de 27 ans, la frôlait à peine, mais elle le ressentait comme une brûlure. Grand, musclé, avec des cheveux châtains coupés court et des yeux bleu acier, il était sans doute l’un des hommes les plus beaux qu’elle ait jamais croisés. Et pourtant, chaque fois qu’elle le voyait, ce n’était pas son physique qui captait son attention, mais son arrogance, cette façon de toujours la mettre mal à l’aise ou de la provoquer, comme s’il se nourrissait de sa gêne.Cela faisait des années qu’il avait ce pouvoir sur elle, depuis l’incident qu’elle aurait préféré oublier. Elle n’avait que 15 ans à l’époque, naïve et pleine de confiance en ses premiers amours. Elle n’aurait jamais cru que ce moment intime, cette première expérience, se
Jonathan rendit le dossier au notaire, qui regardait Deborah avec un air consterné.Le notaire apposa son sceau, appela sa secrétaire pour faire des copies et enregistrer le contrat. Deborah, figée, était à peine consciente de ce qui se passait autour d’elle. Ce n’était pas possible. Cela devait être une blague. Mais lorsqu’on lui apporta la copie, elle enfila précipitamment ses lunettes et se jeta sur le paragraphe en question.“Mademoiselle Miller Deborah s’engage pour une durée de cinq ans avec obligation de donner un descendant à Monsieur Carter. Passé ces cinq ans, elle sera libre de partir et touchera la seconde partie de l’héritage, la somme dite plus haut, mais elle pourra faire le choix de rester auprès de son mari et de son enfant. L’enfant restant avec le père si la mère prend la décision de partir. Si Mademoiselle Miller revient sur sa décision avant les cinq ans, elle devra verser à Monsieur Carter l’équivalent de trois fois l’héritage perçu à la date de la signature.”–
Elle retira délicatement ses bottines, qui faisaient un bruit de plus en plus insupportable. Elle entendit les pas de Jonathan descendre, et elle se remit en mouvement, collée aux marches glissantes. Il ne manquerait plus que ça, qu’elle tombe. Elle jeta un coup d’œil à sa montre, inquiète d’être en retard. C’est alors qu’elle perdit l’équilibre, manqua la dernière marche et s’écrasa violemment au sol.Elle se redressa avec difficulté, le visage rougi par la douleur et la honte. En jetant un coup d’œil à son collant, elle remarqua qu’il avait filé. Alors qu’elle se préparait à redescendre, une main se saisit brutalement de son bras.– Hé, je t’avais dit de m’attendre, faut qu’on parle !– Je n’ai pas le temps, je suis déjà en retard, et enlève tes mains de sur moi !– Je te dépose, mais on doit parler, trouver une date rapidement.Elle plongea son regard dans le sien, ses yeux bleus, plus glacés que jamais. Il n’allait pas la déposer, elle avait sa propre voiture qui l’attendait sur l
La voix autoritaire de Jonathan résonna dans la cage d’escalier, un écho grave et tranchant qui semblait vibrer contre les murs froids. Elle sentit ses jambes trembler sous l’effet de cette intonation impérieuse, comme si le son seul avait le pouvoir de la clouer sur place. Elle s’immobilisa instantanément, la mâchoire serrée si fort qu’elle en ressentit une douleur sourde dans les tempes. Une bouffée de frustration monta en elle, chaude et suffocante, comme une vague qui menaçait de la submerger. Ses poings se crispèrent instinctivement, ses ongles s’enfonçant dans ses paumes, tandis qu’elle luttait pour reprendre le contrôle de son souffle, court et irrégulier.Elle baissa les yeux sur ses bottines, ces maudites bottines dont les talons claquaient à chaque pas, amplifiant le bruit dans cet espace étroit et résonnant. Le son, de plus en plus insupportable, semblait trahir sa présence à chaque mouvement, comme une alarme qu’elle ne pouvait éteindre. Lentement, avec des gestes presque
— Eh bien, le tien si ! répondit-il en esquissant un sourire narquois. Mais rassure-toi, Léa a récupéré les alliances.Elle n’avait pas le cœur à jouer à ce jeu.— Trop gentille, dit-elle sèchement, avant de se détourner pour se diriger vers la chambre.Elle voulut quitter la cuisine mais il bloqua son chemin.— Tu prévois de préparer à manger ou pas ?— Ce n’était pas prévu, mince, tu comptais sur moi pour ça !— J’espérais un peu de gentillesse de ta part. Mais non, tu n’as rien à offrir, c’est toujours toi, toi et encore toi.Elle le regarda, exaspérée .— J’aime juste qui je suis. Que veux-tu ?Elle tenta de le repousser, mais il resta de marbre.— Excusez-moi, je voudrais passer.— Et alors ?— Ben, dégage !— Pourrais-tu demander gentiment, s’il te plaît ?Elle leva les yeux au ciel.— Si Son Altesse veut bien avoir la bonté de se pousser, j’aimerais aller me doucher avant de dormir.— Donc, tu ne feras aucun effort pour moi ? Il insistait toujours.Il se tenait fermement, ses y
— Encore un peu de thé ?Deborah rit doucement.— Mais je vais finir par me pisser dessus avec tout ce thé que tu me donnes !Alicia éclata de rire à son tour.— Je te retrouve ! Ton rire me fait du bien, dit-elle en la regardant tendrement.— J’ai pleuré toute la semaine, confia Deborah, un soupir lourds de tristesse.— Je veux bien te croire, répondit Alicia avec compréhension.Les deux amies continuèrent à discuter, et cette après-midi en compagnie de Alicia fit un bien fou à Deborah. Mais tout à coup, elle regarda l’heure.— Merde, il est presque 19h ! s’exclama-t-elle, prise de panique.Alicia sourit en coin.— Tu sais comment on est quand on papote.— Merde ! répéta Deborah.— Tu vas y retourner ? demanda Alicia, inquiète.— Je n’ai pas trop le choix. Il va être moins mielleux d’un coup, répondit Deborah, un soupir d’angoisse dans la voix.Alicia la regarda avec inquiétude.— Si jamais il te frappe, appelle les flics. Ça va le calmer, sa réputation en prendra un coup aussi !Deb
— Je reviens dans une demi-heure. Et d’ici là, je veux que tout soit nettoyé, ordonna-t-il, d’un ton tranchant.Il s’avança, pointant un doigt menaçant vers elle.— J’essaie de faire des efforts pour toi, mais toi, tu ne fais rien. Je vais pas te supporter longtemps.D’un geste du menton, il désigna un placard.— Tout ce qu’il faut pour nettoyer est là.Deborah le fusilla du regard, la mâchoire crispée.— Je connais cette maison aussi bien que toi, Dean, répondit-elle sèchement, sa voix vibrante de rancune.Il la regarda de la tête aux pieds et partit.Elle prit une grande inspiration pour ne pas pleurer, entendit la porte de son bureau claquer, puis se dirigea vers l’entrée.En fouillant dans la poche de sa veste, elle trouva ses clés de voiture.Elle allait partir, revenir plus tard. Elle avait trop besoin de prendre l'air.Elle enfila son manteau, ouvrit la porte avec précaution, puis la referma sans bruit derrière elle. Jetant un rapide coup d’œil autour d’elle, elle se dirigea ve
L’heure du repas arriva, mais Deborah n’avait pas faim. Son téléphone en main, elle défilait machinalement les notifications, consciente du regard agacé de Dean. Préférant éviter une confrontation, elle resta silencieuse.— Tu ne manges pas ? demanda-t-il, brisant la tension.Elle haussa à peine les épaules, répondant d’un ton neutre :— Ça se voit, non ?Elle essayait de garder son calme, de ne pas céder à l’irritation. Mais Dean, soudain exaspéré, se leva et lui arracha son téléphone des mains.— Si tu ne manges pas, je ne te le rends pas.Elle releva la tête, surprise, mais garda son ton posé :— Tu plaisantes, là ?— Pas du tout. Et puis, c’est malpoli d’être scotchée à ton téléphone à table.— Je n’ai rien d’autre à faire.Elle détourna les yeux, refusant de croiser son regard.— Tu pourrais manger. Ou discuter avec moi, tiens.— Je n’ai rien à te dire, Dean.Il la fixa un instant, puis glissa le téléphone dans la poche de son pantalon.— Comme tu veux. Mais ton téléphone reste a
Elle se leva, son propre ressentiment explosant, et s’avança vers lui, son visage à quelques centimètres du sien.— Je te rends fou ? cria-t-elle, sa voix résonnant dans la chambre. Et toi, alors ? Tu m’obliges à dormir ici, tu me sépares de Flocon, tu contrôles chaque seconde de ma vie ! Tu crois que c’est moi qui rends les choses difficiles ? Regarde-toi, Jonathan !Il serra les poings, ses yeux brillant d’une fureur contenue, et sa voix devint un grondement bas, presque menaçant.— Tu sais quoi ? Je me retiens, Deborah. Vraiment. Parce que si je me laissais aller, je te botterais le cul pour toutes ces conneries que tu me fais subir ! Alors, arrête de me pousser à bout et mets-toi en pyjama, ou je le fais moi-même !Deborah sentit une vague de choc l’envahir, mêlée de peur et de colère. Elle recula d’un pas, son cœur battant, mais son regard ne faiblit pas.— Vas-y, essaie, siffla-t-elle, son ton chargé de défi. Touche-moi, Jonathan, et tu verras ce qui se passe. Tu crois que tu pe
Elle posa Flocon sur une couverture dans le couloir, murmurant des excuses au chiot, qui gémit doucement. Jonathan la suivit dans la chambre, fermant la porte derrière eux. Deborah s’allongea, tournant le dos, son cœur lourd. La maison était silencieuse, mais la tension entre eux était assourdissante. Elle savait que cette dispute, comme les autres, n’était qu’un répit. Jonathan ne lâcherait pas, et Flocon, malgré tout, restait son seul refuge.La soirée chez les parents de Deborah s’était prolongée dans une atmosphère pesante, malgré les efforts de sa mère pour maintenir une façade de convivialité. Le dîner, un ragoût préparé à la hâte, avait été marqué par des silences gênés, ponctués par les questions enthousiastes de Teddy sur Flocon et les compliments incessants de ses parents envers Jonathan Carter Miller. Deborah avait à peine touché à son assiette, son regard alternant entre le chiot, qui dormait sous la table, et Jonathan, qui jouait le rôle du fiancé parfait devant sa famill
Elles restèrent assises en silence, regardant Teddy et Flocon. L’après-midi s’étira, et Deborah, absorbée par la conversation et la présence de sa sœur, perdit la notion du temps. Elles parlèrent de souvenirs, de rêves oubliés, mais la blessure restait là. Flocon, épuisé, s’endormit dans l’herbe, et Teddy s’allongea à côté, imitant ses ronflements. Deborah sourit malgré elle.Le crépuscule tombait lorsqu’un bruit de moteur la tira de ses pensées. Un taxi s’arrêta devant la maison, et son cœur se serra en voyant Jonathan en sortir, son visage fermé. Il entra dans le jardin, ses pas lourds trahissant sa colère. Teddy se redressa, intrigué, tandis que Flocon, réveillé, trottina vers Deborah, sentant la tension. Ses parents sortirent sur le porche, suivis de Nathalie, et Deborah comprit, à l’expression satisfaite de sa mère, que c’était elle qui avait prévenu Jonathan.— Deborah ! lança Jonathan, sa voix vibrante de colère. Tu disparais pendant des heures, sans prévenir, et je dois prendr
Le soleil de midi filtrait à travers les rideaux du petit salon, baignant la pièce d’une lumière douce mais insistante. Deborah, assise sur le canapé, caressait Flocon, qui somnolait contre son flanc, ses petites oreilles soyeuses frôlant son bras. La décision de la veille – garder Flocon après le départ abrupt de Madame Varnier – lui avait redonné une étincelle d’espoir, mais la dispute avec Jonathan Carter Miller continuait de la ronger. Son besoin de tout contrôler, son ton autoritaire, tournaient dans sa tête comme une tempête. Elle avait besoin de sortir, de respirer, loin de cette maison qui l’étouffait.Elle attrapa son sac, glissa le carnet de santé de Flocon à l’intérieur, et prit le chiot dans ses bras. Il remua la queue, ses yeux ronds pleins d’excitation, comme s’il sentait une aventure. Deborah jeta un coup d’œil vers le bureau de Jonathan, où il était enfermé avec des dossiers, et décida de ne pas le prévenir. Il n’avait pas besoin de savoir où elle allait. Elle laissa l
Elle tourna les talons, l’enveloppe serrée contre elle, et quitta le bureau sans un regard en arrière. Deborah s’écarta pour la laisser passer, mais Madame Varnier l’ignora, ses pas lourds résonnant dans le couloir. La porte d’entrée claqua, et un silence stupéfait s’installa. Flocon, dans ses bras, remua la queue, comme s’il comprenait que le danger était parti.Jonathan sortit du bureau, le carnet de santé à la main, et croisa le regard de Deborah. Il semblait fatigué, mais un léger sourire flottait sur ses lèvres.— Elle ne le prend pas, dit-il simplement. Il est à nous maintenant.Deborah sentit des larmes de soulagement monter, mais elle les ravala, serrant Flocon contre elle.— À nous ? répéta-t-elle, sa voix mêlant incrédulité et méfiance. Tu l’as payée, c’est ça ? C’est quoi, cette enveloppe ?Jonathan haussa les épaules, posant le carnet sur une table.— Un arrangement. Elle voulait de l’argent pour couvrir ce qu’elle a dépensé pour lui. J’ai réglé ça. Le carnet prouve qu’il