:5 mon couchemar continu
LE POINT DE VUE DE MAYA
Le matin s’est levé, mais moi, je n’avais pas dormi.
Pas une seule seconde.
J’avais passé la nuit à fixer le plafond, le cœur en vrac, l’esprit en mille morceaux. Chaque seconde qui passait me rapprochait du moment où Vargas viendrait réclamer son dû. Et je n’avais toujours aucune solution.
Mais je ne pouvais pas rester enfermée ici à me noyer dans ma peur.
Alors j’ai rassemblé le peu d’énergie qu’il me restait, j’ai pris une douche froide pour réveiller mon corps épuisé, puis j’ai enfilé une tenue sobre. Un pantalon noir, un chemisier blanc. Comme si je pouvais prétendre, ne serait-ce qu’un instant, que tout allait bien.
Je devais aller au bureau.
Même si j’étais terrifiée à l’idée de voir Vargas, même si l’idée de croiser l’un de ses hommes me donnait la nausée, je ne pouvais pas fuir. J’ai inspiré profondément et j’ai pris mon sac, prête à affronter la journée. Mais quand j’ai ouvert la porte…
Il était là.
Ethan.
Debout devant mon portail, comme s’il attendait ce moment depuis des heures.
Mon cœur s’est immédiatement emballé. Pas de douleur, pas de TRISTESSE. Juste de la colère.
Il a levé les mains en me voyant, comme s’il anticipait ma réaction.
— Maya… s’il te plaît.
Non. Pas aujourd’hui.
Je me suis crispée, serrant mon sac contre moi. Il osait vraiment venir ici ? Après tout ce qu’il m’avait fait ?
— Qu’est-ce que tu veux ? ai-je lâché d’un ton sec.
Il a baissé les yeux, puis a soupiré.
— Je suis désolé.
Désolé. Un rire amer m’a échappé.
— Désolé ? ai-je répété. Tu crois vraiment qu’un simple “je suis désolé” va suffire après ce que tu m’as fait ?
Il a secoué la tête.
— Non… mais je veux que tu saches que je regrette. J’ai merdé, Maya. Je t’aime encore…
— Stop.
Ma voix a claqué comme un coup de fouet. Je n’avais ni le temps, ni l’énergie pour ça. Il n’y avait plus rien à sauver entre nous.
— Écoute-moi bien, Ethan. Je l’ai fixé droit dans les yeux, ma colère bouillonnant sous ma peau. Il n’y a plus de “nous”. Il n’y a plus rien. Alors arrête. Arrête avec tes excuses, arrête de te pointer chez moi comme si ça pouvait tout arranger. C’est fini.
Il a voulu parler, mais j’ai levé la main pour l’arrêter.
— Je n’ai pas le temps pour ça.
Pas le temps pour LUI. Pas le temps pour ses regrets alors que ma vie était en train de s’effondrer.J’ai fait un pas sur le côté, l’ignorant totalement, et j’ai levé la main pour héler un taxi.
La voiture s’est arrêtée juste devant moi.
Ethan m’a regardée avec cet air perdu, ce regard de chien battu qu’il savait si bien utiliser.
Mais cette fois, ça ne m’atteignait plus.
J’ai ouvert la portière et me suis installée à l’arrière.
Juste avant que je ne claque la porte, il a murmuré :
— Je t’aime encore, Maya…
Je n’ai même pas tourné la tête.
— Moi, non.
Puis j’ai claqué la porte. Le taxi a démarré, et j’ai laissé Ethan derrière moi. Je n’avais plus le temps pour lui.J’avais des problèmes bien plus graves. Et le pire, c’est que je savais que la journée ne faisait que commencer.
Je suis arrivée au bureau avec le cœur lourd et l’estomac noué. Le trajet en taxi avait été silencieux, mais mon esprit, lui, hurlait.
Ethan. Vargas. L’argent volé.
C’était comme si tout s’était ligué contre moi, comme si chaque jour ajoutait une nouvelle couche à mon cauchemar. J’ai franchi les portes du bâtiment et me suis dirigée vers mon bureau, les jambes tremblantes. À chaque pas, j’avais peur de le voir.
Mais quand j’ai regardé autour de moi… il n’était pas là. Un soupir de soulagement m’a échappé, même si je savais que ce n’était que temporaire. Il allait venir. Je me suis installée sur ma chaise, allumant mon ordinateur d’un geste mécanique. Taper sur mon clavier, lire des mails, répondre à des demandes… faire semblant.
Faire semblant que tout était normal, que ma vie n’était pas en train de s’écrouler sous mes pieds.
Mais la paix n’a pas duré. La poignée de la porte a tourné brusquement, et avant même que je ne puisse réagir…
Il était là.
Vargas.
Il a refermé la porte derrière lui, calmement. Trop calmement.
Un frisson glacial a parcouru ma colonne vertébrale. Il savait. Il savait que j’avais peur. Il savait que j’étais piégée. J’ai reculé instinctivement, ma chaise roulant légèrement vers l’arrière, mais il s’est avancé.
— Alors, Maya…
Sa voix était basse, presque douce, mais elle n’avait rien de rassurant.
— Dis-moi… tout cet argent… il est vraiment perdu ?
Je me suis raidie, incapable de répondre tout de suite. Il s’est penché légèrement, ses yeux sombres braqués sur moi.
— J’attends.
J’ai dégluti difficilement et, d’une voix à peine audible, j’ai hoché la tête. Il a souri. Un sourire qui n’avait rien de bienveillant.
— Ah bon ?
Il a fait un pas de plus. Trop près.
Mon cœur s’est emballé alors qu’il levait lentement une main pour effleurer mon bras. J’ai sursauté, mon souffle se coupant instantanément.
— Tu sais, Maya… a-t-il murmuré, ses doigts remontant doucement vers mon cou. On ne joue pas avec moi.
Son toucher était glacial.Il a laissé sa main glisser sur ma peau, comme s’il savourait chaque seconde où il me faisait peur.J’étais paralysée.
Je voulais bouger. Le repousser. Crier. Mais j’étais figée.
— Tu penses vraiment que ça va s’arrêter là ?
Il a resserré légèrement sa prise sur ma nuque, assez pour que je sente le danger, mais pas assez pour laisser de traces. Juste assez pour me rappeler à qui j’avais affaire.
— Tu vas me rendre cet argent, Maya.
Son souffle était tout proche, et l’odeur de son parfum mélangée à celle de son tabac froid m’a donné envie de vomir. Je voulais disparaître. Je voulais me réveiller de ce cauchemar. Puis, brusquement, il m’a lâchée.
Comme si ce n’était qu’un simple avertissement.
Il a lissé sa chemise, reprenant son air faussement détendu, puis s’est dirigé vers la porte. Il s’est arrêté juste avant de sortir et a tourné légèrement la tête vers moi.
— Ne me fais pas attendre, ma belle.
Et il est parti.
La porte s’est refermée derrière lui, et c’est seulement à cet instant que j’ai repris mon souffle. J’ai plaqué une main tremblante sur ma bouche, mon corps entier secoué de frissons incontrôlables.
J’étais foutue. Et cette fois… je n’avais plus d’issue.
J’avais besoin de respirer.
Après ce qu’il s’était passé dans mon bureau, je sentais mon corps entier tendu, comme une corde prête à rompre. Alors à la pause déjeuner, je suis sortie. J’ai marché dans les rues bondées, cherchant un endroit où me poser. Un restaurant discret, avec une ambiance calme, où je pourrais être seule avec mes pensées. Je me suis installée à une table près de la fenêtre. Le soleil de midi baignait la salle d’une lumière douce, mais je n’arrivais pas à en profiter.
Ma tête bourdonnait encore des mots de Vargas. "Tu vas me rendre cet argent."
J’ai inspiré profondément, tentant de chasser son ombre de mon esprit. C’est là que mon regard est tombé sur ma main. Sur mon doigt… elle était toujours là.
La bague d’Ethan.
Un petit bijou en argent, simple mais élégant. Ce n’était pas une bague de fiançailles, non. Juste un cadeau qu’il m’avait offert un soir, sans raison particulière.
"Parce que ça te va bien."
Voilà ce qu’il m’avait dit en me la passant au doigt, un sourire tendre aux lèvres. J’ai senti un poids sur ma poitrine.
Pourquoi je la portais encore ? Pourquoi, après tout ce qu’il m’avait fait, je n’avais pas encore arraché ce souvenir de ma peau ? D’un geste sec, j’ai retiré la bague et l’ai posée sur la table.
Elle a tourné sur elle-même, traçant des cercles parfaits sur le bois verni. J’ai suivi son mouvement des yeux, presque hypnotisée. Comme un symbole.Un souvenir du passé qui refusait de disparaître, qui continuait de danser devant moi, me rappelant ce que j’avais perdu.
J’étais tellement plongée dans mes pensées que je n’ai pas tout de suite remarqué l’ombre qui s’était approchée de ma table.
— Tout va bien ?
Une voix grave, posée, avec une pointe de curiosité. Je lève les yeux… et mon souffle se bloque un instant. Devant moi, un homme. Et pas n’importe lequel.
Grand, bien bâti, avec un charisme naturel qui attirait l’attention. Il portait un costume ajusté, noir, avec une chemise blanche légèrement entrouverte. Une montre en argent brillait à son poignet, assortie à la chaîne fine qu’il portait autour du cou. Ses cheveux bruns étaient coiffés avec une négligence étudiée, et un léger sourire flottait sur ses lèvres bien dessinées.
Mais ce qui m’a frappée, c’étaient ses yeux.D’un gris perçant, presque métallique. Un regard qui semblait voir à travers moi.J’ai mis une seconde à réaliser qu’il attendait une réponse. J’ai cligné des yeux, remettant de l’ordre dans mes pensées.
— Oui, ça va.
Il a haussé un sourcil, amusé.
— Vraiment ? Parce que tu fixes cette bague comme si elle allait exploser.J’ai baissé les yeux vers l’anneau qui avait fini de tourner et s’était immobilisé sur la table.
Un sourire amer a étiré mes lèvres.
— Peut-être que j’espérais qu’elle disparaisse.
L’homme a légèrement incliné la tête, comme s’il étudiait ma réponse. Puis il a tiré la chaise en face de moi et s’est assis sans attendre d’invitation.
— Je peux ?
J’ai haussé un sourcil, surprise par son audace.
— Tu es déjà assis.
Il a ri doucement, un rire bas et velouté.
— Touché.
J’ai croisé les bras, intriguée malgré moi.
— Et toi, tu es qui ?
Il s’est appuyé contre le dossier de la chaise, me regardant avec cet air confiant et mystérieux.
— Disons… un homme qui a vu une femme perdue dans ses pensées et qui s’est dit qu’elle avait peut-être besoin d’un peu de compagnie.
Son sourire s’est élargi.
— Je m’appelle Adrian.
J’ai observé son visage une seconde de plus. Il avait ce genre d’aura magnétique, celle des gens qui savent exactement qui ils sont. Et moi, j’étais là, en train de me noyer dans mes problèmes, incapable de savoir où j’allais. J’ai pris une inspiration.
— Maya.
Il a tendu une main vers moi. J’ai hésité, puis j’ai fini par la serrer. Sa peau était chaude, ferme. Pendant une fraction de seconde, j’ai oublié Ethan.J’ai oublié Vargas. J’ai oublié que ma vie était un chaos.
Parce qu’à cet instant précis…
Un inconnu aux yeux gris venait de me sortir de mes ténèbres.
42: une grossesse Je fixais le petit bâtonnet blanc entre mes doigts, mon cœur battant si fort que j’avais l’impression qu’il allait exploser. Deux barres. Positif. Un frisson parcourut mon échine alors que je m’asseyais lentement sur le bord de la baignoire. Je m’étais préparée à toutes les éventualités… sauf à celle-ci. Je portais l’enfant d’Adrian. Mon regard se perdit sur mon reflet dans le miroir. Comment allait-il réagir ? Nous étions encore dans cette phase où chaque regard, chaque contact, chaque nuit passée ensemble était une explosion de passion. Et maintenant… un bébé ? Cela allait tout changer. Un mélange d’excitation et de crainte s’empara de moi. Adrian et moi n’avions jamais parlé d’avoir des enfants. Nous nous laissions simplement porter par notre amour dévorant, profitant de chaque instant sans penser au lendemain. Mais ce test changeait tout. Je serrai mes doigts autour du plastique froid, le souffle court. Devais-je lui dire immédiatement ? Une peur sou
41: Je n’aurais jamais cru pouvoir être aussi heureuse après tout ce que nous avions traversé. Pourtant, alors que l’avion atterrissait sur le tarmac de l’aéroport de Dubaï, une vague de certitude me traversa. J’étais enfin à ma place, auprès d’Adrian, l’homme qui avait brisé toutes mes barrières et qui m’aimait d’une manière que je ne pensais pas possible. Notre lune de miel avait été un rêve éveillé, une parenthèse hors du temps où seuls comptaient nos corps, nos rires, nos désirs. Mais maintenant, il était temps de retrouver la réalité… et j’ignorais encore à quel point notre quotidien serait tout aussi brûlant. L’appartement d’Adrian – enfin, notre appartement désormais – était toujours aussi majestueux. Niché au sommet d’un gratte-ciel dominant la ville, il offrait une vue imprenable sur l’immensité scintillante de Dubaï. Chaque soir, je pouvais observer les lumières vibrantes reflétées sur la mer, un paysage que j’adorais, mais qui ne rivalisait en rien avec la chaleur du
40:LE POINT DE VUE D'ADRIANMaya se tenait devant moi, sa robe glissant lentement sur sa peau comme un dernier voile entre nous. Mes doigts frôlèrent le tissu, défaisant chaque attache avec une lenteur volontaire, savourant l’instant. Son souffle s’accélérait légèrement, et je pouvais sentir son cœur battre sous mes paumes.Ses yeux brillaient d’un mélange d’amour et de désir, et son frisson sous ma caresse déclencha en moi une vague de passion incontrôlable. Je l’embrassai, d’abord doucement, goûtant la chaleur de ses lèvres, puis avec plus d’avidité, pressant son corps contre le mien.Ses mains glissèrent sur mon torse, explorant chaque contour avec une impatience délicieuse. Elle murmura mon nom, sa voix tremblante d’attente et d’émotion, et ce simple son éveilla en moi un besoin viscéral de la posséder entièrement, de lui prouver à quel point elle était à moi, maintenant et pour toujours.Je la soulevai dans mes bras, la portant jusqu’au lit, où je la déposai avec une infinie ten
39: L'hôtel LE POINT DE VUE DE MAYA Quand nous franchissons enfin les portes de l’hôtel, une vague de soulagement et d’excitation me submerge. Après cette journée intense, riche en émotions et en éclats de rire, nous voilà enfin seuls. Juste lui et moi. L’hôtel est somptueux, un véritable cocon de luxe et de raffinement. Le hall brille sous des lustres élégants, et une douce musique d’ambiance flotte dans l’air. Je serre un peu plus fort la main d’Adrian en jetant un coup d'œil autour de nous. — J’espère que tu as choisi une suite digne d’un roi et d’une reine, plaisanté-je en haussant un sourcil. Adrian esquisse un sourire en coin, ce sourire qui me fait toujours fondre. — Évidemment. Rien n’est trop beau pour ma femme, répond-il avec un ton faussement prétentieux. Il insiste bien sur le mot femme, et un frisson délicieux me parcourt. Entendre ce mot dans sa bouche me fait encore un drôle d’effet, une douce réalité que j’ai encore du mal à croire. Nous nous avançons ver
38: Le jour-JLE POINT DE VUE DE MAYA Le soleil était à peine levé que mes yeux s'ouvraient déjà, remplis d'excitation et d’émotion. Aujourd’hui était le jour où je deviendrais officiellement Madame Adrian. Une seconde chance, un nouveau départ. Je laissais échapper un soupir tremblant, mêlant joie et appréhension. Ce mariage n’était pas juste une célébration, c’était la preuve que malgré les tempêtes, l’amour pouvait survivre.Je me levai doucement et me dirigeai vers la fenêtre. Le ciel était dégagé, d’un bleu éclatant, comme si même l’univers approuvait cette union. J’inspirai profondément, savourant l’instant. Lina dormait encore profondément sur le canapé de la suite nuptiale, épuisée par les derniers préparatifs. Je souris en la voyant, reconnaissante de l’avoir à mes côtés.La matinée passa dans un tourbillon d’activités. Entre les essayages de dernière minute, le maquillage et la coiffure, tout semblait se dérouler trop vite. Mon cœur battait à toute allure tandis que mes dem
37 :Mariage Reprogrammé La nuit était tombée sur la ville, baignant l'appartement d'une lumière tamisée. Maya était assise sur le balcon, une tasse de thé entre les mains, le regard perdu dans les lumières scintillantes des immeubles voisins. Adrian la rejoignit en silence, posant une main chaude sur son épaule.— Tu sembles pensive, murmura-t-il en s'asseyant à côté d'elle.Maya expira longuement, cherchant ses mots.— Je pense à nous, à ce qu'on a traversé... Et à l'avenir.Adrian fronça les sourcils, sentant une pointe de nervosité dans sa voix. Il prit doucement sa main dans la sienne, l'encourageant à poursuivre.— Tu veux parler de quoi, exactement ?Maya tourna son regard vers lui, incertaine.— Tu as déjà pensé à avoir des enfants ?Un sourire surpris étira les lèvres d'Adrian.— Bien sûr. Depuis qu'on est ensemble, je me suis toujours imaginé construire une famille avec toi. Pourquoi cette question ?Maya serra un peu plus sa tasse, baissant les yeux.— J'ai peur, Adrian. Pe