6 : Ma 'nouvelle rencontre
Je ne savais pas pourquoi j’acceptais de parler avec cet homme. Peut-être parce qu’il était là au bon moment. Peut-être parce que j’avais besoin, juste pour quelques minutes, d’oublier tout ce qui pesait sur moi.
Adrian s’est installé confortablement sur sa chaise, ses yeux gris toujours braqués sur moi avec une intensité déroutante.
— Alors, c’est une alliance ? a-t-il demandé en désignant la bague sur la table.
J’ai soufflé un petit rire, secouant la tête.
— Non.
Il a levé un sourcil, attendant plus. J’ai fait tourner l’anneau entre mes doigts, hésitante.
— C’est compliqué.
Un sourire en coin est apparu sur ses lèvres.
— J’ai tout mon temps.
J’ai relevé les yeux vers lui, un peu surprise par son insistance. Mais son regard n’avait rien de lourd ou intrusif. Juste de la curiosité… et peut-être autre chose que je n’arrivais pas à définir. J’ai soupiré et posé la bague sur la table.
— Disons que c’est un vestige du passé.
— Un passé douloureux ?
J’ai esquissé un sourire amer.
— On peut dire ça.
Adrian s’est penché légèrement en avant, posant ses avant-bras sur la table.
— Il t’a brisé le cœur ?
J’ai haussé les épaules, jouant avec ma serviette en papier.
— C’est plus compliqué que ça.
— Tout est toujours compliqué avec vous, les femmes.
J’ai levé les yeux vers lui, prête à protester, mais son sourire malicieux m’a coupé dans mon élan.
J’ai fini par sourire aussi.
— Ou peut-être que c’est vous, les hommes, qui rendez tout compliqué.
Il a ri doucement.
— Point pour toi.
Le silence s’est installé un instant, mais c’était un silence confortable. Bizarrement, je me sentais bien. Comme si parler avec Adrian, un parfait inconnu, me libérait un peu du poids que je portais. Et puis, mon regard a glissé vers mon téléphone.
L’écran affichait l’heure… et j’ai senti mon estomac se nouer. La pause était terminée.
— Merde.
J’ai attrapé mon sac et me suis levée précipitamment. Adrian m’a regardée avec amusement.
— Déjà ?
— Je dois retourner au boulot.
Il a jeté un regard par la fenêtre, où la circulation battait son plein.
— Je peux te déposer.
J’ai secoué la tête.
— Non, c’est bon. Je vais prendre un taxi.
Il s’est levé à son tour, tirant négligemment les manches de sa veste.
— Maya… c’est juste un trajet.
— Je ne veux pas te déranger.
— Tu ne me déranges pas.
Son ton était calme, assuré. Je l’ai regardé, hésitante.
Puis il a ajouté :
— Et puis, on sait jamais… Peut-être que le destin voulait que je sois ton chauffeur aujourd’hui.
J’ai levé les yeux au ciel, mais un petit sourire s’est dessiné sur mes lèvres.
— Tu insistes toujours autant ?
— Toujours.
J’ai poussé un soupir, capitulant.
— D’accord.
Son sourire s’est élargi, satisfait.
— Bonne décision.
Je l’ai suivi à l’extérieur. Une berline noire impeccable était garée juste en face du restaurant. Bien sûr qu’il conduisait une voiture luxueuse… Il avait tout l’air d’un homme qui réussissait. Il m’a ouvert la portière comme un gentleman, et j’ai fini par m’installer à l’intérieur.
Alors que la voiture démarrait, je me suis demandé… Qui était vraiment Adrian ? Et pourquoi, en l’espace de quelques minutes, il arrivait à me faire oublier mes problèmes ?
Dès que je me suis installée sur le siège passager, je me suis enfoncée légèrement dans le cuir confortable. L’intérieur de la voiture était impeccable, avec une légère odeur boisée et masculine qui flottait dans l’air.
Adrian s’est glissé derrière le volant avec une aisance naturelle, ajustant son rétroviseur d’un geste souple avant de démarrer.
— Attache ta ceinture, princesse.
J’ai levé un sourcil, amusée malgré moi.
— Princesse ?
Il a souri en me jetant un coup d’œil.
— Ça te va bien.
J’ai secoué la tête avec un sourire, mais j’ai attaché ma ceinture. Dès qu’il a appuyé sur l’accélérateur, la voiture a glissé sur l’asphalte avec une fluidité presque irréelle. Adrian conduisait comme il parlait : avec confiance et aisance. La musique qui sortait des enceintes était un vieux jazz moderne, doux et entraînant.
— Joli choix musical, ai-je fait remarquer.
— Le jazz, c’est intemporel.
Il a marqué une pause, avant d’ajouter avec un sourire en coin :
— Tout comme les femmes qui portent encore des bagues offertes par leurs ex.
J’ai tourné la tête vers lui, le fixant avec une expression mi-surprise, mi-amusée.
— Tu es toujours aussi perspicace ?
— Toujours.
J’ai soufflé un petit rire. Il avait cette énergie… légère mais captivante. Il parlait avec une décontraction naturelle, comme si rien ne pouvait l’atteindre.
— Tu travailles dans quoi ? lui ai-je demandé, histoire de détourner la conversation de ma vie privée.
Il a haussé légèrement les épaules.
— Je fais des affaires.
— Des affaires… mystérieuses
Il a éclaté de rire.
— Non, légales. Je te rassure.
— Dommage, ça aurait ajouté un peu de piment à cette rencontre.
— Ah, donc tu aimes le danger ?
J’ai souri sans répondre, regardant le paysage défiler à travers la vitre. Pour une raison que je n’arrivais pas à expliquer, je me sentais bien. Comme si, pour la première fois depuis des jours, j’avais droit à une parenthèse dans mon chaos.
Adrian continuait de parler avec cette même énergie.
Et ça faisait du bien de rire. Quand il s’est garé devant mon bureau, j’ai senti une étrange pointe de regret.
Je me suis tournée vers lui en détachant ma ceinture.
— Merci pour le trajet… et pour la conversation.
— Tout le plaisir était pour moi.
Il a sorti quelque chose de sa poche et me l’a tendu. Une carte de visite. Je l’ai prise, surprise.
Son nom y était inscrit en lettres élégantes : Adrian Lancaster.
Son numéro aussi. Il a penché légèrement la tête, un sourire taquin aux lèvres.
— Au cas où tu aurais encore besoin d’un chauffeur… ou d’un peu de compagnie.
J’ai roulé des yeux en souriant, mais j’ai quand même rangé la carte dans mon sac.
— Bonne journée, Adrian.
— À bientôt, Maya.
Je suis sortie de la voiture et me suis dirigée vers l’entrée de mon bureau. Mais avant de franchir la porte, je me suis retournée. Adrian était encore là, accoudé au volant, me regardant avec ce même sourire charmeur. Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire à mon tour avant d’entrer dans l’immeuble. Et alors que je marchais vers mon bureau, je me suis surprise à penser que, peut-être… cette journée n’était pas si mauvaise que ça.
Dès que j’ai franchi la porte de l’immeuble, l’atmosphère pesante du travail m’a immédiatement rattrapée. L’illusion de légèreté créée par ma conversation avec Adrian s’est dissipée, laissant place à l’angoisse.
Vargas.
Il était quelque part dans ce bâtiment, et je savais que tôt ou tard, il viendrait réclamer son dû… son argent. Je suis allée directement à mon bureau, évitant soigneusement les regards de mes collègues. Je me suis assise et j’ai allumé mon ordinateur, tentant de me concentrer sur mes tâches habituelles. Mais mes mains tremblaient légèrement sur le clavier.
Les mots défilaient sur l’écran, mais mon esprit était ailleurs.
Je pensais au cambriolage, à la somme colossale disparue, à Vargas et à ses menaces… Et à cette peur sourde qui me rongeait depuis que je l’avais vu dans mon bureau ce matin.
J’ai fermé les yeux un instant, inspirant profondément. Il faut que je trouve une solution. Soudain, mon téléphone portable a vibré sur le bureau.
Un message.
Je l’ai saisi, et mon souffle s’est bloqué en voyant le nom affiché : Vargas.
_"On doit parler. Dans 30 minutes, mon bureau."_
Mon estomac s’est noué.
Qu’est-ce que je vais lui dire ?
J’ai levé les yeux vers l’horloge. Chaque seconde qui passait me rapprochait de ce rendez-vous que je redoutais.
J’ai serré les poings sur mes genoux.
Je ne pouvais pas fuir éternellement.
Mais une chose était sûre : Vargas n’allait pas me laisser m’en tirer aussi facilement…
42: une grossesse Je fixais le petit bâtonnet blanc entre mes doigts, mon cœur battant si fort que j’avais l’impression qu’il allait exploser. Deux barres. Positif. Un frisson parcourut mon échine alors que je m’asseyais lentement sur le bord de la baignoire. Je m’étais préparée à toutes les éventualités… sauf à celle-ci. Je portais l’enfant d’Adrian. Mon regard se perdit sur mon reflet dans le miroir. Comment allait-il réagir ? Nous étions encore dans cette phase où chaque regard, chaque contact, chaque nuit passée ensemble était une explosion de passion. Et maintenant… un bébé ? Cela allait tout changer. Un mélange d’excitation et de crainte s’empara de moi. Adrian et moi n’avions jamais parlé d’avoir des enfants. Nous nous laissions simplement porter par notre amour dévorant, profitant de chaque instant sans penser au lendemain. Mais ce test changeait tout. Je serrai mes doigts autour du plastique froid, le souffle court. Devais-je lui dire immédiatement ? Une peur sou
41: Je n’aurais jamais cru pouvoir être aussi heureuse après tout ce que nous avions traversé. Pourtant, alors que l’avion atterrissait sur le tarmac de l’aéroport de Dubaï, une vague de certitude me traversa. J’étais enfin à ma place, auprès d’Adrian, l’homme qui avait brisé toutes mes barrières et qui m’aimait d’une manière que je ne pensais pas possible. Notre lune de miel avait été un rêve éveillé, une parenthèse hors du temps où seuls comptaient nos corps, nos rires, nos désirs. Mais maintenant, il était temps de retrouver la réalité… et j’ignorais encore à quel point notre quotidien serait tout aussi brûlant. L’appartement d’Adrian – enfin, notre appartement désormais – était toujours aussi majestueux. Niché au sommet d’un gratte-ciel dominant la ville, il offrait une vue imprenable sur l’immensité scintillante de Dubaï. Chaque soir, je pouvais observer les lumières vibrantes reflétées sur la mer, un paysage que j’adorais, mais qui ne rivalisait en rien avec la chaleur du
40:LE POINT DE VUE D'ADRIANMaya se tenait devant moi, sa robe glissant lentement sur sa peau comme un dernier voile entre nous. Mes doigts frôlèrent le tissu, défaisant chaque attache avec une lenteur volontaire, savourant l’instant. Son souffle s’accélérait légèrement, et je pouvais sentir son cœur battre sous mes paumes.Ses yeux brillaient d’un mélange d’amour et de désir, et son frisson sous ma caresse déclencha en moi une vague de passion incontrôlable. Je l’embrassai, d’abord doucement, goûtant la chaleur de ses lèvres, puis avec plus d’avidité, pressant son corps contre le mien.Ses mains glissèrent sur mon torse, explorant chaque contour avec une impatience délicieuse. Elle murmura mon nom, sa voix tremblante d’attente et d’émotion, et ce simple son éveilla en moi un besoin viscéral de la posséder entièrement, de lui prouver à quel point elle était à moi, maintenant et pour toujours.Je la soulevai dans mes bras, la portant jusqu’au lit, où je la déposai avec une infinie ten
39: L'hôtel LE POINT DE VUE DE MAYA Quand nous franchissons enfin les portes de l’hôtel, une vague de soulagement et d’excitation me submerge. Après cette journée intense, riche en émotions et en éclats de rire, nous voilà enfin seuls. Juste lui et moi. L’hôtel est somptueux, un véritable cocon de luxe et de raffinement. Le hall brille sous des lustres élégants, et une douce musique d’ambiance flotte dans l’air. Je serre un peu plus fort la main d’Adrian en jetant un coup d'œil autour de nous. — J’espère que tu as choisi une suite digne d’un roi et d’une reine, plaisanté-je en haussant un sourcil. Adrian esquisse un sourire en coin, ce sourire qui me fait toujours fondre. — Évidemment. Rien n’est trop beau pour ma femme, répond-il avec un ton faussement prétentieux. Il insiste bien sur le mot femme, et un frisson délicieux me parcourt. Entendre ce mot dans sa bouche me fait encore un drôle d’effet, une douce réalité que j’ai encore du mal à croire. Nous nous avançons ver
38: Le jour-JLE POINT DE VUE DE MAYA Le soleil était à peine levé que mes yeux s'ouvraient déjà, remplis d'excitation et d’émotion. Aujourd’hui était le jour où je deviendrais officiellement Madame Adrian. Une seconde chance, un nouveau départ. Je laissais échapper un soupir tremblant, mêlant joie et appréhension. Ce mariage n’était pas juste une célébration, c’était la preuve que malgré les tempêtes, l’amour pouvait survivre.Je me levai doucement et me dirigeai vers la fenêtre. Le ciel était dégagé, d’un bleu éclatant, comme si même l’univers approuvait cette union. J’inspirai profondément, savourant l’instant. Lina dormait encore profondément sur le canapé de la suite nuptiale, épuisée par les derniers préparatifs. Je souris en la voyant, reconnaissante de l’avoir à mes côtés.La matinée passa dans un tourbillon d’activités. Entre les essayages de dernière minute, le maquillage et la coiffure, tout semblait se dérouler trop vite. Mon cœur battait à toute allure tandis que mes dem
37 :Mariage Reprogrammé La nuit était tombée sur la ville, baignant l'appartement d'une lumière tamisée. Maya était assise sur le balcon, une tasse de thé entre les mains, le regard perdu dans les lumières scintillantes des immeubles voisins. Adrian la rejoignit en silence, posant une main chaude sur son épaule.— Tu sembles pensive, murmura-t-il en s'asseyant à côté d'elle.Maya expira longuement, cherchant ses mots.— Je pense à nous, à ce qu'on a traversé... Et à l'avenir.Adrian fronça les sourcils, sentant une pointe de nervosité dans sa voix. Il prit doucement sa main dans la sienne, l'encourageant à poursuivre.— Tu veux parler de quoi, exactement ?Maya tourna son regard vers lui, incertaine.— Tu as déjà pensé à avoir des enfants ?Un sourire surpris étira les lèvres d'Adrian.— Bien sûr. Depuis qu'on est ensemble, je me suis toujours imaginé construire une famille avec toi. Pourquoi cette question ?Maya serra un peu plus sa tasse, baissant les yeux.— J'ai peur, Adrian. Pe