J’avais à peine fermé l’œil de la nuit.Ce matin-là, quand je m’étais réveillée, la première chose que j’ai faite, c’est vérifier si Grayson était encore là. Mais il était déjà parti sans moi.Un goût de déjà-vu me remontait dans la gorge. Je revivais nos premiers jours. Quand j’étais invisible. Sauf qu’aujourd’hui, c’était pire. Parce qu’on avait été plus. On avait ri. On avait aimé. On avait cru… et maintenant, il reculait.J’ai mis une robe au hasard, attaché mes cheveux sans soin, pris mon sac, et je suis allée au bureau.Dans la matinée, Alyssa et Savannah sont passées prendre un café avec moi. Elles avaient ce regard doux, ce mélange d’inquiétude et de curiosité qu’on réserve aux gens qu’on sent vaciller.— T’as pas l’air dans ton assiette, souffla Alyssa en me tendant un cappucinno.Je haussai les épaules.— Le patron n’est pas venu avec toi ? demanda Savannah, en feignant la neutralité.Je pris une gorgée, pour me donner une contenance.— Il était déjà parti quand je me suis r
Je n’ai jamais vu Grayson comme ça. Il était sombre. Glacial. Mais terriblement vivant. Ses yeux, brillants d’un feu étrange, me dévoraient. Je ne savais plus si j’avais peur… ou si je brûlais de désir.Il m’avait entraînée dans la Chambre rouge sans dire un mot de trop, me portant comme une proie qu’on refuse de lâcher. Mon cœur battait si fort que j’avais l’impression qu’il allait exploser. J’ai voulu protester, mais je savais que ça ne servirait à rien. Pas ce soir.Il m’a regardée longuement, sans me toucher, puis a murmuré d’une voix rauque :— Tu sais pourquoi tu es là, Jade.J’ai dégluti. J’aurais pu dire non. J’aurais pu hurler, mais au fond… je savais. Il était en colère. Jaloux. Blessé. Et moi, j’avais franchi une limite. Je l’avais blessé à mon tour.— Ce sera une punition, dit-il simplement. Dix coups. Tu comptes. Puis, je te rappellerai à qui tu appartiens.Ses mots étaient durs. Mais sa voix... sa voix tremblait d’un mélange de rage, de désir, et… d’amour tordu.Il m’a a
Je n’eus même pas le temps de réagir.En une fraction de seconde, Grayson me saisit par la taille et me souleva sans ménagement, comme si je ne pesais rien. Je poussai un cri de surprise, mes jambes battant dans le vide alors qu’il me hissait sur son épaule comme un vulgaire sac de pommes de terre.— Grayson ! Pose-moi tout de suite ! Tu deviens fou !— Je t’ai laissée trop libre, Jade. Beaucoup trop libre. Regarde où ça nous mène.Je me débattis, furieuse, mon poing martelant son dos large. J’étais rouge de honte. Il n’avait pas le droit !— Pose-moi ! Tu m’entends ?! Je ne suis pas un objet que tu peux trimballer comme ça !Mike s’interposa, le visage crispé par la tension.— Lâche-la, Grayson ! Tu perds complètement la tête, mec !Grayson ne ralentit même pas. Il tourna simplement la tête vers Mike, le regard noir.— Recule.— Je t’ai dit de la lâcher, bordel !— Dernier avertissement.Mike s’approcha, prêt à m’arracher des bras de Grayson. D’un seul mouvement, brutal, Grayson le r
Savannah m’avait proposé de prendre un café histoire de souffler un peu mais je devais trouver une excuse. Il fallait que je rejoigne mon bureau. J’ai besoin de m’isoler.Je descendais vers mon bureau comme un zombi. Une fois seule, je me suis laissée tomber sur ma chaise, fixant mon écran sans le voir.« Il va venir, hein ? Il ne peut pas ne pas venir… Il a surement une bonne explication. »Je m’accrochais à cette pensée comme à une bouée. Grayson savait, forcément. Il va surement venir, me rassurer, m’embrasser le front comme il le faisait quand il voulait tout effacer.Je ne cessai de regarder mon téléphone. Rien. Aucun message.Je tendis l’oreille. Aucun pas dans le couloir.« Peut-être qu’il est occupé… »« Ou peut-être qu’il est parti la rejoindre. »Je ne vais pas attendre comme une idiote. J’attrapai ma veste et sortis.Je marchais au grès du vent et j’atterris à la corniche. C’était calme. J’étais perdu dans mes pensées quand une voix m’interpella :— Toujours aussi tête en l
Je ne voulais pas sortir. mais Grayson m’avait demandé de le laisser seul avec elle.Pourquoi voulait-il rester seul avec Laurence ?Ma voix intérieure ne cessait de répéter la même rengaine :Parce qu’il l’aime encore. Parce qu’il ne l’a jamais oubliée. Parce que tu n’es qu’un substitut.Je sortais du bureau de Grayson à contrecœur, traînant des pieds comme une enfant vexée,. Mes yeux fixaient un point invisible, comme si je pouvais deviner ce qui se passait derrière cette porte fermée.— Jade ? appela une voix douce.Je relevai la tête. C’était Savannah, l’assistante de Grayson. Elle me regardait avec bienveillance. Elle s’approcha de moi avec ce petit air compréhensif qui m’arracha presque les larmes.— Tout va bien ? Tu sembles… ailleurs.Je tentai un sourire, faible, incertain.— Je vais bien… Juste un peu fatiguée.Elle pencha la tête, sceptique.— Tu veux t’installer dans la salle de réunion pour qu’on passe l’agenda en revue ? On a encore à fixer les dates de présentation pour
— Tu ne dis rien? demanda LaurenceJe passai une main nerveuse sur ma nuque.— Je devrais appeler la sécurité ou un psychiatre. Parce que là, je commence sérieusement à douter de ma santé mentale.Elle esquissa un sourire. — Tu n’as jamais douté de moi, Grayson.— Tu étais morte, Laurence. Morte! J’ai pleuré ton cercueil. J’ai hurlé ton nom pendant des nuits entières. J’ai enterré une partie de moi avec toi… Et tu débarques ici, comme si de rien n’était ?— Si je t’avais dit la vérité à l’époque, ils t’auraient détruit.— « ils » qui ? De quoi parles-tu ?— Caldwell. Son père. Une partie de ta famille… Tu sais très bien de quoi ils étaient capables à cette époque.— C’est facile de les accuser maintenant qu’ils ne sont plus là.— Facile ? Tu crois que tout ça a été facile ?! s’emporta-t-elle. Tu crois que disparaître, effacer mon existence, tout quitter… tu crois que c’était un jeu ?!— Alors pourquoi ? Pourquoi t’être volatilisée ? Tu aurais pu me le dire bordel ! On aurait pu trou