Share

2

Penulis: Écrivaine 2.0
last update Terakhir Diperbarui: 2025-07-15 23:12:56

                            PVD de Paula

Le bruit des machines, les pas pressés du personnel, les murmures étouffés dans les couloirs… Tout m'agresse alors que je marche vers la chambre de ma mère. Je connais ce couloir par cœur. Mais aujourd’hui, il me semble plus long et plus lourd.

Je pousse doucement la porte. Maman est là, allongée sur le lit, une perfusion au bras, des électrodes collées sur sa poitrine. Ses yeux s’ouvrent à mon approche. Elle tente un sourire. Mon cœur se rechauffe de joie en la voyant.

___ Hola, mi amor…

Je m’approche d’elle en silence, essayant de contenir la boule dans ma gorge. Je prends sa main dans la mienne.

___ Tu m’as fait peur, mamá.

___ Je suis désolée…

Elle ferme les yeux une seconde, sa respiration reste saccadée, mais elle est plus régulière. Je me force à sourire, à lui transmettre un calme que je ne ressens pas du tout.

___ Tout va bien maintenant. Tu es entre de bonnes mains. Les médecins vont prendre soin de toi.

Mais je vois bien qu’elle me lit comme un livre ouvert. Son regard se voile.

___ Paula… murmure-t-elle. Dis-moi la vérité. Qu’est-ce qu’ils ont dit ?

Je serre un peu plus sa main. Je voudrais mentir. Lui dire qu’il s’agissait juste d’un malaise, qu’elle sortira demain, qu’on rentrera à la maison et qu’on reprendra notre routine. Mais je ne peux pas. Elle mérite la vérité. Et je suis fatiguée de porter tout ça seule. Je détourne légèrement mon regard avant de lui répondre.

___ Ils doivent faire des examens. Des examens coûteux. Je marque une pause, le regard fixé sur le drap. Ils pensent que c’est peut-être une maladie pulmonaire. Ils ne savent pas encore.

Un silence. Puis je la sens tirer doucement sur ma main. Je reporte mon attention sur elle.

___ Je suis désolée, Paula…

Je relève les yeux. Elle les a fermés, mais une larme coule le long de sa tempe. Je ressens un pincement au cœur, je me mords la lèvre jusqu'à la douleur.

___ Arrête… Mamá, ce n’est pas ta faute.

___  Mais si !

Elle ouvre les yeux, remplis de chagrin.

___ Depuis des années, je suis un poids pour toi. Tu devrais vivre ta vie, sortir, avoir des rêves. Et à la place, tu es coincée avec moi. À courir pour mes médicaments, à jongler avec les factures…

Je secoue la tête, mais avant que je ne puisse répondre, Jimena entre dans la chambre avec un petit sourire et une barquette de fraises qu’elle a dû acheter à la cafétéria.

___ Vous êtes sérieusement en train de dire des bêtises pendant que je suis absente ? demande-t-elle en s’approchant du lit.

Maman esquisse un sourire coupable. Jimena pose la barquette sur la table de chevet, puis s’approche et prend la main libre de ma mère.

___ Carmen, personne ne souhaite tomber malade. Personne ne choisit de souffrir. Ce n’est pas votre faute. Et surtout, ce n’est pas à vous de vous excuser. On est là. Toutes les deux. Et on va gérer ça ensemble.

Je hoche lentement la tête, les larmes aux bords des yeux. Jimena a toujours su trouver les bons mots. J'aime dire que si l'amitié était une personne, elle serait Jimena.

___ Vous devez vous reposer maintenant, ajoute-t-elle tendrement.

___ Je suis fatiguée… murmure maman, les yeux mi-clos.

___Alors reposez-vous. On reviendra demain matin.

Je me penche pour embrasser sa joue. Elle me caresse doucement les cheveux, comme elle le faisait quand j’étais petite. Ce geste, si familier, me brise un peu plus le cœur.

___ Je t’aime, Paula.

___ Moi aussi, mamá. Plus que tout.

Dans le couloir, je me laisse tomber sur le banc le plus proche. Le néon au-dessus de ma tête grésille légèrement. Jimena s’installe à côté de moi.

___ Elle est forte, dit-elle en croisant les bras. Elle va s’en sortir.

Je reste silencieuse un moment, le regard perdu sur le carrelage blanc.

___ Il faut que je trouve un deuxième boulot.

Jimena tourne la tête vers moi, les sourcils froncés.

___ Quoi ? Paula, tu travailles déjà à l’hôpital à temps plein. Tu fais des gardes de nuit. Tu dors à peine. Tu veux te tuer à la tâche ?

___ Tu l’as entendu comme moi. Les examens ne sont pas pris en charge. Je ne peux pas attendre que le miracle tombe du ciel. Je dois agir. Je n’ai pas d’alternative.

Elle soupire, visiblement inquiète.

___ Tu pourrais peut-être demander un prêt, non ?

Je secoue la tête aussitôt.

___ Tu crois que les banques prêtent à une aide-soignante sans économies, avec des retards de loyers et des médicaments à payer tous les mois ? Non. Je n’ai ni garantie, ni proches assez riches pour me soutenir. Et je ne veux pas m’endetter pour que maman se sente encore plus coupable.

Jimena se mord la lèvre, visiblement à court d’arguments. Elle sait que j’ai raison. Personne pour nous tendre la main. Personne sur qui compter. Alors, je n'ai pas d'autres choix que de me trouver un second boulot.

___ D’accord. Laisse-moi parler à Lucas.

Je la regarde, intriguée.

___ Ton copain ?

___  Oui. Le bar où il bosse cherche peut-être une serveuse pour les soirs ou les week-ends. C’est pas un job de rêve, mais ça paye au noir, et t’auras au moins un petit plus chaque mois.

Je pose ma main sur son bras, émue.

___ Tu ferais ça pour moi ?

___ Tu me poses sérieusement la question ?

Elle me lance un regard de travers.

___ Évidemment que je vais le faire. On est une équipe, Paula. On a toujours été une équipe. Si je pouvais même, je t'aiderai plus que ça. Mais...

Je lui souris, fatiguée, mais pleine de gratitude.

___ Merci.

Elle me donne un petit coup d’épaule.

___ Ne me remercie pas maintenant. Attends d’avoir servi des bières à des ivrognes madrilènes le vendredi soir.

On rit doucement, mais ce rire est fragile, tremblant, né sur les cendres d’une journée trop lourde. Pourtant, dans ce couloir glacé, entre les murs d’un hôpital trop familier, je sens une étincelle naître.

Je ne sais pas encore que ma vie va basculer.

Mais je suis prête à tout pour ma mère. Même à vendre mon temps, mon énergie… ou peut-être plus encore.

Jimena regarde sa montre. Elle doit partir pour son prochain service, mais elle reste figée là, à côté de moi, comme si elle n’osait pas me laisser seule dans ce couloir vide, saturé de silence et d’odeurs de désinfectant. Finalement, elle me serre dans ses bras.

___ Je t’écris dès que je parle à Lucas, d’accord ? Tu te reposes un peu entre-temps, hein ?

Je hoche la tête sans conviction. Me reposer ? Je ne sais même plus ce que ce mot signifie. Depuis combien de temps je vis comme ça ? En apnée ? À courir, à économiser, à survivre sans jamais vivre ? J’ai perdu la notion du calme. Du vrai calme.

___ Et tu promets que tu ne fais rien de stupide, ajoute-t-elle en me fixant droit dans les yeux.

___ Promis.

Elle sait que je mens. Et moi aussi.

***

Je retourne m’asseoir seule dans la salle d’attente. L’énergie m’a quittée. Mon corps est là, posé sur une chaise, mais mon esprit vagabonde loin, très loin de ces murs.

Je pense à tout ce que j’ai sacrifié. Aux études que j’ai mises de côté. À l’envie que j’avais, à dix-huit ans, de devenir infirmière spécialisée. Je me suis contentée du poste d’aide-soignante parce qu’il me permettait de travailler rapidement. D’apporter un salaire. D’assurer le minimum vital.

Je pense à mes collègues, à leurs plaintes, à nos blagues partagées pendant les pauses café. À toutes ces vies que je soigne chaque jour, alors que je suis incapable de prendre soin de la seule personne qui compte pour moi.

Je pense à maman.

Je repense à son sourire quand je lui ai dit que j’avais eu mon premier salaire. À ses larmes quand j’ai payé notre première facture d’électricité toute seule. À ses silences aussi, ces derniers mois. À sa fatigue, à sa voix de plus en plus faible.

Un sanglot monte dans ma gorge, mais je le ravale. Je ne peux pas me permettre de craquer encore. J’ai pleuré aujourd’hui. Assez. Il est temps de réfléchir.

Mon téléphone vibre, je me redresse légèrement et jette un œil sur mon téléphone. Un message de Jimena : "J’ai parlé à Lucas. Il te trouve un créneau cette semaine. Pas trop lourd au début. Il a dit qu’il te formera lui-même. Courage ma belle."

Je souris malgré moi. Un sourire court, fatigué. Mais sincère. Jimena est cette lumière que je n’ai jamais méritée, mais qui refuse de s’éteindre. Elle est mon pilier. Et ce soir, elle vient de m’offrir une petite bouée au milieu de cette tempête.

Je tape une réponse : "Merci. Je suis chanceuse de t’avoir. Je t’aime fort."

Je glisse le téléphone dans ma poche et je regarde l’heure. 22h passées. Je me lève. Je vais rester à l’hôpital ce soir. Près de maman. Même si je ne suis pas autorisée à dormir dans sa chambre, je resterai ici. Juste au cas où.

Je m’installe dans le petit coin réservé aux familles. Un vieux canapé grinçant, un distributeur de boissons qui fait un bruit assourdissant, et une lampe qui clignote par intermittence. Ce n’est pas confortable, mais je m’en fiche. Je suis à quelques mètres d’elle, et c’est tout ce qui compte.

Je m’allonge, bras croisés sur la poitrine, et je ferme les yeux. Je m’endors avec une seule idée en tête : je dois trouver l’argent. Peu importe comment. Peu importe à quel prix.

Et c’est peut-être cette nuit-là… dans cet hôpital… entre fatigue, douleur et désespoir, que ma vie a commencé à basculer.

Lanjutkan membaca buku ini secara gratis
Pindai kode untuk mengunduh Aplikasi

Bab terbaru

  • Un deal entre nous    Épilogue

    Valeria est assise dans son vaste salon, perchée sur son canapé en velours beige, la tablette posée sur ses genoux. La lumière de l’après-midi éclaire ses traits froids, mais il y a quelque chose d’agité dans ses yeux. Ses doigts tapotent nerveusement sur l’écran. Elle est tombée sur cette vidéo… cette maudite vidéo.La demande en mariage de Nicolas à Paula.On y voit Nicolas, un immense bouquet dans les bras, se mettre à genoux devant cette fille. Cette fille qu’elle a juré d’écraser, de réduire au silence. Et Paula qui dit oui, les larmes aux yeux, sous les applaudissements et les sifflements amusés. L’image est claire, belle, presque parfaite.Valeria sent une brûlure dans la poitrine, comme si chaque éclat de rire et chaque note de bonheur dans cette vidéo étaient dirigés contre elle.___ Non… non… c’est impossible… murmure-t-elle, la mâchoire serrée.Mais Internet, lui, ne ment pas.En quelques minutes, son téléphone se met à vibrer de toutes parts. Des notifications inondent son

  • Un deal entre nous    80

    PVD de PaulaLa lumière du matin filtre par les rideaux beiges de ma chambre d’hôpital. L’odeur stérile me pique encore un peu les narines, mais aujourd’hui… c’est différent. Aujourd’hui, je sors enfin. Assise au bord du lit, j’attache calmement mes cheveux, tandis que Jimena, installée sur la chaise près de la fenêtre, me regarde avec un grand sourire.___ Tu sais que t’as raté le match du siècle, hein ? commence-t-elle, les yeux pétillant d’excitation.Je ris doucement, secouant la tête.___ Je l’ai vu à la télé, je te rappelle.___ Oui, mais tu n’as pas vu ça comme moi je l’ai vu ! La tension, la folie dans le stade… Paula, c’était incroyable. Le Real a littéralement écrasé son adversaire. Et Nicolas… mon Dieu, il a été parfait. Tu aurais vu comment il courait, comment il contrôlait le ballon… et ce but en deuxième mi-temps… les gens hurlaient ton nom à travers lui, je te jure.Ses paroles ravivent en moi une chaleur que j’avais déjà ressentie hier devant l’éc

  • Un deal entre nous    79

    PVD de Paula Ma mère et moi sommes allongées sur ce lit d’hôpital, collées l’une contre l’autre, à suivre le match sur l’écran accroché au mur. L’odeur de désinfectant flotte toujours dans la pièce, et le bruit régulier des machines de monitoring rythme l’ambiance. Nicolas est sur le terrain, concentré, et chaque fois que la caméra le filme, mon cœur se gonfle de fierté. ___ Il joue bien aujourd’hui… murmure ma mère, un petit sourire aux lèvres. Je hoche la tête, incapable de détacher mes yeux de lui. Ses gestes sont précis, son visage fermé, mais je sais qu’à l’intérieur, il brûle de cette envie de gagner. Il mouille le maillot pour son équipe… et pour nous. Ma mère finit par se redresser. ___ Je vais aux toilettes, je reviens. ___ D’accord, Maman. La porte se referme derrière elle. Un léger silence s’installe, seulement brisé par les commentaires du match et les cris des supporters qu’on entend à travers la télé. Je caresse doucement mon ventre arrondi, un sourire attendri sur

  • Un deal entre nous    78

    PVD de Paula Nicolas me regarde fixement comme s'il n'attendait que cette réponse depuis longtemps. Je déglutis, essaie de ressasser ce moment où j'ai perdu connaissance. Mes yeux se voilent un instant. L’image revient, brutale, comme si j’y étais encore. *** Flash-back Je marche d’un pas rapide, les mains profondément enfoncées dans mes poches. Le froid me mord le visage, mais je ne sens presque rien. Mon esprit est ailleurs… enfermé dans les mots tranchants de la mère de Nicolas. Chaque phrase résonne encore dans ma tête, chaque regard de mépris me brûle. Comment a-t-elle pu oser mettre les pieds chez moi et me parler de cette façon ? Ai-je bien fait de ne pas lui avoir répondu ? Aurais-je dû lui faire comprendre que j'en ai rien à cirer du compte bancaire de Nicolas Reyes ? Je porte son petit fils et pourtant elle semble en avoir rien à faire. Tout ce qui compte pour elle, c'est que je ne mérite pas d'être avec son fils. Je serre encore les dents, toujours remontée contre

  • Un deal entre nous    77

    PVD de Nicolas Je fais les cent pas dans le couloir, incapable de rester en place. Chaque minute qui passe est une torture. Jimena, assise sur le banc, ne dit rien, les mains jointes sur ses genoux. Moi, je sens mon cœur cogner comme s’il voulait exploser. Toujours aucune nouvelle de Paula… ni du bébé. Andres revient enfin, les épaules légèrement voûtées, après avoir déposé la mère de Paula chez elle. ___ Toujours rien ? me demande-t-il. Je secoue la tête, le souffle court. ___ Je vais finir par perdre la tête, Andres. Je te jure, je tiens plus. Il pose une main ferme sur mon épaule. ___ Courage, mon frère… Ils savent ce qu’ils font. Elle est entre de bonnes mains. Ses paroles se veulent rassurantes, mais elles glissent sur moi sans vraiment s’ancrer. Il rejoint Jimena sur le banc, lui adressant un sourire fatigué. Je m’adosse contre le mur froid et ferme les yeux un instant. Des images défilent dans ma tête : le rire de Paula, ses mains qui se posent sur mon visage, la chale

  • Un deal entre nous    76

    PVD de JimenaL’odeur antiseptique de l’hôpital me donne toujours ce mélange étrange de malaise et d’appréhension, mais aujourd’hui… c’est pire. Les néons au plafond diffusent une lumière crue, presque agressive, qui me donne mal à la tête. Nous sommes assis depuis ce qui me semble être des heures dans cette salle d’attente glaciale. À ma gauche, Madame Carmen se tord les mains, ses yeux rougis et gonflés d’avoir trop pleuré. Elle ne dit presque rien, si ce n’est des murmures brisés par des sanglots.___ Ma fille… ma pauvre fille…Je sens ma gorge se serrer. Moi aussi, je suis inquiète. Paula est quelque part derrière ces portes battantes, inconsciente ou blessée, et personne ne daigne venir nous dire dans quel état elle se trouve. Je veux la rassurer, lui dire que tout ira bien, mais la vérité, c’est que j’en sais rien. Alors, je me contente de poser une main douce sur son épaule et de lui tendre un mouchoir.___ Elle est forte, madame Carmen… elle va s’en sorti

Bab Lainnya
Jelajahi dan baca novel bagus secara gratis
Akses gratis ke berbagai novel bagus di aplikasi GoodNovel. Unduh buku yang kamu suka dan baca di mana saja & kapan saja.
Baca buku gratis di Aplikasi
Pindai kode untuk membaca di Aplikasi
DMCA.com Protection Status