Chapitre 38 — Là où le sang appelleIsisLe premier bruit est sourd.Un craquement.Puis un autre. Plus proche.Un éclat de bois sec, arraché net.Je me redresse.Ma gorge se serre.Raven, à l’étage, m’a déjà sentie bouger. Il descend en silence, aussi fluide qu’une ombre.Il hoche la tête. Pas besoin de mots.Ils sont là.La nuit se tend. Comme une bête qui retient son souffle.Je prends la lame dissimulée dans la cloison. Le froid du métal me réveille plus vite qu’une claque.Raven vérifie les pièges du couloir. Tout est en place. Tout est prêt.Mais on ne l’est jamais vraiment.Un choc contre la porte.Puis un second.Et un rire.— Petite Isis… tu as laissé la lumière allumée. C’est pas prudent.Maddox.Je sens mes poings se crisper. Mon cœur ralentir, au lieu d’accélérer.C’est comme ça chez moi. Le sang devient glace quand il faut tenir.Je murmure à Raven :— Attends qu’ils entrent. On ne gaspille rien. Pas un coup.Il acquiesce. Sa main serre la mienne, un bref instant.Puis la
Chapitre 37 — Là où le poison prend racineIsisLa nuit est noire, compacte. Une chape de suie sur nos têtes.Il n’y a pas de lune.Seulement les craquements du bois sous nos pas et le sifflement discret du vent à travers les interstices des volets.Raven est à l'étage. Je garde le rez-de-chaussée.Je crois que je commence à m’habituer à cette tension sourde. Ce fil tendu entre l’instinct et la mémoire. Mais ce soir, il y a autre chose.Un vide soudain.Puis un pas.Un seul.Calme. Lent.Je me fige.Je tends l’oreille.Un autre pas.Pas de groupe. Pas d'assaut.Un seul homme.J’empoigne la lame cachée derrière la poutre, prête à bondir. Mais la voix me cloue net.— Isis.Mon cœur explose dans ma poitrine. Ce n’est pas une hallucination.C’est lui.— Pas besoin de hurler. Je suis seul.Je m’approche lentement, les doigts crispés sur le manche de la lame. Mon souffle court. Mon ventre noué.La porte grince. Il est là.Maddox.Dans l’encadrement, calme, les bras ouverts. Pas d’arme visib
Chapitre 37 — Là où le poison prend racineIsisLa nuit est noire, compacte. Une chape de suie sur nos têtes.Il n’y a pas de lune.Seulement les craquements du bois sous nos pas et le sifflement discret du vent à travers les interstices des volets.Raven est à l'étage. Je garde le rez-de-chaussée.Je crois que je commence à m’habituer à cette tension sourde. Ce fil tendu entre l’instinct et la mémoire. Mais ce soir, il y a autre chose.Un vide soudain.Puis un pas.Un seul.Calme. Lent.Je me fige.Je tends l’oreille.Un autre pas.Pas de groupe. Pas d'assaut.Un seul homme.J’empoigne la lame cachée derrière la poutre, prête à bondir. Mais la voix me cloue net.— Isis.Mon cœur explose dans ma poitrine. Ce n’est pas une hallucination.C’est lui.— Pas besoin de hurler. Je suis seul.Je m’approche lentement, les doigts crispés sur le manche de la lame. Mon souffle court. Mon ventre noué.La porte grince. Il est là.Maddox.Dans l’encadrement, calme, les bras ouverts. Pas d’arme visib
Chapitre 35 — Là où la guerre s’insinue dans les cœursIsisIl a barricadé les fenêtres.Vissé les verrous. Glissé un couteau dans chaque pièce, sans un mot. J’ai suivi ses gestes en silence, notant chaque détail, chaque soupir retenu.Il marche vite, concentré. Mais dans la tension de ses épaules, je sens la peur. Pas pour lui. Pour moi.Quand il referme la dernière trappe et éteint la lumière, seul le feu continue de vaciller, projetant des ombres mouvantes sur les murs.Il ne me regarde pas encore.Moi non plus.Mais je sens que ça monte. L’angoisse. L’envie de s’ancrer quelque part. De se retrouver. Avant que tout n’éclate.— Raven…Il s’arrête. Lentement. Il ne tourne pas tout à fait la tête, mais je sais qu’il écoute. J’avance. Pieds nus sur le parquet. Le froid me mord, mais je m’en fiche.Je m’arrête juste derrière lui.— Tu ne dors pas, murmuré-je.— Je peux pas.Je pose ma main sur sa nuque, doucement. Il frissonne. Il ne recule pas.— Moi non plus.Il finit par se tourner v
Chapitre 34 — Là où le passé cogne à la porteRavenUn bruit sec me sort de cette bulle.Trois coups. Pas hésitants. Pas pressés. Trois coups nets, parfaitement espacés.Je redresse la tête. Isis se fige. Nos doigts se délient sans un mot. Une seconde à peine, et la chaleur de sa main me manque déjà.Mon regard se tourne vers la porte. Elle est close. Mais je sens le souffle du danger glisser dessous.— Tu attends quelqu’un ? demandé-je à voix basse.Elle secoue la tête. Son visage a pâli. Pas de peur. De tension. D’instinct. Elle sent, elle aussi.Je me lève. Silencieusement. Mes pas sont lourds sur le vieux parquet. J’attrape mon couteau, dissimulé sous le manteau jeté sur la chaise, puis je m’approche lentement de la porte.— Reste derrière, murmuré-je.— Je t’en prie, ne fais pas de bruit. Écoute d’abord.Elle a raison. La nuit dehors est trop calme. Le feu continue de crépiter derrière nous, incongru dans cette attente suspendue.Un quatrième coup, plus fort cette fois.Et une vo
Chapitre 33 — Là où les vérités se murmurentIsisLe feu crépite doucement dans l’âtre, sa lumière vacillante projetant des ombres dans la pièce. L’air sent la résine brûlée et la poussière ancienne. Chaque craquement du bois dans la cheminée me ramène à une forme de présence. À ce maintenant si particulier.Assise en tailleur sur le vieux tapis élimé, je joue machinalement avec le bord de ma manche. Le tissu râpeux glisse entre mes doigts, geste répétitif, apaisant. Mes jambes sont engourdies par le froid qui s’insinue malgré la chaleur du feu. Mais je ne bouge pas. J’ai besoin de cette immobilité. De cet instant suspendu.Raven est là, en face de moi. Jambes repliées, torse penché en avant, le dos appuyé contre le mur. Son visage est à moitié éclairé par la flamme. L’autre moitié semble toujours appartenir à l’ombre. Comme lui.Une distance entre nous. Calculée. Instinctive. Ni trop proche. Ni trop loin.Le silence est dense. Mais ce n’est pas un silence vide. Il est peuplé de tout