Chapitre 28 — Là où le désir mord le sermentRavenLe silence est lourd, presque palpable, dans l’habitacle fermé de la voiture. Mais ce poids, ce n’est pas le vide autour de nous c’est elle.Isis.Sa présence m’écrase et m’enivre à la fois.Son odeur, mêlée d’herbes sauvages et d’un éclat métallique indéfinissable, envahit mes narines, s’infiltre dans mes poumons, me rappelle ce que je suis ce que je suis devenu depuis qu’elle est revenue.Son pouvoir est une force magnétique que je ne peux repousser. Son corps est un champ de bataille silencieux, une armée prête à se déchaîner.Je la sens immobile à côté de moi, comme une énigme que je voudrais déchiffrer, mais que je ne pourrai jamais totalement comprendre.Elle est loin, pourtant brûlante un feu contenu, prêt à exploser.Je suis le fauve enchaîné.Mais la chaîne se resserre, et bientôt, elle cédera.Je démarre la voiture. Les pneus crissent sur le bitume mouillé.Les lumières des rues défilent en éclats flous.Le rythme de mon cœu
Chapitre 27 — Là où l’appel réveille les dormeursIsisIl y a des noms qui ne s’oublient pas.Même à travers les siècles.Même après les trahisons.Même quand la mémoire humaine se dissout sous le poids de l’oubli, comme une fresque rongée par le temps.Certains noms restent gravés dans le sang.Certains visages hantent encore les flammes de mes songes.Et il suffit d’un mot, d’un regard, pour que les échos reprennent vie.Pour que les promesses non tenues se dressent, comme des spectres.Je tape sur le clavier, doucement. Une frappe après l’autre. Un prénom. Rien qu’un prénom.Caelum.Un murmure d’autrefois.Un feu étouffé.Un poignard dans le dos.Il était le premier.Le plus fidèle.Le plus pur.Et le premier à me renier.Je pourrais prétendre que je l’ai oublié. Que sa défection n’était qu’un détail.Mais je n’ai jamais menti à ce point.Je sais pourquoi je le cherche.Pourquoi maintenant.Pourquoi lui.Parce que je suis revenue.Et parce que je n’ai plus le luxe d’attendre.Parce
Chapitre 26 — Là où le feu devient empireIsisLe sang sèche sur ma paume, mais je ne le lave pas.Je le regarde.Je le sens.Il pulse encore.Il me parle.C’est un souvenir, une promesse, un outil.Une clé.Et je me souviens. De la dernière vie.De ce que j’avais tenté.De ce que j’avais perdu.Parce que j’avais fui.Parce que j’avais cru que survivre suffisait.Parce que j’avais supplié qu’on me laisse vivre.Pas cette fois.Je me redresse. Nue. Les pieds sur le sol glacé, mais je ne frissonne pas.Le froid ne m’atteint plus. Ou alors, je suis devenue lui.Raven me regarde.Il lit dans mes yeux ce que j’ai décidé.Il sent ce qui se lève.Et pourtant, il essaie. Encore.— Tu viens d’ouvrir une porte, Isis, dit-il lentement.Sa voix est grave. Craintive.— Ils arrivent. On doit... fuir. Se cacher.— Non.Un mot.Tranchant comme une lame.Je m’approche de lui, doucement.— On ne fuira pas.— Alors tu veux quoi ? Tu veux leur faire face seule ? Construire une forteresse ? Une tombe ?Je
Chapitre 25 — Là où s’écrivent les vestiges du feuRavenJe l’ai sentie avant même que l’air ne change.Cette vibration. Ce frisson. Ce décalage imperceptible entre le monde visible et celui qui se tient derrière, tapis dans le silence.Isis s’est réveillée. Elle s’est souvenue. Et par elle, ils se souviendront aussi.Chaque cycle d’éveil a un prix. Celui-ci sera plus lourd que les autres.Elle me fixe. Droite, fragile, et pourtant colossale dans cette lumière trouble. Le drap glisse sur son épaule. Je sens son cœur battre comme un tambour ancien dans mes tempes. Elle est magnifique. Terrible. Sacrée.Et elle ne le sait pas encore.— Dis-moi, murmure-t-elle. Ce qu’ils veulent.Je baisse les yeux, les mâchoires serrées.— Toi.Elle blêmit.Je m’approche, doucement. Je l’entoure de mes bras. Elle ne recule pas.— Pas toi seulement, Isis. Pas ton corps. Pas ta vie. Ils veulent ce qui vit en toi. Ce qui se transmet. Ce que même le temps ne peut effacer.— La flamme.Je hoche la tête.— L’
Chapitre 24 – Là où s’éveillent les échosIsisJe ne sais pas combien de temps s’est écoulé.La lumière qui filtre à travers les rideaux est douce, presque irréelle. Un voile d’aube ou de crépuscule. Le genre de clarté suspendue qui appartient aux mondes entre les mondes.Mais ce n’est pas le jour qui m’éveille.C’est lui.Ou… nous.Quelque chose vibre dans ma poitrine. Un battement qui n’est pas le mien. Ou qui ne l’était pas avant. Un écho dans le creux de mes os. Une résonance dans le sang. Une présence qui n’a pas de nom humain.Je suis nue, lovée contre lui, et pourtant, il ne fait pas froid. Il ne fait plus jamais froid. Sa chaleur rayonne, pulse à travers moi. Pas comme un feu. Comme une onde. Un langage muet. Un lien vivant.Et puis je sens…Un souffle dans mes pensées. Une voix. Non. Pas une voix. Une intention. Un frisson intérieur. Une émotion nue.Raven.Je me redresse à peine. Mon cœur bat plus fort. Pas de peur. De vertige. Une impression d’élargissement. Comme si mon es
Chapitre 23 – Là où s’embrasent les ombresIsisLe silence s’est posé comme un souffle sacré après la morsure.Un silence de fin du monde, ou de commencement.Raven est allongé sur le dos, le torse nu, la respiration lente mais profonde, comme si le monde s’était réajusté autour de lui. Il a repris couleur. Chair. Présence. Mais sous la peau, quelque chose palpite une force ancienne, une magie brûlante. Le battement d’une vie revenue. Une vie étrangère, ancienne, mais ancrée dans la mienne désormais.Il n’a pas bougé depuis de longues minutes. Et pourtant, je le sens. Je le sens. Chaque frémissement, chaque vibration sous sa peau, chaque éclat d’énergie qui affleure à la surface comme une marée silencieuse.Je suis blottie contre lui, la tête nichée dans le creux de son épaule. Ma main posée sur sa poitrine capte un rythme lent mais vibrant, qui n’est pas un cœur. Pas vraiment. Quelque chose d’autre. Quelque chose d’inconnu. D’ancien.Sa peau ne respire plus la mort.Elle respire moi.