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chapitre 4- rencontre fraternelle

last update Last Updated: 2025-05-26 16:08:59

Point de vue de Rayan

Je quittai la maison de la meute sans me retourner.

Les mots des anciens résonnaient encore dans ma tête, même après leur départ. Leur mépris voilé, leurs regards fuyants, leur silence lourd. Et mon père... silencieux, digne, mais déçu, je le sentais. Il aurait voulu que je me batte pour ce titre. Mais j’avais fait mon choix.

Le vent du matin était frais sur mon visage. La forêt m’appelait, familière, rassurante. J’empruntai le sentier de terre qui descendait en pente douce jusqu’aux terrains d’entraînement. Chaque pas que je posais semblait m’éloigner un peu plus de l’idée que j’aurais pu devenir Alpha. Mais aussi, quelque part, de cette rage que je gardais trop longtemps en moi.

Au loin, j'entendais déjà les coups portés, les cris étouffés, le souffle court de mon frère.

Alex.

Il s'entraînait comme toujours, avec l'intensité d’un loup cherchant sa place. Et cette place… allait bientôt lui revenir. Mais il ne le savait pas encore.

Je restai un instant dans l’ombre des arbres, à l’observer. Son corps se mouvait avec grâce, puissance, précision. Il avait grandi vite. Trop vite. Comme moi autrefois. Je souris malgré moi.

Je fis quelques pas pour me rapprocher et annonçai ma présence en tapant deux fois dans mes mains.

— Si c’est tout ce que t’as, t’es encore loin de me rattraper, petit frère.

Il se retourna vivement, surpris. Puis un sourire en coin fendit son visage.

— Je t’attendais plus tôt. Tu fuyais les anciens ou t’avais juste besoin de pleurer un peu ?

Je secouai la tête en ricanant.

— Tu parles beaucoup pour quelqu’un qui n’a jamais réussi à me mettre à terre.

Il bondit presque immédiatement, comme piqué au vif.

— Tu veux tester ? Juste pour voir si c’est encore vrai ?

— Fais attention à ce que tu demandes, Alex.

On se plaça en cercle, sans dire un mot de plus. Nos pas soulevaient un peu de poussière. Nos regards se croisèrent, et sans prévenir, il attaqua.

Je parai son premier coup, glissai sous le second, puis le repoussai d’un coup d’épaule. Il vacilla, mais se reprit vite. Il avait progressé. Il n’était plus ce gamin impatient. Il lisait mes gestes, anticipait mes mouvements, me forçait à faire attention.

Le combat se poursuivit une bonne minute, rapide, rythmé. Aucun de nous ne cherchait à faire mal. C’était un langage qu’on connaissait par cœur. Une danse entre deux frères.

Je finis par le prendre de vitesse et le plaquai au sol d’un mouvement souple, genou contre sa poitrine.

— Toujours pas, dis-je en souriant, essoufflé.

— T’as triché, marmonna-t-il. Et t’es plus lourd qu’avant.

— Lourd de sagesse, peut-être.

Je me relevai en lui tendant la main. Il l’attrapa, grognant un peu, mais sans rancune. Il était de bonne humeur, ce qui me rassura.

C’est à ce moment-là qu’une voix féminine retentit derrière nous.

— J’espère que vous en avez pas trop cassé, j’viens à peine de refaire les bandages pour Alex hier.

On se retourna en même temps.

Lina. Son sourire malicieux et ses cheveux attachés à la va-vite lui donnaient cet air de fille qui vous lisait comme un livre ouvert. Soigneuse du clan, amie d’Alex depuis l’enfance, et… ma confidente depuis quelques lunes. On ne mettait pas encore de mots sur ce qu’on partageait, mais ses regards en disaient souvent plus long que les silences.

— Il s’est encore fait démonter par toi ? demanda-t-elle à Alex, moqueuse.

— J’le laissais gagner, répondit-il, faussement vexé. Question de respect pour les anciens.

— Mouais, t’as surtout pas bougé assez vite, dit-elle en s’approchant. T’as le flanc gauche complètement ouvert à chaque mouvement de hanche. Tu veux finir estropié ?

Elle s’arrêta devant moi, ses yeux bruns plantés dans les miens.

— Et toi ? Ça va ?

Je hochai la tête.

— J’gère.

Elle haussa un sourcil, sceptique.

— T’as ce regard de mec qui va encore cogner un tronc d’arbre jusqu’à s’ouvrir les jointures. Alors j’te préviens, j’ai plus de bandages.

Je ne pus m’empêcher de rire. Elle me connaissait trop bien.

— Promis, j’vais cogner que sur Alex.

— Charmant, grimaça celui-ci.

Nous restâmes là quelques instants, à rire doucement. Pour une fois, le silence ne pesait pas. Il guérissait.

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