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À LA CROISÉE DES VIES
À LA CROISÉE DES VIES
Penulis: Déesse

Chapitre 1 — Sous les lumières crues

Penulis: Déesse
last update Terakhir Diperbarui: 2025-08-13 01:25:10

LOLA

J’ai vingt-trois ans, mais parfois, j’ai l’impression d’en porter cinquante. Mon reflet dans le miroir est celui d’une femme que je ne reconnais plus : mes longs cheveux noirs tombant en cascade, ma peau claire, douce, qui semble presque irréelle, et ces yeux sombres, lourds d’une fatigue qui ne part jamais, comme si mon âme portait chaque jour un peu plus de poids. On me dit belle, fragile, presque mystique. Mais cette beauté, c’est une prison dorée.

Je rentre chez mon père, comme chaque soir. Cette maison qui devrait être un refuge est devenue une cage. Le cœur serré, chaque pas me rapproche d’un mur invisible qui m’étouffe.

– Tu rentres tard, encore, lance-t-il d’une voix froide, sans lever les yeux de son journal.

Je baisse la tête, évitant son regard, sachant que chaque silence est un reproche.

– Tu crois que tu peux faire ce que tu veux ? Sa voix se fait plus dure, tranchante. Ici, c’est moi qui décide.

Le monstre en lui se réveille, un souffle glacé qui fait trembler mes entrailles. Je recule, un frisson me parcourt.

– Laisse-moi tranquille, s’il te plaît… murmuré-je, la voix brisée, presque inaudible.

Il lève la main. Ce n’est pas la première fois. Pas la dernière non plus.

– Tu crois que j’ai besoin de ça ? crie-t-il. Je fais ça pour ton bien, pour que tu comprennes ta place !

Mais ce soir, ce n’est pas la violence physique qui vient. Il me tend un verre, un simple verre.

– Bois ça. Ça t’aidera à oublier.

Je veux refuser. Je veux courir, disparaître. Mais ses yeux me figent, un piège silencieux.

– S’il te plaît, papa… dis-je en tremblant.

Il penche la tête, un sourire triste, presque sincère.

– Ce n’est pas pour être méchant. C’est pour toi.

Je bois , la brûlure monte vite, s’enroule autour de ma gorge, embrume mes sens. Tout devient flou, comme si un rideau sombre tombait entre moi et le monde.

– Je t’aime, tu sais… murmure-t-il alors que je sombre, ces mots lourds d’une ironie cruelle qui me vrillent le cœur.

Je voudrais crier que ce n’est pas de l’amour. Que ce n’est qu’une cage de fer dorée, un piège qui m’enchaîne. Mais je suis déjà partie, loin de moi-même.

PÈRE

Elle ne comprend pas encore. Elle croit que je suis son ennemi, alors que je suis le seul à vouloir la protéger, à vouloir lui montrer sa place.

– Tu es faible, Lola, lui ai-je dit maintes fois. Tu dois apprendre à obéir, sinon tu vas te perdre.

Ce soir, la drogue dans son verre lui fera perdre toute résistance. Elle comprendra. Elle acceptera.

– Tu ne m’échapperas jamais, murmurai-je en serrant son bras, sentant son corps devenir mou, prêt à se briser sous mon contrôle.

Ce club, ce lieu sordide, sera sa punition. Son enfer temporaire. Elle y retournera sans autre choix que d’accepter sa réalité, sa condition.

Je sais qu’elle souffre, mais c’est pour son bien. Elle doit comprendre, apprendre, plier.

LOLA

Je me réveille dans un lieu qui sent la peur, la sueur, la douleur. Un endroit froid, sale, un mélange d’odeurs âcres et de voix lointaines qui murmurent des choses que je refuse d’entendre.

– Lève-toi, dépêche-toi, tu n’es qu’une marchandise ici, me souffle une voix rauque dans mon dos.

Une main ferme agrippe mon bras. Je veux me débattre, hurler, mais je suis faible, trop faible pour lutter.

– Arrête, laisse-moi partir ! je supplie, les larmes aux yeux, la gorge nouée par le désespoir.

Mais personne ne m’écoute. Je suis seule, terriblement seule. Perdue, enfermée dans ce cauchemar dont je ne vois pas la fin.

Je repense à mon père, à son visage dur, à ses mots qui résonnent comme des chaînes.

– Je t’aime, tu sais…

Ces mots me hantent, me brûlent comme une douleur vive et amère.

– Je ne suis pas à toi, papa. Je ne serai jamais à toi.

Mais mes cris restent muets, emportés par le silence glacé de cette pièce.

Je pleure, seule, tandis que le monde autour de moi continue de tourner, indifférent à ma chute.

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