LOGINLolaL’aube filtre à travers les persiennes, dessinant des barres de lumière pâle sur le parquet.Je suis déjà réveillée.Réveillée depuis longtemps, peut-être même n’ai-je jamais vraiment dormi. La conscience de lui, à quelques centimètres dans le lit, était un poids, une présence qui remplaçait le sommeil.Je me lève en silence. Le sol est frais sous mes pieds nus.Ma routine est mécanique.Douche trop courte, eau trop froide pour me secouer, pour tenter de laver la nuit de ma peau. Elle n’est pas partie. Elle est incrustée, comme une sensation en suspens.Je m’habille.La sélection est simple,dictée par un code non écrit. Une robe-tunique sobre, couleur anthracite. Des collants. Des escarpins à talons moyens, suffisants pour l’allure, pas assez pour la séduction directe. Je me brosse les chevaux, les noue en un chignon strict. Chaque geste est une préparation au rôle. Assistante. Efficiente. Invisible et indispensable.Quand je sors de la salle de bain, il est déjà dans la cuisine.M
LolaJe ne sais plus depuis combien de temps je suis assise là.Le canapé a pris la forme de mon corps. Ou peut-être que c’est moi qui ai cessé d’avoir une forme précise. Je suis devenue attente. Tension. Une ligne tendue prête à rompre.L’air de la pièce est trop calme. Presque indécent.Marc circule comme si tout était normal. Il attrape un verre dans la cuisine, le pose sans bruit. Il ouvre une fenêtre, laisse entrer un filet d’air frais. Il consulte son téléphone, fronce légèrement les sourcils, comme si le monde extérieur existait encore.Moi, je suis figée.Chaque geste qu’il fait sans me regarder est une pression supplémentaire. Il ne m’ignore pas. Il me maîtrise autrement. Il sait exactement ce que ça me fait. Cette façon qu’il a de continuer à vivre pendant que tout, en moi, est suspendu à lui.— Respire.Sa voix traverse l’espace sans le troubler. Posée. Basse. Presque douce.Je tente de lui obéir. Une inspiration trop rapide. L’air s’accroche à mes poumons. Je recommence. P
LolaJe sens encore sa présence partout.Dans l’air.Dans mes cuisses.Dans cette façon que mon corps a de rester ouvert, même quand il n’est plus là.Je me redresse lentement, les draps glissent le long de ma peau moite. Mes jambes tremblent légèrement. Pas de fatigue. De surcharge. Comme si mes nerfs avaient été trop longtemps tendus et refusaient de redescendre.Marc me regarde.Il ne dit rien.C’est pire.Son silence a toujours été une prise invisible. Il sait que je le lis, que je cherche dans ses yeux la suite du programme. Il me laisse attendre. Il adore ça.— Debout.C'est un seul mot , grave et net.Mon ventre se serre. J’obéis sans réfléchir. Mon corps le reconnaît avant ma tête. Je glisse hors du lit, le sol froid me rappelle que je suis encore vivante, encore ici. Je me redresse, les épaules nues, le dos offert.Je l’entends derrière moi. Son poids qui bouge sur le matelas. Le froissement des draps. Puis sa chaleur. Proche. Trop proche pour que je respire normalement.— Tu
MarcLe soleil matinal filtre à travers les rideaux en mousseline, dessinant des motifs dorés sur les draps en coton froissé. Je suis affalé contre les oreillers, une tasse de café fumant à moitié vide posée sur la table de nuit, les doigts encore engourdis par la chaleur du liquide. Le croissant aux amandes que j’ai à peine entamé s’effrite entre mes doigts, les miettes tombant sur ma poitrine nue tandis que je savoure chaque bouchée avec une lenteur paresseuse. Les yeux mi-clos, je laisse mon esprit divaguer, encore à moitié endormi, quand un frôlement contre le matelas me fait frissonner.Un sourire se dessine sur mes lèvres avant même que j’ouvre les yeux. Je connais ce contact, cette façon qu’elle a de se déplacer comme une chatte, silencieuse et calculée. La couverture remue légèrement, puis une chaleur se niche entre mes cuisses. Je soulève les paupières juste à temps pour voir Lola émerger de sous les draps, ses cheveux bruns en désordre encadrant son visage malicieux. Ses lèv
LolaJe me réveille avant lui.La lumière du matin filtre à travers les lattes des volets, dessinant des raies dorées sur le lit en désordre et sur la peau nue de son dos. Il dort sur le ventre, le visage tourné vers moi, perdu dans l’oreiller. Un bras est replié sous sa tête, l’autre étendu vers mon côté du lit, comme s’il m’avait cherchée dans son sommeil.Il respire profondément, avec un rythme lent et paisible que je n’ai jamais vu chez lui éveillé. Toutes ses défenses sont tombées. Les lignes sévères de son visage sont adoucies. Il est… vulnérable.Et je me sens incroyablement, terriblement vivante.Une douce chaleur coule dans mes veines, mélange de tendresse résiduelle et d’un désir espiègle et tout neuf. Je me glisse hors des draps sans un bruit, posant mes pieds nus sur le parquet frais. Je le regarde un instant encore. Marc. Endormi. À moi.L’idée germe, claire et impérieuse. Une petite gâterie. Un réveil qui n’oubliera pas de sitôt.Je contourne le lit avec la légèreté d’un
MarcLe silence retombe comme une couverture lourde.Pas un silence vide.Un silence habité. Chargé de ce que nous venons de faire et surtout de ce que nous venons de comprendre.Je suis allongé sur le dos, le cœur encore affolé, et Lola est contre moi. Pas simplement lovée. Ancrée. Sa joue repose sur mon torse, exactement à l’endroit où mon cœur cogne encore trop fort, comme s’il voulait lui rappeler qu’il est là, qu’il bat pour de vrai. Sa jambe est passée sur la mienne, possessive sans même y penser. Sa main dessine des cercles lents, presque distraits, sur ma poitrine.Chaque geste est calme.Et pourtant, tout en moi est en feu.Je ferme les yeux une seconde. Juste une. Pour reprendre le contrôle. Pour remettre les murs en place. Mais ils ne tiennent plus. Je le sens. Ils ont cédé quelque part entre son regard et ce moment où j’ai compris que ce n’était pas juste du désir.Elle relève légèrement la tête.— Tu penses à quoi ?Sa voix est douce. Fatiguée. Vraie.Je pourrais mentir.







