AleksandrElle est toujours là.À genoux.Et moi, je ne respire plus.Je la regarde comme un homme regarde ce qu’il n’aurait jamais dû obtenir.Et qu’il va prendre quand même. Parce que le besoin est trop grand.Parce que le désir a dépassé les bornes de la raison depuis longtemps.Maëlys ne parle pas.Elle attend.Chaque muscle de son corps contient le silence comme un fil tendu à l’extrême.Mais elle est prête.Pas pour l’amour.Pas pour la douceur.Pour moi. Pour ce que je suis. Brutal. Froid. Brûlant. Tout en même temps.Je descends lentement mes doigts le long de sa gorge, jusqu’à la base de sa nuque.Je sens son sang battre sous la peau fine.Puis je m’empare de sa chevelure.Je la tire vers moi, fermement, avec une brutalité maîtrisée, millimétrée.Elle halète.Ses lèvres s’entrouvrent sous la tension, mais elle ne crie pas.Elle s’offre. Plus encore.Comme si chaque geste que je lui impose arrachait les dernières couches d’une vie d’avant.Une vie sans ça.Sans moi.— Debout,
AleksandrElle n’a pas fui.Pas encore.Et parfois, l’amour commence dans ce pas encore.Elle aurait pu claquer la porte.Elle aurait pu hurler, laisser éclater ce feu sourd que je sens vibrer sous sa peau.Mais non. Elle est là.Présente. Trop présente.Silencieuse, brûlante, dangereusement immobile.Et c’est là que tout se renverse.Je suis resté debout, dos au mur, à la regarder.Elle n’a rien dit. Pas un mot. Pas un reproche.Mais son corps… son corps parle pour elle.Trop droite. Trop tendue.Trop digne pour se permettre de trembler.Elle est encore habillée, mais ce n’est qu’un vernis , une illusion de distance.Je vois tout .La fragilité nerveuse de sa mâchoire contractée.La tension dans ses épaules.Ses mains crispées sur le rebord du plan de travail, comme si le moindre geste allait la faire éclater.Et surtout… cette manière de retenir son souffle.Comme si elle attendait.Un ordre. Une chute. Une prise.Et moi, je me retiens. À peine.Parce que je la veux comme on désire
AleksandrElle est encore là.Assise au bord du lit, les jambes croisées, la nuque tendue comme si chaque mot que je pourrais dire risquait de la faire tomber.Mais elle ne parle plus. Elle ne bouge presque pas.Comme si elle s’accrochait à un dernier fil ou qu’elle avait déjà coupé tous les autres.Et moi, je sais que le silence est une forme de torture plus précise que n’importe quelle arme.Alors je le laisse durer. Je le laisse appuyer là où ça fait mal.Parce que parfois, ce n’est pas la douleur qui fait bouger les lignes c’est la peur du mensonge.Et moi, je suis fait de mensonges.Une heure plus tard, elle s’est enfermée dans la salle de bain.L’eau coule, inlassable. Je n’entends rien d’autre. Ni sanglot. Ni bruit suspect. Pas même ses pas.Juste cette cascade domestique qui masque trop bien les pensées.Les siennes. Les miennes.Je reste debout un moment, dans le couloir. Le regard rivé à la porte close.Il y a une distance entre nous maintenant, que ni la tendresse ni le sex
MaëlysLe lendemain s’annonce avec la même douceur feinte.Je me réveille seule. Les draps sont encore chauds. La cafetière gronde quelque part dans la cuisine. L’odeur du café emplit l’air, mêlée à celle des draps, de la peau d’Aleksandr, et de la nuit qui s’attarde encore dans mes cheveux.Je me lève, enroulée dans un t-shirt à lui trop grand, trop doux, trop imprégné de lui pour que je ne le garde pas contre moi. Mes pieds nus glissent sur le parquet, et le monde semble encore en apnée.Il est là.Dos à moi, concentré sur un écran, un téléphone à l’oreille.Sa voix est basse. Mais je perçois le ton. Tranchant. Autoritaire.— Non, rien aujourd’hui. Elle reste ici. Tu m’as entendu ?Un silence.— Je ne veux personne près de l’immeuble. Ni Levi, ni toi. Pas tant que je n’ai pas décidé.Il raccroche. Me sent derrière lui. Se retourne.Et me sourit.— Tu es réveillée.Je hoche la tête. Quelque chose s’est refermé dans ma poitrine.— C’était qui ? je demande, en essayant de ne pas trahir
MaëlysJe me réveille lentement, tirée du sommeil par la chaleur.Une chaleur dense, profonde, qui n’a rien à voir avec les draps, ni même avec la lumière douce du matin filtrant par les rideaux entrouverts.C’est une chaleur vivante.Celle d’un corps contre le mien. D’un bras enroulé autour de ma taille. De la respiration régulière qui effleure ma nuque comme un serment silencieux.Il dort encore.Aleksandr.Je pourrais fermer les yeux à nouveau. Me blottir contre lui. Disparaître dans cet instant. Le figer dans le marbre, comme une offrande. Mais je résiste à cette envie, parce que je veux voir. Je veux observer chaque détail, chaque battement, chaque vérité nue que la lumière du matin révèle dans ses traits endormis.Je me retourne lentement, avec précaution, comme si j’avais peur de briser quelque chose.Son visage est détendu. Ses traits lissés. Comme si les démons avaient fui pour quelques heures. Il semble plus jeune. Presque vulnérable. Le masque est tombé. Le chef impitoyable
MaëlysL’ascenseur est silencieux. Trop silencieux.Mais ce n’est pas gênant. C’est… chargé. D’électricité, de non-dits, d’envies trop longtemps contenues. Il se tient près de moi, juste assez loin pour ne pas me toucher, mais je ressens chaque pulsation de sa chaleur comme une onde invisible qui traverse mon épiderme.Mon cœur bat trop fort. Ma bouche est sèche. Mes doigts tremblent légèrement. Et pourtant, je ne bouge pas.Quand les portes s’ouvrent sur son étage, je n’attends pas. Mes talons claquent doucement sur le marbre. Il me suit, silencieux, et je sens son regard me brûler la nuque. Ses pas sont calmes. Mes pensées, elles, sont en feu.La porte de son appartement se referme dans un soupir étouffé.Et le monde s’arrête.Je me retourne lentement. Il est là. Majestueux. Intimidant. Foudroyant de retenue. Ses yeux sont fixés sur moi, sombres, durs, mais brillants d’une lumière nouvelle. Une lumière affamée. Une lumière vraie.Il avance. Je recule.Un pas. Deux. Trois.Mon dos re