DanteLe vent a changé. Il souffle avec la violence d’une mer déchaînée, emportant tout sur son passage. Je me tiens là, dans le silence oppressant qui s'est installé après le départ de Cédric. Le bruit de son absence est presque aussi assourdissant que sa présence. Elena est près de moi, ses mains serrées, mais elle ne dit rien. Nous savons tous les deux que ce que nous venons de vivre n’est que le début. Le véritable combat ne fait que commencer. La menace plane, et elle est bien plus grande que ce que nous imaginions.Je pose mes mains sur le rebord de la fenêtre, mes yeux cherchant l’horizon, cherchant une réponse, une solution, quelque chose qui pourrait apaiser cette douleur qui me ronge de l’intérieur. Mais je sais, au fond, qu’il n’y a pas de réponse facile. Le passé est là, tapis dans l’ombre, prêt à frapper encore. Et cette fois, il n’y a pas de fuite possible.— Tu es silencieux, Dante, dit Elena, sa voix brisant l’immobilité. Tu n’arrêtes pas de regarder dehors. Tu cherche
DanteLe ciel est lourd de menaces. Le vent frappe contre les fenêtres avec une force sauvage, comme une prémonition. Je me redresse, ajustant la chemise sur mes épaules, chaque mouvement aussi calculé que la prochaine étape de notre combat. Elena est prête, silencieuse à mes côtés, ses yeux fixés sur moi, mais je sens la tension qui émane d’elle. C’est la première fois qu’elle entre dans ce monde. C’est la première fois qu’elle accepte de plonger avec moi dans l’inconnu.Elle ne dit rien, mais je sais qu’elle ressent la même chose que moi. Ce rendez-vous, ce face-à-face avec Viktor, est une issue sans retour. Une épreuve où tout peut basculer. Et si nous survivons, ce ne sera qu’une victoire éphémère. Parce que Viktor n’est pas un simple homme. Il est un spectre du passé, un danger insidieux qui a plus d’un tour dans son sac.Je tourne la clé du moteur de la voiture, et le ronronnement du moteur brise le silence. La route s’étend devant nous, sinueuse, semblable à l’inconnu qui nous
ElenaLa voiture roule silencieusement, le bruit du moteur faible dans la nuit. Je sens la tension palpiter entre Dante et moi, une énergie qui se mêle à l’air, lourde, presque palpable. Chaque seconde, chaque mouvement semble alourdir l’atmosphère. Les rues défilent, mais elles ne nous mènent nulle part de familier. Le bâtiment de Viktor est encore un mystère, un coin d'ombre que l'on ne connaît que trop bien. Et pourtant, l’idée d’y entrer m’oppresse.Viktor est une légende dans son genre, un homme dont l’emprise va bien au-delà des murs de ses propriétés. Un homme que même Dante, dans ses pires moments, a craint. Ce qu’il représente n’est pas seulement du pouvoir ; c’est une présence, une force intangible qui vous étreint, vous consume de l’intérieur. Et ce soir, je vais devoir le confronter.Dante reste silencieux, ses mains crispées sur le volant. Ses traits sont tendus, ses yeux glacés. Il ne me regarde pas, mais je sais qu’il est concentré, calculant chaque détail. Il est prêt.
ElenaLe sol sous mes pieds tremble, la terreur qui m’envahit fait battre mon cœur à un rythme effréné. Dans cette obscurité écrasante, les silhouettes se faufilent autour de nous, fantomatiques, leurs mouvements aussi fluides qu’ils sont menaçants. Le monde est devenu un dédale où chaque bruit, chaque souffle pourrait être fatal. Dante est déjà dans l’action, ses gestes précis et maîtrisés, mais même lui ne peut pas tout contrôler. La situation est devenue un piège, une cage dont nous devons nous échapper à tout prix.Je sens la pression dans l’air. L’odeur métallique de la peur se mêle à celle du sang qui va bientôt être versé. Nous sommes à un carrefour, une intersection de vie ou de mort. Le regard de Viktor m’engloutit, comme un abîme sans fin, comme si je n’étais qu’un simple pion dans son échiquier. Il se croit invincible, mais la réalité est différente. Ce que nous faisons ce soir va tout changer.J’ai l’impression que tout s’est accéléré, que le temps s’est distordu autour de
ElenaLes ombres dansent autour de moi, une mer de silhouettes mouvantes et menaçantes, mais je suis là, au cœur de ce chaos, prête à briser l’équilibre. Le sol tremble sous mes pieds, et le bruit du combat semble résonner jusqu’à l’âme elle-même. Les éclats d’acier s’entrechoquent, les souffles haletants se mélangent à la rage des hommes, mais je suis dans une autre dimension. Une dimension où la peur n’existe plus. Elle a été engloutie par la fureur.Viktor. Je le vois encore, là, au centre de l’arène, comme un serpent qui observe ses proies avant de les dévorer. Son regard glacé m’accuse, m’évalue, mais il ne sait pas. Il ne sait pas que ce soir, il a perdu. Il a perdu parce que nous ne sommes plus les jouets de son pouvoir. Nous ne sommes plus ses pions.Je sens Dante près de moi, une présence qui m’ancre dans la réalité. Ses yeux brûlent d’une intensité que je n’ai jamais vue. Il sait ce qu’il doit faire. Nous savons ce que nous devons faire. Il n’y a plus de place pour l’hésitat
ElenaEt quelque chose au fond de moi, un instinct ancien, me dit que ce n’est pas la fin. Ce n’est que le début d’un autre combat, un combat que je ne suis pas prête à mener seule.Je regarde Viktor, à terre, son regard désormais vide. Le serpent n’est plus qu’une carcasse, un vestige de la peur qu’il a semée autour de lui. Il a cru que sa maitrise de l’ombre suffirait à le rendre invincible. Mais il ne comprenait pas que l’ombre, tout comme la lumière, peut être vaincue. Il a eu tort de croire que nous étions de simples pions. Ce soir, nous avons écrit notre propre destin.Dante se tient à mes côtés, sa présence aussi rassurante que dévastatrice. Ses yeux ne quittent pas le corps de Viktor, et je vois la même lueur que j’ai perçue en lui au moment où il m’a sauvée, cette détermination farouche de ne jamais être une victime, de ne jamais se laisser submerger. Nous avons survécu. Ensemble. Et pourtant, je sens en lui une tension qui me fait frémir. Il n’est pas tout à fait soulagé. Pe
ElenaLe vent continue de souffler, plus fort, emportant avec lui les dernières traces de l’obscurité. L’aube, timide au début, s’élargit désormais sur le ciel, projetant des ombres longues et sombres qui se dissipent au fur et à mesure que la lumière se fait plus franche. La bataille est finie, mais tout autour de moi, des ruines témoignent du prix payé pour cette victoire. Et pourtant, au fond de moi, il n’y a pas de soulagement total. Seulement un vide étrange, comme si la terre elle-même attendait que nous reconstruisions tout ce qui a été détruit. La lumière du matin n’est que l’écho d’un combat déjà gagné dans nos cœurs, mais la tâche qui nous attend est bien plus grande que tout ce que nous avons traversé.Dante marche à mes côtés, silencieux. Son visage est marqué, mais il y a quelque chose de différent en lui aujourd’hui. Quelque chose de plus calme, comme si un poids invisible venait de se lever de ses épaules. Mais je sais qu’il porte encore des cicatrices invisibles. Qu’il
Elena Elle me regarde, son regard plein de compréhension, et je sais qu’elle sait ce que j’essaie de dire. Pas de grands mots, pas de promesses grandioses. Juste la vérité nue. Ensemble, nous reconstruirons ce monde brisé. Et même si les ombres peuvent revenir, elles ne seront plus jamais les nôtres.ElenaJe souris, le cœur allégé. Nous sommes prêts. Prêts à affronter ce qui reste à venir. Parce que la lumière que nous avons trouvée, cette lumière fragile, est plus forte que toutes les ténèbres du monde. Et c’est ensemble, côte à côte, que nous la porterons.ElenaLa lumière s’élève plus haut, et avec elle, une étrange paix. Pas celle qu’on obtient après une victoire éclatante. Non. Celle, bien plus silencieuse, bien plus intime, qui naît dans le creux des ruines, dans les fissures d’un monde à reconstruire. Autour de moi, le sol est encore jonché de cendres, de pierres noircies, de souvenirs qu’on ne pourra jamais effacer. Mais entre les décombres, je vois déjà de l’herbe poindre.
ElenaLa terre sent le sang. L’odeur de poudre brûlée colle à la gorge, griffe les narines. Le silence après le carnage est plus fort que les cris. Il résonne. Il pèse.Je marche entre les carcasses noircies, les pneus fondus, les corps disloqués, les mains encore crispées sur des armes inutiles.Je ne détourne pas les yeux. Plus maintenant.Ce n’est pas de l’insensibilité. C’est une promesse. Une manière de dire : je vous ai vus mourir, et je ne vous oublierai pas.Je glisse la main dans la poche intérieure de ma veste. Le papier y est toujours. Froissé. Humide.C’est la lettre de ma mère.Elle ne l’a jamais terminée. Juste quelques mots, comme un murmure arraché à l’oubli : Ne te rends jamais.Je ferme les yeux. Un instant.Puis je les ouvre sur Dante.Il surveille l’horizon. Une main sur son arme. Une autre sur mon dos.Toujours là. Solide. Entier. Implacable.Et moi, malgré le sang sur mes bottes, malgré la douleur dans mes côtes, je me tiens droite.Parce que lui est debout.Dant
ElenaLa route s’étire devant nous comme une promesse arrachée aux ténèbres. Les cailloux crissent sous nos semelles, la rosée accroche nos jambes, les feuilles tremblent mais ne tombent pas. Le monde retient son souffle. Et moi aussi.Il y a quelque chose dans l’air. Une vibration. Comme si la terre savait. Comme si elle s’apprêtait à boire le sang d’un nouveau sacrifice.Je marche. Le dos droit. Le regard fixé devant. Le cœur tambourinant dans ma poitrine. Pas de peur. C’est terminé, ça. Il ne reste que la tension brute, l’impatience d’un fauve.Je tourne la tête vers Dante. Il est là. Toujours. Son ombre épouse la mienne. Il ne m’a jamais quittée depuis ce matin-là. Et je crois que quelque part, depuis cette nuit où tout a brûlé, il n’est plus question de fuite. Seulement de combat.Je l’observe. Son visage est dur, presque figé. Mais ses yeux... Ses yeux disent autre chose. Ils parlent de tout ce qu’on ne s’est pas dit. Tout ce qu’on n’a pas eu le temps de se promettre.Je veux su
ElenaLa porte claque derrière nous, le bruit résonne dans l’air humide de la nuit. Le vieux relais gémit sous le vent qui hurle, mais à l’intérieur, il fait chaud. Pas à cause du feu qui crépite dans l’âtre. Pas seulement à cause de la chaleur de l’instant. Mais à cause de nous. De ce qui est inévitable entre nous. Cette tension, électrifiée, qui pulse entre nos corps depuis des heures. Des jours. Des années, peut-être. Depuis ce premier regard, celui où je l’ai vu sans armure, où lui m’a vue sans masque, sans faux-semblants. Depuis ce premier souffle partagé dans la folie de nos choix, de nos combats. Depuis que la guerre a fait de nous ce que nous sommes : deux âmes perdues mais liées par une promesse plus grande que la vie elle-même.DanteJe la déshabille sans hâte. Ses vêtements tombent sur le sol comme des ombres qui s’effacent. Chaque bouton défait est une victoire. Une victoire contre la peur, contre les cicatrices du passé, contre la violence du monde. Il n’y a plus de place
ElenaL’aube ne vient pas.Pas encore.Le ciel hésite.Comme nous.Suspendus entre chute et ascension.Entre les restes d’un empire et les cendres d’un rêve.Le silence pèse sur les toits, glisse entre les pierres froides, ronge le cœur.Même les oiseaux se taisent.Comme si le monde retenait son souffle.ElenaLe palais dort d’un sommeil empoisonné.Les tentures frissonnent au moindre courant d’air, comme si elles pleuraient des secrets.Les gardes, épuisés, marchent à l’aveugle.Leur fidélité n’est plus qu’une habitude, un réflexe.Ils ne savent plus qui ils protègent.Les couloirs résonnent des pas qui fuient, des voix qui murmurent.La peur a changé de camp.Elle s’est retournée contre ses maîtres.Et nous, nous marchons dans ce silence.Droits.Déterminés.Mais pas indemnes.Inès« Il faut partir avant que le soleil se lève. La lumière rend les traîtres visibles. »ElenaJe la regarde.Elle n’a jamais tremblé.Même maintenant, dans cet entre-deux fragile, elle tient droit.Comme
ElenaLa nuit tombe.Le domaine tout entier s'agite d’une nervosité moite.Ils sentent que quelque chose a changé.Sans savoir quoi.L'air est trop lourd. Chaque respiration est une lutte.Chaque pas résonne comme une annonce funèbre.ElenaGiovanni hurle sur ses conseillers.Il accuse. Il menace.Il cherche un coupable, un traître, un fantôme.Il ne comprend pas que c’est trop tard.Que le poison n’est plus dans le verre.Il est dans son sang.Il est dans ses os.Il est dans chaque regard qui ose enfin ne plus baisser les yeux.ElenaJe reste en retrait.Je regarde les murs vibrer sous ses cris.Je compte les secondes.Les respirations.Les battements de cœur.Le pouvoir meurt rarement d’un coup d’épée.Il meurt de mille coupures invisibles.Giovanni« Qui a osé ?! QUI ?! »ElenaNous tous, Père.Nous tous.Tu as semé la peur.Nous avons semé la fin.ElenaSilvano me glisse un billet.Un seul mot griffonné : Minuit.Un lieu : l’orangerie.Une promesse silencieuse.ElenaJe sais ce qu
ElenaLe lendemain, l'air sent déjà la cendre.Tout est plus lourd, plus lent.Même le vent semble hésiter à souffler.Je me lève. J'enfile une robe noire simple, sans bijoux. Pas de chaînes inutiles. Aujourd'hui, je suis l'ombre.ElenaInès m'attend dans le couloir.Ses yeux brillent. Pas d'excitation. Pas de peur.La certitude, froide et vive.Elle porte une veste légère, doublée de lames fines comme des éclats d'hiver.À sa ceinture : une seringue. Remplie de quelque chose de rapide. Silencieux.Inès« Prête ? »ElenaJe souris. Ce n'est pas une question.C'est un serment.ElenaNous descendons sans bruit.Chaque marche craque à peine sous nos pas.Le manoir est un cadavre en sursis.Giovanni croit que la fête qu'il a ordonnée pour ce soir va cimenter son pouvoir.Il ignore que ses fondations sont déjà rongées par nos dents.ElenaÀ la cave, Silvano nous attend.Il a changé. Plus maigre. Plus nerveux. Plus dangereux.Un animal blessé qui a cessé de croire en la rédemption.Il tend
ElenaLe matin se lève sur une lumière pâle. Un jour de plus. Un jour de moins.Je ne sais plus. Je ne compte plus que les secondes utiles.Celles où j’avance.Celles où je frappe sans qu’ils le voient.Le reste n’existe pas. C’est un décor flou, un murmure d’illusions.ElenaJe me lève avant Lorenzo. Comme toujours.Il dort, abandonné au mensonge d’une paix qu’il croit acquise.Je l’observe. Longtemps.Ses paupières qui tremblent. Sa bouche entrouverte. La main posée sur le drap, comme celle d’un enfant.Il est amoureux. De moi ou de l’idée qu’il se fait de moi.Ça n’a aucune importance.Il est un pion. Et je suis celle qui déplace les pièces.Mais parfois…Parfois, je le regarde trop longtemps.Et je me demande s’il verrait le couteau avant qu’il le sente.ElenaInès frappe. Trois coups brefs. Notre signal.Je l’ouvre. Elle entre.Aujourd’hui, elle ne tremble pas.Elle a attaché ses cheveux. Porté ses bottes les plus discrètes.Elle me tend une bague. Fine. En or. Une minuscule pier
ElenaJe n’ai pas dormi.Pas vraiment. Mon corps a obéi à l’apparence — allongé, immobile sous les draps de soie, dans ce lit immense qui n’est pas le mien. Mais à l’intérieur, tout est resté tendu. Mon esprit a marché. Furtif. Inlassable. Il a exploré les contours invisibles de cette cage dorée. Il a arpenté les couloirs du manoir, les interstices des portes closes, les regards qui s’évitent, les silences trop longs.Il a compté les pas.Les voix.Les caméras.Je suis une mariée.Mais surtout une arme.ElenaLorenzo respire lourdement à côté de moi. Une respiration paisible, profonde, d’homme qui croit être en sécurité. Il rêve. Peut-être de moi. Peut-être de pouvoir.Il est jeune. Trop. Pas assez pour cette guerre.Mais il pense l’avoir gagnée.Il se trompe.Je me lève. Pieds nus. Les planches du sol craquent à peine sous mon poids.J’attrape mon carnet, mon stylo. Complice de mes pensées. J’y note tout. L’angle des caméras, la durée exacte des rotations de surveillance, les zones d
ElenaLa couronne ne brille pas. Elle pèse. Chaque perle, chaque éclat d’or est une goutte de sang figée. Le sang des femmes avant moi. Le sang que je verserai. Le sang qu’on attend de moi.On l’a faite pour enfermer. Pas pour élever.On m’habille sans un mot. Sœur Agnese tire sur les lacets de ma robe, trop fort, comme pour m’arracher l’air. Je sens le tissu mordre mes côtes. Je ne dis rien. Elle le fait exprès. Pour me briser. Pour me faire plier.Mais je tiens. Plus droite. Plus raide.Violetta, la gouvernante, fixe mes cheveux. Ses doigts tremblent à peine. Elle murmure des prières en italien, des phrases anciennes apprises dans l’ombre des catacombes. Elle pense, peut-être, que le ciel m’entendra. Que le ciel a encore quelque chose à voir avec tout ça. Elle m’offre un rosaire en argent. Je ne tends pas la main.Je me tiens debout, les bras ballants, la nuque raide. Je suis une mariée. Une martyre. Une bombe.ElenaGiovanni n’est pas venu. Il ne vient jamais. Il délègue. Il survei