Elena
Les talons de mes bottes claquent contre le bitume. L’air nocturne est chargé de promesses et de dangers. Parfait.
Dante veut m’ignorer ?
Il va comprendre que c’est une erreur.
Le club est bondé, la musique vibre sous ma peau. J’entre sans hésiter, la tête haute, cherchant ma proie.
Et je le trouve.
Adrian Costa.
Grand, brun, dangereux. Il appartient à une autre famille, mais il n’a jamais caché son intérêt pour moi.
Je m’approche.
Son regard glisse sur moi comme une lame.
— Elena… murmure-t-il avec un sourire carnassier.
Je ne réponds pas.
Je pose une main sur son torse, me hissant sur la pointe des pieds pour murmurer à son oreille.
— Danse avec moi.
Il ne pose aucune question.
Il m’attrape par la taille et m’entraîne sur la piste.
C’est un jeu.
Un défi lancé à Dante, même s’il n’est pas là.
Mais il me connaît.
Il saura.
Les mains d’Adrian s’attardent sur mes hanches.
Je le laisse faire.
Je le laisse croire que je suis à lui.
Parce que bientôt, un ouragan va s’abattre sur nous.
Et je veux être au centre de la tempête.
---
Dante
— Elle est au club.
La voix de Marco est tendue.
— Avec Adrian Costa.
La fureur me déchire la poitrine.
Putain, Elena.
Elle veut jouer ?
Elle veut voir jusqu’où elle peut me pousser ?
Elle va le regretter.
Je jette mon téléphone sur le siège passager et démarre en trombe.
Elle est à moi.
Et je vais lui rappeler ce que ça veut dire.
---
Elena
Les lumières dansent autour de moi.
L’alcool réchauffe mes veines.
Et je le sens avant même de le voir.
Un frisson me traverse l’échine.
Dante.
Il est là.
Un monstre enragé au milieu de la foule.
Nos regards se croisent.
Son expression est impitoyable.
Adrian se tend légèrement derrière moi. Il a compris, lui aussi.
Il pose une main sur ma hanche.
Un avertissement.
Dante ne réfléchit pas.
Il frappe.
Son poing s’écrase contre la mâchoire d’Adrian, qui recule sous la force du choc.
Je lâche un cri.
— DANTE !
Il ne m’écoute pas.
Il attrape Adrian par le col et le plaque contre le mur.
Son regard est noir, sa respiration saccadée.
— Touchez-la encore une fois… et je vous enterre.
Sa voix est glaciale.
Un avertissement mortel.
Adrian se redresse, essuie le sang au coin de sa lèvre.
— Elle n’est pas à toi, Dante.
Un silence de mort s’abat sur le club.
Dante relâche Adrian lentement.
Puis, sans prévenir, il m’attrape par le poignet et m’entraîne vers la sortie.
— DANTE ! Lâche-moi !
Il ne dit rien.
Mais son emprise est implacable.
Il me jette sur le siège passager de sa voiture et claque la portière.
Il démarre en trombe, le regard braqué sur la route.
Son corps entier vibre de tension.
Je croise les bras, furieuse.
— Tu es complètement malade.
Il ne répond pas.
Il est en train de bouillir.
Je le provoque encore.
— Tu crois pouvoir me posséder ?
Toujours rien.
Sa mâchoire se contracte.
J’insiste.
— Adrian avait raison. Tu n’as aucun droit sur moi.
Il freine brutalement.
Ma tête cogne contre l’appuie-tête.
Dante se tourne vers moi, les yeux brûlants de rage.
Il détache sa ceinture, ouvre sa portière.
Puis il fait le tour de la voiture.
Avant que j’aie le temps de réagir, il ouvre ma porte et me tire à l’extérieur.
Il me plaque contre la carrosserie.
Ses mains encadrent mon visage.
Il est hors de contrôle.
Et moi…
Moi, je suis en feu.
— Tu veux savoir si tu es à moi ?
Son souffle est brûlant sur mes lèvres.
— Tu veux que je te le prouve ?
Son regard m’anéantit.
Je tremble, prise au piège.
Et soudain—
Sa bouche s’écrase contre la mienne.
Un baiser brutal, affamé.
Il me vole mon souffle.
Il me consume.
Sa main glisse dans mes cheveux, les tirant en arrière.
Je gémis, mes doigts s’accrochant à sa chemise.
— Dante…
Il mord ma lèvre, puis relâche légèrement sa prise.
Nos souffles s’emmêlent.
Ses pupilles sont dilatées, son corps tendu.
Il me veut.
Mais il se retient encore.
Je souris lentement.
— Tu hésites ?
Sa prise se resserre.
— Jamais.
Et cette fois, il ne se retient plus.
Dante
Ma main s’écrase contre la carrosserie de la voiture, emprisonnant Elena entre moi et le métal froid.
Elle tremble, mais elle ne recule pas.
Elle me défie encore.
Son sourire est un piège, une provocation.
Elle croit contrôler la situation.
Elle croit que je vais reculer.
Mais elle oublie une chose essentielle : je ne recule jamais.
Je prends son visage entre mes mains, plonge mon regard dans le sien.
— Tu joues à un jeu dangereux, Elena.
Elle hausse un sourcil.
— Je croyais que tu aimais le danger.
Sa voix est un murmure empoisonné.
Mon sang bout.
Je glisse une main dans ses cheveux, serre juste assez pour qu’elle sente que je peux la faire plier à tout moment.
— Ce n’est pas un jeu.
Je la force à me regarder.
Elle frissonne, mais son sourire ne vacille pas.
— Alors prouve-le-moi.
Bordel.
Elle ne sait pas ce qu’elle demande.
Je l’embrasse sans douceur.
Un baiser brutal, possessif, exigeant.
Mes doigts glissent sur sa peau nue, explorent, revendiquent.
Elle gémit contre ma bouche, mais elle ne recule toujours pas.
Ses ongles s’enfoncent dans ma chemise, s’accrochent à moi comme si elle voulait me marquer.
Elle me rend fou.
Je descends sur son cou, mordillant la peau tendre sous son oreille.
Elle arque le dos.
Je veux la sentir céder, je veux qu’elle abandonne ce fichu contrôle qu’elle croit posséder.
Je la soulève d’un mouvement fluide, la porte jusqu’à l’intérieur de la voiture.
Je claque la porte derrière nous.
L’espace est étroit, l’air chargé d’électricité.
Je la plaque contre le cuir du siège.
Son regard est brûlant.
— Dante… murmure-t-elle, la voix rauque.
Ses doigts s’accrochent à ma chemise et la tirent violemment.
Les boutons sautent.
Je grogne, mon self-control vacillant.
Elle rit doucement.
— Toujours aussi impatient.
— Toujours aussi provocante.
Je la fais taire avec ma bouche.
Mes mains glissent sur son corps, le découvrent centimètre par centimètre.
Son souffle est court.
Je descends lentement, savourant chaque frisson qu’elle ne peut retenir.
— Dis-le.
Elle ferme les yeux, la tête renversée contre l’appuie-tête.
Je pince sa peau, juste assez pour lui rappeler que je ne lui donnerai rien tant qu’elle ne cèdera pas.
— Dis-moi à qui tu appartiens.
Elle mord sa lèvre, refuse encore.
Mais son corps parle pour elle.
Elle est prête à exploser.
Et je vais la briser.
Je plonge.
Un cri lui échappe.
Sa main s’accroche à mes cheveux, son corps se cambre sous moi.
— Dante…
J’accélère le rythme, la poussant au bord du précipice.
Elle lutte pour ne pas me donner ce que je veux.
Mais quand j’exige une dernière fois :
— Dis-le, Elena.
Elle cède.
— Toi… halète-t-elle. Je suis à toi.
Bingo.
---
Elena
J’ai perdu.
Et je m’en fiche.
Dante me tient encore contre lui, sa respiration erratique.
Je sens son cœur cogner sous ma main.
Il me relâche légèrement, son regard encore sombre de désir.
Je souris.
— Satisfait ?
Il ne répond pas tout de suite.
Puis, il se penche, capture ma bouche dans un baiser plus doux, plus lent.
— Pas encore.
Un frisson me parcourt.
Il ne plaisante pas.
Et je sais que cette nuit ne fait que commencer.
ElenaLe silence après la tempête.Dante est toujours là, étendu à mes côtés, sa respiration calme mais lourde. Sa main repose sur ma hanche, possessive même dans son sommeil.J’observe son visage. Il dort rarement. Trop de dangers, trop d’ennemis. Mais ce soir, c’est moi qui l’ai vidé de toutes ses forces.Un sourire étire mes lèvres.Et puis, la réalité frappe.Un téléphone vibre quelque part dans la pièce. Je fronce les sourcils. Ce n’est pas le mien.Dante ouvre les yeux instantanément.— Ne bouge pas.Sa voix est grave, rauque. Je frissonne sous l’ordre.Il tend le bras, attrape son téléphone sur la table de chevet. Un instant de silence, puis un grognement profond.Il se redresse, s’appuyant sur son coude.— Quoi ?Je devine que ce n’est pas une bonne nouvelle.Son visage se ferme.Mon cœur rate un battement.Dante raccroche et se lève en un instant, attrapant son pantalon et son arme dans le même mouvement.— Habille-toi, on y va.Merde.— Qu’est-ce qui se passe ?Il ne me rega
DanteLe camion essaie de nous semer, mais il n’a aucune chance.J’attrape mon arme.— Prends le volant.Elena ne pose pas de questions. Elle glisse sur mes cuisses, s’empare du volant pendant que je me penche par la fenêtre.Trois tirs.Les pneus du camion éclatent.Il dérape, percute une barrière et s’écrase contre un mur dans une explosion métallique.Je reprends le contrôle de la voiture juste à temps pour la stopper brutalement.Elena saute hors du véhicule, son arme levée.Je la suis.Les portes du camion sont enfoncées.Du sang s’écoule sous la portière.Je l’arrache d’un coup sec.À l’intérieur, un des hommes de Costa est encore en vie, mais à peine.Je m’accroupis, attrape son col.— Qu’est-ce que vous transportiez ?Il tente de rire, mais il tousse du sang.— Une offrande… murmure-t-il. Pour Costa.Je fronce les sourcils.Puis, je vois ce qu’il veut dire.Sur la banquette arrière du camion…Un corps attaché.Je m’approche, mon cœur battant plus fort.C’est un homme. Je le re
DanteLe jour se lève sur Rome, teintant les murs d’ocre d’un éclat sanglant.Je fixe la ville depuis le balcon, une cigarette entre les doigts, le goût âcre du tabac se mélangeant au souvenir brûlant d’Elena sur ma peau.Elle dort encore.Je l’ai prise si fort cette nuit qu’elle en porte encore les marques.Ma possessivité.Mon besoin de lui rappeler qu’elle est à moi, qu’elle n’a pas le droit de se briser sans moi.Mais la guerre ne nous attendra pas.Je me détourne de la vue et retourne dans la chambre.Elle est allongée sur le ventre, nue, les draps couvrant à peine ses hanches.Sa peau est marquée de mes baisers, de mes griffures, de mes morsures.Un tableau parfait de luxure et de chaos.Je m’approche, effleurant du bout des doigts la ligne de sa colonne vertébrale.Elle frémit, un sourire paresseux aux lèvres avant d’ouvrir lentement les yeux.— Tu comptes me réveiller en douceur ? murmure-t-elle d’une voix rauque.Je penche la tête, mes doigts glissant plus bas.— Ça dépend…E
---DanteLe goût du sang et de la victoire me brûle la gorge.Autour de nous, la villa est un champ de ruines, les corps jonchent le sol, le silence pèse après le carnage.Mais je ne pense qu’à une chose.Elena.Son souffle court, ses lèvres encore marquées par mon baiser féroce.Ses doigts se crispent sur mon col, son corps collé au mien.Elle tremble d’adrénaline, d’excitation, de cette fièvre qui ne nous quitte jamais après un massacre.Je glisse ma main sur sa joue.Elle a du sang sur la peau. Je ne sais pas si c’est le sien ou celui d’un autre.Mais elle est là. Vivante. Sauvage. Magnifique.— On doit partir, murmuré-je contre sa bouche.Elle hoche la tête.Mais son regard me défie.Elle veut plus. Maintenant.Et putain, moi aussi.---ElenaLa victoire a un goût de cendres, mais je suis là, brûlante, entière.Dante me dévore des yeux.Son regard est noir de désir, son souffle rauque.Je me fous des cadavres, du sang, des vestiges de cette nuit sanglante.Je le veux.Maintenant.
---DanteJe n’ai jamais cru en l’amour. Ni en la loyauté. Le seul sentiment qui existe dans ce monde, c’est la puissance. C’est ce que j’ai toujours pensé.Mais tout ce que j’ai vécu avec Elena me fait douter. Et cette sensation me tue.Le feu qui me consume quand elle est près de moi, l’envie irrésistible de la marquer encore, de l’enlacer encore, de l’embrasser encore. Cette fièvre, ce besoin de plus.Je regarde la villa qui se dessine au loin. Le reste de l’équipe, de la famille, attend. Mais moi, je n’arrive pas à m’empêcher de penser à elle. Chaque recoin de mon esprit est occupé par son regard, ses baisers, son corps contre le mien.Je dois m’en détacher. Je ne peux pas me laisser aller à ce point. Je ne peux pas…Mais elle est là, dans la voiture, ses yeux perçant les miens, encore plus intenses qu’avant.— Dante, dit-elle d’une voix rauque.Je me tourne vers elle, sentant la tension grandir entre nous. Elle veut quelque chose. Je le sens. Elle a cette lueur dans les yeux, cet
DanteJe n’ai jamais cru en les promesses. C’était juste des mots, des formules que les gens utilisaient pour masquer leur faiblesse. Moi, ce que je savais, c’était l’action. Les actes parlaient plus fort que tout ce que l’on pouvait dire. Mais Elena, elle… elle me fait douter de tout.Je suis assis dans le bureau, seul, le regard perdu sur le carnet posé devant moi. Une décision cruciale m’attend. L’affaire de la mafia, les trahisons, tout ce qui a mené jusqu’ici me semble soudainement irréel. Et pourtant, tout est bien là, autour de moi. Mais mon esprit, lui, n’arrive plus à se concentrer sur ce qui devrait l’être. C’est Elena qui m’envahit. Ses caresses, sa voix, la manière dont elle me défie, me touche, me fait sombrer.Elle a brisé quelque chose en moi.Je ne savais pas que ce genre de dépendance pouvait exister. Et pourtant, je suis là, à la limite de tout perdre. J’ai cru pouvoir la contrôler, l’utiliser. Mais elle est différente des autres. Elle ne se soumet pas comme je l’aur
DanteJe n’ai jamais cru à l’idée de rédemption. Je pensais que tout était une question de pouvoir, de stratégie, de contrôle. Mais la tentation… La tentation de la laisser entrer dans ma vie, de lui offrir chaque morceau de mon âme, c’est ce qui me consume maintenant.Elle est là, tout près de moi, ses yeux flamboyants de désir et de défi, comme si elle savait exactement ce que je ressens. Elle sait que j’ai franchi la ligne, que je suis bien plus qu’un homme de pouvoir maintenant. Je suis un homme brisé, et elle en a la clé. Mais il y a un prix. Un prix que je ne peux plus ignorer.Je marche dans le salon de mon appartement, mes pas résonnant contre le sol de marbre froid. La lumière tamisée n’éclaire que la moitié de la pièce, plongeant l’autre dans une obscurité presque menaçante. Il y a des choses que je n’arrive pas à oublier. Des promesses que j’ai faites, et que je n’ai pas tenues. Mais maintenant, Elena fait partie de mon monde. Et je sais que rien ne sera plus jamais comme a
ElenaJe le sens frémir sous mes doigts, chaque mouvement, chaque soupir, chaque baiser que je lui donne brise un peu plus la façade qu’il s’est construit. Dante… Il est si proche, et pourtant si lointain. Je sais qu'il a peur. Il a peur de ce que nous sommes en train de devenir, mais il est trop loin pour revenir en arrière. Et pourtant, je ressens cette hésitation. Cette froideur sous cette chaleur brûlante.J’éloigne légèrement mon visage du sien, mon souffle chaud effleurant ses lèvres. Il m’observe, comme si je venais de lui offrir un secret qu’il n’est pas certain de vouloir connaître. Il se redresse légèrement, les yeux brillants de désir, mais aussi de doute. Il essaie encore de garder un semblant de contrôle.— Tu sais ce que tu fais, n’est-ce pas ?Sa voix est rauque, chargée d'une tension palpable. Mais il n’est plus celui qui mène cette danse. Ce n’est plus lui qui décide.Je souris, un sourire plein de malice et de promesse.— Je ne sais pas… Mais je sais ce que tu ressen
DanteJe la sens glisser.Comme du sable entre mes doigts.Comme une promesse qui s’efface dans le vent.Comme une prière à laquelle plus personne ne croit.Elle est là. À quelques pas.Et pourtant, chaque jour, elle est plus loin.Elena.Elle respire encore sous le même ciel.Elle s’assoit sur la même chaise.Elle boit dans la même tasse.Mais ce n’est plus elle. Pas vraiment.C’est un fantôme doux, poli, distant.Une version d’elle que je ne reconnais plus.Et pourtant, je l’aime encore.Je l’aime, même dans ce silence qui me blesse.Je l’aime, même quand elle ne me regarde plus vraiment.Je la vois panser les autres.Comme si les cœurs cassés autour d’elle étaient plus urgents que le sien.Je la vois contourner mes douleurs.Comme on contourne un gouffre pour ne pas y tomber.Elle me sourit. Oui.Mais c’est un sourire vide.Un sourire d’automate, de politesse, de fatigue.Jamais comme avant.Avant, il y avait l’étincelle.Ce quelque chose qui me disait qu’elle n’était là qu’avec mo
LorenzoJe ne dors pas.Depuis des jours, peut-être des semaines, le sommeil est un luxe que je ne m’autorise plus. Chaque fois que je ferme les yeux, je la vois. Son dos qui s’éloigne. Ses cheveux battus par le vent. Cette ombre dans son regard, celle qu’elle refuse d’affronter.Alors je reste éveillé.À écouter les bruissements dans le silence. À anticiper les dangers. À regretter.Le monde autour de nous vacille. Rien n’est stable. Rien n’est sûr.Et elle…Elle est trop loin.LorenzoElena n’a pas quitté mes pensées.Pas une seconde.Même quand le sang coule, même quand les décisions doivent être tranchées à vif, même quand les cris éclatent et que la guerre menace — elle est là.Elle vit entre mes côtes.Elle pulse sous ma peau comme une brûlure ancienne qu’on n’a jamais soignée.Un éclat fiché dans mon être.Je la regarde quand elle ne me voit pas.Quand elle croit que personne ne remarque qu’elle vacille.Elle rit moins. Parle moins.Mais elle tient debout.Et moi, je la suis.P
ElenaLa terre sent le sang. L’odeur de poudre brûlée colle à la gorge, griffe les narines. Le silence après le carnage est plus fort que les cris. Il résonne. Il pèse.Je marche entre les carcasses noircies, les pneus fondus, les corps disloqués, les mains encore crispées sur des armes inutiles.Je ne détourne pas les yeux. Plus maintenant.Ce n’est pas de l’insensibilité. C’est une promesse. Une manière de dire : je vous ai vus mourir, et je ne vous oublierai pas.Je glisse la main dans la poche intérieure de ma veste. Le papier y est toujours. Froissé. Humide.C’est la lettre de ma mère.Elle ne l’a jamais terminée. Juste quelques mots, comme un murmure arraché à l’oubli : Ne te rends jamais.Je ferme les yeux. Un instant.Puis je les ouvre sur Dante.Il surveille l’horizon. Une main sur son arme. Une autre sur mon dos.Toujours là. Solide. Entier. Implacable.Et moi, malgré le sang sur mes bottes, malgré la douleur dans mes côtes, je me tiens droite.Parce que lui est debout.Dant
ElenaLa route s’étire devant nous comme une promesse arrachée aux ténèbres. Les cailloux crissent sous nos semelles, la rosée accroche nos jambes, les feuilles tremblent mais ne tombent pas. Le monde retient son souffle. Et moi aussi.Il y a quelque chose dans l’air. Une vibration. Comme si la terre savait. Comme si elle s’apprêtait à boire le sang d’un nouveau sacrifice.Je marche. Le dos droit. Le regard fixé devant. Le cœur tambourinant dans ma poitrine. Pas de peur. C’est terminé, ça. Il ne reste que la tension brute, l’impatience d’un fauve.Je tourne la tête vers Dante. Il est là. Toujours. Son ombre épouse la mienne. Il ne m’a jamais quittée depuis ce matin-là. Et je crois que quelque part, depuis cette nuit où tout a brûlé, il n’est plus question de fuite. Seulement de combat.Je l’observe. Son visage est dur, presque figé. Mais ses yeux... Ses yeux disent autre chose. Ils parlent de tout ce qu’on ne s’est pas dit. Tout ce qu’on n’a pas eu le temps de se promettre.Je veux su
ElenaLa porte claque derrière nous, le bruit résonne dans l’air humide de la nuit. Le vieux relais gémit sous le vent qui hurle, mais à l’intérieur, il fait chaud. Pas à cause du feu qui crépite dans l’âtre. Pas seulement à cause de la chaleur de l’instant. Mais à cause de nous. De ce qui est inévitable entre nous. Cette tension, électrifiée, qui pulse entre nos corps depuis des heures. Des jours. Des années, peut-être. Depuis ce premier regard, celui où je l’ai vu sans armure, où lui m’a vue sans masque, sans faux-semblants. Depuis ce premier souffle partagé dans la folie de nos choix, de nos combats. Depuis que la guerre a fait de nous ce que nous sommes : deux âmes perdues mais liées par une promesse plus grande que la vie elle-même.DanteJe la déshabille sans hâte. Ses vêtements tombent sur le sol comme des ombres qui s’effacent. Chaque bouton défait est une victoire. Une victoire contre la peur, contre les cicatrices du passé, contre la violence du monde. Il n’y a plus de place
ElenaL’aube ne vient pas.Pas encore.Le ciel hésite.Comme nous.Suspendus entre chute et ascension.Entre les restes d’un empire et les cendres d’un rêve.Le silence pèse sur les toits, glisse entre les pierres froides, ronge le cœur.Même les oiseaux se taisent.Comme si le monde retenait son souffle.ElenaLe palais dort d’un sommeil empoisonné.Les tentures frissonnent au moindre courant d’air, comme si elles pleuraient des secrets.Les gardes, épuisés, marchent à l’aveugle.Leur fidélité n’est plus qu’une habitude, un réflexe.Ils ne savent plus qui ils protègent.Les couloirs résonnent des pas qui fuient, des voix qui murmurent.La peur a changé de camp.Elle s’est retournée contre ses maîtres.Et nous, nous marchons dans ce silence.Droits.Déterminés.Mais pas indemnes.Inès« Il faut partir avant que le soleil se lève. La lumière rend les traîtres visibles. »ElenaJe la regarde.Elle n’a jamais tremblé.Même maintenant, dans cet entre-deux fragile, elle tient droit.Comme
ElenaLa nuit tombe.Le domaine tout entier s'agite d’une nervosité moite.Ils sentent que quelque chose a changé.Sans savoir quoi.L'air est trop lourd. Chaque respiration est une lutte.Chaque pas résonne comme une annonce funèbre.ElenaGiovanni hurle sur ses conseillers.Il accuse. Il menace.Il cherche un coupable, un traître, un fantôme.Il ne comprend pas que c’est trop tard.Que le poison n’est plus dans le verre.Il est dans son sang.Il est dans ses os.Il est dans chaque regard qui ose enfin ne plus baisser les yeux.ElenaJe reste en retrait.Je regarde les murs vibrer sous ses cris.Je compte les secondes.Les respirations.Les battements de cœur.Le pouvoir meurt rarement d’un coup d’épée.Il meurt de mille coupures invisibles.Giovanni« Qui a osé ?! QUI ?! »ElenaNous tous, Père.Nous tous.Tu as semé la peur.Nous avons semé la fin.ElenaSilvano me glisse un billet.Un seul mot griffonné : Minuit.Un lieu : l’orangerie.Une promesse silencieuse.ElenaJe sais ce qu
ElenaLe lendemain, l'air sent déjà la cendre.Tout est plus lourd, plus lent.Même le vent semble hésiter à souffler.Je me lève. J'enfile une robe noire simple, sans bijoux. Pas de chaînes inutiles. Aujourd'hui, je suis l'ombre.ElenaInès m'attend dans le couloir.Ses yeux brillent. Pas d'excitation. Pas de peur.La certitude, froide et vive.Elle porte une veste légère, doublée de lames fines comme des éclats d'hiver.À sa ceinture : une seringue. Remplie de quelque chose de rapide. Silencieux.Inès« Prête ? »ElenaJe souris. Ce n'est pas une question.C'est un serment.ElenaNous descendons sans bruit.Chaque marche craque à peine sous nos pas.Le manoir est un cadavre en sursis.Giovanni croit que la fête qu'il a ordonnée pour ce soir va cimenter son pouvoir.Il ignore que ses fondations sont déjà rongées par nos dents.ElenaÀ la cave, Silvano nous attend.Il a changé. Plus maigre. Plus nerveux. Plus dangereux.Un animal blessé qui a cessé de croire en la rédemption.Il tend
ElenaLe matin se lève sur une lumière pâle. Un jour de plus. Un jour de moins.Je ne sais plus. Je ne compte plus que les secondes utiles.Celles où j’avance.Celles où je frappe sans qu’ils le voient.Le reste n’existe pas. C’est un décor flou, un murmure d’illusions.ElenaJe me lève avant Lorenzo. Comme toujours.Il dort, abandonné au mensonge d’une paix qu’il croit acquise.Je l’observe. Longtemps.Ses paupières qui tremblent. Sa bouche entrouverte. La main posée sur le drap, comme celle d’un enfant.Il est amoureux. De moi ou de l’idée qu’il se fait de moi.Ça n’a aucune importance.Il est un pion. Et je suis celle qui déplace les pièces.Mais parfois…Parfois, je le regarde trop longtemps.Et je me demande s’il verrait le couteau avant qu’il le sente.ElenaInès frappe. Trois coups brefs. Notre signal.Je l’ouvre. Elle entre.Aujourd’hui, elle ne tremble pas.Elle a attaché ses cheveux. Porté ses bottes les plus discrètes.Elle me tend une bague. Fine. En or. Une minuscule pier