LOGINDans les rues brûlantes de Sinaloa, où les cartels règnent en maîtres et la frontière entre justice et corruption s’efface, Camila Reyes, agente d’élite de la police fédérale mexicaine, est envoyée en infiltration. Sa mission : se rapprocher de Cristóbal Vargas, héritier charismatique et impitoyable du cartel le plus violent du pays, pour le faire tomber de l’intérieur. Camila devient Isabela, une chanteuse sensuelle dans un club contrôlé par le cartel. Elle joue avec le feu, gagne la confiance de Cristóbal… et se laisse happer par son magnétisme dangereux. Entre mensonges, regards brûlants et nuits interdites, la frontière entre devoir et désir s'effrite. Mais à Sinaloa, l’amour est une faiblesse, et la trahison coûte le sang. Alors que Cristóbal découvre peu à peu qu’Isabela cache un secret, Camila doit choisir : sa mission… ou cet homme dont le toucher l’enchaîne plus sûrement que la loi.
View MoreCamila Reyes
La lumière crue du néon vibre contre la crasse du plafond. Une ampoule morte balance au-dessus du corps mutilé. Le sang s’étale lentement sur le sol en béton, imbibant la poussière, les cendres, les restes d’un combat qui n’a jamais été équitable.
Je me tiens là. Immobile.
Le cœur calme.
La mâchoire serrée.
Et les yeux fixés sur ce qui reste d’un agent fédéral. Il s’appelait Torres. Il était mon supérieur. Mon coéquipier. Mon ami. Le seul qui savait encore prononcer mon vrai nom sans trembler.
Il a suffi d’un ordre. Une heure trop tard.
Un appel coupé.
Un rendez-vous foireux.
Un piège.
Et maintenant, je dois avancer. Me fondre. Mentir. Respirer. Ne pas éclater.
Trois semaines plus tôt, j’étais encore flic. Officiellement.
Inspectrice Camila Reyes, section infiltrée du FGR – Fiscalía General de la República.
Je menais des opérations contre les cartels dans les faubourgs pourris de Monterrey, avec des objectifs simples : observer, transmettre, survivre.
Puis un nom est tombé.
Cristóbal Vargas.
Fils du baron Hector Vargas, disparu depuis deux ans. Trop silencieux pour être innocent. Trop discret pour être inoffensif.
Cristóbal avait repris les rênes d’un territoire abandonné. En quelques mois, il avait reconstruit, étendu, mutilé ses concurrents. Il avait injecté un poison nouveau dans les veines de Sinaloa : le chaos propre.
Pas de bavures dans les rues. Pas de cadavres visibles. Mais les rumeurs parlaient de caves pleines, de puits remplis, de corps qu’on ne retrouvait jamais.
Le FGR a voulu un œil à l’intérieur.
Torres m’a désignée.
« T’as le profil. La voix. Le regard. Tu peux le séduire, le piéger, le saigner. »
J’ai dit oui.
Pas pour la gloire.
Pour la vérité. Pour les filles qu’on enterre sans nom. Pour celles qu’on vend à l’arrière de boîtes fermées. Pour ma sœur. Pour toutes les voix qu’on a fait taire.
Je me suis brûlée les cheveux.
Teinté la peau plus sombre.
Appris à chanter avec lascivité.
À danser. À mentir sans trembler.
J’ai tué Camila Reyes dans une chambre d’hôtel à Culiacán.
Et j’ai fait naître Isabela Morales.
J’ai répété chaque soir, seule, devant un miroir sale.
Sourire sans joie. Cligner sans ciller.
J’ai appris à marcher comme une proie qui veut être chassée.
Sinaloa n’est pas un territoire : c’est un monstre.
Un ventre ouvert sur les tripes d’un pays qui saigne.
Un enfer à ciel ouvert.
Et moi, j’entre dans sa gueule.
Ils l’appellent El Infierno.
Une boîte de nuit, une plaque tournante, une façade.
Derrière ses murs vibrent la drogue, les armes, les filles.
Derrière ses rideaux, on rit, on hurle, on meurt.
La façade d’un empire qui s’étend plus vite que le pays ne peut le contenir.
Le chauffeur me dépose à l’entrée. Une Chevrolet noire aux vitres teintées.
À l’arrière, il y avait un sac.
Dedans : des vêtements trop courts, trop serrés, un revolver sans chargeur, et des menottes. Cadeau d’accueil.
Deux hommes armés m’ouvrent la porte. L’un d’eux a les mains couvertes de sang. Il ne se cache même pas.
Il me sourit.
— Ce soir, t’appartiens à El Infierno, dit-il.
Je souris aussi.
Ils ne savent pas que c’est moi qui vais mettre le feu.
Je pénètre dans l’antre.
Musique. Fumée. Sueur. Sexe. Poussière.
Les murs suintent la peur et l’argent. Les néons rouges créent l’illusion d’un bordel chic, mais chaque détail pue la mort.
Des filles maquillées jusqu’à l’effacement me regardent passer.
Aucune ne parle. Toutes ont déjà compris.
Une main glisse sur ma hanche.
Un rire éclate.
Je continue d’avancer, la tête haute, le menton fier.
Je dois séduire. Être belle. Être docile.
Mais je ne suis ni l’une ni l’autre.
Je suis un pieu dans le cœur de ce cartel.
Cristóbal Vargas entre dans la pièce comme une gifle.
Il est jeune. Trop.
Beau. Trop.
Et ses yeux… mon Dieu.
Des yeux d’obsidienne. Aucune lumière ne les traverse.
Aucun éclat d’humanité.
Je sais déjà.
C’est lui.
Ma cible.
Le fils du diable.
Il se penche sur un homme attaché à une chaise.
Le type sanglote. Il supplie. Il pisse sur lui-même.
Cristóbal attrape un couteau. Lentement. Très lentement.
Le silence s’épaissit.
Il parle bas. Je ne comprends pas tout.
Mais je saisis l’essentiel.
— Tu as parlé.
— Non… non, señor… je…
— Tu as parlé.
Puis il découpe.
Un hurlement perce l’air.
Le son d’un homme qui perd la langue. Littéralement.
Le sang jaillit en gerbe sur le sol, sur les bottes de Cristóbal, sur ses doigts.
Je n’ai pas le droit de détourner le regard.
Je dois observer. Analyser. Résister.
Cristóbal se retourne.
Nos regards se croisent.
Son sourire est lent. Dévastateur. Inquiétant.
Un frisson me traverse, violent. Pas de peur. Pas seulement.
Une alerte. Un choc d’instinct. L’ombre d’un désir ? Non. Pas maintenant. Pas lui.
Il s’approche de moi.
Pose sa main couverte de sang sur ma joue.
— Tu vas chanter ce soir, Isabela.
— Si tu veux, señor.
Il s’humecte les lèvres.
— Et si tu me plais… tu chanteras pour moi… nue.
Mon cœur bat plus vite.
Pas à cause de la peur.
Non.
À cause de ce frisson étrange.
Ce frisson interdit. Celui qui surgit quand l’ennemi devient trop réel, trop proche, trop humain.
La nuit avance.
Je chante. Ma voix tremble un peu, mais je tiens.
Les hommes dansent, les armes dépassent des ceintures, les filles rient avec des bouches mortes.
Cristóbal ne me quitte pas des yeux.
Il boit du mezcal. Il fume.
Il me regarde comme s’il savait.
Comme s’il devinait déjà.
Comme s’il lisait derrière Isabela.
Il fait appeler une fille. Une danseuse.
Il lui ordonne de danser nue. Puis de se mettre à genoux.
Un coup de feu claque.
Elle s’écroule.
Une tache rouge au front.
Silence.
Il n’a pas aimé sa manière de le regarder.
La foule n’a pas bougé.
Personne ne hurle.
Personne ne pleure.
Juste un autre soir à El Infierno.
Je me tiens droite.
Je chante.
Je souris.
Et je fais un vœu.
Qu’un jour, ce démon me supplie à genoux…
Avant que je ne l’abatte moi-même.
IsabellaLa sueur de ma course folle sèche à peine sur ma peau, collant le tissu de ma robe de nuit à mon dos. L'adrénaline qui m'a propulsée à travers l'ombre des couloirs se change soudain en un froid mortel lorsque j'entends le grincement familier de la serrure de ma chambre.Il est trop tôt. Il devrait être au portail, à s'occuper de l'arrivée de la voiture. J'ai calculé un répit. Je me suis trompée.La porte s'ouvre sans un bruit, et il en remplit l'embrasure. El Infierno. Son manteau est encore parsemé des gouttes de la nuit humide, et ses yeux d'ambre brillent d'une lumière intérieure, trouble et dangereuse. Il n'a pas l'air de revenir d'une affaire, mais d'une chasse. Et je sens, viscéralement, que je suis le gibier qu'il a choisi.Il referme la porte derrière lui, un claquement sec et définitif qui scelle le silence de la pièce. Son regard parcourt mon corps, de mes pieds nus et sales aux mèches de cheveux humides collées à mon cou. Il voit la course, la peur, la transpiratio
IsabellaLa porte s’est refermée sur le monde, ou ce qu’il en reste. Ici, dans la chambre qu’El Infierno me concède comme une faveur empoisonnée, l’air est épais, chargé de l’odeur du tabac noir, du cuir et d’une fragrance masculine, musquée, qui lui sert de signature olfactive. Une senteur de dominance. Ce n’est pas une maison qui respire. C’est une bête qui digère. Le repère d’El Infierno. Et je suis prise dans ses entrailles.Les murs, en pierre apparente, suintent le froid humide des souterrains. Un seul tableau, une toile sombre et violente représentant saint Michel écrasant un démon, orne la pièce. Un trophée volé dans une église, sans doute. Un rappel de sa propre guerre pervertie contre le ciel.Je ne peux plus être spectatrice.La phrase tourne dans ma tête, devenue un mantra de survie. Chaque seconde où son regard n’est pas posé sur moi est une trêve précaire, un intervalle de grâce qu’il faut exploiter. Ma prétendue « fragilité », cette faiblesse qu’il me diagnostique pour
ISABELLAJe ne dors pas.Le lit est vaste, trop blanc, trop calme pour mes pensées.La maison respire autour de moi comme un animal endormi, mais je sens encore sous ma peau la morsure du silence qu’il a laissée en partant.Je me répète les mots qui tournent dans ma tête depuis des heures :Je ne suis pas innocente.Je le dis tout bas, comme une prière inversée.Peut-être parce que j’ai fermé les yeux trop souvent. Peut-être parce que j’ai préféré la paix à la vérité. La culpabilité n’efface rien, mais elle aiguise. Elle me rend lucide, patiente, précise.Je me redresse, les draps glissent contre ma peau. Le sol est froid quand je pose les pieds dessus. Je regarde mes mains : elles ne tremblent plus. C’est étrange , comme si le corps savait qu’il doit se tenir tranquille pour ne pas attirer l’attention du prédateur.Une voix frappe doucement à la porte.— Señora Isabella ?C’est María, la gouvernante. Sa voix tremble, à peine.— Entre, dis-je.Elle pousse la porte sans bruit, le regar
ISABELLALa maison a retrouvé son souffle, lentement, comme si rien ne s’était passé.Mais moi, je ne respire plus de la même façon.Quelque chose a changé , une lucidité neuve, tranchante comme une lame qu’on vient d’aiguiser.Je comprends maintenant : la lucidité n’est pas héroïsme.Elle est adaptation.Si je veux survivre, je dois cesser de croire à la morale, aux excuses, aux illusions.Entre lui et moi, il n’y a pas de pont.Seulement un gouffre qu’il faut apprendre à traverser sans tomber.— Sois prudente, Isabella.Pas la prudence de la peur… celle de la stratégie.Observe. Écoute. Compte.Chaque silence, chaque mouvement de tête, chaque geste anodin.Il faut savoir quand sourire.Quand se taire.Quand disparaître.Je le sais : il lit les faiblesses.Il les respire.Alors je dois devenir une énigme sans fissures.Une surface lisse où il n’accrochera rien.Une colère brûle au fond de moi, mais elle n’est plus feu , elle est braise.Je la garde, chaude, utile.La colère dévore. L
ISABELLAJe croyais connaître la forme des choses : l’amour, la colère, la jalousie. Je croyais connaître les visages que l’on garde pour soi, les sourires que l’on polit pour le monde. Ce soir j’ai appris que je me trompais. Que derrière le geste le plus intime , partager un lit, une table, une promesse du matin , peut se cacher un abîme qui ne réclame rien d’autre que de dévorer.Je revois la scène comme on revoit un visage qu’on n’a plus le droit de toucher. Ce n’était pas un coup de folie. Ce n’était pas un accident. C’était une décision, froide, chirurgicale, rendue avec la même mesure que l’on tranche une orange sur une planche. Il n’y a pas eu hurlements prolongés, pas de tracas domestiques grotesques : Soledad est tombée comme on ferme une porte, et lui est resté debout, intact, comme si le monde venait de reprendre sa respiration normale.Comment un homme normal peut-il se comporter ainsi ? Je l’ai demandé à la vapeur dans la salle de bains, à la chaleur qui m’avait recousu l
EL INFIERNOLe couloir est silencieux. Chaque pas que je fais résonne contre les murs froids, mais je n’y prête plus attention.L’odeur de la pierre, le frottement de mes semelles, le souffle derrière moi : tout cela compose une musique familière, celle du retour après la sentence.Isabella me suit sans un mot. Ses poignets sont encore marqués par les chaînes, sa démarche hésite entre fatigue et dignité. Elle ne pleure pas. Elle ne parle pas. Elle avance.Je pousse la porte de la chambre. L’air chaud s’en échappe, chargé d’huiles et de vapeur. Le contraste est presque brutal : ici, la douceur ; en bas, le fer et le sang.— Assieds-toi, murmuré-je, ou plutôt, laisse-toi aller.Elle obéit, lentement. Ses doigts tremblent un peu quand elle touche le rebord du marbre. La lumière danse sur sa peau.Je fais couler l’eau.La baignoire se remplit d’un murmure régulier, presque apaisant.Chaque goutte qui tombe semble effacer un souvenir ou le redessiner autrement.Je reste là, debout, sans un
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