Chapitre 5 : Une nouvelle opportunité

Le soleil du matin perçait timidement à travers les rideaux de l’appartement. Les triplés gazouillaient joyeusement sur une couverture posée sur le tapis, leurs rires se mêlant au cliquetis de la vaisselle que Sophia rangeait. La vie avait repris un semblant de normalité depuis l’accident. Chris, fidèle à sa promesse, s’était montré présent et protecteur, devenant une véritable ancre dans la tempête.

Ce matin-là, il se tenait près de la fenêtre, son regard fixé sur la rue en contrebas. Il semblait pensif, presque préoccupé. Sophia remarqua immédiatement son attitude inhabituelle et posa les assiettes qu’elle tenait.

— Chris, quelque chose ne va pas ?

Il se tourna vers elle, un sourire un peu triste sur les lèvres.

— En fait… j’ai quelque chose à te dire. Et… une proposition à te faire.

Elle fronça les sourcils, intriguée.

— Une proposition ? Ça semble sérieux. Qu’est-ce qui se passe ?

Chris s’approcha de la table et tira une chaise pour s’asseoir. Il croisa les mains sur la surface en bois, cherchant les bons mots.

— Sophia, tu sais que je travaille dans le design, n’est-ce pas ? Mon entreprise vient de décrocher un gros projet à l’étranger. Je vais devoir partir pour plusieurs mois, peut-être un an.

Elle sentit une légère tension dans sa poitrine. Chris avait été son pilier depuis des mois. Imaginer son absence créait un vide qu’elle ne savait pas comment combler.

— Oh… c’est une grande opportunité pour toi. Mais… partir ? Où ça exactement ?

— En Italie. L’entreprise nous envoie à Milan pour développer un nouveau concept. C’est le genre de projet qui pourrait vraiment booster ma carrière. Mais il y a autre chose, Sophia.

Elle le regarda, attentive, sentant qu’il y avait plus à venir.

— Je veux que tu viennes avec moi.                             

Les mots tombèrent, simples mais lourds de sens. Sophia le fixa, incapable de répondre immédiatement.

— Venir avec toi ? Mais… Chris, c’est impossible. Les enfants, ma situation… Comment pourrais-je tout laisser derrière moi ?

Chris secoua la tête doucement, un sourire rassurant sur le visage.

— Écoute-moi, Sophia. Là-bas, tu pourrais commencer à nouveau. Milan n’est pas juste une belle ville ; c’est aussi un centre mondial pour l’art et le design. Je sais que tu as toujours été passionnée par les arts et la création. Si tu viens avec moi, je m’assurerai que tu puisses suivre des cours, apprendre, et te former dans un domaine qui te passionne.

Sophia baissa les yeux, réfléchissant à ce qu’il venait de dire.

— Mais les triplés ? Je ne peux pas leur imposer un tel changement. Et puis, tout ce qui se passe ici… Je ne peux pas fuir mes problèmes, Chris.

— Ce n’est pas fuir. C’est une chance de respirer, de te reconstruire. Pense à ce que tu pourrais leur offrir à l’avenir si tu acquiers de nouvelles compétences. Pense à la stabilité que tu pourrais avoir, loin de la cruauté de Catherine et Anna, loin de ces souvenirs qui te hantent.

Elle releva les yeux vers lui, cherchant une once de doute dans son regard. Mais il était sérieux.

— Et toi, Chris ? Pourquoi fais-tu tout ça pour moi ?

Il haussa les épaules, les yeux brillants d’une sincérité désarmante.

— Parce que je tiens à toi. Parce que je crois en toi, même quand toi, tu n’y crois pas. Tu es capable de beaucoup plus que ce que tu te permets d’imaginer. Et je veux être là pour te soutenir.

Sophia sentit ses yeux s’embuer. La proposition était tentante, mais la peur la rongeait encore.

— Je… Je ne sais pas. C’est tellement… énorme.

Chris posa doucement une main sur la sienne.

— Prends ton temps pour réfléchir, d’accord ? Mais sache une chose : peu importe ce que tu choisis, je serai toujours là pour toi.

Elle hocha la tête, incapable de trouver les mots.

Les jours suivants, Sophia réfléchit longuement. Elle passait des heures à regarder ses enfants jouer, à imaginer ce que l’avenir leur réservait. Et chaque fois qu’elle repensait aux mots de Chris, quelque chose en elle s’éveillait.

Un soir, alors que les triplés dormaient, elle s’assit à côté de Chris sur le canapé.

— D’accord, Chris. Je viens avec toi.

Il tourna la tête vers elle, surpris mais ravi.

— Tu es sûre ?

— Oui. Si je veux vraiment leur offrir une meilleure vie, je dois commencer par moi. Et peut-être que… partir est ce dont j’ai besoin.

Il sourit, un sourire plein d’espoir.

— Tu ne le regretteras pas, Sophia. Je te promets qu’on va construire quelque chose de beau là-bas.

Sophia sentit une étincelle de détermination naître en elle. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait prête à embrasser l’inconnu, à reconstruire sa vie.

Et ainsi, leur voyage vers un nouveau chapitre de leur vie commença.

Le départ pour Milan se rapprochait, et les jours précédant le voyage étaient remplis de préparatifs. Sophia faisait de son mieux pour organiser les affaires des triplés, qui étaient encore trop jeunes pour comprendre ce qui se passait. Allongés sur leur tapis, ils babillaient innocemment et jouaient avec leurs jouets, sans se douter des grands changements qui attendaient leur petite famille.

Un matin, Sophia s’assit sur le canapé avec Chris pour discuter des derniers détails du départ. Une grande liste était posée entre eux, où chaque élément était coché au fur et à mesure qu’ils vérifiaient tout ce qu’il fallait emporter.

— Alors, j’ai pensé à acheter quelques vêtements chauds pour eux, dit Sophia en regardant la liste. Je sais qu’il fait souvent froid en Italie, surtout en hiver.

Chris hocha la tête.

— Bonne idée. Et je vais passer chercher les couches et les produits de toilette que tu voulais avant qu’on parte. On ne sait jamais combien de temps il faudra pour s’installer là-bas.

Sophia sourit légèrement.

— Merci. Je n’aurais jamais pu gérer tout ça toute seule.

Chris, toujours prêt à rassurer, répondit d’une voix douce.

— Tu fais déjà beaucoup. Les triplés sont en pleine forme, et c’est grâce à toi. Je suis là pour t’aider avec le reste.

Elle posa son regard sur ses trois enfants, allongés sur le tapis, absorbés par leurs jeux.

— Ils ne se rendent même pas compte qu’on va partir. Tout ce qu’ils savent, c’est qu’ils ont leur maman et leurs jouets. Mais je veux qu’ils grandissent dans un environnement où ils pourront être heureux, où je pourrai leur offrir plus.

Chris posa une main rassurante sur son épaule.

— Et c’est exactement ce que tu fais, Sophia. Ce voyage est une chance pour eux, et pour toi. Milan sera un nouveau départ pour vous tous.

Les journées qui suivirent furent marquées par les préparatifs minutieux. Sophia passa des heures à trier les affaires des enfants, emballant leurs vêtements, leurs jouets préférés, et même quelques souvenirs importants. Pendant ce temps, Chris s’assura que les documents étaient en ordre, les visas approuvés, et les billets d’avion prêts.

Un après-midi, Sophia se tenait devant une pile de vêtements et de jouets, essayant de décider quoi emporter et quoi laisser.

— C’est fou combien de choses ils accumulent, dit-elle en riant doucement. Je veux prendre tout ce qui leur est familier, mais je sais que je ne peux pas tout emporter.

Chris, assis à la table, regardait les trois valises ouvertes.

— Tu n’as pas besoin de tout emporter. Milan est une grande ville, et tu trouveras tout ce dont tu as besoin là-bas. Mais ces jouets… oui, emporte-les. Ils vont être leur confort dans un nouvel environnement.

Sophia hocha la tête, prenant soin de placer les jouets préférés des triplés dans une valise.

— J’espère qu’ils s’adapteront rapidement. Ce sera dur pour eux, mais… je veux qu’ils soient heureux.

Chris sourit en la regardant.

— Je n’ai aucun doute qu’ils s’adapteront. Ce sont des bébés, Sophia. Ils te suivent. Tant qu’ils ont leur maman, ils seront heureux.

Elle releva les yeux vers lui, une pointe de reconnaissance dans le regard.

— Merci, Chris. Merci de m’aider à croire que tout ira bien.

Le jour du départ arriva enfin. Sophia se tenait près de la porte, ses trois enfants blottis dans leurs sièges auto, prêts à partir pour l’aéroport. Les valises étaient empilées près d’elle, et Chris vérifiait encore une fois les documents et les billets.

— Tout est prêt, dit-il en levant les yeux vers Sophia. Tu es prête pour le grand saut ?

Elle prit une profonde inspiration, ajustant la couverture sur l’un des bébés.

— Je pense que oui. Je suis nerveuse, mais… il est temps de commencer quelque chose de nouveau.

Chris sourit et ouvrit la porte.

— Alors allons-y. Milan nous attend.

Sophia lança un dernier regard à l’appartement, un mélange de nostalgie et de soulagement dans le regard. Puis, elle suivit Chris vers la voiture, les triplés paisibles dans leurs sièges.

Leur vie était sur le point de changer, et malgré les doutes et les peurs, Sophia sentait pour la première fois depuis longtemps une lueur d’espoir.