Le soleil, dans sa douce descente, baignait la pièce d’un éclat doré. Sophia était assise dans le silence apaisant de l’appartement modeste que Chris lui avait prêté après son hospitalisation. Ce soir-là, tout semblait calme. Les triplés dormaient dans la chambre voisine, leurs souffles légers formant une mélodie réconfortante. Mais l’esprit de Sophia était loin d’être serein. Le poids des souvenirs, les non-dits, et ce pendentif en jade posé sur la table face à elle ne lui laissaient aucun répit.
Chris, assis en face d’elle, observait chaque nuance de son visage. Il voyait bien que quelque chose la troublait profondément, et il était déterminé à l’aider à porter ce fardeau.
— Sophia, tu sais que je ne suis pas ici pour te juger. Mais je sens que tu as besoin de parler. Ce pendentif… il signifie quelque chose, pas vrai ?
Sophia releva lentement la tête, ses doigts effleurant machinalement l’objet qui avait changé le cours de sa vie. Son regard se voila, partagé entre douleur et hésitation.
— Oui… il signifie beaucoup. Plus que je ne pourrais l’expliquer. Et pourtant, il symbolise une promesse que je ne suis même pas certaine de pouvoir encore croire.
Chris se pencha légèrement en avant, ses yeux fixant les siens avec une bienveillance apaisante.
— Parle-moi, Sophia. Dis-moi tout. Tu n’as pas besoin de garder ça pour toi. Je suis là.
Un long soupir s’échappa de ses lèvres. Elle sembla chercher ses mots, les assembler dans un ordre qui donnerait un sens à une histoire qu’elle-même avait du mal à comprendre.
— Cette nuit-là… tout a changé pour moi. Je n’aurais jamais dû aller à cette soirée. Anna… ma demi-sœur, elle m’a presque forcée. Elle m’a donné ce verre, et en quelques instants, j’ai senti que quelque chose n’allait pas. Je ne me souviens pas de tout. Tout est flou, confus. Mais une chose reste claire. Je l’ai rencontré.
Chris fronça les sourcils, intrigué par cette révélation.
— Qui ? Tu parles de cet homme ?
Sophia hocha la tête, son regard baissé vers le pendentif.
— Oui. C’est étrange… Je ne me rappelle pas son visage. Je me souviens seulement de bribes : sa voix, ses mains, et cette promesse qu’il m’a faite avant de disparaître. Il m’a dit qu’il me retrouverait. Qu’il prendrait ses responsabilités, quoi qu’il arrive. Et il m’a laissé ça.
Elle désigna le pendentif en jade, le faisant tourner délicatement entre ses doigts. Chris fixa l’objet, comme s’il tentait de percer le mystère qu’il contenait.
— Il t’a promis de te retrouver… mais il ne l’a jamais fait.
Ce n’était pas une question, mais une constatation. Sophia leva les yeux, une pointe d’amertume dans la voix.
— Non, il ne l’a jamais fait. Et pourquoi l’aurait-il ? Je ne suis qu’une inconnue. Une ombre qu’il a croisée lors d’une soirée. Je ne sais même pas s’il s’en souvient.
Chris, les mains posées sur la table, inspira profondément avant de répondre.
— Sophia, tu ne devrais pas porter ça seule. Cet homme… il a une responsabilité envers toi, envers tes enfants. Même s’il n’est pas revenu, même si tu ne te rappelles pas son visage, il t’a laissé ce pendentif comme un lien. Ce n’est pas rien.
— Je le sais, Chris. Mais que puis-je faire ? Comment pourrais-je le retrouver avec si peu d’indices ? Tout ce que j’ai, c’est ce morceau de jade, et… ce souvenir flou.
Sa voix se brisa légèrement, et Chris posa une main rassurante sur la sienne.
— Je comprends. Mais ce n’est pas une raison pour abandonner. Tu mérites des réponses. Tes enfants méritent de savoir d’où ils viennent. Et si jamais tu décides de partir à sa recherche, je t’aiderai. Tu ne seras pas seule dans cette quête.
Sophia releva les yeux vers lui, une larme roulant doucement sur sa joue.
— Merci, Chris. Merci d’être là.
Il sourit doucement, ses yeux exprimant une sincérité rassurante.
— C’est toi qu’il faut remercier, Sophia. Pour ta force, pour tout ce que tu as traversé. Peu importe ce qui arrive, je serai là pour toi et pour eux.
Dans le grand salon de la maison familiale, où chaque meuble semblait témoigner d’un luxe ostentatoire, Catherine, la marâtre de Sophia, était assise dans son fauteuil préféré, une tasse de thé à la main. Anna, sa fille, était allongée nonchalamment sur le canapé, feuilletant un magazine de mode. L’atmosphère était détendue, presque festive, mais leurs paroles, elles, étaient empreintes d’une noirceur glaçante.
— Alors, maman, tu crois qu’elle est vraiment morte cette fois ? demanda Anna, un sourire narquois étirant ses lèvres.
Catherine posa délicatement sa tasse sur la table en verre, un éclat de satisfaction dans les yeux.
— Bien sûr qu’elle l’est. Tu as vu comment cette voiture l’a percutée ? Personne ne pourrait survivre à un tel choc, encore moins une femme enceinte. Et même si elle avait survécu, elle n’aurait pas pu aller bien loin dans cet état.
Anna éclata de rire, un rire froid et cruel.
— C’est vrai. Elle était déjà pathétique avant, mais là… franchement, c’était presque trop facile. Tu crois que papa aurait approuvé ?
Catherine haussa les épaules, un sourire calculateur sur le visage.
— Ton père n’a pas besoin de savoir. Il a toujours été trop faible quand il s’agissait de Sophia. Il aurait probablement essayé de la défendre, comme il l’a toujours fait. Mais maintenant, il n’aura plus à s’inquiéter de cette petite ingrate. Elle est hors de nos vies pour de bon.
Anna posa son magazine et se redressa, croisant les jambes.
— Tu sais, je dois dire que je suis impressionnée par la façon dont tu as tout orchestré. Engager quelqu’un pour la percuter… c’était brillant. Et personne ne pourra jamais remonter jusqu’à nous.
Catherine sourit, satisfaite de l’admiration de sa fille.
— C’est une question de stratégie, ma chère. Sophia était une menace pour notre réputation. Une fille enceinte, sans mari, sans avenir… elle aurait fini par attirer l’attention, et pas de la bonne manière. Nous ne pouvions pas nous permettre cela. Alors, j’ai fait ce qu’il fallait.
Anna hocha la tête, un éclat de malice dans les yeux.
— Et maintenant ? Que fait-on si quelqu’un commence à poser des questions ?
Catherine prit une gorgée de thé avant de répondre, son ton calme et assuré.
— Personne ne posera de questions. Sophia n’avait personne. Pas d’amis, pas de soutien. Elle était seule. Et même si quelqu’un venait à s’intéresser à elle, il n’y a aucune preuve qui puisse nous incriminer. Tout a été soigneusement planifié.
Anna se pencha légèrement en avant, un sourire conspirateur sur les lèvres.
— Tu es vraiment diabolique, maman. Mais j’adore ça. Et papa ? Tu crois qu’il va remarquer son absence ?
Catherine haussa les épaules, un éclat de mépris dans le regard.
— Ton père est trop absorbé par ses affaires pour remarquer quoi que ce soit. Et même s’il le faisait, il ne pourrait rien prouver. Sophia est partie, et c’est tout ce qu’il a besoin de savoir.
Anna éclata de rire à nouveau, son rire résonnant dans le grand salon comme une mélodie sinistre.
— Eh bien, je suppose que nous pouvons enfin tourner la page. Sophia n’est plus qu’un souvenir. Et nous, nous pouvons continuer à vivre notre vie, sans qu’elle vienne tout gâcher.
Catherine acquiesça, un sourire satisfait sur le visage.
— Exactement. Nous avons fait ce qu’il fallait. Et maintenant, nous pouvons enfin être tranquilles.
Bonne lecture
Sophia avait déjà enduré bien des épreuves depuis son arrivée chez Reeder Corp. Néanmoins, rien ne l’avait préparée à l’épreuve qui allait la mettre en face d’un dilemme qui dépasserait tout ce qu’elle avait imaginé. Un jour, alors qu’elle pensait pouvoir enfin prouver ses compétences par son travail, Clara – toujours implacable dans ses manigances – envoya une convocation inhabituelle. Selon le message, Sophia devait se rendre dans un bureau excentré, dans un quartier discret de la ville, pour rencontrer un certain Monsieur Girard. Le message précisait que la signature d’un contrat avec cet individu était indispensable pour finaliser un partenariat crucial pour Reeder Corp, condition sine qua non pour la pérennité du département de design auquel Sophia appartenait. Sinon, son emploi risquait d’être compromis.Sophia se sentit d’abord déconcertée et indignée : comment pouvait-on lui imposer une rencontre avec un homme dont la réputation laissait planer des non-dits douteux et, pour ne
Alexander Reed, PDG de Reeder Corp, avait toujours été un homme déterminé, guidé par ses propres principes. Mais il y avait une personne dans sa vie qui semblait capable de le faire vaciller : sa grand-mère, Margaret Reed. Femme d’une grande influence et d’un caractère bien trempé, Margaret avait toujours eu des idées bien arrêtées sur ce qui était bon pour sa famille, et surtout pour Alexander.Depuis quelque temps, Margaret s’était mise en tête qu’il était temps pour Alexander de se marier. Elle ne comprenait pas pourquoi son petit-fils, à la tête d’une entreprise florissante, n’avait pas encore trouvé une épouse. Et elle n’hésitait pas à lui rappeler son “manque de priorité” à chaque occasion.Un soir, Alexander était assis dans le salon familial, un verre de whisky à la main, profitant d’un rare moment de calme. Margaret entra dans la pièce, son regard déterminé et son pas assuré.— Alexander, nous devons parler, dit-elle en s’asseyant sur le fauteuil en face de lui.Alexander lev
Sophia avait espéré que son intégration au département de design de Reeder Corp marquerait un nouveau départ, une opportunité de prouver son talent et de construire un avenir meilleur pour ses enfants. Mais dès ses premiers jours, elle sentit une tension palpable autour d’elle. Clara, fidèle à son attitude hostile, semblait déterminée à lui rendre la vie impossible.Sophia remarqua rapidement que certains collègues la regardaient avec méfiance, chuchotant entre eux lorsqu’elle passait. Elle tenta de ne pas y prêter attention, mais les murmures devenaient de plus en plus fréquents. Un jour, alors qu’elle travaillait sur un projet, deux collègues, Lisa et Marc, discutaient à voix basse près de la machine à café.— Tu as entendu parler de la nouvelle ? demanda Lisa, jetant un regard furtif vers Sophia.— Oui, répondit Marc. Clara dit qu’elle a été recrutée uniquement parce que le PDG a insisté. Apparemment, elle n’a pas du tout le niveau.Lisa hocha la tête, son ton devenant plus critiqu
Sophia se tenait devant les grandes portes de la maison familiale, le cœur alourdi par un mélange de nostalgie et de nervosité. Ce lieu, autrefois rempli d’émotions contradictoires, représentait une partie de son passé qu’elle avait soigneusement évité pendant des années. Mais aujourd’hui, elle avait décidé d’y revenir, principalement pour ses enfants. Les triplés, curieux et insouciants, serraient ses mains alors qu’elle inspirait profondément avant de sonner à la porte.Lorsqu’Anna ouvrit, un sourire sarcastique illumina son visage. Ses yeux parcoururent rapidement Sophia et ses enfants, un mélange de surprise et de mépris dans le regard.— Eh bien, regarde qui est de retour, dit Anna d’une voix pleine de moquerie. La grande disparue. Franchement, je croyais que tu avais quitté ce monde pou
Alexander Reed, en tant que PDG de Reeder Corp, avait une aura naturelle d’autorité qui ne passait jamais inaperçue. Suite à sa rencontre fortuite avec Sophia et après avoir examiné ses croquis, une intuition lui disait qu’elle avait un talent qui méritait d’être exploré. Intrigué par ses dessins et par cette impression familière qu’elle lui avait laissée, il avait donné des instructions précises à son assistant Richard.— Assure-toi que cette fille soit recrutée, avait-il dit. Je veux que son dossier soit examiné par le service de design. Il y a quelque chose chez elle qui mérite notre attention.Richard, toujours efficace et méthodique, avait promis de veiller à ce que les choses soient faites selon les souhaits d’Alexander.Quelques jours plus tard, Alexander traversait les couloirs de l’entreprise, réfléchissant à un problème de partenariat stratégique tout en observant distraitement son environnement. Son regard s’arrêta soudain sur une poubelle ouverte près du service de design.
Sophia roulait à travers les rues animées de la ville sur son scooter, une pile de ses brouillons soigneusement attachée dans un sac à l’arrière. Ce jour-là, elle avait décidé de franchir un pas important : postuler pour un poste dans le service de design de la prestigieuse entreprise Reeder Corp. Les années passées à Milan avaient aiguisé son talent, et bien qu’elle soit nerveuse, elle savait que ce travail pourrait marquer un tournant pour elle et ses enfants.Le soleil était haut dans le ciel, aveuglant par moments, et l’agitation de la circulation rendait la conduite plus complexe que d’habitude. Concentrée sur ses pensées, Sophia n’entendit pas le bruit d’une voiture qui approchait à un croisement. En une fraction de seconde, tout bascula.Le scooter heurta l’aile d’une voiture noire brillante avec un bruit sourd, projetant Sophia légèrement sur le côté. Heureusement, elle ne subit qu’un choc mineur et se retrouva rapidement sur ses pieds. Mais son sac à brouillons, mal attaché,