Cinq années avaient passé, presque aussi vite qu’un souffle de vent. Milan avait offert à Sophia et à ses triplés un refuge et un nouveau départ. Elle avait exploré le monde du design avec passion, suivant des cours, créant des projets inspirants, et trouvant dans cette ville une partie d’elle-même qu’elle croyait perdue. Chris, fidèle compagnon et soutien indéfectible, avait partagé chaque moment avec elle, faisant preuve d’une bienveillance et d’une patience hors du commun.
Mais malgré les années et les avancées, un vide persistait au fond du cœur de Sophia. Ce pendentif en jade, cette promesse murmurée dans une nuit lointaine, et la question non résolue d’un père pour ses enfants la hantaient toujours. Un jour, alors qu’elle dessinait dans son petit atelier, entourée des rires de ses triplés, une pensée claire lui traversa l’esprit. Il était temps de rentrer. Il était temps d’affronter son passé.
Chris avait remarqué l’attitude légèrement rêveuse et préoccupée de Sophia ces derniers jours. Ce soir-là, alors qu’ils étaient assis dans le salon, un verre de vin à la main, il décida de briser le silence.
— Sophia, qu’est-ce qui te tracasse ? Je vois bien que quelque chose te perturbe.
Elle posa son verre sur la table, réfléchissant à la meilleure façon de lui dire ce qu’elle avait sur le cœur.
— Chris, j’ai pris une décision. Une grande décision.
Il se redressa légèrement, intrigué.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
Elle inspira profondément avant de répondre.
— Je vais rentrer. Je dois retourner dans mon pays.
Chris resta silencieux un instant, clairement surpris par ses mots. Puis, d’une voix calme, il demanda :
— Tu es sûre de ça ? Après tout ce que tu as construit ici ?
Sophia hocha doucement la tête.
— Oui, je suis sûre. Milan a été merveilleux pour nous, et je suis tellement reconnaissante pour tout ce que tu as fait. Mais… mes enfants ont besoin de savoir qui est leur père. Et moi aussi, j’ai besoin de réponses.
Chris posa son verre sur la table, croisant les mains.
— Sophia, tu sais que je te soutiendrai quelle que soit ta décision. Mais… tu es prête à affronter ce qui t’attend là-bas ? Ta famille, cet homme… Tu n’as aucune garantie qu’il soit encore là ou qu’il soit à ta recherche.
Elle baissa les yeux, réfléchissant à ses paroles.
— Je sais, Chris. Mais je dois essayer. Je ne peux pas vivre avec ces questions toute ma vie. Et si je ne fais rien, mes enfants grandiront sans savoir d’où ils viennent.
Chris hocha lentement la tête.
— Je comprends. Mais tu sais que ce ne sera pas facile. Tu es prête à tout affronter ?
Sophia leva les yeux vers lui, déterminée.
— Oui. Pour mes enfants, je suis prête à tout.
Les jours qui suivirent furent marqués par une effervescence mêlée de nostalgie. Sophia commença à emballer leurs affaires, triant les objets qui avaient marqué leur vie à Milan. Chris, bien qu’attristé par son départ, l’aidait à chaque étape, veillant à ce qu’elle soit prête pour ce grand retour.
Un soir, alors qu’ils étaient assis dans l’atelier de Sophia, entourés de cartons et de valises, Chris engagea une conversation.
— Tu sais, Sophia, ce que tu fais est courageux. Mais j’espère que tu sais que si jamais tu as besoin de revenir ici, Milan sera toujours ta maison.
Elle lui adressa un sourire reconnaissant.
— Merci, Chris. Milan a été une bénédiction pour nous. Mais parfois, il faut affronter son passé pour avancer.
Le jour du retour était enfin arrivé. Après des semaines de préparation, Sophia et ses triplés, désormais âgés de cinq ans, se tenaient à l’aéroport de Milan, prêts à embarquer pour leur vol vers leur pays natal. Les cartons, les valises, les souvenirs soigneusement emballés s’accumulaient autour d’eux. Chris était là, fidèle à lui-même, organisant les détails de dernière minute pour s’assurer que rien ne soit oublié.
Sophia, tout en tenant la main de l’un de ses fils, observa l’agitation autour d’elle. L’effervescence de l’aéroport contrastait avec l’agitation intérieure qu’elle ressentait. Chaque pas qu’elle faisait en direction de l’embarquement semblait la rapprocher de son passé, mais aussi d’un avenir encore incertain.
— Tout est prêt, dit Chris en revenant vers elle après avoir déposé leurs bagages. Il ne reste plus qu’à monter à bord.
Elle hocha la tête, mais son sourire était mélancolique.
— Merci, Chris. Pour tout. Je ne sais pas comment dire au revoir.
Chris lui sourit doucement, ses yeux reflétant à la fois la fierté et une pointe de tristesse.
— Ne dis pas au revoir. Ce n’est qu’un au revoir temporaire. Tu sais que je viendrai te voir dès que je pourrai. Et surtout, souviens-toi que je suis à un appel de distance.
Sophia sentit une larme rouler doucement sur sa joue.
— Tu as été là dans mes moments les plus sombres, et tu es resté. Je ne pourrai jamais te remercier assez pour ça.
Il posa une main rassurante sur son épaule.
— Tu n’as pas à me remercier. Tout ce que je veux, c’est que tu sois heureuse. Tu fais ce qu’il faut pour tes enfants, et je suis certain que tu trouveras les réponses que tu cherches.
Sophia hocha la tête, serrant un peu plus fort la main de son fils.
— J’espère que tu as raison.
Après des heures de vol marquées par les rires légers des enfants et les pensées tourbillonnantes de Sophia, l’avion atterrit enfin. Lorsqu’elle sortit de l’avion, une vague de chaleur et de familiarité l’envahit. Le soleil éclatant baignait l’aéroport de sa lumière dorée, et l’air portait cette odeur qu’elle reconnaissait si bien : une combinaison de terre, de chaleur et d’une promesse d’innombrables souvenirs.
Sophia avançait avec ses enfants, tenant fermement leurs petites mains. Ses pas étaient hésitants, comme si elle craignait de réveiller des fantômes du passé. Mais en même temps, son cœur battait avec une intensité nouvelle. Elle était chez elle.
Alors qu’ils traversaient l’aéroport pour récupérer leurs bagages, Sophia sentit des vagues d’émotions contradictoires monter en elle. Chaque panneau, chaque mot dans sa langue natale, chaque visage familier lui rappelait des fragments de sa vie passée. Elle se tourna vers ses enfants, qui observaient tout autour d’eux avec curiosité.
— On est à la maison, murmura-t-elle doucement.
Dans la salle des arrivées, les passants allaient et venaient, certains accueillant leurs proches avec des éclats de joie, d’autres se précipitant vers leur prochaine destination. Sophia, elle, resta immobile un instant, absorbant l’énergie vibrante autour d’elle. Mais derrière cette agitation, une question persistait : allait-elle trouver ce qu’elle cherchait ici ?
Une fois sortie de l’aéroport, Sophia inspira profondément l’air chaud du soir. Les rues animées, les klaxons des voitures, et les lumières scintillantes lui rappelaient à quel point elle avait manqué cette ville, malgré tout ce qui s’y était passé.
Un taxi les attendait, prêt à les emmener à l’appartement modeste qu’elle avait loué pour commencer ce nouveau chapitre. Pendant le trajet, Sophia regardait par la fenêtre, chaque coin de rue réveillant un souvenir.
Chris avait insisté pour qu’elle lui envoie un message dès son arrivée, et elle ne tarda pas à sortir son téléphone pour lui écrire.
— “Nous sommes arrivés. Tout va bien pour l’instant. La ville a changé, mais elle reste la même. Merci pour tout, Chris.”
En réponse, elle reçut presque immédiatement :
— “Content d’entendre ça. Prends ton temps. Fais-moi signe si tu as besoin de quoi que ce soit. Je suis fier de toi.”
Sophia sourit doucement. Même à des milliers de kilomètres, Chris trouvait toujours les mots pour la réconforter.
Installée dans l’appartement, Sophia s’assit près de la fenêtre, observant la ville qui s’étendait devant elle. Ses enfants dormaient déjà, épuisés par le voyage. Elle, cependant, était incapable de fermer les yeux.
Le pendentif en jade reposait sur la table devant elle, sa surface froide et lisse semblant renfermer toutes les réponses qu’elle cherchait.
Elle murmura doucement, comme si elle s’adressait à lui :
— Es-tu ici ? Me cherches-tu toi aussi ?
Ses pensées dérivèrent vers les souvenirs flous de cette nuit. La promesse qu’il avait faite, le regard intense qu’elle se rappelait par fragments… elle n’avait jamais cessé de penser à lui, même si elle ne connaissait pas son nom.
Elle inspira profondément, déterminée. Peu importe à quel point cela serait difficile, elle savait qu’elle devait aller jusqu’au bout.
Sophia avait déjà enduré bien des épreuves depuis son arrivée chez Reeder Corp. Néanmoins, rien ne l’avait préparée à l’épreuve qui allait la mettre en face d’un dilemme qui dépasserait tout ce qu’elle avait imaginé. Un jour, alors qu’elle pensait pouvoir enfin prouver ses compétences par son travail, Clara – toujours implacable dans ses manigances – envoya une convocation inhabituelle. Selon le message, Sophia devait se rendre dans un bureau excentré, dans un quartier discret de la ville, pour rencontrer un certain Monsieur Girard. Le message précisait que la signature d’un contrat avec cet individu était indispensable pour finaliser un partenariat crucial pour Reeder Corp, condition sine qua non pour la pérennité du département de design auquel Sophia appartenait. Sinon, son emploi risquait d’être compromis.Sophia se sentit d’abord déconcertée et indignée : comment pouvait-on lui imposer une rencontre avec un homme dont la réputation laissait planer des non-dits douteux et, pour ne
Alexander Reed, PDG de Reeder Corp, avait toujours été un homme déterminé, guidé par ses propres principes. Mais il y avait une personne dans sa vie qui semblait capable de le faire vaciller : sa grand-mère, Margaret Reed. Femme d’une grande influence et d’un caractère bien trempé, Margaret avait toujours eu des idées bien arrêtées sur ce qui était bon pour sa famille, et surtout pour Alexander.Depuis quelque temps, Margaret s’était mise en tête qu’il était temps pour Alexander de se marier. Elle ne comprenait pas pourquoi son petit-fils, à la tête d’une entreprise florissante, n’avait pas encore trouvé une épouse. Et elle n’hésitait pas à lui rappeler son “manque de priorité” à chaque occasion.Un soir, Alexander était assis dans le salon familial, un verre de whisky à la main, profitant d’un rare moment de calme. Margaret entra dans la pièce, son regard déterminé et son pas assuré.— Alexander, nous devons parler, dit-elle en s’asseyant sur le fauteuil en face de lui.Alexander lev
Sophia avait espéré que son intégration au département de design de Reeder Corp marquerait un nouveau départ, une opportunité de prouver son talent et de construire un avenir meilleur pour ses enfants. Mais dès ses premiers jours, elle sentit une tension palpable autour d’elle. Clara, fidèle à son attitude hostile, semblait déterminée à lui rendre la vie impossible.Sophia remarqua rapidement que certains collègues la regardaient avec méfiance, chuchotant entre eux lorsqu’elle passait. Elle tenta de ne pas y prêter attention, mais les murmures devenaient de plus en plus fréquents. Un jour, alors qu’elle travaillait sur un projet, deux collègues, Lisa et Marc, discutaient à voix basse près de la machine à café.— Tu as entendu parler de la nouvelle ? demanda Lisa, jetant un regard furtif vers Sophia.— Oui, répondit Marc. Clara dit qu’elle a été recrutée uniquement parce que le PDG a insisté. Apparemment, elle n’a pas du tout le niveau.Lisa hocha la tête, son ton devenant plus critiqu
Sophia se tenait devant les grandes portes de la maison familiale, le cœur alourdi par un mélange de nostalgie et de nervosité. Ce lieu, autrefois rempli d’émotions contradictoires, représentait une partie de son passé qu’elle avait soigneusement évité pendant des années. Mais aujourd’hui, elle avait décidé d’y revenir, principalement pour ses enfants. Les triplés, curieux et insouciants, serraient ses mains alors qu’elle inspirait profondément avant de sonner à la porte.Lorsqu’Anna ouvrit, un sourire sarcastique illumina son visage. Ses yeux parcoururent rapidement Sophia et ses enfants, un mélange de surprise et de mépris dans le regard.— Eh bien, regarde qui est de retour, dit Anna d’une voix pleine de moquerie. La grande disparue. Franchement, je croyais que tu avais quitté ce monde pou
Alexander Reed, en tant que PDG de Reeder Corp, avait une aura naturelle d’autorité qui ne passait jamais inaperçue. Suite à sa rencontre fortuite avec Sophia et après avoir examiné ses croquis, une intuition lui disait qu’elle avait un talent qui méritait d’être exploré. Intrigué par ses dessins et par cette impression familière qu’elle lui avait laissée, il avait donné des instructions précises à son assistant Richard.— Assure-toi que cette fille soit recrutée, avait-il dit. Je veux que son dossier soit examiné par le service de design. Il y a quelque chose chez elle qui mérite notre attention.Richard, toujours efficace et méthodique, avait promis de veiller à ce que les choses soient faites selon les souhaits d’Alexander.Quelques jours plus tard, Alexander traversait les couloirs de l’entreprise, réfléchissant à un problème de partenariat stratégique tout en observant distraitement son environnement. Son regard s’arrêta soudain sur une poubelle ouverte près du service de design.
Sophia roulait à travers les rues animées de la ville sur son scooter, une pile de ses brouillons soigneusement attachée dans un sac à l’arrière. Ce jour-là, elle avait décidé de franchir un pas important : postuler pour un poste dans le service de design de la prestigieuse entreprise Reeder Corp. Les années passées à Milan avaient aiguisé son talent, et bien qu’elle soit nerveuse, elle savait que ce travail pourrait marquer un tournant pour elle et ses enfants.Le soleil était haut dans le ciel, aveuglant par moments, et l’agitation de la circulation rendait la conduite plus complexe que d’habitude. Concentrée sur ses pensées, Sophia n’entendit pas le bruit d’une voiture qui approchait à un croisement. En une fraction de seconde, tout bascula.Le scooter heurta l’aile d’une voiture noire brillante avec un bruit sourd, projetant Sophia légèrement sur le côté. Heureusement, elle ne subit qu’un choc mineur et se retrouva rapidement sur ses pieds. Mais son sac à brouillons, mal attaché,