Chapitre 6

Il a serré les poings, mais il n’a pas réagi tout de suite.

Émilie a vu cela, a aussitôt saisi le bras de Louis et a lancé un regard méprisant à tous les camarades.

« Alors, vous êtes juste jaloux de la beauté de Louis. Même s’il ne peut plus dessiner, avec son visage, il peut facilement entrer dans le showbiz et gagner plus que vous, pauvres intellos, n’en gagnerez jamais de votre vie. Pff, à quoi ça sert d’être bon en classe ? »

Je ne savais vraiment pas si je devais la dire naïve ou stupide, elle a réussi à offenser toute la classe en quelques phrases.

« Ah, j’ai hâte de voir notre ancien prodige briller au sommet ! »

Un garçon l’a dit d’un ton moqueur.

Émilie ne lui a même pas répondu, elle m’a jeté un regard provocant, puis s’est tournée pour entourer le cou de Louis avec ses mains.

« Louis, embrasse-moi. »

Louis a posé ses mains sur ses épaules et a baissé la tête avec un air un peu gêné, « Arrête, il y a plein de gens ici. »

Émilie a ricané, « Quoi ? Tu as peur ? Ou bien tu n’arrives pas à faire ça devant ta petite copine d’enfance ? »

J’ai froncé les sourcils, mais avant que je parle, Louis a dit : « Qu’est-ce que tu racontes ? Tu sais bien qu’il n’y a jamais rien eu entre Léa et moi. »

« Avant peut-être pas, mais à l’instant, tes yeux ne la quittaient plus… »

« Attendez, vous deux. » Je ne pouvais pas me retenir, je me suis levée pour les arrêter.

« Vous deux, écoutez-moi, aujourd’hui c’est une réunion de classe. Si vous voulez flirter, trouvez un endroit plus discret. Ce n’est pas la peine de gâcher ce qui pourrait être notre dernière réunion à tous. Et, s’il vous plaît, ne m’incluez pas dans vos disputes, c’est franchement dégoûtant. »

Ce mot « dégoûtant » a soudain déclenché la colère d’Émilie. Elle s’est précipitée vers moi et m’a pointée du doigt en criant.

« Tu fais semblant ? Tu crois que je ne sais rien ? Il y avait encore une lettre d’amour pour Louis dans ton cahier de concours de maths. C’est toi, la plus dégoûtante. »

Une lettre d’amour dans le cahier de concours de maths ?

Après mon réveil dans cette nouvelle vie, je l’avais brûlée.

Alors Émilie le savait déjà, à l’époque où je la considérais encore comme une amie.

Il y avait donc vraiment des gens capables de voler l’amour secret de leur amie.

Je devais admettre qu’autrefois, j’étais vraiment aveugle en choisissant mes amis.

« Alors, tu n’oses pas l’admettre ? Léa, tu es hypocrite. Tu sais pourquoi Louis m’aime et pas toi ? À cause de ton hypocrisie. »

Louis a froncé les sourcils et l’a tirée doucement, « Ça suffit, Émilie, tu es ivre. »

Émilie a repoussé sa main et a continué : « Tu es trop hypocrite. Tu dis une chose et tu fais le contraire. Regarde le concours de maths : si quelqu’un m’avait enfermée pour m’empêcher d’y participer, je me serais vengée. »

« Et toi, tu fais semblant d’être généreuse ? Tu croyais vraiment que Louis allait se sentir coupable et revenir vers toi ? »

Tous les camarades regardaient silencieusement la scène, et il y avait bien de la culpabilité dans les yeux de Louis.

« À propos de ça. » J’ai souri en m’approchant d’Émilie. « J’étais trop concentrée sur mes études pour penser à me venger, mais tu m’as empêchée de participer au concours et de gagner ma recommandation. Cette gifle, tu la mérites. »

Après avoir dit cela, je lui ai collé une gifle violente en pleine figure.

« Léa, tu as osé me frapper ! » Émilie a presque perdu la tête et a essayé de me rendre la gifle.

Les camarades m’ont tout de suite protégée derrière eux, et Louis l’a tirée en arrière.

Je l’ai regardée froidement. « Émilie, c’est normal d’avoir de l’attirance pour le sexe opposé à l’adolescence, surtout quand c’est quelqu’un qui m’a tant apporté pendant plus de dix ans. »

« Mais je n’ai pas laissé ce sentiment l’affecter, ni me troubler moi-même. J’ai agi avec une conscience claire. Qu’y a-t-il à cacher là-dedans ? »

« Et puis, pour reprendre ce qu’Emma vient de dire : tout le monde ne considère pas Louis comme un trésor. »

« Son amour, ça vaut combien ? »

Le sourire de Louis a disparu, et j’ai vu dans ses yeux une émotion que je ne pouvais pas déchiffrer.

J’ai terminé ma phrase, j’ai levé un verre de jus aux camarades. « Désolée, tout le monde. Je vais y aller. »

C’était dégoûtant, peu importe à qui cela arrivait. Quelques filles proches de moi se sont levées en crachant, « Quelle bande de minables, c’est écœurant. Léa, on rentre avec toi. »

Nous sommes sorties du KTV. Elles ne prenaient pas le même chemin que moi, alors elles sont parties en premier. J’ai attendu un taxi au bord de la route.

Le vent d’une nuit d’été était encore tiède, mais ce n’était pas désagréable sur la peau.

J’ai entendu des pas derrière moi, et quand je me suis retournée, j’ai vu que c’était Louis.

Il a tiré une bouffée de cigarette. « Ce qu’Émilie a dit tout à l’heure, ne le prends pas mal. Elle a juste la langue dure et le cœur tendre, ce n’était pas dirigé contre toi. »

J’ai regardé les néons au loin, et tout à coup, j’ai trouvé la ville immense. J’y étais comme une fourmi.

Tout à coup, j’ai compris que des étoiles et des océans m’attendaient au loin. Perdre du temps avec un couple aussi minable était absurde.

« Louis, je vais te dire un secret… enfin, pas vraiment un secret : je t’ai vraiment aimé. »

Sans lui laisser le temps de répondre, j’ai enchaîné : « Mais j’ai compris ensuite que tu ne méritais pas mes sentiments. T’es juste un mec pourri. T’avoir aimé, c’était de la bêtise. Et j’ai toujours voulu te demander : tu es heureux avec Émilie ? »

Le regard de Louis est devenu scrutateur, puis il a vite pris une décision, « Toi… toi aussi, tu es revenue dans le passé ? »

Je n’ai pas essayé de le cacher. J’ai hoché la tête, « Oui, je suis revenue. »

« La nuit où tu t’étais coupé les veines et qu’on t’avait emmené à l’hôpital, quand tu avais croisé mon chemin et prononcé cette phrase, je savais que toi aussi, tu étais revenu. »

Louis est resté silencieux longtemps, puis il m’a dit : « Je suis désolé. J’ai été trop extrême dans la vie d’avant. Je t’ai fait du mal. »

Je me suis retournée pour le regarder. Il n’était plus le garçon de mes souvenirs. La chemise blanche semblait déplacée sur lui.

Je l’ai fixé et j’ai dit lentement, mot par mot : « Si tu veux vraiment t’excuser, alors saute du pont avec Émilie maintenant. Sinon, ne me dis rien. Je n’accepte pas tes excuses. »

Louis ne s’était pas attendu à ça. Il m’a regardée, figé.

J’ai soudain ri, « Je plaisantais, ne va surtout pas vraiment sauter dans la mer avec Émilie, sinon je deviendrais une meurtrière, ça nuirait à mon avenir. »

« Rassure-toi, je ne dirai rien et je ne ferai rien qui puisse nuire à ta relation avec Émilie. »

« Ah, et si j’avais su comment ça finirait dans la vie d’avant, je n’aurais jamais choisi d’en parler à tes parents, pour que tu ne me haïsses pas autant. »

Louis a baissé la tête. « C’est moi qui t’ai fait du tort auparavant. Mais je veux juste dire que tout ça n’a rien à voir avec Émilie. Ne lui en veux pas. »

Je l’ai interrompu, « Louis, j’espère qu’on n’aura plus aucun lien. À l’avenir, faisons comme si on ne se connaissait pas. »

Je croyais qu’il regrettait vraiment ce qu’il avait fait dans la vie précédente.

Je ne m’étais pas attendue à ce que sa seule préoccupation soit que je garde rancune à Émilie.

Je l’avais vraiment surestimé autrefois.

Émilie a couru hors du KTV et nous a vus, Louis et moi, en train de parler au bord de la route.

Elle a crié en courant vers nous, puis elle a giflé Louis violemment.

« Louis, dès que j’ai le dos tourné, tu dragues cette salope ? Tu veux me larguer pour retourner vers ta petite amie d’enfance ? »

« Tu n’as vraiment aucune conscience ? Tu sais que j’ai été recalée de l’école d’art à cause de toi ? »

« Je suis enceinte de ton enfant, je ne peux plus devenir une star. »

« J’ai tout sacrifié pour toi, et c’est comme ça que tu me remercies ? »

Je l’ai regardée, étonnée. Elle était enceinte ?

Un taxi est arrivé. Juste avant de monter, une idée malicieuse m’a traversé l’esprit.

Je me suis approchée de l’oreille d’Émilie et j’ai dit, assez fort pour que Louis entende aussi : « Émilie, ne va surtout pas dans une clinique clandestine pour avorter, tu pourrais y laisser ta vie. »

Dès que j’ai fini ma phrase, j’ai ouvert la portière et je suis montée dans le taxi.

J’avais peur que s’il lui arrivait quelque chose, Louis, ce taré, veuille encore se venger de moi.

En repensant au visage stupéfait d’Émilie, j’ai éclaté de rire, soulagée.