Semua Bab Les ombres de Valvery : Bab 151 - Bab 160

ÉléonoreUn silence assourdissant emplit le cloître.Les révélations viennent de frapper, mais je peine encore à les assimiler.Cette femme… non, cette partie de moi-même se tient là, face à moi, attendant que je comprenne l’inévitable.Je sens la présence d’Andréas derrière moi, tendue, prête à intervenir à la moindre menace. Mais il ne comprend pas ce que je ressens.Ce n’est pas une simple étrangère.C’est une vérité enfouie, un secret que mon âme avait oublié.— Nous avons été séparées… mais aujourd’hui, nous devons nous réunir.Sa voix résonne en moi comme un écho ancien, un murmure issu des âges.Je déglutis, le cœur battant.— Qu’est-ce que cela signifie ?Elle s’approche, et instinctivement, Andréas se place entre nous.— Reste où tu es.Son ton est tranchant, protecteur.Mais elle ne semble pas troublée.— Il ne peut pas comprendre.Son regard mordoré se pose sur moi.— Éléonore, tu es incomplète. Depuis le jour où nous avons été séparées, une partie de toi est restée dans l’

Andréas Je ressens sa tension même dans son immobilité.Je sais qu’il m’observe dès que je tourne le dos.Je sais qu’il doute.Je sais qu’il s’interroge.Moi aussi.Je traverse les couloirs du domaine, mes pas silencieux sur les tapis épais.Je devrais être fatiguée.Mais je ne le suis pas.Je ressens l’énergie circuler en moi, vibrer sous ma peau, crépiter comme une tempête contenue.Et plus que tout…Je ressens l’appel.Un murmure au creux de mon esprit.Un fil invisible qui me tire vers l’extérieur.Vers la forêt.Vers elle.Sans réfléchir, je pousse les lourdes portes et sors dans la nuit glacée.L’air est frais, chargé de l’odeur humide des feuilles et de la terre.La lune brille haut dans le ciel, projetant une lueur argentée sur le sentier devant moi.Je marche sans hésiter.Chaque pas m’éloigne du domaine, m’enfonce un peu plus dans l’obscurité des bois.Et pourtant, je ne ressens aucune peur.Seulement cette certitude froide et absolue :Je suis attendue.Je l’aperçois enfin

AndréasJe prends sa main, la serre doucement.Puis je prononce les mots qui scellent notre destin :— Temps de réveiller les ombres.La nuit est encore jeune quand je me réveille en sursaut.Quelque chose ne va pas.Le silence est trop pesant, trop immobile.Je tends l’oreille, mes sens en alerte.Puis je la vois.Éléonore est debout, au pied du lit, une main posée sur la fenêtre ouverte. Son regard est fixé sur la lune, et son corps semble… différent.Sa silhouette est baignée d’une étrange lumière argentée. Ses cheveux, d’ordinaire sombres, reflètent des nuances presque irréelles.Un frisson me parcourt.— Éléonore ?Elle ne répond pas immédiatement.Ses doigts effleurent le rebord de la fenêtre, comme si elle pouvait y capter un murmure que moi seul ne pouvais entendre.Puis enfin, elle tourne la tête vers moi.Son regard n’est plus le même.Il y a quelque chose de plus profond, de plus ancien.Et ça me terrifie.— Ils arrivent, murmure-t-elle.Mon estomac se noue.— Qui ça ?Elle

ÉléonoreL’air autour de nous devient irrespirable.Les ombres grondent comme un orage en cage, prêtes à nous engloutir à la moindre erreur. Je sens la main d’Andréas serrer la mienne, sa chaleur me ramenant à l’instant présent.— On ne peut pas fuir, murmure-t-il.— Non, on ne peut plus.Léthia nous observe, son sourire indéchiffrable flottant sur ses lèvres pâles.— Enfin, vous comprenez.Elle lève les bras et, d’un mouvement fluide, étend son influence sur les ombres. Elles se tordent, se rassemblent, formant une immense silhouette. Une créature née du néant, aux yeux brillants d’un rouge incandescent.— Il est temps de faire votre choix, continue Léthia. Mourir maintenant… ou mourir plus tard.Son ton est moqueur, mais je devine l’impatience sous ses mots.Elle aussi, elle est piégée.Tout comme nous.— Il y a forcément une autre issue, dis-je d’une voix rauque.— Oh, mais il y en a une, ma chère, répond Léthia avec un éclat de malice. Seulement, êtes-vous prêts à en payer le prix

ÉléonoreJe me pince les lèvres et serre les poings.— Qu’est-ce qui ne va pas chez moi… ?Ma voix tremble légèrement.Je secoue la tête, chassant cette impression absurde. Peut-être que je suis juste fatiguée. Peut-être que tout va bien.Mais alors… pourquoi ai-je l’impression d’avoir laissé quelque chose derrière moi ?Quelqu’un.Le NéantAndréasLe néant m’enlace comme une mer obscure, m’absorbant tout entier.Il n’y a plus de haut ni de bas. Plus de lumière ni d’ombre. Juste un vide absolu.Je flotte, dépourvu de forme, dépourvu de tout.Je n’ai pas mal.Je n’ai pas froid.Je n’ai… rien.Même mes pensées se diluent dans cet espace infini, se fragmentant avant de disparaître complètement.Un murmure traverse le néant.Un écho brisé.Un nom.Éléonore.Je ne sais plus qui elle est.Mais ce nom… il fait vibrer quelque chose en moi, une lueur vacillante au cœur de cette obscurité totale.Je tends la main, ou du moins j’essaie. Mais j’ai oublié ce que c’est qu’avoir un corps.Le néant e