Dans la petite cour de sa maison, Maïssa traçait des lettres dans la terre.Elle n’écrivait pas pour être lue.Elle écrivait pour ressentir.Des lettres en wolof, en peul, en sérère, en bambara, en langue qu’elle ne parlait pas mais que son corps reconnaissait.Une voisine la regardait souvent faire. Elle demandait parfois :— Tu fais des cartes ?Et Maïssa répondait :— Non. Je trace les chemins qu’on n’a pas pris. Et je les laisse s’effacer.Car ce qu’elle cherchait à laisser, ce n’était pas une œuvre.C’était une empreinte souple. Une mémoire qui s’adapte. Qui se dépose, et repart si elle n’est pas accueillie.Dans un village du Saloum, une enfant organisa la première “veillée de l’eau”.Elle avait sept ans.Son père était pêcheur. Sa mère, muette depuis l’accident du port.Un soir, l’enfant dit :— Moi je vais parler pour elle. Et pour l’eau. Et vous m’écoutez, mais vous devez fermer les yeux.Ils s’exécutèrent.Et elle dit :“L’eau n’aime pas qu’on l’appelle ‘ressource’.Elle pré
Last Updated : 2025-06-14 Read more