Semua Bab LA HAQUEUSE ET LE MAFIEUX : Bab 41 - Bab 50

LucianoElle dort encore.Allongée sur le côté, les cheveux en désordre, les jambes mêlées aux draps.Et moi, je ne bouge pas. Je la regarde. Je la grave.Chaque respiration. Chaque frémissement de ses cils. Chaque battement de son cœur contre mon bras.J’ai passé des mois à rêver de ça.À me raccrocher à cette image d’elle, calme, vivante, à l’abri.Mais la réalité…La réalité est bien plus violente.Parce qu’elle est là, oui. Mais je vois aussi ce que je lui ai laissé : le vide, les silences, l’absence.Elle a tenu sans moi.Et moi, je suis revenu avec des ombres que je n’ai pas encore nommées.Je l’effleure du bout des doigts. Son épaule nue.Et je murmure, comme une promesse faite à moi-même :— Je vais tout réparer.Mais même en le disant, je sais que certaines choses ne se réparent pas.Elles se portent.Ensemble. Ou pas.Elle ouvre les yeux. Lentement.Elle me regarde, sans sourire cette fois.— Tu ne dors jamais très longtemps, hein ?Je secoue la tête.— Pas vraiment. Pas enc

SashaIl fait encore nuit quand j’ouvre les yeux.La chambre est plongée dans une pénombre épaisse, presque irréelle. Une lumière bleue, froide, filtre à travers les rideaux mal fermés, découpant nos corps emmêlés dans des ombres tremblantes. Je suis blottie contre lui. Sa peau contre la mienne. Mais je le sens déjà loin.Luciano dort à peine. Je le perçois dans sa façon de respirer, dans la tension de ses muscles sous ma paume posée sur son ventre. Comme s’il attendait que quelque chose ou quelqu’un vienne cogner à la porte. Comme si cette nuit, aussi belle et brûlante qu’elle ait été, n’avait été qu’un sursis.Je garde les yeux fermés quelques secondes. À écouter. À deviner ce qu’il pense, ce qu’il craint. Ce qu’il va falloir affronter.— Tu ne dors pas, hein ? je murmure contre sa peau, sans bouger.— Non.Il n’a pas besoin d’en dire plus. Une seule syllabe, et c’est tout l’équilibre fragile qui s’effondre. Ce ton, je le connais. C’est celui qu’il prend quand il va devoir tout me d

LucianoMinuit passé. L’air est plus dense, plus sale. L’adresse clignote encore sur l’écran du téléphone. Une rue industrielle en périphérie, entre deux hangars désaffectés. L’endroit parfait pour une embuscade. Ou pour un pacte avec le diable.Sasha enfile sa veste sans un mot. Sa main passe sur sa cuisse. Le cran d’arrêt est bien là. Elle a noué ses cheveux. Une mèche rebelle lui barre le front, et je la fixe un instant, comme si j’allais la perdre.— Tu es sûre ? je murmure.Elle me regarde. Un regard de feu, un serment.— Tu m’as déjà vue reculer, Luciano ?Non. Jamais. Et ce soir encore, elle ira jusqu’au bout.Je vérifie mon arme. Le métal est froid, familier. Mon manteau couvre mes épaules, et mon silence couvre mes intentions.On descend. Deux ombres dans une ville trop calme. Le moteur ronronne sous nos mains. Les phares éventrent l’obscurité. Le chemin est court, trop court.On arrive.Un lampadaire grésille. Trois voitures. Une porte entrouverte.Je sors le premier. J’avan

SashaJe pensais qu’il avait tout donné.Qu’il m’avait déjà tout montré.Mais Luciano…Luciano, quand il aime, quand il cède, il ouvre des portes qu’on ne referme jamais.Son regard m’attrape à la gorge, comme une liane qui serre lentement, inexorablement.Ses mains ne sont pas encore sur moi, et pourtant je sens déjà leur poids, leur faim.Son souffle… mon Dieu, son souffle…Il se faufile entre mes côtes, glisse dans mes failles, rallume ce que j’avais cru éteint depuis des années.Il me soulève sans prévenir. Sans douceur.M’allonge sur le canapé défait, les coussins en désordre, témoins muets de notre passion naissante.Il me dévore du regard, comme s’il voulait imprimer mon visage dans sa mémoire, s’assurer que je suis bien réelle, là, malgré la noirceur qu’il traîne comme une armure.— Dis-le, murmure-t-il contre mes lèvres, sa voix rauque à peine audible.— Dis-moi que tu as envie. Que tu veux plus que ce qu’on peut supporter.Je le regarde dans les yeux, cette fois, sans menson

LucianoJe n’ai plus froid.Je n’ai plus peur.Je suis une lame.Et cette nuit, j’ai saigné.Le cadavre que Sasha a abattu repose encore sur le sol, une flaque de sang s’étendant lentement sous lui, comme une ombre qui refuse de mourir. Je passe devant sans détourner le regard. Je veux qu’elle sache. Ce qu’elle a fait. Ce qu’elle est devenue.Et que je l’aime encore plus pour ça.C’était lui ou moi. Elle a choisi.Et ce choix a le goût du sang, de la loyauté, de l’instinct.Je suis fier.Et en colère.Contre moi.Contre Marco.Contre ce monde qui nous pousse à tuer pour rester vivants.Dans la cuisine, je remplis un verre d’eau. Pas pour moi. Pour elle.— Bois, murmuré-je. Tu trembles.Elle le prend. L’avale d’un trait. Puis repose le verre si fort qu’il éclate sur le comptoir. Elle sursaute. Un petit cri rauque, étranglé. Comme si la réalité la frappait enfin.— Pardon, souffle-t-elle.Elle regarde ses mains. Celles qui ont tiré. Celles qui ont arraché une vie.Je m’approche. Je pren