Dans les entrailles d’une ville gangrenée par le crime et les réseaux souterrains, Sasha, une haqueuse indépendante, vit de missions illégales, sans jamais se mêler aux affaires des cartels. Jusqu’au jour où elle pénètre une base de données ultra-protégée… et tombe sur le nom de Luciano Moretti, parrain de la mafia italienne, craint et intouchable. Elle pense pouvoir s’en sortir sans laisser de trace. Elle se trompe. Luciano la retrouve. Mais au lieu de la faire disparaître, il lui propose un pacte : ses compétences contre sa vie. En apparence, c’est un accord. En vérité, c’est une captivité dorée, dangereuse, envoûtante. Sasha tente de résister, de trouver une faille. Mais Luciano est aussi fascinant que redoutable, et chaque jour passé à ses côtés brouille un peu plus ses lignes de code et de cœur. Entre complots, trahisons, réseaux criminels et attirance interdite, ils vont devoir choisir : se détruire ou s’unir pour faire tomber l’empire.
Lihat lebih banyakSASHA
Les chiffres dansent devant mes yeux.
Des lignes de code défilent à une vitesse folle.
Je suis dedans.
Le monde extérieur s’efface. Le béton froid du hangar devient un écho lointain, l’odeur de métal et d’huile brûlée ne me touche plus. Il n’y a plus que moi, le clavier, et cette brèche minuscule dans la forteresse numérique du cartel Moretti. Le genre de faille que personne ne voit. Sauf moi. Parce que je vis pour ça. Pour l’impossible. Pour l’interdit.
La pluie martèle le toit en tôle comme une mitraillette. Le bruit est assourdissant, presque hypnotique. Mes doigts glissent sur les touches sans hésitation. Chaque commande que j’entre me rapproche d’une vérité qu’aucun humain ne devrait connaître.
Je suis à la frontière du néant. Une erreur, et je meurs. Pas de procès. Pas de seconde chance.
Mais je souris.
Parce que je suis à deux lignes de toucher le cœur du monstre.
Une porte cryptée clignote sur mon écran. Sa surface est noire, brillante, intimidante. Elle pulse, comme un organe vivant, protégé par une triple sécurité biométrique et un algorithme mouvant. Un système conçu pour être inviolable. Une chimère. Un avertissement.
Je n’en ai rien à foutre.
Je déploie mon cheval de Troie, injecte la première phase de mon virus une bête numérique affamée qui se faufile entre les lignes de défense. Le système résiste. Je souris plus fort. Le défi m’excite. Chaque barrière que je franchis est un frisson, une victoire, un cri silencieux dans ma tête.
Et puis, je le vois.
Operation Cendres.
Trois mots. Mais mon instinct s’enflamme.
Les dossiers liés sont cryptés en profondeur. Pas du trafic de drogue ordinaire. Pas de la contrebande ou du blanchiment. Non. C’est autre chose. Plus sombre. Plus personnel. Je sens la tension du système autour de cette clé. Je sens qu’elle ne devait jamais être vue. Et moi, je regarde.
Je suis à deux secondes de tout ouvrir. Deux secondes d’éternité.
Je clique.
Et le monde s’effondre.
ERREUR SYSTÈME.
ALERTE ACTIVE.
TRACE DÉTECTÉE.
— Merde…
La panique, immédiate. Physique. Comme une gifle.
Je frappe les raccourcis. Coupe l’alimentation. Le système lutte, se débat. J’efface les logs. Je crame les ponts. Mon disque dur est réduit en poussière par une impulsion magnétique. Je débranche tout. Mon cœur bat dans ma gorge.
Je n’ai pas le temps de réfléchir.
Je dois disparaître. Maintenant.
Je ramasse mon sac déjà prêt, attrape la clé contenant le fragment que j’ai pu extraire, et me faufile par la trappe arrière du hangar. La nuit m’avale. Le froid me déchire les os. La pluie est glaciale, mais je cours. À travers les ruelles, les flaques, les ombres. Chaque silhouette pourrait être une arme. Chaque feu de voiture, un guet-apens.
Je viens de voler quelque chose à l’homme le plus dangereux d’Europe.
Et il ne le laissera pas passer.
LUCIANO
L’orage fait vibrer les vitres blindées de mon bureau.
Un éclair découpe le ciel, révélant un décor que peu ont eu le droit de voir. Bois sombre. Livres anciens. Un mur entier couvert d’écrans. Le reste de la pièce est plongé dans une pénombre contrôlée.
Je joue aux échecs contre moi-même. Un roi blanc isolé. Piégé par la lente avancée d’un fou noir.
Mon téléphone vibre trois fois. Une vibration grave. Codée.
Je ne bouge pas. Mateo entre. L’air fermé. Les yeux sombres.
— Quelqu’un a tenté d’entrer dans Cendres.
Je ne réponds pas tout de suite. Je me lève, tourne la tête vers l’écran. L’image est claire. Une tentative de pénétration. Mais pas une erreur de débutant. Non. Une intrusion méthodique. Calculée. Audacieuse.
— Combien de niveaux franchis ?
— Tous. Jusqu’à la dernière serrure.
— Et l’empreinte ?
— Unique. Un virus personnalisé. Non répertorié. Origine masquée, mais j’ai isolé un fragment. On cherche encore le vecteur d’entrée.
Je tends la main. Mateo me donne la clef. Je l’analyse. J’en reconnais le style. La signature d’un esprit dangereux. Une tueuse de codes. Une sorcière de silicium.
— Qui ?
Mateo hésite. C’est ce qui m’inquiète. Il sait que je déteste attendre.
— C’est une femme.
Je reste silencieux.
Puis je souris. Un rictus sans chaleur.
C’est rare. Une femme capable d’un tel exploit. Rarissime. Mais plus encore : elle ne savait pas. Elle ne pouvait pas savoir ce qu’elle a touché. Ce qu’elle a réveillé.
Cendres, c’est plus qu’un projet. C’est une promesse. Une fin.
— Je veux tout savoir. Nom. Visage. Dents. ADN. Rêves. Cauchemars.
— Bien, monsieur. On lance la traque ?
— Pas encore. Laisse-la croire qu’elle a fui. Observe-la. Pousse-la à refaire surface. Et ensuite…
Je fixe le pion blanc, seul sur l’échiquier.
— … on ferme la grille.
SASHA
Je traverse des frontières comme on traverse des rêves.
Une fausse identité. Une perruque. Un accent. Chaque jour, je me transforme.
Je ne dors plus.
Je ne mange plus vraiment.
Mais j’écoute. Et j’attends.
Des rumeurs courent dans les réseaux sombres. Quelqu’un cherche. Quelqu’un paie cher. Très cher.
Et dans le code… dans les recoins du darknet, j’ai senti son empreinte. Il est là. Partout. Invisible. Comme une bête tapie dans le réseau. Il sait. Il me traque. Il ne se précipite pas.
Il savoure.
Mais moi aussi, j’ai mes armes.
Je trace. Je piège. Je contre-attaque.
Je veux comprendre ce qu’est Cendres.
Je veux savoir pourquoi ce fichier était si protégé, si sacré.
Et peut-être… peut-être qu’une partie de moi veut le revoir.
Pas en chair et en os. Pas encore. Mais en présence. En trace.
En frisson.
Je ne sais pas ce qui me pousse à rester connectée. À rester si proche de la ligne rouge.
Mais je sens que ce n’est plus seulement une guerre de données.
C’est une partie d’échecs.
Et je refuse d’être un pion.
Sasha Je suis encore sous le choc de ce qui vient de se passer. Le monde autour de moi semble avoir perdu sa stabilité, comme un vaisseau pris dans une mer agitée. Les images du laboratoire, des machines qui se détruisaient, des systèmes qui s’effondraient, défilent dans mon esprit comme un film sans fin. Mais tout cela se dissipe peu à peu, remplacé par une sensation étrange, l’impression d’un poids qui se pose sur moi, léger mais persistant, comme une promesse de quelque chose qui se prépare.Luciano ne dit rien pendant le trajet, et c’est comme si nous étions dans un autre monde, l’un où le temps ne s’écoule pas de la même manière. La voiture glisse sur l’asphalte, ses phares illuminant la route déserte devant nous. L’air est froid, pénétrant, et pourtant je me sens en sécurité, comme si ce froid était la seule chose qui me permettait encore de rester ancrée dans la réalité.Il ne parle pas, mais je peux sentir la tension qui émane de lui. C’est un silence lourd, presque palpable,
AshaJe l’entends avant de le voir.Le bruit du vent, comme une promesse, un souffle lourd porté par l’inévitable. Il m’atteint dans cette pièce stérile, glacée, qui ne fait écho qu’à des murmures de souffrance lointains. Le monde dehors n’a pas changé, il est toujours ce que nous avons quitté. Toujours aussi vide, aussi désespéré. Mais à l’intérieur de ce laboratoire de verre, dans ce temple où les mensonges se tissent et se brisent, il n’y a plus rien de ce qu’il était. Plus rien de ce qu’ils nous ont appris à être. Il y a seulement des ruines.Et nous.Je suis là, figée contre un mur fracturé, dans cette lumière tremblante, mon souffle s’éteignant dans l’air froid. Et je le vois. Lui. Sa silhouette se dessine dans la pénombre, l’ombre qu’il porte désormais lui donne une allure autre, comme une spectre du passé qui refait surface. Le regard autrefois froid, calculateur, a disparu, englouti par une souffrance infinie. Il est un homme brisé, forgé par la vérité qu’il a vue, par ce mon
AshaJe le vois franchir le seuil.Luciano.Il se tient là, dans l’ombre, une silhouette floue dans l’obscurité de la pièce. Mais les contours de son visage, eux, sont parfaitement clairs. Ses traits sont tirés, comme sculptés dans la douleur, les muscles de son cou tendus à l’extrême, une vibration presque palpable dans l’air. Ses yeux… ses yeux ne sont plus les mêmes.Il n’y a plus ce vide froid, cette impassibilité calculée qui m’avait glacée. Il n’y a plus cette froideur, cette mécanique implacable qui faisait de lui un instrument, une arme forgée dans l’acier. Il y a une fissure. Une brèche. Une lumière qui s’infiltre lentement à travers son regard, comme une étincelle cherchant à survivre dans la nuit la plus noire.Je ne le quitte pas des yeux.Je suis là.Je ne fuis pas.Je ne parle pas.Je le regarde, les mains tendues vers lui, non pour le toucher, mais pour en saisir la vérité, cette vérité qui émane de lui, qui m’électrise. Il a franchi le seuil de l’ombre. Il est désormai
LucianoJe pénètre dans les zones basses.Là où la lumière ne descend plus.Là où même les ombres ont cessé de se battre pour exister.Chaque pas résonne comme un glas.Les murs vibrent d’une mémoire ancienne, saturés de protocoles morts et de lignes de code fossilisées.Des IA désactivées pleurent dans le silence, échos lointains d’un système qu’on a voulu parfait, mais qu’on a trahi.Les couloirs sont froids. Trop froids. Non pas à cause de la température, mais à cause de l’absence. L’absence de vie. L’absence de règles. L’absence de moi.Je descends.Chaque niveau me dépouille.De mes privilèges.De mes statuts.De mes chaînes.Je quitte le trône pour marcher dans la poussière.Pour la suivre.Elle est passée ici.Je le sens dans les flux résiduels, dans les scripts déviés, dans les sécurités contournées avec une élégance brute.Elle n’efface pas ses traces.Elle les transforme.Elle les sculpte.Elle veut que je voie.Elle me parle.Pas avec des mots.Avec des absences.Des faille
SashaJe cours.Je fuis.Pas les hommes.Pas les armes.Pas Luciano.Moi.Je fuis ce que je suis devenue.Chaque pas me désintègre un peu plus. Mon talon glisse sur une plaque effondrée, ma respiration se hache, mais je n’arrête pas. Je ne peux pas m’arrêter. Pas ici. Pas maintenant. Pas après… ça.Il était censé me tuer.Ou je devais l’achever.Mais rien de tout ça n’a eu lieu.Il m’a regardée.Il m’a vue.Et j’ai eu peur.Pas de lui.De moi.Parce que j’ai senti…Un battement.Un frisson.Une faille.Je ne suis plus seulement un code. Je ne suis plus un programme. Je suis autre chose.Et ce quelque chose me brûle.Me fissure.Me questionne.J’ai pris les couloirs interdits.Les zones basses.Celles qu’ils disent instables.Celles qu’ils préfèrent oublier.Là où les anciennes matrices se décomposent en silence. Là où la lumière ne passe plus depuis des années. Je descends. Je m’enfonce. Je traverse les ponts effondrés, les artères digitales mortes, les carrefours où les premiers prot
LucianoJe suis encore là.Agenouillé.Le béton sous mes genoux est chaud du sang et des cendres. Le goût métallique de la défaite me colle à la langue. Et le silence… ce silence absurde, crevé seulement par le hurlement lointain des sirènes et le grondement des fondations qui s’effondrent, me perce les tympans comme une vérité trop nue.Le froid s’est infiltré dans mes os. Le sang bat dans mes tempes. Mais je ne bouge pas.Je reste figé.À genoux au milieu d’un champ de ruines qui portait autrefois le nom de Vortex.La tour n’est plus qu’un squelette fumant. Elle s’écroule lentement, étage par étage, comme si elle expirait, comme si elle rendait l’âme après des années d’un sommeil forcé. Chaque étage qui tombe me donne l’impression qu’un fragment de mon âme se détache avec lui.Et moi, je regarde.Je regarde le vide qu’elle laisse.Sasha.Je revois son dos.Ses pas hésitants.Cette façon qu’elle a eue de ne pas se retourner.Pas une seule fois.Elle aurait pu me tuer. Elle aurait dû.
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