All Chapters of Remords de mes frères après mon départ: Chapter 1 - Chapter 10

Le jour où j'ai accepté le poste du Chef Guérisseur, c'était justement le soir de la Fête de la Pleine Lune, le jour le plus sacré pour les familles de loups-garous, celui où elles se réunissent pour célébrer ensemble.Ma mentor m'a accompagnée jusqu'à la porte des chambres de soins, sa voix douce lorsqu'elle m'a offert son dernier conseil : « Dans cinq jours, tu commenceras tes quinze années d'isolement, Emma. N'oublie pas de dire au revoir comme il faut à ta famille. »Le Territoire du Nord a toujours été froid. Je suis restée dans le recoin d'une rue pendant ce qui m'a semblé être des heures, essayant de rassembler assez de courage pour tenter un lien mental avec mes frères.Sans surprise, ils avaient coupé ce lien depuis longtemps.Dans un soupir, j'ai sorti mon téléphone et appelé mon frère Alpha, Rolland. Vingt ans de vie ensemble, ça devait bien valoir quelque chose.Peu importe à quel point les choses s'étaient dégradées entre nous, on méritait au moins un dernier repas ensembl

Je me suis retournée. Et je suis tombée nez à nez avec Alex, juste derrière moi. Il était arrivé sans un bruit.Son visage était fermé, glacial, et son regard s'est fixé sur ma valise entièrement bouclée.Rolland, adossé à l'encadrement de la porte de la chambre, m'a regardée avec la même froideur.Gia les a suivis à l'intérieur et a observé mes bagages en silence. On ne pouvait pas manquer l'impatience à peine voilée dans ses yeux.Un instant, j'ai eu envie de leur dire la vérité. Mais les mots d'Alex me sont revenus en mémoire : « Ces choses-là ne nous concernent pas. Tu n'as pas à nous en parler. »Et soudain, je n'ai plus eu le courage de parler à cœur ouvert. Au moins, de cette manière, une fois partie, j'ai pu me mentir un peu. J'ai pu faire semblant qu'ils ignoraient tout de mon départ, plutôt que d'admettre qu'ils s'en fichaient.Ma main s'est glissée dans la poche de mon manteau, mes doigts douloureux à force de serrer le poing.J'ai pris un ton faussement léger : « Je déplace

C'est pas grave, c'est pas grave.Bientôt, je ne les verrais plus. Je ne viendrais plus perturber leur petite famille parfaite avec Gia.Je suis retournée à l'école, j'ai emménagé dans le dortoir et j'ai continué à perfectionner mes notes de recherche sur les plantes médicinales.Le lendemain, en me rendant à la bibliothèque avec Dylan, je suis tombée sur Alex et Rolland.J'ai fait comme si je ne les avais pas vus, j'ai trouvé une place, j'ai ouvert mon carnet et j'ai continué à écrire, mot après mot.Gia les a tirés pour qu'ils viennent s'asseoir non loin de moi.J'entendais sa voix rieuse de temps à autre.Alex et Rolland lui ont caressé la tête :« Sois sage maintenant. Dans quelques jours, on partira pour les Caraïbes. »En entendant cela, j'ai eu soudain du mal à respirer. Je me suis levée pour aller boire un peu d'eau.Quand je suis revenue, mon carnet était entre les mains de Gia.Alex et Rolland étaient partis chercher des livres dans les rayons.Gia était seule, en train d'arr

La gouvernante a secoué la tête : « Mademoiselle n'est pas rentrée du tout. »Alex a froncé les sourcils : « Cela fait plus d'une semaine. Demain, c'est le Fête de la Pleine Lune — comment se fait-il qu'elle ne soit toujours pas revenue ? »La gouvernante, qui travaillait depuis des années au service de la famille et avait toujours eu un faible pour Emma, a répondu d'un ton sec : « Je n'en sais rien. »Alex a voulu insister.Gia a levé les yeux au ciel, visiblement agacée, et s'est accrochée à son bras en geignant : « Elle reviendra bien un jour. Frère, laisse tomber. Viens voir le nouveau livre d'histoires que j'ai acheté. Tu peux me le lire ce soir. »Un agacement sourd est monté brusquement en Alex.Il s'est souvenu de la manière méprisante dont Gia avait prononcé le nom d'Emma aux Caraïbes. Et maintenant, elle ne semblait clairement pas concernée par l'absence prolongée de sa sœur.Combien de sincérité y avait-il, en fin de compte, dans tous ces 'Emma' qu'elle prononçait à tout bou

Alex s'est agrippé désespérément à un fragment de lucidité, tentant de surnager dans la peur, le désespoir et la stupeur qui l'envahissaient.D'instinct, il a protesté : « Non, elle ne m'a pas contacté. »Oui, ils ont été frère et sœur pendant plus de vingt ans.Même si les liens se sont distendus, même si son cœur à elle était rempli de rancune, elle aurait dû, au moins, lui dire au revoir avant d'entrer dans un programme de recherche fermé pour dix ans.Elle refusait d'y croire.Le professeur a répondu avec assurance : « C'est pas possible. J'étais dans la pièce privée et je l'ai vu de mes propres yeux quand je me suis levé — elle a composé votre numéro. C'était... samedi dernier, vers midi. »Alex s'est apprêté à nier de nouveau. Mais soudain, une image lui est revenue brutalement en mémoire.Samedi dernier, vers midi. Cela correspondait à environ cinq heures du matin en Norvège. Ce jour-là, à cinq heures du matin, il venait tout juste de finir de montrer à Gia les aurores boréales.