Semua Bab LES FRONTIERES MAUDITES: Bab 21 - Bab 30

Les premières lueurs de l’aube baignaient la forêt d’un halo pâle, presque irréel. La brume rampait encore entre les troncs, et chaque pas semblait absorber le son, comme si le monde retenait son souffle. Elara, Neris et Liora avançaient à travers ce silence chargé, suivant un sentier ancien que seuls les initiés pouvaient lire. Les arbres ici semblaient différents — hauts, fins, leurs troncs striés de glyphes naturels, comme si la forêt elle-même racontait une histoire oubliée.« Nous approchons du Sanctuaire du Silence, » annonça Liora à voix basse. « C’est un lieu protégé par les Gardiens du Souffle. Peu de gens l’ont vu. Encore moins en sont ressortis. »Elara sentit son estomac se nouer. Depuis la récupération du premier fragment, les choses s’étaient accélérées. Chaque pas semblait les rapprocher d’un gouffre, d’un mystère trop ancien pour être contenu dans leurs esprits.« Le deuxième cristal s’y trouve ? » demanda Neris.Liora hocha la tête. « En partie, oui. Mais le Sanctuair

Le vent hurlait sur les hauteurs du Bastion Noir, là où les montagnes déchiquetées dévoraient les nuages. Le soleil ne touchait jamais ces pierres. Pas vraiment. Il n’était ici qu’un souvenir diffus, un fantôme pâle qui effleurait à peine les cimes. Les murs du bastion étaient faits de roche sombre et de larmes anciennes, construites avec la haine et le sang des anciens bannis.Kaelen s’agenouilla dans la salle des cendres, le torse nu, les bras marqués par les runes brûlées qu’il s’était infligées lui-même. Sa respiration était lente, contenue. Autour de lui, les flammes de la grande vasque dansaient sans chaleur, mues par une magie noire qui ne réchauffait que les morts.Il ouvrit les yeux.Les souvenirs affluèrent aussitôt.Le trône brisé de leur père.Le regard de Neris, empli de déception.Et surtout, elle.Elara.Il avait vu son visage dans les flammes il y a trois nuits. Il avait cru à une illusion. Mais la magie ne mentait pas, pas dans cet endroit.« Le sang ancien la protège

Le soir était tombé rapidement après leur départ de la Mer de Verre.Le vent, d'abord doux, s'était levé en bourrasques irrégulières, forçant le trio à chercher un abri dans les hauteurs rocheuses surplombant les cristaux figés. Ce fut Neris qui trouva une ancienne bâtisse encastrée dans la montagne : une vieille relique du Temps Gris, à moitié effondrée, dont les murs portaient encore les marques d’un enchantement de préservation oublié.Ils s’y installèrent pour la nuit. Elara avait allumé un feu au centre de ce qui avait dû être une salle de prière, en calant des morceaux de bois contre les pierres runiques qui murmuraient encore à chaque flammèche.Liora, épuisée, s’était endormie près de l’entrée, les bras croisés sur sa poitrine, le poignard toujours à portée de main.Elara, elle, fixait les flammes. Elle sentait encore sous ses doigts la vibration du troisième fragment, maintenant rangé dans une poche intérieure de son manteau. Il battait comme un cœur… ou comme une alarme.Ner

Trois jours passèrent.Trois jours de marche silencieuse, à travers des forêts ravagées, des sentiers oubliés, des plaines sans lumière. La terre elle-même semblait blessée, abîmée par le passage de Veydras.Ils ne parlaient presque plus. Elara tenait son carnet contre elle comme un talisman, mais elle n’y dessinait plus. Depuis la rencontre avec l’entité masquée, sa main tremblait chaque fois qu’elle tentait de tracer une ligne. Les frontières qu’elle avait juré de cartographier semblaient désormais l'observer, prêtes à se refermer sur elle.Ce fut Liora qui, la première, mentionna le Sanctuaire du Fil d’Or.« Il est invisible aux yeux de ceux qui ne cherchent pas la vérité, » dit-elle en les guidant vers une crevasse dissimulée par des illusions naturelles. « Il a été créé par les premiers tisserands de magie, ceux qui liaient les mondes au lieu de les briser. »« Comment sais-tu cela ? » demanda Neris.Elle se contenta d’un sourire énigmatique. « Disons que je n’ai pas toujours été

Le vent soufflait fort sur la crête du Val d’Astre. Là-haut, au bord du monde connu, un homme se tenait droit, seul, vêtu d’un manteau noir frappé de poussière d’étoiles et de cendres anciennes.Kaelen.Il avait quitté la Mer de Verre sans se retourner. Sans dire un mot à Elara. Ni à Neris.Mais les images d’eux, ensemble, s’étaient imprimées en lui comme des brûlures. Leurs mains liées. Leurs regards échangés. Leur force retrouvée.Il n’avait pas fui.Il s’était retiré.Pour préparer.Pour comprendre comment stopper ce qui venait.Le chaos n'était plus un murmure. Il était une lame prête à fendre le monde.Un vieil escalier taillé dans la pierre menait jusqu’à l’entrée d’un temple effondré, caché derrière une illusion de brouillard. Kaelen murmura une incantation. La brume s’écarta, comme une bête obéissante, révélant une porte d’obsidienne marquée d’un glyphe unique : l’Œil Tissé.Il posa sa main sur la porte. Elle le reconnut.Et s’ouvrit.À l’intérieur, un ancien sanctuaire plongé