Semua Bab LES FRONTIERES MAUDITES: Bab 41 - Bab 50

Le matin s’étirait paresseusement au-dessus de la canopée, ses premiers rayons d’or filtrant à peine à travers les feuillages denses de la forêt ancestrale. L’humidité lourde s’accrochait aux feuilles, aux vêtements, aux cils. Chaque pas soulevait un soupir discret de mousse, un bruissement de racines vivantes. On aurait dit que la nature elle-même se méfiait de leur présence.Elara marchait en tête, les yeux rivés à la carte qu’Ilyana leur avait remise quelques heures plus tôt. Elle la comparait mentalement à ses propres notes, notant chaque variation dans le paysage, chaque anomalie dans la végétation. À ses côtés, Neris avançait en silence, les doigts posés avec une familiarité rassurante sur la garde de sa lame. Il n’avait pas besoin de parler. Sa simple présence suffisait.Derrière eux, Liora fermait la marche, attentive, tendue comme la corde d’un arc. Son regard vif scrutait les sous-bois, les cimes, les recoins invisibles. Elle marchait avec cette légèreté propre à ceux qui sa

Ils marchaient depuis l’aube, sans un mot, seuls dans la brume épaisse qui se levait lentement des profondeurs de la forêt. Le sentier, à peine visible sous les feuilles tombées et l’humidité du sol, semblait se dissiper au fur et à mesure de leurs pas. Il n'y avait pas de traces de passage récentes, comme si ce chemin n’était emprunté que par ceux qui savaient. Ceux qui cherchaient. Et qui osaient risquer la vérité de ce qu’ils étaient.La carte que Ilyana leur avait confiée était étrangement vague. Elle ne comportait aucune indication précise, juste une série de symboles énigmatiques, un tracé sinueux marqué par de curieuses inscriptions : « Là où les cœurs se nouent et les fils se brisent ». Ces mots résonnaient dans l’esprit d’Elara, comme un appel. Il lui semblait que ce n'était pas une simple direction géographique, mais un avertissement, un présage, un défi lancé à ceux qui s’aventuraient trop loin dans le voyage de l'âme.Leurs pas les avaient menés à travers des forêts où le

Ils avaient marché toute la matinée, les pieds foulant une terre à la fois familière et étrangère, où la lumière semblait faiblir sous un ciel hésitant. À mesure qu’ils approchaient de la Forêt des Larmes, les contours du paysage se durcissaient, se grisaient presque, comme si la vie elle-même s’était retirée de ces terres. Les arbres, autrefois verts et généreux, devenaient plus pâles, leurs troncs rugueux et fissurés semblaient figés dans une tristesse ancienne, pétrifiés par un chagrin que personne n’avait pu apaiser. La lumière du soleil, timide et filtrée par un voile invisible, semblait hésiter à se poser sur ces terres oubliées. Le groupe s’arrêta sur une crête surplombant une vallée. Là, étalé devant eux comme un tableau figé dans le temps, un village abandonné s’étendait à perte de vue. Valdenmir. Les maisons, bâties en bois pâle et en pierres friables, étaient figées dans un silence éternel. Les toits s’étaient écroulés par endroits, recouverts de mousse et de poussière. Le

Le silence, enfin.Ils avaient quitté la Forêt des Larmes au crépuscule, sans se retourner. Le vent n’y pleurait plus, les arbres avaient cessé de saigner leur sève blafarde. Le deuxième fragment reposait à présent dans une boîte de cristal, accrochée à la ceinture d’Elara, irradiant une lumière douce, presque tiède, qui semblait vibrer au rythme de ses pensées.Le groupe avait marché longtemps, les pieds lourds et les cœurs alourdis par ce qu’ils avaient vu, ce qu’ils avaient traversé. Les visages étaient fermés, empreints d’un silence partagé. Mais ce silence n’était plus une barrière : c’était un refuge.Ce fut au détour d’un sentier oublié qu’ils le virent. Un ancien sanctuaire, dissimulé sous les feuillages. Un dôme de pierre naturelle, soutenu par des arches couvertes de mousse et de lichen, se dressait comme une relique oubliée du monde d’avant. Le lieu n’était ni imposant ni grandiose, mais il respirait une paix ancienne, presque sacrée.Kaelen s’y assit le premier, posant ses

Ils avaient quitté les rives du lac au lever du jour. La lumière pâle s’étirait sur les flots comme un dernier rêve qui ne voulait pas s’éteindre. Le calme matinal de la Cité des Miroirs Submergés contrastait violemment avec la tension qui enveloppait le groupe. Trois fragments maintenant. Trois vérités. Trois fardeaux. Et autant de failles ouvertes.Elara marchait en silence, absorbée par un tumulte intérieur que même la beauté des paysages ne parvenait plus à apaiser. Les fragments pulsaient doucement dans sa sacoche, comme trois cœurs vivants reliés au sien. Ce n’était plus seulement une quête. C’était un éveil. Et peut-être un déchirement.— Le prochain fragment se trouve dans les Ruines de Thal’Yaren, annonça Ilyana d’une voix calme, mais tendue. Une cité bâtie à flanc de montagne, ensevelie depuis l’époque des Premiers Tisseurs.— C’est là que l’atlas des fondations a été brisé, ajouta Kaelen. Si les rumeurs disent vrai, une carte déchirée contenant la position du quatrième frag