Chaque fragment qu’Elara découvre est bien plus qu’un simple éclat de magie : c’est un miroir tendu à l’âme, un fil d’or qui relie le passé aux choix à venir. Ce chapitre vous plonge au cœur du vertige : celui de se perdre, celui de se reconnaître malgré les ombres. Merci de marcher avec elle, de frémir avec Neris, de défier l’oubli. La suite ne sera pas douce. Elle sera vraie, rugueuse, incandescente. Accrochez-vous au fil. Même fragile, il mène quelque part. Là où l’amour et la mémoire deviennent des armes. — Nicemz
La lumière du matin perçait à travers les branches inversées de la forêt comme à travers les vitraux d’un temple oublié. Chaque feuille pendait à l’envers, laissant pendre ses nervures vers le ciel, et les bourgeons luminescents pulsaient doucement au rythme de l’aube, respirant avec le monde. L’air avait cette odeur d’écorce humide et de pierre chauffée par un feu invisible. Ici, rien ne ressemblait à la veille. Chaque aube semblait réécrire les contours des arbres, la couleur des mousses, la place des sentiers. Le monde n’était plus un décor figé : il était une partition en perpétuelle composition, une mélodie improvisée dont chaque note venait juste de naître.Elara, agenouillée sur le sol, traçait lentement un cercle avec la pointe de sa dague. Le sable et les fragments de pierre s’écartaient sous sa main assurée. Mais cette fois, ce cercle n’était pas un retranchement. Ce n’était pas un refuge contre l’inconnu. C’était… une invitation. Une ouverture à ce qui viendrait.Elle marqu
Ils descendirent du ciel comme des cendres portées par le vent.Mais ce n’étaient plus les mêmes êtres qui avaient quitté la terre.Le fragment avait laissé en eux une empreinte. Invisible, mais vibrante. Une tension nouvelle, insaisissable, qui faisait frissonner l’air autour d’eux comme une corde d’instrument sur le point de rompre. Les oiseaux s’étaient tus. Même le vent semblait hésiter à les toucher, comme si le monde les percevait… les reconnaissait… ou les redoutait.Elara serrait la carte vivante contre sa poitrine. Elle ne révélait encore aucun tracé visible, mais chaque fibre du parchemin pulsait au rythme de ses propres pensées, comme si la frontière entre la matière et l’esprit s’effaçait peu à peu. Elle pouvait sentir le souffle de l’objet, un battement doux et régulier, presque comme celui d’un cœur endormi.Le sol qu’ils retrouvèrent n’était pas tout à fait le même que celui qu’ils avaient quitté.Les arbres autour du point d’atterrissage semblaient avoir changé d’angle
Ils atterrirent dans le silence.Pas un silence vide, mais un silence dense, saturé de possibles suspendus, comme si l’air retenait son souffle. Chaque inspiration avait un goût d’orage qui n’éclate pas. L’île céleste, à cet instant, semblait respirer avec eux ou contre eux.Ce n’était pas une île comme celles des cartes ou des légendes. Elle n’avait pas de rivages. Pas de ligne d’horizon. Pas de gravité stable. Le sol était un patchwork mouvant de racines, de pierres, de mousses et de nuages condensés, qui se recomposaient à chaque pas. Des arbres aux troncs torsadés flottaient à la verticale ou penchaient dans des directions impossibles, comme si le vent et la gravité se disputaient leurs racines. Les feuilles, d’un vert argenté, bruissaient sans qu’aucun vent ne souffle. Les pierres vibraient et chantaient, produisant des notes graves et cristallines qui semblaient résonner directement dans les os.Les nuages eux-mêmes s’accrochaient au sol, épais et soyeux, comme des voiles mal p
L’aube s’ouvrit comme une plaie dorée dans le ciel, lacérant la nuit de ses griffes lumineuses.Au sommet du promontoire rocheux, les six silhouettes se tenaient dans un silence de pierre, regard levé vers l’impossible : l’île céleste. Suspendue dans le vide comme un souvenir mal rangé dans l’éther, elle oscillait doucement, drapée de brume irisée. On aurait dit un navire perdu, échoué entre deux mondes. De ses falaises pendait une traîne de lumière, une cascade inversée faite d’éclats de fil – d’énergie pure, vivante, palpitante.— Elle bouge… murmura Ilyana. Même dans le ciel. C’est comme si elle hésitait à se laisser atteindre.— Le quatrième fragment est vivant, répondit Elara à voix basse. Il perçoit. Il choisit.Kaelen fronça les sourcils, le regard tendu vers la cascade suspendue.— Comment on y accède ? On ne va pas grimper une chute d’énergie, pas vrai ?— Ce n’est pas un lieu qu’on rejoint par les pieds, dit Ilyana. C’est un passage qu’on tisse. Avec ce qu’on est devenus. Et
Ils avaient quitté les ruines de Thal’Yaren avant l’aube, porteurs non seulement de l’empreinte brûlante de leurs serments gravés dans la pierre, mais aussi du poids muet de ce qu’ils avaient désormais à perdre.Le ciel s’était couvert d’un gris nacré, annonciateur d’un changement profond, presque cosmique. À l’horizon, comme suspendue dans un souffle divin, l’île céleste se découpait lentement au-dessus des montagnes. Elle semblait flotter entre deux dimensions, drapée de brume, ses contours changeants comme une idée refusant d’être fixée. C’était vers elle qu’ils marchaient. Vers le seuil. Vers la fin — ou le commencement.Mais Ilyana avait insisté : ils devaient s’arrêter. Une veille était nécessaire. Non une pause par fatigue, mais un temps sacré pour faire le point. Un dernier silence avant la tempête. Car le lendemain, rien ne serait plus jamais pareil.Ils trouvèrent refuge dans une clairière protégée par de vieux anneaux de pierres levées. Le sol y était tapissé de mousse, et
La montagne se dressait devant eux, majestueuse et muette, drapée de brume comme une reine voilée. Ses flancs escarpés s’achevaient par des pics effilés, où le vent semblait murmurer des secrets anciens. À cet instant précis, sous la pâle lueur du matin, elle n’apparaissait pas comme un obstacle, mais comme une promesse : celle de vérités enfouies.À son pied, dissimulée derrière une chute d’eau en cascade, une faille étroite s’ouvrait, presque invisible. Seuls les voyageurs les plus attentifs remarqueraient l’arche gravée de runes effacées, à demi perdues sous les racines glissantes et l’humidité. À sa base, des symboles fracturés luisaient encore subtilement au contact de la lumière solaire naissante.— C’est ici, souffla Ilyana, les doigts effleurant l’arche. Thal’Yaren.Kaelen posa une main sur la pierre humide, silencieux. Son visage, d’un calme austère, portait le poids d’un souvenir ancien.— Je suis déjà venu ici… il y a longtemps, murmura-t-il. J’étais un enfant. Mon père me