Semua Bab Jade et les triplés de fer : Bab 71 - Bab 80

CalebLa sonnette retentit comme un geste attendu. Je sais qu’elle est là, que Jade a trouvé le chemin , voilà pourquoi je fais garder la porte. Ce n’est pas de la lâcheté ; c’est de la stratégie. Si je la reçois, je lui offre une faille, un accès à une fragilité que je refuse d’exposer. Mes ennemis sont déjà assez habiles pour jouer de ce qu’ils trouvent. Je ne veux offrir à personne l’outil de me défaire.La secrétaire m’informe, sans émotion, qu’une femme est venue. Elle a pris son nom sans empressement. Le prénom de Jade me traverse, mais je garde la ligne droite : réunion, dossier, indisponibilité totale. Je n’ai pas besoin de scènes. Je n’ai pas besoin de pitié. Je repousse l’ancienne manie de tout rendre public ; je préfère la froideur discrète.Pourtant, quand la porte se referme, une image s’impose , son visage, les petites ridules au coin des yeux quand elle tente de sourire, la façon dont elle joint ses mains quand elle est nerveuse. Je balaie ces souvenirs comme on essuie

CalebJe suis resté derrière la porte.Longtemps.Trop longtemps.Elle a d’abord crié , supplié , frappé.Puis sa voix s’est faite plus basse, écorchée, brisée, comme si chaque mot lui coûtait une part de souffle. Comme si chaque syllabe arrachait un lambeau de gorge et d’âme.Et moi je suis là, assis par terre, le dos contre le mur, les poings fermés sur mes genoux. Mes tempes battent. Mon cœur cogne. Mon souffle se bloque par instants comme si c’était moi qu’on étranglait.Je m’étais dit : elle finira par s’en aller. Elle se lassera. Elle se relèvera. Elle rentrera.Mais non.Elle est restée.Je l’entends respirer derrière la porte, haletante, presque animale. Je l’entends sangloter dans le noir. Parfois un gémissement, parfois juste ce silence épais, ce silence de corps recroquevillé qui tremble et qui attend. Chaque bruit minuscule me transperce comme un clou.Le couloir tout entier est devenu une cage. On dirait que la nuit s’est engouffrée avec elle dans l’escalier, s’est tassée

CalebSes doigts se crispent toujours sur moi. Sa voix tremble mais ne lâche pas. J’ai l’impression qu’elle s’arrache la gorge à chaque mot.Je sens que ça vient. La vérité qu’elle a enfouie. La seule que je n’ai jamais réussie à lui arracher.Je n’ai plus de force pour résister. Alors je souffle, brisé :— Parle.Et elle parle.JadeJe ferme les yeux. Je retourne là-bas, malgré moi. Le voyage. L’hôtel. Ta chambre vide. Mon cœur serré.— Tu te souviens… de ce petit matin où tu m’as laissée à l’hôtel, Caleb ? Tu disais que tu avais un voyage à effectuer… que tu revenais vite…Ma gorge se serre. Les images s’enchaînent, implacables.— Je me suis endormie. J’étais fatiguée…. Et puis… j’ai senti des lèvres, dans mon cou. Ta façon de faire , ta chaleur , ton odeur. J’étais persuadée que c’était toi.Mes doigts s’accrochent à ses jambes comme pour tenir debout dans le récit.— Il faisait noir. Je n’ai rien vu. Je n’ai rien cherché à voir. J’étais… heureuse. Soulagée que tu sois encore là av

JadeJe n’entends plus rien.Plus le martèlement de la pluie dehors.Plus le monde au-delà de ces murs.Il n’y a que lui : Caleb , mon chéri .Ses yeux d’acier, sa respiration déchirée, son corps crispé comme un animal prêt à bondir. Chaque souffle qu’il arrache à sa poitrine ressemble à un coup de tonnerre, et chaque seconde qui passe me donne l’impression qu’il va exploser , contre moi, contre lui-même, contre tout.Et moi… je suis à genoux. Minuscule. Écrasée par le poids de sa colère.Je tends une main vers lui, hésitante, tremblante, comme si je voulais effleurer un feu qui va me consumer.— Caleb…Il se détourne d’un mouvement sec, violent, comme si mon prénom lui brûlait les lèvres.Alors je rampe. Mes genoux raclent le sol, mes paumes glissent par terre . Mes doigts accrochent le tissu de son pantalon, juste au-dessus de sa cheville. Je m’y accroche comme si je tenais à la vie elle-même.— Ne pars pas… pas comme ça.Il baisse les yeux sur moi. Et ce que je vois dans son regard

JADEJe ne sais plus où finit la peur et où commence le désirTout en moi tremble, se tend, s’ouvre comme une plaie qu’on ne peut plus cacherIl est là, si proche que je sens sa respiration déchirer l’air entre nous, si proche que chaque battement de son cœur heurte ma peau avant même qu’il ne me touche .Ses doigts frôlent ma nuque, hésitent, reculent, reviennentComme s’il cherchait un passage entre ce que nous étions et ce que nous n’avons plus le droit d’êtreJe ferme les yeux, j’attends, je brûleQuand enfin sa main se pose sur moi, je sens tout le poids de ce qu’il retient, toute la colère, toute la tendresse, toute la peur que nous n’avons pas su nommer .— Ne dis rien, je murmure, ne gâche pas ça .Il obéit, il ne parle plus, il respire fort, contre ma joue, contre ma bouche, et ce souffle-là me soulève, me renverse .Je ne sais plus si je tombe ou si c’est lui qui me retient de tomber .Chaque mouvement devient une lutte, une fièvre, une délivranceNos corps se frôlent comme