Tous les chapitres de : Chapitre 61 - Chapitre 70

Le silence dans la chambre était devenu une forme de violence.Pas de cris. Pas d’échos. Rien. Juste le bourdonnement ténu de l’air conditionné et, parfois, le craquement du bois dans les murs.Élina était allongée sur le lit, bras croisés sur la poitrine, les yeux ouverts dans l’obscurité. Elle ne dormait pas. Ne rêvait pas. Son esprit flottait dans une sorte d’entre-deux — suspendu entre le vide qu’Alexander laissait derrière lui, et la rage qui commençait à germer doucement dans son ventre.Puis, le bruit sec d’un téléphone qui vibre brisa le silence.Elle n’y toucha pas immédiatement.Mais la vibration revint. Une fois. Deux. Trois. Plus insistante.Elle se redressa, attrapa le portable. Il n’avait pas vibré depuis des jours. Alexander filtrait les communications, limitait les connexions. Mais quelque chose venait de percer la bulle.Écran allumé. Réseaux reconnectés.Et soudain, l’avalanche.#Elina en tendance mondiale.Des captures d’écran. Des vidéos floues. Des photos retouché

Elle entra sans frapper. Comme à chaque fois.Mais cette fois-ci, Élina sentit aussitôt que quelque chose avait changé.La démarche de Sophia était plus lente. Son regard plus flou. Elle tenait son téléphone à la main, crispée. Et son autre bras restait collé contre son flanc, comme pour se contenir elle-même.— Tu viens me dire que tout s’effondre ? demanda Élina, sans même lever les yeux.— Je viens te dire que je ne sais plus ce que je fais ici.Le silence fut immédiat. Étouffant.Élina se redressa. Lentement. Elle observa Sophia, comme si elle cherchait une faille dans ce visage qu’elle avait cru connaître.— Qu’est-ce que ça veut dire ?Sophia ne répondit pas tout de suite. Elle s’approcha de la fenêtre, la fit pivoter à peine, juste assez pour qu’un filet d’air entre dans la pièce.— Je reçois des messages, Élina. De ma famille. De mes collègues. Même de mes anciens camarades d’université. Certains me disent de fuir. D’autres me demandent si c’est vrai. Si j’étais complice.— C

La nuit était tombée sans qu’elle s’en aperçoive.Élina n’avait pas mangé. Pas dormi. Pas pleuré.Elle s’était enfermée dans sa chambre comme on s’enferme dans une cellule volontaire.Pas pour se protéger.Pour ne plus exister aux yeux de personne.Quand elle entendit le clic discret de la porte, son corps ne réagit même pas.Elle était assise au sol, dos contre le lit, regard perdu dans le vide.Il entra. Sans un bruit.Elle ne le vit pas. Mais elle sentit sa présence comme on sent l’orage juste avant qu’il n’éclate.Alexander.Il s’approcha à pas feutrés, comme un prédateur blessé qui refuse d’avouer sa douleur.— Tu ne manges plus, tu ne dors plus, tu te cloîtres. Tu crois tenir, mais tu te fissures, Élina.Elle ne répondit pas.Il s’accroupit à côté d’elle. Il ne la toucha pas. Pas encore.— Je t’ai regardée t’effondrer en silence. Et j’ai cru que c’était ta force.Mais ce n’est pas de la force. C’est une chute.Toujours aucun mot.Elle ne lui offrait même plus la guerre.Il sorti

C’était une erreur…”La villa était inhabituellement calme. Comme si les murs eux-mêmes retenaient leur souffle.Élina descendit lentement l’escalier, le regard fixe, les traits figés. Depuis sa signature du protocole avec Sophia, tout semblait irréel, comme suspendu. Plus de cris. Plus de médias. Mais ce silence… était presque plus inquiétant que le tumulte.Elle savait qu’il viendrait.Qu’il ne laisserait pas cette brèche entre eux s’élargir sans intervenir. Pas lui. Pas Alexander Serrano.Il était dans le salon, dos tourné à la lumière. Un verre à la main. Le même whisky ambré qu’il buvait toujours lorsqu’il avait quelque chose à dissimuler — ou à avouer.Il l’entendit entrer. Ne se retourna pas.— Tu as signé, dit-il simplement.Elle ne répondit pas.Il fit tourner le liquide dans son verre. Le silence s’épaissit.Puis, enfin, il se retourna.— Tu aurais pu refuser. Laisser l’opinion te crucifier. Laisser Camille gagner.— Peut-être, murmura-t-elle. Mais j’ai préféré survivre

Élina était seule dans la serre de verre. La lumière du soir filtrait à travers les feuilles tropicales, dessinant des ombres mouvantes sur ses bras nus.Elle avait besoin de silence.Pas celui qu’Alexander imposait par sa présence. Celui qu’elle réclamait. Celui qui lui permettait d’entendre ce qui restait d’elle-même.Depuis la veille, depuis ce moment où la vérité sur Judith avait jailli comme un poison ancien, elle n’était plus la même.Elle avait pleuré. Pas des larmes visibles. Des larmes intérieures. Denses. Sèches.Elle avait cru à une forme de rédemption, un sursaut. Mais non. Il avait choisi le silence. Alexander l’avait laissée sombrer pour protéger un empire de mensonges.Et pourtant, malgré la colère, malgré la haine… Elle ne parvenait pas à se détacher de lui.Il était là, dans sa tête, dans sa peau, dans chaque battement de son cœur. Un poison doux. Un venin affectif.Et elle en était dépendante.Elle l’entendit avant de le voir.Ses pas sur le gravier. Ses main