ÉLISALes jours ont passé comme des marées, lentes, patientes, obstinées, revenant toujours battre au même rivage. J’ai cru d’abord que la nuit se dissoudrait, qu’elle s’effacerait avec le sel, avec les heures, avec le temps, mais rien ne s’est effacé, rien n’a terni. Tout ce que nous avons laissé sur cette plage continue de vivre en moi, comme un feu sous la peau, discret mais impossible à éteindre, un battement qui revient quand tout se tait, un souffle ancien qui me rappelle ce que c’est que d’être vivante.Les premières semaines, j’allais chaque jour jusqu’à la mer. Toujours à la même heure, quand la lumière devient douce et que le vent porte l’odeur du large. Les vagues montaient, se retiraient, laissaient sur le sable des lignes qui ressemblaient à des veines, comme si la terre respirait encore à notre rythme. Parfois, au détour d’une rafale, je croyais l’apercevoir — silhouette immobile sur la grève, le dos au soleil —, ou bien j’entendais sa voix dans le vent, ce murmure grave
آخر تحديث : 2025-10-21 اقرأ المزيد