Tous les chapitres de : Chapitre 51 - Chapitre 60

AiméeJ’ai remonté les marches.Une à une.Comme on remonte une corde, sans savoir si elle mènera au salut ou à la chute.Ma chambre sentait encore lui.Le drap portait la trace de mon corps plié sous le sien.J’ai refermé la porte.Et j’ai tourné la clé.Comme si ça pouvait arrêter ce qui était déjà trop tard.Je me suis laissée glisser contre le mur.Assise, les jambes repliées, les bras autour de mes genoux.Je ne voulais plus penser.Mais tout en moi pensait.Chaque silence du matin.Chaque regard.Chaque mot qu’il n’a pas dit, mais que j’ai entendu.Je l’ai revu debout derrière moi.Je l’ai senti encore me frôler.Ses questions flottaient dans l’air.Ses affirmations aussi.Il savait.Il sait tout.Et moi, je n’ai plus rien à cacher.Je me suis déshabillée lentement.Comme on se libère d’un poids.Mais je n’étais pas nue.Pas vraiment.Je portais encore cette chose invisible qu’il avait laissée sur moi.Cette domination silencieuse.Ce sceau sans nom.Je me suis allongée sur le l

AiméeIl m’avait dit qu’on sortait.Juste ça.Pas où. Pas pourquoi. Pas ce qu’il attendait.Je m’étais préparée.Plus que de raison.Le choix de la robe m’avait hantée. Ni trop courte, ni trop sage.Le noir, c’était lui.Les talons, pour lui.Le parfum, en dernier, une goutte à l’intérieur de chaque cuisse. Comme un secret.Quand il est venu me chercher, il n’a rien dit. Pas un compliment, pas un regard appuyé. Juste un petit hochement de tête. Comme s’il m’avait louée. Comme si j’étais prête à l’usage.Un hôtel.Luxueux.Presque trop.Des dorures, des serveurs en gants blancs, des éclats de rire feutrés dans un salon baigné de lumière tamisée.La réception avait commencé depuis peu.Une trentaine de personnes. Tous bien habillés.Mais sous les sourires et les politesses, il y avait ce langage que je ne comprenais pas encore.Les regards, les gestes, les silences.Et lui.Parfait. Froid. Irréprochable.Son bras autour de ma taille.Sa main sur mon dos.Ses doigts qui glissent, parfois

AiméeJe suis restée à genoux, droite, exactement comme il me l’avait ordonné.Le collier pesait à peine, et pourtant je le sentais comme s’il m’avait été soudé à la peau. Un poids symbolique. Une chaîne invisible. Une empreinte.Et malgré l’effroi qui me parcourait par vagues, je ne voulais pas qu’il l’enlève.Ce serait pire.Ce serait… comme si ce moment n’avait pas existé.Le miroir me renvoyait cette image étrange, presque irréelle : la fille sage, défaite.Pas brisée.Pas soumise.Mais offerte. Ouverte.Et cette lucidité dans mes yeux, ce feu glacé, me bouleversait plus que tout le reste.J’avais conscience de ce que je faisais.Et je le faisais quand même.Justin s’approcha. Lentement. Comme une ombre majestueuse.Il tournait autour de moi avec cette lenteur calculée, presque cérémonielle.Je sentais son regard m’effleurer comme une main invisible, frôlant chaque parcelle nue de mon corps, me dépouillant davantage encore.Il ne me touchait pas. Pas encore.Et pourtant, j’étais d

AiméeJe suis restée là. Contre le mur. Nue.La fraîcheur nocturne collait à ma peau comme une seconde sueur. Mes jambes tremblaient encore, mais ce n'était pas seulement l'orgasme. C’était plus profond. Un vertige silencieux. Une brûlure lente dans les veines. Un vide plein. Une chambre devenue autel.Justin était parti. Il ne m'avait pas dit « dors bien », ni « à demain ». Il m'avait laissée avec ce vide vibrant. Ce silence.Et je l’aimais, ce silence.Je m’y étais fondue, étirée, abandonnée.Comme si ce silence savait mieux que moi ce que j'étais devenue.Une absence habitée. Une réponse sans question.Un espace où tout ce que je croyais être s’était dissous.Je me suis laissée glisser au sol. Le bois était froid sous mes fesses, sous mes cuisses écartées encore marquées de lui. Le miroir me renvoyait l’image d’une femme que je n’aurais jamais cru être. Rouge, nue, soumise, mais droite. Forte d’un feu nouveau. Inconnue. Enchantée.Une étrangère familière, que je n’avais jamais osé

AiméeLe crépuscule tombait lentement, comme une couverture trop lourde pour une nuit encore trop jeune. J’étais dans le même bureau, face à l’écran, mes doigts tapant frénétiquement, mais mon esprit était ailleurs. Mon esprit m’échappait, glissait, se glissait dans les coins sombres de la pièce, là où il se tenait. Je n’avais pas besoin de le voir pour savoir qu’il était là. Je sentais sa présence comme une chaleur intense qui m’enveloppait.La salle était silencieuse, le bruit des touches de mon clavier le seul écho de ma nervosité croissante. Il ne disait rien, mais son silence était lourd de sens. Il ne bougeait pas. Je ne voulais pas lever les yeux, car je savais qu’une fois que j’aurais croisé son regard, tout aurait changé.Je sentais ses yeux peser sur moi, me dénudant mentalement bien plus que ma peau nue l’avait fait quelques heures plus tôt. Cette tension... cette attente entre nous deux, palpable, aussi dense que l’air avant une tempête. Puis, lentement, il se leva, comme