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MarcoLe jour suivant, je rentre dans ma petite chambre d’hôtel et une angoisse sourde me ronge dès que je ferme la porte. La rencontre avec Claire ressemble à une victoire fragile : je l’ai obtenue, mais elle vacille à chaque souffle. Il faut que je le prouve , non pas par des mots creux, mais par des actes qui tiennent. Je veux redevenir l’homme qu’elle a aimé. La question me frappe en pleine poitrine : suis‑je encore capable de changer ?Je m’assois sur le lit, le corps lourd, l’esprit en désordre. Les paroles de Claire tournent en boucle : ça ne sera pas facile. Elle a raison. Après tout ce que j’ai brisé, je n’ai aucun droit à une réparation instantanée. Mais il faut que j’aille au‑delà du regret. Il faut que j’affronte les démons qui m’ont poussé à fuir : ma soif d’approbation, cette addiction à paraître, ce désir maladif d’être aimé par l’extérieur plutôt que d’aimer de l’intérieur.Je parcours mes choix comme on dépouille une blessure. Chaque souvenir me serre le cœur : les ca

MarcoLes premiers jours dans mon nouveau travail sont un tourbillon. Tout va vite. Trop vite, peut-être.Chaque matin, je me lève avec cette tension dans le corps, cette urgence de prouver que je peux encore être à la hauteur. Que je peux être quelqu’un de fiable. Que je peux exister autrement.Le bureau est un autre monde. Ici, pas de faux-semblants, pas de promesses creuses. On attend des résultats, rien d’autre. C’est brutal, mais honnête. Et ça me convient.Mon supérieur, un homme carré, direct, m’a accueilli avec des mots simples :— On veut des résultats, Marco. Mais surtout, de la rigueur et de l’honnêteté.Ces mots résonnent dans ma tête chaque matin comme un mantra. Cette fois, je ne suis pas là pour séduire, manipuler ou plaire. Je suis là pour faire les choses bien.Je me plonge dans les projets, les rapports, les réunions. Ce n’est pas une carrière brillante, mais c’est concret, solide. Chaque tâche accomplie a un sens. Pour la première fois depuis longtemps, je sens que

MarcLe temps passe, implacable.Et pourtant, je reste suspendu dans une sorte d’entre-deux.Entre le passé que j’ai souillé et l’avenir que j’ose à peine espérer.Chaque jour me juge, pèse sur mes épaules comme un verdict que je ne peux pas contester.Les retrouvailles avec Claire ont laissé un goût étrange : celui d’une paix fragile, d’une trêve signée à contre-cœur.Mais une trêve n’efface pas la guerre, elle ne fait que repousser l’échéance.Je sais que ce n’est que le commencement.La rédemption ne s’obtient pas par une rencontre ou une promesse, mais par la persévérance.Par la patience.Et par la douleur.Le lendemain, je reprends le travail avec l’esprit lourd, incapable de distinguer les heures qui s’écoulent.Je me sens étranger à tout : aux gens, aux bruits, à la lumière crue du jour.Chaque geste me rappelle l’artificialité de cette existence que j’ai menée trop longtemps , une vie de façade, de charme fabriqué, de désirs monnayés.Aujourd’hui, je n’en supporte plus l’odeu

MarcoSix mois.Cent quatre-vingts jours à me reconstruire pierre par pierre. À me lever chaque matin avec un seul objectif : devenir celui qui mérite de revenir. Aujourd'hui, les preuves matérielles de ma transformation s'étalent devant moi, tangibles, irréfutables.Je tourne la clé dans la serrure de ma nouvelle villa. La porte en chêne massif pivote sans un bruit. Le hall d'entrée s'ouvre sur un salon baigné de lumière, où les baies vitrées donnent sur un jardin soigneusement paysagé. Parfum de cire d'abeille et de pierre neuve. Silence. Luxe. Succès.Dans le reflet de la vitrine, j'observe l'homme que je suis devenu. Costume sur mesure, cheveux taillés avec précision, regard droit. Plus de traces de l'épave qui mendiait un pardon sur le pas d'une porte. J'ai troqué l'appartement minable contre cette demeure, la voiture ordinaire contre une allemande au moteur silencieux, les emplois précaires contre un poste à responsabilités.Je pose les clés de la voiture sur le marbre de l'entr

MarcoLe froid du marbre me transperce. Je suis toujours allongé sur le sol, les membres engourdis, l'esprit vidé. Le soleil est maintenant haut, inondant la pièce d'une lumière crue et impitoyable. Elle révèle chaque détail : la poussière sur la table en verre, les traces de mes pas sur le sol immaculé, les éclats de cristal du vase brisé qui scintillent comme des larmes gelées.Mon corps refuse de bouger. Mes paupières sont lourdes, mes membres raidis. Je pourrais rester ici indéfiniment, devenir un élément du décor, une statue dans ce mausolée que je me suis construit.Un bruit à l'entrée me fait sursauter. Des clés qui s'entrechoquent. Un pas léger.— Monsieur Marco ? Je suis là pour le ménage.La voix est jeune, féminine, avec un accent familier. Celle de la femme de ménage. Elena. Elle vient tous les mercredis. J'avais oublié.Je me redresse trop vite, la tête tournoyante. Elle se tient dans l'encadrement de la porte, son sac de nettoyage à la main. Son sourire professionnel s'e