Tous les chapitres de : Chapitre 11 - Chapitre 20

Bien que Sélène l’eût apaisé ce soir-là et qu’il eût hoché la tête, acceptant de me « laisser me calmer », le cœur d’Ethan était loin d’être aussi paisible qu’il le paraissait.Durant les deux jours suivants, il a été distrait sans arrêt au travail.Son regard revenait sans cesse vers l’écran silencieux de son téléphone.Pendant une réunion de la meute, le mardi matin, il a complètement manqué la question de son Bêta au sujet des prévisions trimestrielles.La salle entière est tombée dans un silence tendu, attendant sa réponse.« Alpha ? Quel est votre avis sur les chiffres ? »Ethan a sursauté, levant la tête, réalisant que tout le monde le fixait.Son téléphone, posé face visible sur la table de conférence, restait noir et muet.« Pardon. Pouvez-vous répéter ? »Son Bêta lui a lancé un regard inquiet : Ethan ne perdait jamais sa concentration en réunion. Jamais.Chaque fois que l’écran s’allumait pour une notification, son cœur faisait un bond violent dans sa poitrine.Mais à chaque

Quand Ethan a ramené Sélène à la villa, le régisseur avait déjà exécuté les ordres à la lettre.Trop à la lettre.Dans l’immense espace, toute trace de moi, autrefois visible partout, avait complètement disparu.Ethan a franchi la porte d’entrée et s’est arrêté. Son regard a balayé lentement le salon.Mon fauteuil-poire préféré, couleur crème, n’était plus là — celui dans lequel je m’enroulais chaque soir avec un livre, celui dont le coussin gardait l’empreinte de ma place habituelle.Les livres d’art que je feuilletais souvent sur la table basse ont disparu. La pile a toujours été là, certains ouverts sur des pages que j’ai marquées avec des post-it. Des images de référence pour mes peintures.Même la paire de chaussons-lapins moelleux que je gardais près de l’entrée avait disparu.Le meuble à chaussures n’abritait plus que ses richelieus en cuir. Toute la villa paraissait exceptionnellement propre et bien rangée. Impeccable. Professionnelle. Mais aussi froide, sans la moindre trace d

Ethan a fixé l'écran de son téléphone sans comprendre.Le message automatique résonnait encore dans son oreille.Comment était-ce possible ? Comment avais-je pu le bloquer ?Son esprit refusait d'accepter la réalité.Il devait forcément y avoir une autre explication.Peut-être que mon téléphone était en panne. Peut-être que je l'avais perdu. Ou que le réseau ne fonctionnait plus.Refusant d'y croire, le doigt légèrement tremblant, il a appuyé sur la touche de rappel.Il a porté le téléphone à son oreille. A attendu la tonalité.« Bip… bip… Le numéro que vous avez composé est actuellement occupé… »Encore cette même voix féminine mécanique, froide, sans émotion, répétant inlassablement les mots qui achevaient de briser son dernier fil d'auto-apaisement.Cette fois, le dernier espoir dans le cœur d'Ethan s'est complètement éteint.Une panique inédite a surgi, lui remontant la gorge, lui coupant la respiration.Comment cela pouvait-il être ? Comment avais-je osé le bloquer ?Sélène a obse

L’expression d’Ethan s’est complètement effondrée, morceau par morceau.Il a fixé César Martin sans parvenir à détourner le regard.Son ennemi juré au sein du Conseil des Alphas. L’homme qui l’avait défié tant de fois, qui avait semé des embûches sur sa route à chaque tournant, qui lui avait arraché des contrats juste sous le nez.Comment cela pouvait-il être lui ?De tous les hommes au monde, comment cela pouvait-il être lui ?Comment avais-je pu m’associer à lui ?Aussitôt, une rage brûlante de trahison a consumé toute sa raison.Il s’est brusquement tourné vers moi, tout son corps emporté par la violence du geste.Sa voix est sortie tremblante, déformée par l’agitation, à peine contenue.« Anne Lefevre ! Dis-moi ce qui se passe, bon sang ! »Les mots ont éclaté si fort que les passants se sont retournés dans la rue.« Pourquoi es-tu mêlée à lui ?! Tu ne sais donc pas quel genre d’homme il est ? Tu ne sais pas comment il m’a visé autrefois, comment il nous a sabotés, comment il a ten

Ce n’est qu’une fois revenus à la villa que j’ai enfin échappé à cette atmosphère étouffante de la voiture — celle qui faisait battre le cœur trop vite et brûler les joues.Le silence pendant le trajet avait été lourd, saturé de choses non dites.Des questions que je voulais poser mais n’osais pas. Des souvenirs dont il parlait et que, moi, je ne retrouvais pas.Maintenant, debout dans le grand hall d’entrée, j’ai enfin pu respirer.J’allais rester ici temporairement pour les prochains jours. Peut-être plus longtemps.Nous n’avions pas encore vraiment parlé des détails de cette cohabitation.Au départ, je n’avais pas prévu d’emménager du tout.J’avais pensé rester dans ma propre villa, garder un peu de distance, prendre les choses lentement.Je trouvais peu convenable de m’installer chez lui immédiatement après la signature des papiers.Nous nous connaissions à peine, après tout. Du moins, je le connaissais à peine.Mais César avait balayé toutes mes hésitations et protestations d'une