Semua Bab Sous la pluie de Valmère: Bab 21 - Bab 30

Tout d’abord, il n’y eut plus rien.Ni son.Ni lumière.Juste la sensation du froid — un froid vivant, mouvant, qui semblait respirer autour d’elle.Éléna ouvrit les yeux, et la mer s’était changée en autre chose.Ce n’était plus l’eau qu’elle connaissait, mais une matière fluide, épaisse, traversée de lueurs sombres.Des silhouettes y flottaient, immobiles, figées dans un sommeil sans fin : des visages humains, des mains tendues, des fragments de mémoire.Elle essaya de bouger.Son corps répondit lentement, comme englué dans du verre liquide.Chaque mouvement libérait une traînée de lumière pâle, comme si son âme dessinait sa propre trace. Éléna…La voix vibra en elle, pas dans l’air.Elle n’avait ni direction ni source.C’était une présence.Féminine, douce, presque maternelle. Ne crains pas. Tu es enfin là.— Qui es-tu ? souffla-t-elle. J

Le monde, lentement, reprenait souffle.La lumière de l’aube ne brûlait plus ; elle caressait.Le vent, autrefois tranchant comme le cri d’une lame, s’était fait doux, presque timide.Et la mer — ou ce qu’il en restait — frémissait d’un murmure discret, comme un cœur qui s’éveille après une longue nuit.Éléna marchait seule à travers ce paysage de cendres, les pieds nus, les cheveux battus par la brise.Ses pas laissaient derrière elle une trace éphémère, vite effacée par la poussière.Mais sous chaque empreinte, une petite étincelle de lumière apparaissait — comme si le monde, reconnaissant, s’illuminait à chacun de ses gestes.Elle ne savait plus depuis combien de temps elle errait.Les notions de jour et de nuit n’avaient plus de sens.Tout semblait flotter dans une clarté permanente, douce et indéfinie.Ce n’était pas un paradis.Mais ce n’était plus l’enfer.Un matin — si tant est

Le monde n’était pas tout à fait le même.Lysandre le ressentait chaque jour un peu plus intensément.Sous ses pas, la terre se redressait, les arbres reprenaient leur place, et les hommes revenaient des ruines, comme sortis d’un long sommeil. Mais chaque sourire, chaque geste, semblait encore porter la trace de l’oubli — un voile léger, presque imperceptible, qui empêchait tout de devenir vraiment réel.Les cendres étaient désormais des souvenirs, recouvertes par la végétation qui fleurissait à une vitesse étrange, presque surnaturelle. Le ciel, pur, était d’un bleu d’acier, et les étoiles s’allumaient chaque soir dans une danse plus lumineuse, comme des veilleuses tendues vers un rêve.Mais chaque soir, Lysandre ressentait quelque chose. Un frisson qui montait lentement de ses entrailles. Il avait l’impression de perdre pied, comme si les bords de la réalité devenaient flous, comme si les souvenirs et les voix revenaient — des voix anciennes.Et il se souvenait.Des murmures dans la

Le vent se leva avant l’aube.Un souffle venu de la mer, tiède et chargé de sel, qui s’infiltra dans les ruelles de Valmère et fit trembler les vitres encore neuves.Éléna ouvrit les yeux au moment où la première lumière du matin traversait les rideaux. La flamme, posée sur la table près de son lit, brillait encore.Elle n’avait pas dormi.Depuis que Lysandre avait disparu dans la mer, cette lumière semblait la veiller — ou la surveiller.Elle pulsait lentement, comme un cœur vivant. Parfois, elle s’éteignait presque, avant de reprendre vigueur, comme si elle respirait.Éléna s’assit sur le bord du lit, les mains sur ses genoux.Elle se sentait vide, et pourtant pleine jusqu’à l’étouffement.Cette flamme était Gabriel. Elle le savait.Mais si elle la conservait, la lumière ne cesserait jamais de brûler. Et avec elle, sa peine.Si elle la laissait s’éteindre, peut-être que le monde pourrait enfin guérir — mais elle, elle cesserait d’exister.Elle se leva.Le ciel, dehors, était d’un bl

Le matin se leva sur un Valmère différent.L’air avait changé — plus dense, plus vibrant.Chaque feuille semblait chuchoter un secret, chaque rayon du soleil portait une note nouvelle.Et au milieu de ce monde en train de se réinventer, Éléna marchait, légère et grave à la fois.Depuis la fête du Souffle, tout le monde la regardait autrement.Les enfants s’arrêtaient sur son passage, les anciens s’inclinaient avec respect.Certains la surnommaient déjà La fille du vent, d’autres L’élue du murmure.Mais elle ne se sentait ni prophète, ni élue.Seulement vivante — et vide.Le pouvoir en elle grandissait chaque jour.Elle pouvait sentir les battements de la terre, la respiration des arbres, le flux des vagues.Quand elle fermait les yeux, le monde se dessinait en filaments de lumière.Et dans ce réseau infini, une lueur plus forte que les autres : le souvenir de Gabriel. Tu m’as donné ton souffle, murmura-t-e