Sous la pluie de Valmère

Sous la pluie de Valmère

last updateLast Updated : 2025-10-30
By:  IslamDabordUpdated just now
Language: French
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Cinq ans plus tôt, Éléna Morel vivait un amour parfait avec Gabriel Ardent, un jeune architecte au sourire doux et aux rêves plein les yeux. Jusqu’au jour où un accident tragique a tout détruit : la mort du père d’Éléna — et des preuves accablantes pointant Gabriel comme responsable. Sans explication, il a disparu. Aujourd’hui, Éléna est devenue journaliste. Elle a tout reconstruit, sauf son cœur. Quand le destin les remet face à face, elle découvre une vérité qu’elle n’était pas prête à entendre : Gabriel n’était pas coupable… mais il a choisi de porter le fardeau pour protéger quelqu’un qu’elle aimait. Et si la véritable trahison venait du silence ?

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Chapter 1

Chapitre 1 –Les cicatrices du passé

Le vent avait cette odeur que seule la mer de Valmère possédait : un mélange de sel, de pluie et de souvenirs.

Je n’avais pas remis les pieds ici depuis cinq ans. Cinq années à fuir une ville qui respirait encore son nom. Cinq années à tenter d’oublier un visage que même le temps refusait d’effacer.

Gabriel.

Je me tenais sur le quai, ma valise à la main, face à l’horizon gris. Le vieux port avait été reconstruit depuis la tempête et l’accident, mais la cicatrice restait visible : une rambarde tordue, un pan de mur réparé à la hâte. Rien n’efface vraiment ce qui s’est brisé.

Et moi, j’étais revenue ici pour écrire un article sur cette reconstruction. Ironie parfaite. Écrire sur la renaissance d’un lieu alors que je n’avais jamais vraiment survécu à ce qu’il m’avait pris.

Je resserrai ma veste autour de moi. L’air était humide, presque lourd. Chaque pas résonnait comme un écho du passé : nos rires, nos promesses, la bague qu’il m’avait glissée au doigt une nuit d’été, juste ici, devant la mer.

J’avais vingt-deux ans. J’y avais cru.

Puis tout s’était effondré.

Je secouai la tête. Ce n’était pas le moment de replonger. J’étais là pour travailler, pas pour ressusciter les fantômes.

La rédaction m’avait confié un reportage sur la renaissance du vieux port : interviews, photos, ambiance locale. Je devais rester trois jours à Valmère, pas une minute de plus. Trois jours.

Je pouvais supporter ça.

Je devais.

Le taxi s’arrêta devant l’hôtel des Flots Bleus, un petit établissement qui n’avait pas changé depuis ma fuite. Les rideaux à fleurs, le bois ciré, la clochette à l’entrée. Même la propriétaire, Mme Durand, avait la même coiffure trop haute.

— Éléna ? fit-elle en me voyant. C’est bien toi ! Mon Dieu, cinq ans !

Je forçai un sourire.

— Bonjour, madame Durand. Oui… ça fait longtemps.

— Tu es encore plus belle qu’avant ! On dirait que la vie t’a fait du bien.

Je mentis avec un sourire poli. La vie ne m’avait rien fait de bien, elle m’avait juste endurcie.

Ma chambre donnait sur la mer. Le bruit des vagues cognait contre les vitres, apaisant et cruel à la fois. Je posai ma valise sur le lit et sortis mon carnet de notes. La couverture en cuir était usée, couverte de griffonnages et de ratures. C’était mon armure.

En feuilletant les pages, je tombai sur un vieux dessin : un croquis maladroit d’un phare, tracé au crayon. Gabriel l’avait fait pour moi, un soir où la pluie nous avait enfermés chez lui.

Je refermai le carnet brusquement, le cœur battant. Pourquoi avais-je gardé ça ? Pourquoi avais-je gardé quoi que ce soit de lui ?

Je pris une longue inspiration et sortis pour aller voir le port.

Le ciel s’était couvert de nuages lourds. Les ruelles pavées de Valmère semblaient figées dans le temps. Les vitrines, les cafés, tout avait gardé la même odeur d’iode et de mélancolie.

Je marchais vite, comme pour traverser un champ de mines invisibles.

Au bout de la jetée, un groupe d’ouvriers travaillait sur les nouveaux quais. L’un d’eux leva la tête en me voyant approcher. Pas lui. Pas encore. Juste un homme aux yeux bruns, inconnu.

Je soufflai discrètement.

Ridicule. J’étais ridicule.

Je pris des notes, pris des photos. Tout était professionnel, détaché.

Mais sous la surface, mon cœur battait comme s’il avait oublié comment respirer.

À midi, je m’assis à la terrasse d’un café face à la mer. Le serveur me reconnut à peine, heureusement.

Je sortis mon ordinateur portable et commençai à écrire :

Valmère renaît lentement de ses blessures. Les habitants parlent de la mer comme d’une amie fidèle, même si elle a tout détruit. Le vieux port, symbole du lien entre la ville et l’horizon, retrouve peu à peu son éclat…

Les mots s’enchaînaient, mais l’image du passé revenait sans cesse : la nuit de la tempête, la pluie, la sirène d’alarme, le cri de ma mère quand on avait retrouvé mon père sans vie.

Et puis Gabriel, debout sous la pluie, trempé, les yeux fous de chagrin.

Il m’avait dit : « Je suis désolé, Éléna. »

Juste ça.

Puis il était parti.

Je n’avais jamais su pourquoi.

Les rumeurs avaient fait le reste : il avait bu ce soir-là, il avait provoqué la chute, il s’était enfui par lâcheté. J’avais voulu le haïr. Mais on ne hait jamais vraiment la personne qu’on aime encore.

Je rangeai l’ordinateur. Je devais voir le maire l’après-midi pour mon reportage.

En sortant du café, je crus entendre un rire d’enfant, le même qui résonnait souvent sur le port autrefois. Je me retournai : une fillette courait avec un cerf-volant, son père à sa suite.

Un pincement me serra la poitrine.

J’avais rêvé de cette scène. D’un enfant, de nous deux.

Mais les rêves, à Valmère, s’écrasaient souvent contre les rochers.

Le bureau du maire se trouvait près de la place principale. L’entretien fut bref : protocole, subventions, promesses.

Je notais mécaniquement, la tête ailleurs.

En sortant, la pluie commença à tomber. Pas une tempête, juste une pluie fine, persistante, comme un murmure du passé.

Je pris la direction de l’hôtel à pied. Les pavés glissaient sous mes bottes, l’air sentait le sel et la rouille.

Chaque pas me ramenait un peu plus à lui.

Au détour d’une ruelle, je passai devant une vitrine vide. L’ancien atelier de Gabriel.

Les vitres étaient poussiéreuses, mais à travers, je vis encore les traces de peinture sur le sol, les croquis accrochés au mur.

Je restai là un instant, immobile.

Cinq ans avaient passé, mais son absence pesait encore comme une présence.

Je m’apprêtais à repartir quand une voix masculine résonna derrière moi :

— Excusez-moi… Vous êtes bien Mademoiselle Morel ?

Je sursautai. Un homme en imperméable me tendait une carte.

— Je suis Paul Delmas, du chantier naval. On m’a dit que vous faisiez un article sur la reconstruction.

— Oui, c’est exact, répondis-je, tâchant de reprendre contenance.

— Je crois que vous voudrez peut-être rencontrer notre nouvel architecte. C’est lui qui supervise la restauration du port.

Je haussai un sourcil.

— Ah ? Et… comment s’appelle-t-il ?

L’homme consulta son carnet.

— Gabriel Ardent.

Le monde s’arrêta.

Je crus d’abord mal entendre. Puis mon cœur explosa dans ma poitrine.

Impossible. Pas lui. Pas ici. Pas maintenant.

Je sentis mes doigts trembler.

— Vous êtes sûr ?

— Oui, bien sûr. Il est arrivé il y a deux semaines. Un type très discret, mais compétent. Vous voulez que je vous le présente ?

Je restai muette une seconde de trop.

Puis je murmurai :

— Pas encore…

Je tournai les talons et partis dans la pluie. Chaque goutte semblait brûler ma peau. Mon cœur battait à tout rompre, comme s’il reconnaissait un danger ancien.

De retour à l’hôtel, je montai directement dans ma chambre.

Je posai mon sac, m’assis sur le lit. Le silence était total.

J’ouvris la fenêtre : la mer grondait, lourde, infinie.

Je fermai les yeux. Cinq ans. Cinq ans à essayer de l’oublier, à recoller les morceaux de moi-même, et voilà qu’il revenait, vivant, réel, juste là, à quelques rues.

Je sentis une larme rouler sur ma joue, puis une autre.

Et soudain, à travers la fenêtre entrouverte, portée par le vent, j’entendis une voix.

Grave. Douce.

Une voix que j’aurais reconnue entre mille.

— Éléna…

Mon souffle se coupa.

Je me retournai brusquement vers la porte.

La poignée venait de bouger.

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