LOGINCinq ans plus tôt, Éléna Morel vivait un amour parfait avec Gabriel Ardent, un jeune architecte au sourire doux et aux rêves plein les yeux. Jusqu’au jour où un accident tragique a tout détruit : la mort du père d’Éléna — et des preuves accablantes pointant Gabriel comme responsable. Sans explication, il a disparu. Aujourd’hui, Éléna est devenue journaliste. Elle a tout reconstruit, sauf son cœur. Quand le destin les remet face à face, elle découvre une vérité qu’elle n’était pas prête à entendre : Gabriel n’était pas coupable… mais il a choisi de porter le fardeau pour protéger quelqu’un qu’elle aimait. Et si la véritable trahison venait du silence ?
View MoreLe vent avait cette odeur que seule la mer de Valmère possédait : un mélange de sel, de pluie et de souvenirs.
Je n’avais pas remis les pieds ici depuis cinq ans. Cinq années à fuir une ville qui respirait encore son nom. Cinq années à tenter d’oublier un visage que même le temps refusait d’effacer. Gabriel. Je me tenais sur le quai, ma valise à la main, face à l’horizon gris. Le vieux port avait été reconstruit depuis la tempête et l’accident, mais la cicatrice restait visible : une rambarde tordue, un pan de mur réparé à la hâte. Rien n’efface vraiment ce qui s’est brisé. Et moi, j’étais revenue ici pour écrire un article sur cette reconstruction. Ironie parfaite. Écrire sur la renaissance d’un lieu alors que je n’avais jamais vraiment survécu à ce qu’il m’avait pris. Je resserrai ma veste autour de moi. L’air était humide, presque lourd. Chaque pas résonnait comme un écho du passé : nos rires, nos promesses, la bague qu’il m’avait glissée au doigt une nuit d’été, juste ici, devant la mer. J’avais vingt-deux ans. J’y avais cru. Puis tout s’était effondré. Je secouai la tête. Ce n’était pas le moment de replonger. J’étais là pour travailler, pas pour ressusciter les fantômes. La rédaction m’avait confié un reportage sur la renaissance du vieux port : interviews, photos, ambiance locale. Je devais rester trois jours à Valmère, pas une minute de plus. Trois jours. Je pouvais supporter ça. Je devais. Le taxi s’arrêta devant l’hôtel des Flots Bleus, un petit établissement qui n’avait pas changé depuis ma fuite. Les rideaux à fleurs, le bois ciré, la clochette à l’entrée. Même la propriétaire, Mme Durand, avait la même coiffure trop haute. — Éléna ? fit-elle en me voyant. C’est bien toi ! Mon Dieu, cinq ans ! Je forçai un sourire. — Bonjour, madame Durand. Oui… ça fait longtemps. — Tu es encore plus belle qu’avant ! On dirait que la vie t’a fait du bien. Je mentis avec un sourire poli. La vie ne m’avait rien fait de bien, elle m’avait juste endurcie. Ma chambre donnait sur la mer. Le bruit des vagues cognait contre les vitres, apaisant et cruel à la fois. Je posai ma valise sur le lit et sortis mon carnet de notes. La couverture en cuir était usée, couverte de griffonnages et de ratures. C’était mon armure. En feuilletant les pages, je tombai sur un vieux dessin : un croquis maladroit d’un phare, tracé au crayon. Gabriel l’avait fait pour moi, un soir où la pluie nous avait enfermés chez lui. Je refermai le carnet brusquement, le cœur battant. Pourquoi avais-je gardé ça ? Pourquoi avais-je gardé quoi que ce soit de lui ? Je pris une longue inspiration et sortis pour aller voir le port. Le ciel s’était couvert de nuages lourds. Les ruelles pavées de Valmère semblaient figées dans le temps. Les vitrines, les cafés, tout avait gardé la même odeur d’iode et de mélancolie. Je marchais vite, comme pour traverser un champ de mines invisibles. Au bout de la jetée, un groupe d’ouvriers travaillait sur les nouveaux quais. L’un d’eux leva la tête en me voyant approcher. Pas lui. Pas encore. Juste un homme aux yeux bruns, inconnu. Je soufflai discrètement. Ridicule. J’étais ridicule. Je pris des notes, pris des photos. Tout était professionnel, détaché. Mais sous la surface, mon cœur battait comme s’il avait oublié comment respirer. À midi, je m’assis à la terrasse d’un café face à la mer. Le serveur me reconnut à peine, heureusement. Je sortis mon ordinateur portable et commençai à écrire : Valmère renaît lentement de ses blessures. Les habitants parlent de la mer comme d’une amie fidèle, même si elle a tout détruit. Le vieux port, symbole du lien entre la ville et l’horizon, retrouve peu à peu son éclat… Les mots s’enchaînaient, mais l’image du passé revenait sans cesse : la nuit de la tempête, la pluie, la sirène d’alarme, le cri de ma mère quand on avait retrouvé mon père sans vie. Et puis Gabriel, debout sous la pluie, trempé, les yeux fous de chagrin. Il m’avait dit : « Je suis désolé, Éléna. » Juste ça. Puis il était parti. Je n’avais jamais su pourquoi. Les rumeurs avaient fait le reste : il avait bu ce soir-là, il avait provoqué la chute, il s’était enfui par lâcheté. J’avais voulu le haïr. Mais on ne hait jamais vraiment la personne qu’on aime encore. Je rangeai l’ordinateur. Je devais voir le maire l’après-midi pour mon reportage. En sortant du café, je crus entendre un rire d’enfant, le même qui résonnait souvent sur le port autrefois. Je me retournai : une fillette courait avec un cerf-volant, son père à sa suite. Un pincement me serra la poitrine. J’avais rêvé de cette scène. D’un enfant, de nous deux. Mais les rêves, à Valmère, s’écrasaient souvent contre les rochers. Le bureau du maire se trouvait près de la place principale. L’entretien fut bref : protocole, subventions, promesses. Je notais mécaniquement, la tête ailleurs. En sortant, la pluie commença à tomber. Pas une tempête, juste une pluie fine, persistante, comme un murmure du passé. Je pris la direction de l’hôtel à pied. Les pavés glissaient sous mes bottes, l’air sentait le sel et la rouille. Chaque pas me ramenait un peu plus à lui. Au détour d’une ruelle, je passai devant une vitrine vide. L’ancien atelier de Gabriel. Les vitres étaient poussiéreuses, mais à travers, je vis encore les traces de peinture sur le sol, les croquis accrochés au mur. Je restai là un instant, immobile. Cinq ans avaient passé, mais son absence pesait encore comme une présence. Je m’apprêtais à repartir quand une voix masculine résonna derrière moi : — Excusez-moi… Vous êtes bien Mademoiselle Morel ? Je sursautai. Un homme en imperméable me tendait une carte. — Je suis Paul Delmas, du chantier naval. On m’a dit que vous faisiez un article sur la reconstruction. — Oui, c’est exact, répondis-je, tâchant de reprendre contenance. — Je crois que vous voudrez peut-être rencontrer notre nouvel architecte. C’est lui qui supervise la restauration du port. Je haussai un sourcil. — Ah ? Et… comment s’appelle-t-il ? L’homme consulta son carnet. — Gabriel Ardent. Le monde s’arrêta. Je crus d’abord mal entendre. Puis mon cœur explosa dans ma poitrine. Impossible. Pas lui. Pas ici. Pas maintenant. Je sentis mes doigts trembler. — Vous êtes sûr ? — Oui, bien sûr. Il est arrivé il y a deux semaines. Un type très discret, mais compétent. Vous voulez que je vous le présente ? Je restai muette une seconde de trop. Puis je murmurai : — Pas encore… Je tournai les talons et partis dans la pluie. Chaque goutte semblait brûler ma peau. Mon cœur battait à tout rompre, comme s’il reconnaissait un danger ancien. De retour à l’hôtel, je montai directement dans ma chambre. Je posai mon sac, m’assis sur le lit. Le silence était total. J’ouvris la fenêtre : la mer grondait, lourde, infinie. Je fermai les yeux. Cinq ans. Cinq ans à essayer de l’oublier, à recoller les morceaux de moi-même, et voilà qu’il revenait, vivant, réel, juste là, à quelques rues. Je sentis une larme rouler sur ma joue, puis une autre. Et soudain, à travers la fenêtre entrouverte, portée par le vent, j’entendis une voix. Grave. Douce. Une voix que j’aurais reconnue entre mille. — Éléna… Mon souffle se coupa. Je me retournai brusquement vers la porte. La poignée venait de bouger.La pluie s’était remise à tomber, fine, oblique, presque invisible — comme une poussière d’eau suspendue au-dessus de la ville.Depuis la falaise, Valmère semblait se dissoudre dans une brume grise où se mêlaient la mer et le ciel.Les flammes de la veille, celles qui avaient englouti le hangar de VLM, ne laissaient plus qu’un panache de fumée noire au-dessus du port.Éléna n’avait pas dormi.Elle s’était réfugiée dans la vieille maison des Morel, au bout du chemin des Pins.Une cabane de pêcheur abandonnée, dont elle avait trouvé la clé dans le tiroir du bureau de Gabriel — avant que tout n’explose.Elle avait passé la nuit à lire les notes qu’il avait laissées.Des pages tachées, à moitié brûlées, mais assez claires pour qu’elle comprenne l’ampleur du mensonge.Ce n’était pas un simple accident industriel.C’était un programme.Un projet secret nommé “Aube”. « Aube : activation prévue quand Valmère sera nettoyée. »« Évacuation partielle autorisée – phase 2. »Elle relut ces mots e
Le jour se levait lentement sur Valmère, mais le ciel n’avait plus la même couleur.Il n’était ni bleu ni gris — seulement une teinte cendrée, presque métallique, qui semblait avaler la lumière avant même qu’elle ne touche la terre.Je restai longtemps assise sur la falaise, les yeux rivés sur la mer.Là où, quelques heures plus tôt, s’élevait la base souterraine de VLM, il ne restait qu’un remous sombre, une vaste cicatrice d’écume.Le vent portait encore une odeur d’ozone, mêlée de sel et de fer brûlé.Tout était fini.Et pourtant, rien ne l’était.Je serrai le disque dur contre moi.Mon seul héritage.Mon seul moyen de prouver que tout ce cauchemar avait existé.Mais à qui parler ?À qui confier cette vérité ?La police ? Ils avaient toujours fermé les yeux.Les médias ? Contrôlés depuis des années par VLM.Les réseaux ? Trop lents, trop étouffés par la désinformation.J’étais seule.Et dans cette solitude, il y avait un poids que je n’avais jamais ressenti avant.Celui de survivre
Le froid me mordait la peau.Je ne savais plus depuis combien de temps j’étais là, étendue sur ce sol de béton, les poignets liés, la tête bourdonnante.La lumière oscillait au-dessus de moi, tantôt crue, tantôt mourante, comme si elle hésitait à révéler ce qui m’entourait.Des bruits métalliques résonnaient au loin, peut-être des tuyaux, ou le ressac de la mer contre la structure.J’avais soif. Et peur.Puis cette voix.Douce. Lente.Une voix que j’aurais reconnue entre mille.— Tu aurais dû rester à ta place, Éléna.Je me redressai brusquement, le souffle court.Devant moi, Sofia.Vêtue d’un manteau sombre, les cheveux tirés, les traits tirés aussi — plus durs, plus fermés.— Sofia ? Qu’est-ce que tu…Elle s’approcha, un sourire presque triste aux lèvres.— J’aurais aimé que tu ne découvres jamais tout ça.Je la fixai, incrédule.— Tu travailles pour eux ? Pour VLM ?Elle haussa légèrement les épaules.— Travaille, c’est un mot un peu fort. Disons que… je collabore.— Collabores ?!
Il y a des instants où le temps se fige. Où le monde entier semble retenir son souffle. Où tout ce que l’on croyait savoir se fissure d’un seul coup.C’est ce qui m’est arrivé à cet instant précis, quand la porte s’est ouverte et qu’il est apparu.Gabriel. Vivante. Trempée. Épuisée. Mais bien là.Ses cheveux, collés à son front, gouttaient sur le seuil. Ses vêtements portaient les marques du sel et du sang. Ses yeux — ces yeux gris que je connaissais par cœur — semblaient pourtant différents, comme voilés d’une ombre que je ne lui avais jamais vue.Je restai pétrifiée, incapable de bouger.— Tu… tu es vivant…Il hocha lentement la tête, sans un mot. Puis il referma la porte derrière lui, doucement, comme pour ne pas réveiller la nuit.L’eau dégoulinait de ses manches, formant une flaque au sol. Il posa sur la table une vieille lampe de poche, un carnet détrempé, et un pistolet.— Ne crie pas, murmura-t-il.Sa voix était rauque, brisée.— Gabriel, qu’est-ce qui s’est passé ?! Tout
Le vent hurlait comme un animal blessé.La route menant au phare était à moitié ensevelie sous les débris de la nuit : des branches brisées, des flaques boueuses, des morceaux d’ardoise arrachés aux toits.Chaque pas que je faisais semblait me rapprocher un peu plus de quelque chose d’interdit — une vérité enfouie dans les pierres, ou peut-être dans ma propre mémoire.La lumière du phare clignotait par intervalles, comme un battement de cœur irrégulier.Une fois, deux fois… puis l’obscurité.Et à chaque retour de la lueur, j’avais l’impression qu’elle me fixait, qu’elle m’appelait.Le portail métallique était entrouvert, grinçant à chaque rafale.J’hésitai un instant.Une voix en moi me suppliait de faire demi-tour, de rentrer à la maison, de laisser ce dossier pour la police ou pour Sofia.Mais je savais que je ne pourrais pas.Tant que je ne saurais pas ce que Gabriel avait voulu me dire, je ne trouverais ni repos, ni paix.Je poussai la grille.Elle gémit comme une plainte humaine.
Le matin s’est levé dans un silence étrange, presque coupable. La mer, d’ordinaire si bavarde, semblait s’être tue, étouffée par la honte d’avoir trop hurlé pendant la nuit. Un filet de lumière grise filtrait à travers les rideaux, pâle, vacillant, comme si le jour lui-même hésitait à revenir. Je me suis réveillée sur le canapé, encore enveloppée dans une couverture humide qui sentait le sel et la peur. Mes cheveux étaient collés à mon visage, ma gorge me brûlait, et j’avais cette impression absurde que la tempête n’était pas terminée — qu’elle s’était simplement réfugiée à l’intérieur de moi. La première chose que j’ai vue, c’est le sac. Posé sur la table basse, comme un témoin silencieux. Le plastique transparent était encore mouillé, les lettres à moitié effacées par le sel, mais le message restait lisible : “Pour Éléna – quand viendra minuit.” Je l’ai effleuré du bout des doigts. Le plastique collait à ma peau, froid, glacial. Et pourtant, j’ai senti un frisson de chal






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