Chapitre III

Malgré le calme affiché sur le visage de Joseph, ses pas précipités l'ont trahi. Il marchait tellement vite que j'arrivais à peine à le suivre derrière.

Je pouvais vaguement le voir lever la main pour essuyer les larmes qui débordaient…

Mon cœur a été brisé par cette scène. Joseph n'avait que cinq ans, mais il devait s'affronter à l'ignorance de la part de son propre père…

Lorsque j'étais en train de déplorer pour mon fils, mon téléphone a sonné.

C'était David. J'ai répondu avec précipitation mais il ne semblait pas vouloir étendre la conversation.

Il a dit tout simplement : « Je viendrai. »

Puis il a raccroché.

Cet imprévu m'a rendu ravie. J'ai crié derrière Joseph : « Joseph, ton père a dit qu'il t'accompagnera pour la journée sportive demain ! »

Aussitôt ces mots terminés, Joseph s'est retourné, ses larmes se transformant instantanément en sourire.

Il a couru de joie vers moi. « C'est vrai, maman ? Papa viendra vraiment avec moi demain ? Je t'avais dit qu'il viendrait. Après tout, il n'est jamais venu avec moi avant. »

Joseph était fou de joie, me tenant la main tout le long du chemin du retour et parlant sans arrêt de toutes les anecdotes qui s'étaient passées à la crèche.

« La maîtresse a dit que comme j'avais gagné le premier prix à la compétition de chasse, on va m'attribuer la coupe demain à la fin des compétitions. »

Soudain, il m'a pincé doucement la main, une idée semblant lui survenir. « Maman, si papa me voit gagner dans la compétition demain, est-ce qu'il m'aimera encore plus ? Est-ce qu'il sera fier d'annoncer devant tout le monde que je suis son louveteau ? »

Sa question a fait trembler mon cœur. Je l'ai serré contre moi par instinct, les yeux remplis de larmes. « C'est sûr, Joseph. Papa sera très fier de toi parce que tu es son seul et unique petit louveteau. »

En entendant mes paroles, Joseph était tellement content qu'il a secoué mon bras et s'est écrié : « C'est super, maman ! Papa va enfin nous reconnaître ! »

Je lui ai caressé la tête, le cœur occupé par des sentiments innommables. Je croisais mes doigts en espérant que son papa ne le décevrait pas.

Le lendemain matin, Joseph s'est levé très tôt et s'est assis près de la fenêtre pour attendre que son père vienne le chercher.

Bien que les voitures défilent les unes après les autres, aucune d'entre elles n'appartenait à David.

Le temps s'est écoulé jusqu'au moment de l'inauguration de la journée sportive. L'expectative de Joseph a été remplacée petit à petit par la déception.

En même temps, j'ai remarqué que Sophie a publié une photo sur son Instagram, sur laquelle David était assis à côté d'un petit loup inconnu, lui apprenant à jouer du piano. Un petit texte accompagnait l'image : « Qu'est-ce que ça fait d'avoir un papa Alpha ? »

Je me suis détournée en silence et mon cœur était lourd en voyant le regard de Joseph fixé sur la fenêtre.

À travers la vitre, il a croisé mon regard qui restait sur lui.

Il s'est retourné lentement, la mine impassible, et dit d'un ton compréhensif : « Maman, papa ne viendra pas, n'est-ce pas ? »

Je me suis approchée et l'ai serré fort dans mes bras. Parce que je ne savais pas comment lui expliquer que son père David, était en train de jouer du piano avec un autre louveteau.

Son père n'assisterait pas à sa journée sportive aujourd'hui et ne connaîtrait pas sa joie de remporter un prix.

« Joseph, ne t'inquiète pas. Maman est toujours là avec toi. Maman peut t'accompagner à la compétition. » Je lui tapotais doucement le dos et lui caressais sa petite main douce.

La tête de Joseph est restée abaissée, sans me regarder.

Il m'a suivie sans le moindre de bruit en direction du terrain de sport.

Nous sommes restés silencieux tout le long du chemin, évitant tacitement tout sujet de David et sa promesse d'hier, comme s'il était complètement disparu de notre monde.

C'était bien en fin de compte. Ainsi, Joseph pourrait enfin abandonner tout espoir résiduel.

Je me suis dit que si David ne saisissait pas cette dernière chance avant demain, nous disparaîtrons bientôt complètement de sa vie et qu'il perdrait son enfant à jamais et moi aussi, malgré qu'il ne m'a jamais aimée. Il ne nous reverrait plus jamais.

Cependant, quand nous sommes arrivés à l'accès du terrain, Joseph a été figé par ce qu'il a vu.

Ses yeux se sont illuminés, puis il a crié : « Papa ! »

J'ai suivi son regard et j'ai vu David. Il se tenait à la porte, comme s'il attendait quelqu'un.

« Papa, je savais que tu viendrais », a dit Joseph en courant vers son père et a serré fort ses lombes avec ses bras.

David a été surpris par l'arrivée soudaine de Joseph. Il a enlevé brutalement les bras de Joseph qui l'entouraient et a réprimandé sèchement : « Qu'est-ce que tu fais là ? »

Ce dernier était stupéfait par la réaction froide de son père. Il a retiré ses mains, la joie rabattue. Il a repris avec l'air injuste : « Papa, tu m'as promis hier que… »

Avant que Joseph n'ait pu terminer sa phrase, David l'a interrompu avec impatience : « Qui ton papa ? »

Joseph a compris rapidement l'insinuation. Il a ensuite lâché le bras de David pour lui plaire et s'est écarté de lui. Il s'est excusé en changeant son ton : « Excuse-moi, tonton, je t'ai pris pour quelqu'un d'autre. »

David m'a jeté un coup d'œil après avoir rétorqué Joseph. Notre arrivée avait évidemment perturbé son plan initial.

Lorsque je me suis approchée de lui et allait parler, il m'a tirée à l'autre côté de l'entrée et a commencé à me réprimander à voix basse : « Que fais-tu là ? Ramène Joseph à la maison. Ne te ridiculise pas ici ! »

Abasourdi, je n'étais pas capable de bouger. Joseph avait déjà cinq ans, mais David ne savait même pas qu'il allait dans cette école maternelle.

D'un autre côté, je me suis dit que c'était normal qu'il ne le sache pas, car il ne s'était jamais soucié de Joseph ni de moi pendant toutes ces années.

« Qu'est-ce que vous faites ? C'est mon père, lâchez-le tout de suite ! » Une voix s'est fait clairement entendre.

J'ai tourné mon dos et ai vu un louveteau à peu près du même âge que Joseph, qui était en train de le pousser.

Le visage de Joseph était écarlate, les larmes tournoyaient dans ses yeux. « Tu mens ! Comment pourrait-il être ton père ? C'est mon… mon oncle. »

Sur ces mots, j'ai tiré tout de suite Joseph derrière moi pour éviter les attaques potentielles envers lui.

Mais le louveteau en face ne voulait pas renoncer. Il a pointé Joseph avec son doigt en criant : « Et alors ? Même s'il est ton oncle, il reste mon père, l'Alpha de la tribu ! Je suis son seul et unique héritier ! »

Après avoir entendant ces paroles, Davis s'est avancé d'un grand pas, précipitamment, et s'est mis devant le petit loup inconnu. « Lucas est trop jeune, il ne comprend pas de grande chose. Pas la peine de lui prêter attention. »

Il nous a jeté un coup d'œil, des excuses quasiment invisibles sur le visage. Puis il s'est adressé doucement au petit loup. Son regard doux exprimait une tendresse que ni moi ni Joseph n'avaient jamais ressentie chez lui.

Il a ensuite marché vers nous, nous regardant avec remords, et a expliqué : « La mère de Lucas et moi sommes amis. Il m'appelle papa parce qu'il m'aime bien. Vous… vous ne devez pas mal interpréter. »

Regardant ce louveteau gâté et arrogant, je ne pouvais rien faire d'autres que d'esquisser un sourire ironique.

Il s'agissait clairement du louveteau sur la photo de Sophie, avec qui « Papa David » a passé du temps à jouer du piano.