Chapitre IV

« Viviane ? Que fais-tu ici ? » Une voix a retendu brusquement. Je me suis retournée et a vu ma généraliste loup-garou Dr. Catherine dont le visage était marqué par l'inquiétude. « Tu sais que tu souffres de… »

Avant qu'elle ait pu finir, je l'ai interrompue. Je ne voulais pas que les gens sachent que j'étais en train de mourir, surtout pas David. Il penserait que je feignais la maladie juste pour attirer son attention et il me détesterait encore plus pour ça.

J'ai déjà décidé de le quitter pour toujours et je ne voulais pas me disputer à nouveau avec lui.

« Je… J'accompagne Joseph à l'école pour sa journée sportive. » Je regardais Catherine, me sentant mal à ma peau. Après l'avoir parlé, j'ai pris Joseph par la main et voulais partir rapidement.

« Viviane, ton compagnon n'est toujours pas avec toi ? » Catherine me regardait, son visage replissant de compassion. Elle trouvait pitoyable que je vienne toujours seule aux rendez-vous.

En entendant cela, David a détourné instinctivement sa tête.

Son attitude s'est fait comprendre tout de suite. J'ai adressé un sourire à Catherine tout en simulant la légèreté et a répondu : « Il a quitté la tribu il y a des années. Il n'a pas le temps de s'occuper de moi ou de Joseph. »

À ma réponse, David m'a regardée brusquement, visiblement surpris.

Il ne s'attendait pas à ce que je sois si compréhensive, à ce que je protège son image de compagnon. Son regard s'est adouci. Une étincelle de tendresse et de culpabilité est apparue dans ses yeux, comme s'il venait de se souvenir soudainement de toutes ces années où il avait été indifférent avec moi et avait négligé notre enfant. Son cœur semblait être rempli de remords.

David a pris un air pensif. Il réfléchissait dans sa tête : « Viviane avait autrefois été considérée comme une méchante intrigante et calculatrice. Après des années d'éloignement délibéré de sa part, elle avait dû changer. Peut-être pourrait-il trouver un créneau pour discuter sérieusement avec elle. Si elle reconnaissait ses erreurs passées, promettait d'être moins mesquine dans l'avenir et de devenir une personne gentille et honnête, il pourrait envisager de l'annoncer en tant que Luna de la tribu. »

Lorsque j'étais plongée dans mes pensées, Joseph m'a serré la main et a répondu : « Même si mon papa n'est jamais là, maman m'aime tout autant. Cela me suffit d'avoir maman à mes côté. Je ne dérangerai pas mon papa. »

J'écarquillais les yeux, voyant Joseph baisser sa tête, le visage teint d'une tristesse profonde.

David l'observait également. Une étincelle de soulagement traversait son visage. Il pensait simplement que Joseph était très sage, mais il n'avait aucune idée du désespoir infini dans les yeux de son fils.

Le regard que David m'a lancé ensuite était aussi empreint de satisfaction, comme s'il était content de mon éducation apte et propre.

La culpabilité le rongeait. Il estimait qu'il n'aurait pas dû traiter Joseph de cette manière auparavant. Il n'était qu'un enfant après tout. Qu'avait-il fait ? Il avait repoussé son propre fils de ses propres mains et prétendu que son attitude indifférente n'avait aucune importance.

C'était pour cela que quand nous étions sur le point de partir, un malaise intense a envahit David. Soudain, il a enfin réalisé que l'admiration remplissant le regard de Joseph avant était en ce moment remplacée par la déception.

Une vive douleur lui a transpercé le cœur, comme s'il avait perdu quelque chose d'important.

Joseph semblait ne plus reconnaître son propre père.

« Viviane, qu'est-ce qui ne va pas avec Joseph ? Pourquoi a-t-il soudainement dit de telles choses ? » Catherine a posé la question avec inquiétude.

Sans lui répondre, j'ai emmené Joseph vers les sièges réservés aux spectateurs. Nous nous sommes assis parmi le monde, mais Joseph est resté apathique tout au long de la cérémonie.

Lorsque la cérémonie de remise des prix a commencé et que la maîtresse a annoncé Joseph comme le gagnant de la compétition de chasse, Joseph a refusé son invitation pour monter sur la scène. Parce que les règles de l'école maternelle stipulaient que le présentateur devait être le père du gagnant, mais son père n'était pas venu.

De plus, la cérémonie s'est terminée par une photo père-fils, une exigence cruelle pour Joseph, étant donné le refus persistant de David de le reconnaître comme son fils.

Sa maîtresse et ses camarades de classe croyaient toujours que son père, qui avait quitté la tribu depuis des années, habitait dans le nord. Mais en réalité, son père était assis en bas et regardait les compétitions aux côtés d'un autre louveteau…

La fin de la journée enfin arrivée, j'emmenais mon fils pour partir tranquillement. Malheureusement, quand nous avons atteint l'entrée principale, nous avons croisé David qui semblait y attendre quelqu'un.

Il avait l'air pensif et faisait les cent pas, fumant une cigarette. La glace dans sa main était sur le point de fondre.

Quand Joseph l'a aperçu, il n'a pas sauté sur lui comme il le faisait d'habitude. Au contraire, il s'est tenu calme à côté comme s'il regardait un étranger.

David l'a rapidement repéré et s'est précipité vers lui pour lui tendre la glace. Il a dit : « Tiens, c'est pour toi. Elle va bientôt fondre. » Sur ces mots, il lui a caressé la tête, l'air flatteur.

Joseph a hésité devant la main tendue de son papa et a fini par accepter la glace. Les sourcils froncés qui avait marqué son front toute la journée se sont enfin détendus.

Remarquant cela, David s'est approché immédiatement de moi avec une expression confuse. « Viviane, j'ai une chose à te demander. Lucas souhaite participer à la compétition de chasse du groupe des primaires, mais la condition d'inscription est d'avoir remporté un prix dans le groupe des maternels, à quoi il ne répond pas. Pourtant, Joseph a remporté la première place des maternels et d'après ce que j'ai compris, il n'a pas l'intention de s'inscrire dans le groupe des primaires. Serait-il possible qu'il cède sa place à Lucas ? »

En entendant cela, Joseph s'est figé et la glace dans sa main est tombée par terre.

Il n'aurait jamais imaginé la raison pour laquelle que son père l'a attendu devant la porte et lui a offert la glace n'était pas de s'excuser mais d'obtenir son prix pour un autre louf.

Joseph regardait David et a fait entendre sa voix lourde : « Oncle David, je vais céder la place à Lucas s'il le souhaite. Je n'en ai pas besoin de toute façon… »

David a fixé Joseph dans les yeux, sentant l'anormalité dans ses paroles. Avant qu'il ait pu étendre la conversation, son téléphone a sonné.

C'était Sophie.

« David, Lucas a attrapé la fièvre brutalement. Nous sommes actuellement chez le physiothérapeute… »

« N'aie pas peur. Attends-moi là, j'arrive tout de suite. » Avant que la dernière n'ait pu finir sa phrase, David s'est précipité vers le parking en nous négligeant, moi et Joseph.

Lorsqu'il est passé devant nous en voiture, Joseph a crié à travers la vitre : « Papa, au revoir ! »

David l'a entendu et a freiné brusquement juste devant nous.

Il a tourné ses yeux vers Joseph. Même à ce moment-là, j'imaginais encore qu'il pourrait rester pour notre petit louveteau. Mais la prochaine seconde, il a fait démarrer la voiture de nouveau et est disparu après avoir prononcé une dernière phrase : « Rentrez tôt à la maison. Je vais vous annoncer quelque chose. »

J'étais surprise qu'il ne se soit pas mis en colère en entendant Joseph l'appeler papa cette fois-ci. Peut-être sentait-il que c'était la dernière fois qu'il entendait son fils l'appeler ainsi.

Ce soir-là, Joseph et moi sommes partis à l'aéroport. Nous n'avons emporté que quelques vêtements car nous n'avions plus besoin du reste.

L'avion s'apprêtant à décoller, j'ai envoyé un dernier message à David : « C'est fini pour nous. Nous ne nous reverrons plus jamais. »