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ALTITUDE INTERDITE
ALTITUDE INTERDITE
Author: Eternel

Chapitre 1 – Là où tout commence

Author: Eternel
last update Last Updated: 2025-06-30 00:39:17

Mila

22h17 – Hall d’embarquement Terminal 3

Mon souffle est court. Mon cœur cogne trop fort, trop vite, comme s’il avait oublié le rythme. Une main tremblante glisse sur mon uniforme, effleure le tissu bleu marine que je connais par cœur, mais qui ce soir me semble plus serré, plus étroit. Comme si ma peau était trop vivante pour s’y contenir.

Je m’appelle Mila Rives. J’ai vingt-sept ans.

Cela fait six ans que je vole, six ans que je traverse les fuseaux horaires et les océans en gardant toujours le contrôle.

Mais ce soir, tout m’échappe.

Je suis ce genre de femme qu’on respecte sans trop approcher. Les passagers m’écoutent, les collègues me craignent un peu, et jusqu’ici, aucun homme ne m’a fait vaciller. Pas vraiment. J’ai appris à garder mes distances, à répondre par le regard et non par le cœur. À jouer le jeu sans jamais me brûler.

Et pourtant… ce soir, il y a quelque chose dans l’air. Une vibration. Une tension sourde. Une attente qui colle à la peau.

On m’a assignée à un vol long-courrier vers Séoul. Jusqu’ici, rien de nouveau. Mais ce n’est pas le trajet qui fait trembler mes mains. C’est lui.

Le nouveau commandant de bord. Nolan Elven.

Son nom est devenu un murmure dans la bouche de toutes les hôtesses. Un homme impossible. Trop propre, trop parfait, trop… indéchiffrable. Il dégage quelque chose d’animal et de glacial à la fois, comme si derrière sa maîtrise absolue dormait un prédateur.

Il ne parle jamais pour rien. Il ne regarde personne sans raison. Il commande sans hausser la voix. Et il fait fantasmer toutes celles qui croisent son chemin. Y compris moi.

Je me tiens là, droite dans mon uniforme, les escarpins parfaitement parallèles, le badge accroché à ma poitrine comme un rappel de l’ordre. Mais à l’intérieur… c’est le chaos. Une tempête silencieuse qui roule sous ma peau.

Puis il arrive.

Il pénètre dans le hall avec cette allure nette, précise, presque militaire. Chaque pas est mesuré, chaque mouvement semble pesé à l’avance. Il n’avance pas. Il domine l’espace. Les conversations s’éteignent sur son passage. Les regards se tournent, curieux, admiratifs ou inquiets.

Je le fixe.

Il est encore plus impressionnant que sur les photos internes. Grand, le dos droit, les épaules larges. L’uniforme lui colle à la peau comme une évidence. Sa chemise blanche souligne la force tranquille de son torse, sa cravate est parfaitement ajustée. Mais ce sont ses yeux qui m’aspirent. Froids. Durs. D’une clarté coupante. Et pourtant… pleins de feu sous la glace.

Il me voit.

Je le sais parce que mon souffle se coupe net. Son regard s’ancre dans le mien. Il me traverse. Me jauge. Me fouille. Un frisson glisse lentement le long de ma colonne vertébrale. J’ai l’impression qu’il m’arrache mes pensées sans prononcer un mot.

Il s’approche.

Lentement. Trop lentement. Chaque pas resserre l’étau autour de mes côtes. Mon ventre se contracte. Je me mords l’intérieur de la joue pour ne pas bouger.

Il s’arrête à un souffle de moi. Assez proche pour que je sente son parfum sec, épicé, viril, presque brutal. J’en perds la notion de l’espace. Il penche la tête, très légèrement. Je sens son regard descendre jusqu’à mes lèvres. Remonter. Il sait exactement ce qu’il fait.

Son timbre me traverse la peau comme une lame chaude.

– Hôtesse Mila, c’est ça ?

Je hoche la tête. Incapable de parler. Ma gorge est sèche, mes lèvres entrouvertes, mon corps tendu. Tout en moi est en alerte, électrique, brûlant.

– Nous allons faire un bon vol, ensemble.

Et il se détourne. Tranquille. Précis. Comme s’il ne venait pas de faire exploser quelque chose en moi.

Il s’éloigne. Je le regarde disparaître dans le couloir du personnel, et je me rends compte que je retiens ma respiration depuis trop longtemps. Mes mains tremblent. Mon ventre est une boule de feu.

Il ne m’a presque pas touchée. Pas un geste déplacé. Rien d’explicite.

Et pourtant…

Ma peau le réclame déjà. Mon esprit s’enflamme. J’imagine ses mains sur mes hanches, sa voix dans mon oreille, ses ordres froids qui se mêlent à la chaleur de mes reins. Le cockpit verrouillé. La tension qui explose dans l’interdit.

Ce soir, les règles vont changer.

Ce soir, il ne sera plus question d’uniformes ni de hiérarchie.

Ce soir, je vais voler plus haut, plus loin, plus intensément que jamais.

Et c’est lui…

Lui qui va m’y emmener.

Mila

23h02 – À bord, Boeing 777, vol 438 – Destination Séoul

Le silence dans la cabine est presque parfait, encore vierge du tumulte des passagers. J’adore ce moment. Juste avant l’embarquement. Quand l’avion est encore une coque endormie, un corps froid prêt à s’échauffer. Quand tout semble possible.

Je glisse lentement mes doigts sur les rangées de sièges, vérifie chaque détail avec une minutie presque mécanique. Les coffres à bagages sont vides. Les gilets de sauvetage en place. L’eau, les fiches de sécurité, les ceintures croisées sur les coussins fermes. Tout est en ordre.

Mais moi… je ne le suis pas.

Depuis qu’il est monté à bord, je n’arrive plus à penser. Nolan Elven a traversé le tarmac comme un général entrant dans une zone de guerre. Je l’ai vu passer la porte, saluer brièvement l’équipage, puis disparaître dans le cockpit. Aucun mot. Aucun regard pour moi. Juste cette présence dense. Ce poids sous la peau.

Et pourtant, je le sens.

Je sais qu’il m’observe. Même derrière la porte close, même dans ce silence tendu, je sens son regard dans mon dos.

Je me retourne, soudain. Et je le vois.

Il est là, debout près du cockpit, son regard ancré sur moi. Les bras croisés. L’expression impassible. Mais ses yeux, eux, disent autre chose. Ils me détaillent. Lentement. De mes talons jusqu’à mon cou. Ils m’effleurent sans me toucher, et c’est pire encore. Je me sens brûlante, exposée, vulnérable dans ce couloir étroit où il n’y a aucun échappatoire.

Je soutiens son regard. Je refuse de baisser les yeux. Je ne suis pas une petite chose docile. Pas ce genre de femme. Mais face à lui, mon corps trahit. Ma respiration est plus courte. Ma poitrine se soulève trop vite. Je serre les dents.

Il ne dit rien.

Il se contente d’un simple hochement de tête.

Et il entre dans le cockpit.

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