Un petit poids sur ma poitrine me réveille.
Je rouvre les paupières, ça faisait des années que je n'avais pas autant dormi, je pense. Je redresse la tête et vois un chaton qui marche sur mes seins. - Excuse-le, il a à peine trois mois. Je relève la tête vers cette voix. Le Parrain. Des frissons me prennent alors qu'il vient chercher son chaton. Il le prend dans ses mains.Comme par hasard, un chaton noir aux yeux bleus... Je me redresse directement. - Je suis où ? Il finit de manger le quartier de fraise avant de me répondre. - Chez moi. - En Russie ? - Non, dans ma maison au Mexique. Je te cherchais et quel hasard de tomber sur toi dans une boîte de nuit. - Qu'est-ce que tu me veux ? - Je vais t'expliquer. Avant ça mange un peu. Le médecin a dit que tu ne mangeais pas assez et que si tu continuais tu arriverai à une anorexie. - Où est mon frère ? - Il est en sécurité, mais pas ici. - Où ? - Je te dirai tout dès que tu auras mangé Verana. Une fraise ? Ou tu veux directement aller dîner ? - Mais... arrête de faire comme si cette situation était normale ! Il me perturbe. - Pourtant il n'y a rien d'anormal. Je n'ai même pas encore dit ce que je voulais que tu paniques. Je sais que nos pères étaient des ennemis mais je ne veux pas te faire de mal, je te le jure. Expressions faciales justes, gestuelle juste. Il ne ment pas. - Allons dîner et je t'expliquerai en même temps. - Je ne veux pas que ça vienne de chez toi. Comment je pourrais lui faire confiance ? Je ne sais rien de lui, je ne sais même pas si je devrai croire en ses paroles. - D'accord, alors on va commander. Tu veux quoi ? Je le regarde, confuse. C'est si... bizarre. Il repose son chaton au sol. - Pizza ? Tacos ? Plats traditionnels ? Dis-moi. J'expire et j'inspire profondément. - Je suis dans un rêve ? Un rictus se forme sur le coin de ses lèvres. - Non, tu veux que je te pince ? - Non. Je refuse que tu me touches. - Je ne comptais pas t'y obliger. - Je veux savoir où est mon petit frère. Il soupire. - Tu ne vas vraiment pas lâcher l'affaire ? - Non. - D'accord... Il s'approche et s'assoit au bout du lit. - Je sais ce qui s'est passé avec Baston. Baston... quel putain de fils de pute. - Et il est en train de tout foutre en l'air. Il se met à dos tout le monde, en commençant par moi, les Moretti, les Gomez, les Sanchez. Toutes les plus grandes familles gérant le réseau de drogue mondial. Mon père avait tellement donné pour son business. Je n'arrive pas à croire qu'il se donne le droit de tout détruire comme ça, ce sale traître. - Il y a deux jours il nous a menacé avec le contrat de confidentialité si on ne lui donnait pas plus de pouvoir. Il veut littéralement mes clubs. J'imagine que ton père t'a parlé du contrat de confidentialité de la mafia ? C'est un contrat qu'ils ont tous signé il y a des décennies et des décennies. Les principales familles du réseau mondial. Si ce contrat tombe entre les mains d'Interpol ou des services secrets, ils sauront comment marche notre système et détruiront tout. J'hoche la tête. - Donc tu te rends compte d'à quel point c'est dangereux ? - Oui je sais. Mais je ne peux rien faire pour toi, Baston m'a dégagé de mon propre héritage. - Mais justement, c'est ton héritage, tu devrais le récupérer. - Et comment ? Je n'ai rien pour le récupérer, ma seule priorité est mon petit frère maintenant. - Il est avec un de mes frères, il va bien, je te le promets. Et j'ai des hypothèses. - Des hypothèses ? - Oui, à propos de ton père. Je sais qu'il n'est pas mort. Il est sérieux ? Il me prend pour une conne ou quoi ? - Mon père est mort il y a trois ans dans une fusillade qui a tourné à l'incendie. - Oui mais ils n'ont trouvé ni cendre ni cadavre. - Bah peut-être parce qu'il a été brûlé vif ?! Ou mort j'en sais rien ! - Quand on brûle quelqu'un ses os restent. Personne n'a trouvé les os de ton père. C'est vraiment immonde de me donner de tels faux espoirs... J'ai eu le cœur si brisé. Quand j'étais petite ma mère est morte, mon père est mort il y a trois ans et j'ai tellement souffert... tellement. J'avais perdu la seule personne qui s'occupait de moi... - Parce qu'ils n'ont pas pris la peine de fouiller la maison qui était complètement détruite. - Ils l'ont fouillé ils n'ont rien trouvé. En plus le soir même comme par hasard Baston a ramené un homme dans le sous-sol de sa maison. J'ai un de mes sbires infiltré là-bas. Il y a un homme qui est enfermé dans l'une des cellules du sous-sol depuis trois ans et qui disait à Baston "ne fait pas de mal à mes enfants". Ça peut être qui d'autre que ton père ? - Mais tu n'as aucune preuve. Si ton homme t'avait menti ? - Vera crois-moi, il ne m'a pas menti. S'il te plaît fais-moi confiance. - Compliqué alors que tu es le parrain. - Je. Ne. Suis. Pas. Mon. Père. Je te le jure sur tout ce que j'ai de plus cher que je veux seulement t'aider. Je ne peux pas croire qu'il est vivant... après tant de pleurs et de souffrance... - Baston t'a retiré ton héritage seulement parce que tu es une femme. Et il faut que je sois sûr que tu es prête, parce qu'être dans ce genre de milieu n'est pas facile. - Je suis prête depuis longtemps et je n'ai pas besoin que tu le vérifies. Il sourit mesquinement. - Je sais que tu es prête, tu es prête à faire des transactions. Aller aux rendez-vous avec les fournisseurs, gérer un réseau. Je suis sûr que tu assureras, mais est-ce que tu es prête à tuer des gens de sang-froid ? - Continue à douter de mes capacités de meurtrière et tu seras ma trentième victime. - Arrête de mentir Vera. - Tu n'es pas obligé de me croire. Parce que dans tous les cas j'en aurais rien à faire. Je veux bien récupérer mon héritage mais je ne croirai pas au fait que mon père est vivant. - Il l'est. - Le meilleur moyen de ne pas être déçue c'est de s'attendre à être déçue. Maintenant il faut que tu me dises comment on va faire, puisque je ne vais pas récupérer tout ça en claquant des doigts. Il se lève et ramène un échiquier sur le lit. - Il pense à tout ça comme à un jeu d'échecs. Il a battu le roi. Dit-il en retirant le roi du plateau. Mais la reine reste cachée depuis trois ans. Il croit qu'il a de l'avance sur tout, des oreilles partout, des yeux partout. Il croit tout voir. Sauf que ce n'est pas le cas. Il ancre ses pupilles dans les miennes. - Il y a trois ans, il pensait que tu n'insisterais pas, et il a eu raison. Tu n'avais rien ni personne, donc rien contre lui. Mais maintenant que je suis avec toi on est beaucoup plus puissants que lui. Il ne reste plus qu'à concocter un plan. Mais avant tout ça, c'est donnant-donnant. - Qu'est-ce que tu veux ?Verana Je sens deux bras se serrer autour de mon corps. Je me réveille directement. Je ne suis plus habituée à dormir avec quelqu'un d'autre. Je me blottis contre mon mari. Ça faisait si longtemps que je n'avais pas passé un matin à côté de lui... Me sentir serrée dans ses bras me fait du bien. Il dépose quelques bisous sur mon épaule en caressant mon corps, ce qui me détend. - Il faut emmener les filles à l'école... Dis-je toujours endormie. - Je vais m'en occuper. Il me serre fort contre lui. - Repose-toi, je te réveillerai quand tu devras allaiter Noé. Il dépose un bisou sur ma joue avant de s'en aller. Le temps passe. Pour une fois, je peux dormir autant que je veux, ça fait du bien. Alessio Je les dépose à la maternelle, elles me font chacune un bisou avant d'y aller. J'ai passé beaucoup de temps avec elles hier et aujourd'hui, donc elles se sont habituées un peu. Elles continuent à m'appeler le monsieur, mais ce n'est pas grave, elles se réhabitueront au fil du te
Verana Ce jour, cette année, ce mois, cette heure, cet avion. Je vais enfin le revoir... Beaucoup de temps est passé, énormément de temps. Je me suis débarrassée de tous ces problèmes, je n'y suis plus mêlée. Mes filles ont déjà perdu leur père, elles ne peuvent pas me perdre. Mais aujourd'hui, il revient, après deux ans... Il a pu m'appeler qu'une seule fois en deux ans. Oh mon dieu c'était une torture. Être loin de lui est la pire des souffrances qu'on puisse m'infliger. Il m'a appelé une seule fois et il a tout risqué. Il m'a appelé le soir où j'ai accouché de notre fils. Malgré le risque que la police retrace l'appel. Ensuite, il m'a donné l'île où on a emménagé, l'année, le mois, le jour, l'heure. Je le vois sortir de l'avion, mes deux princesses à côté de moi. Je sens mon cœur s'arrêter quand je le revois. En deux ans, il n'a pas changé. Je suis dans un rêve ? Il est réellement là. Il est vraiment revenu... Il s'approche de moi à petits pas. Quand il arrive face
Verana Je m'assois sur les genoux de mon futur mari. On doit préparer le mariage donc on a ramené toutes les personnes qui vont être importantes. Mon père, Isaac, Livio qui a arrêté de se battre avec Alessio, Alex et Alexio ainsi que la tante d'Alessio, qui est comme sa deuxième mère. Il faut aussi qu'on décide des parrains de nos filles. - Papa tu viendras avec moi pour l'essayage de ma robe demain, et pour vos costumes vous avez pris rendez-vous ? Je demande. - On a pris rendez-vous chez le tailleur pour demain. - L'organisatrice de mariage vient dans deux jours elle va nous proposer des thèmes. Tu as réservé la salle ? Je demande à Livio. - J'ai réussi à avoir la salle dont tu rêvais tant. Un sourire se feint sur mes lèvres. - À la date prévue n'est-ce pas ? - Bien sûr. - Les invitations ont été envoyées ? Alessio hoche la tête. - Il y en a combien qui sont présents ? - Trois cents personnes je crois, dans les environs. - Il faut aussi qu'on trouve un traiteur. Et un
Ça commence à m'étouffer tout ça. Ça fait déjà plusieurs heures que je travaille avec Levi. Mon père est retourné au Mexique depuis une semaine, maintenant c'est lui qui vient pour les affaires. J'aurais aimé boire de l'alcool, mon dieu quand je vais finir d'allaiter ce sera un tel soulagement. - Il faut que j'y aille. Dis-je en voyant l'heure. - Tu vas aller voir Alessio ? J'hoche la tête positivement. - On se reverra demain pour continuer de toute façon. - Ton chauffeur est là ? Demande-t-il en se levant. - Oui il est devant. - À demain alors. - À demain. Dis-je avant de sortir. Il conduit jusqu'à l'hôpital et je monte à la chambre, j'aperçois un médecin devant lui. - Je veux ma femme. ... Alessio ? Le son de sa voix me fait frissonner. Je suis dans un rêve ? Je m'approche. Quand je le vois réveillé, je saute directement dans ses bras et j'éclate en sanglots. Il m'enlace si fort que je pourrais m'étouffer, la tête enfouie dans mon cou et la mienne dans le sien.
Verana Je le fixe, je me demande, est-ce qu'il est dans un rêve ? Ou est-ce qu'il m'entend ? Je lui avais dit... Je voulais qu'il vienne, mais il n'est pas venu. Pourquoi il est resté ? Les médecins ont dit qu'ils ne savaient pas quand il se réveillerait, mais il est hors de question qu'on le débranche. J'ai toujours espoir qu'il sorte du coma. C'est Diego qui a fait ça. Cette fois, on ne l'a pas laissé en vie. Il est mort, enfin. Je prends sa main dans la mienne. Il a déjà raté deux mois de la vie de nos filles, ça va durer combien de temps encore ? J'ai si peur qu'elles l'oublient... - Si tu m'entends, sache que tu me manques énormément, à moi et aux filles aussi, tu leurs manques. Je soupire. - Réveille-toi Alessio, je t'en supplie. J'ai peur d'oublier le son de ta voix, ou que les filles oublient qui est leur père. J'espère que ça n'arrivera pas et que tu te réveilleras dans la semaine qui suit, même si ça fait plus de deux mois que je dis ça tous les jours... En réali
Verana Je dépose des bisous sur ses deux petites joues. Elle est trop chou. J'habille ma première fille et prends la deuxième. On est rentrées de la maternité il y a à peine trois semaines. Elles vont parfaitement bien malgré mon accouchement prématuré. Je laisse Alessio dormir, il est resté éveillé très tard hier soir pour se libérer aujourd'hui. Il n'est que six heures, je le réveillerai vers dix heures. Je leur donne à manger et suite à ça les nounous s'occupent d'elles. Il y a Levi qui va venir, on doit parler de certaines choses, surtout de ce qui se passe au Brésil. Puisque Diego n'est plus chef, on ne sait pas qui va gérer ce business. Actuellement c'est Levi mais il faut qu'on trouve un remplaçant, il ne peut pas gérer l'Italie et le Brésil en même temps, c'est humainement impossible. - Madame ? Il y a monsieur Ricco qui est arrivé. me dit Alba. Je donne Alice à la nounou et le vois arriver. - Tu as eu des jumelles ? Demande-t-il en les voyant. - Oui, Alice et Alic