AYALa porte vient de claquer, et le bruit résonne encore dans mes tempes comme une gifle. Isabella est dehors, réduite au silence, enfin, mais son parfum flotte toujours dans la pièce, entêtant, provocateur, comme si elle avait réussi à imprimer sa présence jusque dans l’air que je respire. Mon cœur bat vite, trop vite, et je sens mes doigts trembler alors même que je les serre contre mes cuisses.Je devrais sourire, triompher, savourer cette victoire, mais je n’y parviens pas. Je le regarde, lui, Salvatore, debout, les épaules encore tendues, la mâchoire crispée, et je ne sais pas si je dois être en colère ou soulagée. Oui, il l’a repoussée, il l’a rejetée, il a claqué la porte sur son visage comme on referme un piège, mais avant… avant, elle a eu le temps de poser ses lèvres sur les siennes, elle a osé, et il ne l’a pas empêchée immédiatement.Le doute s’infiltre en moi comme une lame froide, insidieuse. Et si elle avait raison ? Et si ce trouble que j’ai vu dans ses yeux n’était p
ISABELLAJe reste immobile, mes lèvres encore brûlantes du baiser volé, son souffle toujours sur ma peau, mais déjà je sens le monde basculer, l’air se refroidir, se tendre comme une corde prête à se rompre. Ses doigts se crispent sur mes bras, non plus hésitants mais fermes, tranchants, et ses yeux se durcissent en un instant, reprenant cette froideur qui m’avait manqué une seconde plus tôt.— Isabella…, répète-t-il, mais cette fois son ton n’est plus troublé, il est glacé, lourd d’une menace qui me coupe presque le souffle.Je tente de sourire, d’y lire autre chose, mais son regard m’écrase, implacable.— Ne refais jamais ça, souffle-t-il, bas, tranchant, chaque mot comme une lame.Mon cœur se serre mais je refuse de baisser les yeux. Je sens Aya, derrière, retenir son souffle, presque haletante, ivre de vengeance silencieuse. Elle se nourrit de ma chute, je le sais, mais je ne peux pas lui offrir ce spectacle.Je m’avance d’un demi-pas, mes doigts osant remonter le long de sa chemi
ISABELLALe lendemain, l’aube me trouve déjà éveillée, incapable de dormir tant le plan que j’ai dessiné toute la nuit pulse dans mes veines comme une drogue. Chaque fibre de mon corps sait que je dois frapper vite, que la première impression doit marquer Salvatore au fer rouge. J’ouvre ma penderie comme on ouvre un arsenal, mes yeux parcourant les tissus comme s’ils étaient des armes, des lames, des poisons. Rien n’est laissé au hasard.Je choisis une robe noire, ajustée, qui épouse ma taille et laisse deviner mes hanches avec une élégance maîtrisée, pas de provocation vulgaire mais la suggestion calculée d’un désir qui ne demande qu’à éclore. Le tissu glisse sur ma peau avec un frisson, je sens déjà l’effet qu’il aura quand j’entrerai dans son bureau. Mes cheveux, je les laisse libres, disciplinés mais souples, une cascade sombre qui encadrera mon visage comme un voile à lever. Mon parfum, je l’applique avec soin, discret mais entêtant, assez pour hanter l’air autour de moi sans l’a
ISABELLAJe referme la porte de ma chambre derrière moi et le cliquetis du verrou me semble à la fois protecteur et suffocant. Je reste un instant immobile, le dos collé contre le bois froid, les mains crispées sur les draps pliés sur la chaise. Mon esprit est un tourbillon, une tempête de peur, de colère et d’opportunité. Tout est fini et rien n’est fini à la fois. Salvatore est parti, mon père m’a ordonné de céder, mais je refuse de disparaître dans ce rôle d’obéissante qui m’écrase déjà. Je dois reprendre quelque chose de mon destin, même si ce quelque chose est tordu, même si ce quelque chose est dangereux.Je marche lentement jusqu’au bureau dans un coin de ma chambre, et je m’assois, les coudes appuyés sur le bois lisse, le menton dans mes mains. Je pense à Salvatore. Son visage me revient net, froid, distant, comme un mur que je devrais franchir mais qui me renvoie. Je devrais pleurer, hurler, fuir, mais aucune de ces options n’est possible. Tout ce que j’ai à faire, c’est tran
ISABELLAJe pousse la porte du bureau de mon père, le cœur encore en désordre, mes pas hésitants trahissant le tumulte de mes pensées. Salvatore… il est parti, laissant derrière lui ce vide que je croyais impossible à combler, mais ce n’est pas le silence qui m’oppresse le plus, c’est ce que je dois annoncer maintenant, la vérité que je n’ai même pas eu le courage de formuler à voix haute jusqu’ici.— Père… je…Je m’arrête, incapable de former une phrase complète, mes doigts jouant nerveusement avec le bord de ma robe, et je sens le regard de mon père peser sur moi, lourd, évaluateur, inquiet. Il lève un sourcil, et je comprends qu’il a deviné avant même que je ne parle.— Qu’y a-t-il, Isabella ? ta voix hésitante me fait mal.Je prends une inspiration, le souffle court, et je me lance :— Salvatore… il… il veut mettre fin à notre relation.Les mots résonnent dans la pièce, et j’ai l’impression qu’ils tombent sur un sol de verre, fragile, fissuré, prêt à céder. Mon père reste silencie
AYASon regard ne me lâche plus, il me cloue à ce canapé comme si mes jambes s’étaient dissoutes dans le tapis épais, et quand il se rapproche encore, quand son ombre dévore presque la lumière filtrée par les parois de verre, je comprends que la frontière invisible que je m’efforçais de maintenir vient de s’effondrer .Il s’assied à côté de moi, sans précipitation, le poids de sa présence suffit à faire trembler l’air, et sa cuisse touche presque la mienne, assez pour que je sente la chaleur qui s’en dégage, pas assez pour que je puisse prétendre que ce n’est qu’un hasard .— Tu crois vraiment que c’est toi qui choisis quand je franchis la distance ? dit-il à voix basse, si basse que je dois tendre l’oreille, et ce simple effort me fait basculer vers lui .Je déglutis, mon souffle se raccroche à ma gorge— Ce n’est pas toi qui décides de tout .Il rit doucement, un rire sans éclat, mais qui vibre comme une lame qu’on aiguise .— Alors dis-moi, Aya… qu’est-ce qui m’échappe ? Qu’est-ce