Chapitre 2

Joseph ne s'attendait manifestement pas à ce que je fasse une chose pareille. Ses sourcils se sont froncés, son visage s'est assombri.

Je me suis retournée et éloignée, ignorant les regards stupéfaits des deux personnes derrière moi. La brûlure de mon bras palpitait à nouveau, plus vive qu'auparavant.

Mon amour pour lui était déjà mort pendant ce mois à l'hôpital, un mois de traitement douloureux et de silence interminable de sa part. Pas d'appels, pas de visites, un simple message sur Facebook : Va te reposer. Je suis occupé par mon travail.

Je n'ai même pas réalisé qu'il m'avait suivie jusqu'à ce que je sente son ombre derrière moi. Les bras de Joseph ont entouré ma taille, son visage s'est enfoncé dans la courbe de mon cou, son souffle a effleuré ma peau.

« Emmanuelle et moi avons grandi ensemble », a-t-il murmuré, « elle est jalouse dès que je parle de mariage. Pour les fiançailles... ne le prends pas à cœur. C'est ma mère qui insiste pour qu'Emmanuelle devienne la Luna de la famille Salvador. Mais pour moi, elle est ma sœur depuis toujours. Toi et moi, on peut encore être ensemble... »

« Je m'en fiche. » lui ai-je répondu en m'extirpant de ses bras. « Pas la peine. »

Nous étions ensemble depuis cinq ans. J'avais déjà été si proche de lui que rien ne m'était interdit. Mais aujourd'hui, son contact ne m'inspirait que du dégoût.

L'expression de Joseph s'est déformée, il m'a regardée comme s'il me voyait pour la première fois. La Caroline obéissante et prévenante qu'il connaissait avait disparu.

« Elle et toi avez grandi ensemble », ai-je dit à voix basse, « tu la connais depuis plus longtemps que moi. Les fiançailles sont la volonté de ta mère, je n'interviendrai pas. »

« Détends-toi, Joseph. Après tout, c'est l'affaire de ta famille. Je ne connais pas les Leblanc aussi bien qu'Emmanuelle. Je démissionne vraiment, pas par jalousie, pas par dépit. » Mon ton restait ferme.

Il a inconsciemment poussé un soupir de soulagement. « Je sais que tu es la plus prévenante. Je... »

Avant qu'il n'ait terminé, la voix d'Emmanuelle s'est échappée du bureau.

« Joseph, où as-tu mis ma lingerie ? Celle en dentelle... »

Nos yeux se sont croisés. Elle s'est figée une seconde, puis a cligné des yeux en toute innocence. « Oh, je suis désolée. Je ne savais pas que tu étais encore là. Joseph et moi avons passé tellement de temps ensemble ces derniers temps que j'ai soudain oublié que tu étais toujours sa petite amie. »

J'ai esquissé un léger sourire indifférent. « Ce n'est pas grave. »

Puis je me suis retournée et j'ai quitté le vignoble.

Le lendemain matin, mon téléphone a sonné. Mon père, il avait dû apprendre que j'avais été quittée.

« Caroline », a dit sa voix grave, « comment te sens-tu ? Je vieillis, ma chérie. Je veux juste que tu reviennes à la maison. Pendant toutes ces années, tu as suivi Joseph, sans titre, sans statut, et tu as laissé sa famille se moquer de toi. »

« Reviens vite et aide-moi à diriger l'entreprise familiale. Tu as tant fait pour Joseph, mais en fin de compte, il pense toujours que tu ne veux que sa terre et ce foutu vignoble. »

Mon père avait l'habitude de dire cela, et je le contredisais toujours, parce que j'aimais Joseph.

Je savais que la Meute de Lune de Sang était la plus grande, la plus riche, la plus puissante, mais rien de tout cela n'avait d'importance, pas en comparaison avec le fait d'être avec l'homme que j'aimais.

Mais maintenant, j'ai la gorge serrée, les mots coincés quelque part entre la douleur et la fierté.

Ces cinq années dans la Meute de Griffe d'Argent... Je n'ai jamais trouvé ma place, ni dans le vignoble, ni dans le cœur de Joseph.

« Quand reviens-tu ? Je vais préparer les choses pour toi. »

Un léger malaise s'est installé dans ma poitrine. Dans huit jours, ce serait l'anniversaire des cinq ans de ma relation avec Joseph.

« Dans huit jours », ai-je dit à voix basse, « une fois que j'aurai tout terminé ici, je reviendrai. »

En raccrochant le téléphone, je me suis aperçue que Joseph était déjà derrière moi, en train de m'observer.

Il a froncé légèrement les sourcils et s'est approché pour voir le nom de l'appelant sur mon écran.

« Huit jours ? À qui parlais-tu ? »

J'ai posé le téléphone sur la table, face contre terre, en faisant semblant de ne pas m'en préoccuper.

« Un ami, nous allons voyager. »

« Qu'est-ce que tu veux dire ? Qui s'occupera des autres affaires du vignoble si tu pars ? »

Il a serré les lèvres, ne comprenant visiblement pas pourquoi je devais faire la tête.

J'ai failli rire. Avait-il trop l'habitude d'avoir une employée gratuite qui, en plus, chauffait son lit ?

« Ce n'est pas nécessaire. » ai-je dit catégoriquement.

Mon ton a fait tressaillir d'irritation quelque chose en lui, mais avant qu'il ne puisse parler, la voix d'Emmanuelle s'est élevée de l'étage inférieur.

« Joseph, le dîner est prêt ! Ne fais pas attendre papa et maman ! »

Ces mots ont fait trembler mes doigts. J'ai levé les yeux vers lui.

Lorsque Joseph et moi venions de nous mettre ensemble, ses parents m'avaient méprisée, me voyant comme une pauvre fille d'une meute paumée, indigne de leur fils Alpha.

Mais à l'époque, Joseph m'emmenait toujours à chaque réunion de famille, se tenant à mes côtés sans hésitation, les défiant pour mon bien.

Il m'avait promis un jour que s'il était encore en vie, il y aurait toujours une place pour moi dans la Meute de Griffe d'Argent.