Chapitre 6

« Tu es déjà une adulte, est-ce que ça vaut vraiment la peine de te disputer avec un enfant ? »

Céleste s'est figée. Elle avait su depuis longtemps qu'il ne la croirait pas, mais le voir montrer ainsi, sans détour, sa préférence pour Élise l'avait quand même blessée.

Ses yeux se sont embués d'amertume, elle a refoulé ses larmes et a dit : « Je ne l'ai jamais poussé ! »

Antoine a laissé échapper un rire : « Tu veux dire qu'un enfant de quelques années se serait laissé tomber tout seul pour t'accuser à tort ? »

Le cœur de Céleste a tremblé violemment.

Elle avait parfaitement conscience qu'il ne la croirait pas, alors pourquoi cherchait-elle encore à se justifier…

Baissant les yeux, elle a essayé de reprendre son calme : « C'est vraiment ma malchance de vous croiser, ça te va ? »

Elle s'est retournée pour partir.

« Arrête-toi. »

Elle a marqué un léger arrêt, sans se retourner.

« Nicolas reste un enfant, pourquoi t'en prendre à lui ? » La voix d'Antoine s'est adoucie un peu. « Présente-lui tes excuses. »

« Antoine, et si… on laissait tomber… » Élise a pris la parole pour la défendre.

Le regard d'Antoine s'est glacé : « Une erreur, c'est une erreur, et quand on se trompe, il faut s'excuser. »

Céleste a serré les doigts si fort que ses ongles se sont enfoncés dans sa paume, mais elle semblait avoir oublié la douleur.

Elle s'est lentement retournée, a fixé Antoine et a désigné la caméra de surveillance sous le lampadaire, un peu plus loin : « Le Domaine des Érables est rempli de caméras de surveillance, avant de jouer au héros, tu ne pourrais pas aller vérifier les images ? »

« Si les enregistrements montrent que j'ai eu tort, je m'excuserai. Mais si ce n'est pas ma faute, tu ne peux pas espérer que je le fasse ! »

Sans lui jeter un regard de plus, Céleste s'est détournée et est partie.

La poitrine d'Antoine s'est brusquement contractée, et son visage s'est assombri.

Élise avait été troublée rien qu'en entendant les mots « caméras de surveillance ». Elle craignait qu'Antoine aille réellement vérifier les caméras. Elle l'a retenu par le bras : « Antoine, laisse tomber, Nicolas n'est pas blessé, et je crois que le docteur Aubry n'a pas fait exprès. »

Elle ne pouvait absolument pas laisser Antoine consulter les enregistrements, alors elle a changé de sujet en hâte : « Antoine, Nicolas va être en retard, allons-y d'abord. »

Antoine a dégagé son bras : « J'ai déjà prévenu la directrice de la maternelle. Emmène Nicolas, elle s'occupera de tout. J'ai une réunion. »

Puis il est retourné directement à sa voiture.

Élise a regardé Antoine partir en voiture, a serré inconsciemment le poing, oubliant qu'elle tenait encore Nicolas par la main.

« Maman, tu me fais mal. »

Nicolas avait mal à cause de sa pression.

Élise a repris ses esprits, s'est accroupie lentement et a posé ses mains sur ses épaules. Dans son regard assombri brillait une lueur de satisfaction : « Nicolas, tu as très bien agi cette fois, c'était parfait. »

« Vraiment ? » Nicolas a cligné des yeux.

Il ne comprenait pas grand-chose.

Mais il savait que, tant que ce qu'il faisait rendait sa maman heureuse et lui valait ses éloges, alors c'était forcément bien.

Élise a caressé sa joue avec un sourire : « Nicolas, toi aussi tu aimerais qu'Antoine devienne ton papa, n'est-ce pas ? »

Il a hoché la tête avec joie.

Le sourire d'Élise s'est fait plus froid : « Alors tu dois absolument te faire bien voir d'Antoine, pour qu'il t'aime encore plus, tu comprends ? »

Il a acquiescé vivement : « Je le ferai ! »

…

Antoine venait d'arriver au bureau lorsque son assistante, Diane Morel, s'est approchée de lui : « Monsieur Caron, Madame Sophie vous attend dans votre bureau. »

Antoine a acquiescé et a franchi le seuil du bureau.

Sophie était assise avec élégance sur le canapé, savourant une tasse de thé. En levant les yeux vers lui, elle a demandé : « J'ai entendu dire que tu avais placé cette femme, Élise, dans l'hôpital où travaille Céleste ? »

Antoine a desserré légèrement sa cravate et s'est assis en face d'elle : « Céleste s'est plainte auprès de vous ? »

Sophie a reposé sa tasse avec force et a lancé d'un ton sévère : « Antoine, arrête de douter tout le temps de ta femme ! Céleste serait-elle du genre à se plaindre ? »

Antoine a esquissé un sourire froid : « Elle ne le ferait pas ? »

« Je n'ai pas oublié comment Céleste a réussi à entrer dans la famille Caron, ni comment vous m'avez forcé à l'épouser. »

Le visage de Sophie s'est assombri, et une lueur ironique a traversé ses yeux : « Si elle avait vraiment cherché à se plaindre, crois-tu qu'Élise aurait encore eu une chance de rentrer dans le pays ? »

Antoine est resté silencieux un instant, puis il a croisé le regard de Sophie : « Ne la touchez plus. »

Sophie a éclaté d'un rire furieux : « Cette femme a accepté dix millions de ma part pour s'éloigner de toi. Une opportuniste pareille, qu'est-ce qui peut bien te plaire chez elle ? »

« Si vous n'aviez pas mis votre grain de sel, serait-elle partie ? »

« Toi… » En songeant à quelque chose, Sophie a soudain éclaté de rire, puis elle s'est levée lentement : « Antoine, tu as pris une pierre pour un diamant. Un jour, tu le regretteras. Je ne me mêlerai plus de ton histoire avec Céleste. Si vous voulez divorcer, faites-le. Tu te débrouilleras. »

Elle a quitté le bureau.

La mâchoire d'Antoine s'est contractée, et son regard sombre s'est épaissi comme de l'encre.

Est-ce qu'il allait le regretter ?

Comment aurait-il pu le regretter ?

Céleste avait déjà obtenu la richesse et le prestige qu'elle désirait, comment aurait-elle pu vouloir le quitter ?

Non, elle ne pourrait pas se détacher de lui.