Mara
Je ne sais pas si c’est la fatigue, la routine, ou simplement cette impression d’être de trop ici… mais ce matin, quelque chose en moi a changé. Je le sens. En me regardant dans le miroir, je ne vois plus seulement une fille brisée. Je vois une fille qui lutte pour tenir debout, même quand personne ne l’aide. Après une courte nuit, je me lève avec cette boule dans la gorge. Je prends ma douche en silence, je range ma chambre comme d’habitude, puis je descends sans un mot. Il y a toujours du monde au salon, et pourtant je me sens terriblement seule. Je prends mon petit déjeuner rapidement. Ma tante, fidèle à elle-même, me lance : — Quand tu rentres, passe à la pharmacie pour moi. Je hoche la tête. Même plus la force de répondre. Quand j’arrive au magasin, Josh me lance un sourire : — Hey Mara ! T’as pas l’air en forme ce matin, tout va bien ? Je force un sourire. — Ouais, juste une nuit courte. Je la remercie du regard. Si seulement je pouvais tout raconter… Mais par où commencer ? Que je me sens étrangère chez moi ? Que l’absence de mes parents me ronge chaque jour un peu plus ? La journée passe lentement. Je m’occupe, je souris aux clients, je joue mon rôle. Mais à l’intérieur, c’est le chaos. Alors que je repliais une pile de vêtements, un homme entra. Grand, bien habillé, le regard assuré. Il me demanda conseil sur une chemise et, après quelques échanges, il décida d’en prendre trois d’un coup. — Vous m’avez bien conseillée, me dit-il en souriant. Je reviendrai. Il me laissa un généreux pourboire, glissé discrètement dans ma main. Je restai un instant figée, presque surprise. Peut-être que c’était mon jour de chance. Je repris le travail avec une énergie nouvelle. Chaque cliente me semblait plus facile à satisfaire, et les ventes s’enchaînaient. La journée passa plus vite que d’habitude. Alors que je rangeais les derniers articles avant la fermeture, une silhouette familière apparut près de la porte d’entrée. Mariam. — Hey, t’es prête ? lança-t-elle avec un grand sourire. Je hochai la tête, ravie de la voir. Elle avait toujours cette énergie contagieuse. — Viens, on va prendre un petit truc à manger. J’ai des potins à te raconter. On marcha jusqu’à une petite boulangerie pas loin. Assises sur une terrasse, un pain au chocolat et un smoothie à la main, Mariam se pencha vers moi, les yeux brillants d’excitation. — Tu vas pas me croire… Jonathan et moi, ça va mieux. Il m’a invitée à dîner ce soir. — C’est une bonne nouvelle, dis-je en souriant. Je suis contente pour toi. — Oui, mais… (elle fit une petite grimace malicieuse) il sera avec un ami à lui. Du coup, il m’a proposé qu’on vienne toutes les deux. Ce serait sympa, non ? Je faillis m’étouffer avec une gorgée de smoothie. — Moi ? Non, Mariam, tu sais très bien que je suis pas dans ce mood. J’ai besoin de calme, pas d’un double rencard. — Roh, arrête ! me coupa-t-elle en riant. Tu juges trop vite. Et puis, l’ami de Jonathan est un vrai beau gosse. Peut-être que toi et lui, ça pourrait coller… Qui sait ? — Tu rigoles ?! Tu veux me caser avec un inconnu, maintenant ? — Ce n’est pas un mariage hein ! Juste un dîner, entre adultes. Et puis, tous les hommes ne sont pas les mêmes, Mara. Il faut que tu te donnes une chance. Je soupirai longuement. Une part de moi avait envie de rester dans ma routine. Mais l’enthousiasme de Mariam était désarmant… et un peu contagieux. — Bon… d’accord, mais c’est bien parce que tu insistes. — Yessss ! s’écria-t-elle en tapant dans ses mains. Allez, direction le centre commercial. Il faut que tu sois canon ce soir. — Attends, quoi ? On va acheter une robe maintenant ? — Évidemment. Tu vas pas porter ton uniforme de vendeuse à un dîner ! Je me laissai entraîner, moitié amusée, moitié terrifiée. Arrivées au centre commercial, on entra dans une boutique chic. Mariam fouillait les portants comme une furie. — Essaie celle-là, et celle-là aussi ! cria-t-elle en me lançant deux robes. J’en essayai plusieurs. Trop longues, trop simples, trop flashy… Rien ne me convenait. Puis, Mariam poussa un cri derrière moi. — Celle-là ! cria-t-elle comme si elle venait de découvrir un trésor. Elle me montra une robe noire. Courte. Sexy. Une vraie bombe. — Non. Hors de question, dis-je aussitôt. — Arrête un peu ! Elle est parfaite pour toi. Faut que tu respires un peu, que tu changes d’air. Juste pour une soirée. Je la fixai, hésitante. La robe était sublime, mais clairement provocante. Tout ce que je ne portais jamais. — Tu vis comme une grand-mère, soupira-t-elle. T’es jeune, t’es belle. Tu vas pas rester coincée toute ta vie, si ? Je soufflai… puis cédai. — D’accord. Mais juste pour ce soir. Elle leva les bras au ciel, triomphante. — Tu vas faire tourner des têtes, je te jure. On passa à la caisse, puis on quitta le centre commercial. Sur le chemin du retour, on parla de tout et de rien. Du dîner à venir. Des robes. De nos rêves un peu fous. Arrivée près de chez moi, je la remerciai. — À ce soir, hein ? s’écria-t-elle en s’éloignant. Sois prête ! Je rentrai à la maison. Ma tante m’avait laissé quelques tâches à faire, que je m’empressai de finir. Puis je dînai rapidement, l’estomac déjà noué par l’idée de ce fameux dîner. Quand je montai dans ma chambre, la robe était là, suspendue à mon armoire. Elle brillait presque dans la pénombre. Je n’étais pas prête, mais… j’avais dit oui. Et il était trop tard pour reculer. Mais mon esprit revient sur l'inconnu de la soirée, l'ami de JonathanMaraLe lendemain matin, j’étais encore allongée sur le lit, les yeux grands ouverts, le regard perdu au plafond. Les souvenirs de la veille tournaient en boucle dans ma tête. Ce message d’Elias, ce sourire qu’il avait réussi à faire naître sur mon visage… C’était doux. Inattendu. Dangereusement agréable.Je m’étirai paresseusement avant de m’asseoir au bord du lit. Je passai une main dans mes cheveux tout emmêlés et laissai échapper un soupir. J’avais une routine à reprendre, une journée à affronter. Pas le temps de rêvasser.Je me levai, rangeai un peu ma chambre, puis filai sous la douche. L’eau chaude me fit un bien fou, comme si elle lavait un peu mes doutes. À peine sortie, mon téléphone vibra sur la table de chevet. Une notification.> « Bonjour la belle au bois dormant, j’espère que tu es bien réveillée et passe une bonne journée ma belle. — Elias »Je souris comme une idiote. Mes joues se réchauffèrent sans prévenir. Je me surpris même à relire le message une deuxième fois. P
MaraJe me tiens devant le miroir, les mains moites, le cœur battant un peu trop vite. Cette robe noire me fixe comme un défi. Courte. Serrée. Trop sexy pour moi. Je n’ai jamais porté ce genre de choses. Je me demande encore comment Mariam a réussi à me convaincre…Je pousse un léger soupir et passe mes doigts dans mes cheveux, hésitant entre les laisser détachés ou les attacher. Finalement, je les boucle légèrement et les laisse tomber sur mes épaules. Un peu de gloss, un trait d’eyeliner, un soupçon de parfum. Voilà. Ce n’est pas grand-chose, mais pour moi, c’est énorme.Dans le miroir, je me regarde une dernière fois. C’est comme si une autre fille me faisait face. Une version de moi que je ne connais pas. Une version plus sûre, plus audacieuse… mais est-ce vraiment moi ?Je descends doucement les escaliers, espérant ne pas croiser ma tante. Par chance, elle est devant la télé, concentrée sur son feuilleton. Je murmure un simple "je sors avec Mariam" et file dehors avant qu’elle ne
MaraJe ne sais pas si c’est la fatigue, la routine, ou simplement cette impression d’être de trop ici… mais ce matin, quelque chose en moi a changé. Je le sens. En me regardant dans le miroir, je ne vois plus seulement une fille brisée. Je vois une fille qui lutte pour tenir debout, même quand personne ne l’aide.Après une courte nuit, je me lève avec cette boule dans la gorge. Je prends ma douche en silence, je range ma chambre comme d’habitude, puis je descends sans un mot. Il y a toujours du monde au salon, et pourtant je me sens terriblement seule.Je prends mon petit déjeuner rapidement. Ma tante, fidèle à elle-même, me lance : — Quand tu rentres, passe à la pharmacie pour moi.Je hoche la tête. Même plus la force de répondre.Quand j’arrive au magasin, Josh me lance un sourire : — Hey Mara ! T’as pas l’air en forme ce matin, tout va bien ?Je force un sourire. — Ouais, juste une nuit courte.Je la remercie du regard. Si seulement je pouvais tout raconter… Mais par où commencer
Mara lendemain matin, je me réveillai doucement, bercée par la lumière du soleil qui filtrait à travers les rideaux. J’étais encore à moitié endormie, mais je me forçai à quitter le lit. Comme chaque jour, je me regardai longuement dans le miroir accroché à la vieille armoire. Mon reflet me semblait plus fatigué que d’habitude. J’avais les traits tirés, les cernes visibles. Je passai une main dans mes cheveux avant de soupirer. Allez, Mara, une nouvelle journée t’attend.Je pris une douche rapide, me laissant un instant envahir par la chaleur de l’eau, comme si elle pouvait laver toutes mes pensées sombres. Une fois propre, j’enfilai des vêtements confortables, rangeai un peu ma chambre — refaire le lit, remettre les chaussures à leur place, plier les vêtements qui traînaient — puis je descendis au salon.Tout le monde était déjà là. Mes cousines , leur mère lisait un journal en sirotant son café, et mon oncle regardait distraitement les infos à la télé. Je ne dis pas grand-chose, co
MaraÀ peine rentrée à la maison, je n’eus pas le temps de retirer mes chaussures que la voix de ma tante me glaça le sang.— Où étais-tu encore passée, Mara ?Je la fixai un instant depuis l’entrée, mes clés toujours en main. Elle se tenait debout, les bras croisés, comme toujours. Prête à me juger.— J’étais chez Mariam, répondis-je, le ton neutre.Ses sourcils se haussèrent avec suspicion, et elle s’approcha de moi d’un pas sec.— J’espère que tu ne fais pas la pute dehors.Je restai figée, la gorge serrée. Mon regard planté dans le sien, je ne dis rien. Aucune réplique ne me semblait digne de ce moment. Je me contentai de monter les marches, les mains dans les poches, la rage coincée entre mes dents serrées.Une fois dans ma chambre, je claquai la porte derrière moi et m’appuyai contre elle. Mon cœur battait un peu trop vite, pas à cause de la peur, mais d’une lassitude profonde. J’étais fatiguée. Fatiguée d’avoir à supporter des accusations gratuites. Fatiguée d’avoir à justifier
Mara Je me réveillai lentement, les rayons du soleil filtrant à travers les rideaux beiges de ma chambre. Il faisait bon. Pas trop chaud, pas trop frais. Juste ce qu’il fallait pour me donner envie de rester au lit, mais je n’étais pas du genre à traîner. J’aimais commencer mes journées tôt, surtout quand je savais que je n’avais rien à faire. Pour une fois.Aujourd’hui, je ne travaillais pas. Pas de clients à servir, pas de visages à affronter, pas de sourire à forcer. J’avais le luxe rare de respirer à mon rythme. Et Dieu sait à quel point c’était devenu précieux, ces derniers temps.Je m’étirai longuement, posant les pieds au sol avec lenteur. Mon regard balaya la chambre : tout était à sa place. Ma vie, elle, l’était un peu moins.Direction la salle de bain. Je pris une bonne douche chaude, laissant l’eau glisser sur ma peau comme si elle pouvait emporter mes pensées sombres. En sortant, j’enfilai un short noir et un t-shirt ample. Je ne comptais pas impressionner qui que ce soit