Adrian
La porte claque derrière moi, m’enfermant dans un tourbillon de rage et de douleur. Mon cœur bat à tout rompre, tambour sauvage qui martèle ma poitrine, réveillant une fureur primale, une soif de justice ou de vengeance.
Je sens la bile monter, me brûler la gorge, et mes mains se crispent en poings tremblants. Vittoria ose. Elle ose jouer avec ce que je chéris, briser mes certitudes, détruire mes défenses, m’humilier comme si j’étais un enfant faible.
Non. Je refuse d’être détruit .
Je fonce dans le couloir, chaque pas un coup de tonnerre. Le sol semble disparaître sous mes pieds, porté par un seul objectif : la récupérer, l’arracher à cette prison dorée.
Soudain, deux ombres massives bloquent mon chemin. Deux gardes, murs de muscles impassibles, silhouettes immobiles comme des statues de pierre. Leur regard froid croise le mien, défi silencieux.
— Vous n’irez nulle part, monsieur annonce l’un d’eux, voix aussi dure que le métal.
Je me lance, poings levés, et balance un crochet rapide vers le visage du plus proche. La rage bouillonne en moi, un torrent déchaîné.
Mais ils sont rapides, entraînés, des murs infranchissables. L’autre garde attrape mon bras dans un étau d’acier tandis que le premier esquive mon coup et me saisit fermement les épaules.
Je me débats, sauvage, fou de rage, frappant dans le vide, sentant chaque muscle hurler, chaque souffle me brûler les poumons.
— Lâchez-moi ! Je la reprends, je vous le jure ! Peu importe le prix ! hurlais-je, voix cassée par l’effort et la fureur.
Mais leurs mains se resserrent, lourdes, déterminées. Ils me contrôlent, m’entravent, me réduisent à un fauve captif.
Un éclair de frustration me traverse. Je balance un coup de tête, visant l’un des visages, et touche de justesse la mâchoire du garde. Un grognement rauque lui échappe, mais il ne lâche rien.
Je pivote, tentant de me dégager, mais leurs prises sont trop solides, leur coordination parfaite.
Un coup de coude rapide dans les côtes, je sens l’air s’échapper de mes poumons, mais je ne fléchis pas.
— Je ne céderai pas ! Je ne la laisserai pas là !
Mon cri déchire le silence, et je frappe encore, de toutes mes forces, chaque coup chargé de désespoir.
Un coup de genou dans l’abdomen, je recule d’un pas, le souffle court, mais toujours debout, toujours prêt.
Ils m’entourent, me harcèlent, essayant de m’épuiser, de me briser.
Mes mains, tremblantes mais résolues, cherchent une faille.
Je dégage un bras, balance un uppercut brutal au visage du garde qui m’étreint. Un craquement sec retentit, et il recule, surpris.
Profitant de l’ouverture, je me libère partiellement et tente une percée vers la porte interdite.
Mais le deuxième garde me saisit la jambe, me faisant chuter lourdement au sol.
Le choc me coupe le souffle, et la douleur monte en moi, sourde et cuisante.
Je me relève en titubant, furieux, la rage plus forte que la douleur.
Je balance un coup de pied à l’aveugle, touchant le torse du garde.
Il grogne, recule, me laissant quelques précieux mètres.
Je cours vers la porte, le souffle court, le cœur battant la chamade, la vision brouillée par l’adrénaline.
Mais une main ferme se pose sur mon épaule.
Je me retourne, et leurs regards durs me paralysent.
— Ce jeu est fini .
Je serre les dents, prêt à me battre jusqu’à la dernière goutte de force, mais le poids de leur présence me cloue sur place.
Leur message est clair : elle est hors de portée.
Mais au fond de moi, une promesse brûle encore, indestructible : je la sortirai de là, coûte que coûte.
Je ne suis pas fini.
Vittoria
Le vacarme des coups résonne dans les couloirs comme un écho funeste. Ce tumulte est un prélude à la tempête qui couve, et je m’en délecte avec une froide avidité.
Leur lutte est violente, mais inutile. Adrian est fou de rage, c’est indéniable, mais sa fureur est aussi sa faiblesse. Il fonce aveuglement, se heurte aux murs que j’ai érigés.
Je l’observe, impassible, tandis que mes gardes l’immobilisent, le mettent à genoux, le repoussent encore et encore. Chaque coup porté est un message : tu n’auras rien.
Un sourire glacial fend mes lèvres. Il croit qu’il peut défaire mes plans, qu’il peut la sauver. Je vais lui apprendre à quel point il se trompe.
Je me détourne, déjà en train de penser à la prochaine manœuvre, au prochain piège. Cette guerre psychologique ne fait que commencer.
Adrian
Le sol sous mes genoux est dur, cruel, mais je refuse de plier. Le goût métallique du sang mêlé à ma salive me brûle la bouche. Mes muscles sont en feu, mes articulations protestent, mais je me relève.
Un garde me pousse violemment contre le mur. Je sens le bois craquer sous la violence du choc. Leurs mains sont comme des chaînes, leurs corps des murailles.
Je balance un coup de poing furieux, droit au visage du premier. Il chancelle un instant, surpris par ma résistance. Profitant de ce souffle, je me débats avec plus d’acharnement.
Un coup de coude fend l’air, s’écrase contre ma tempe. La douleur explose, et je vacille. Mais je réplique, envoyant un coup de genou dans les côtes d’un autre, qui grogne et recule.
Le combat devient danse mortelle, rapide, brutale. Chaque échange est une bataille de volonté, de force brute.
Ils m’encerclent, tentent de m’épuiser, mais je ne lâche rien. Chaque coup porté est un cri de défi. Je sens la rage monter, nourrie par la peur, par le désir de la voir libre.
Une main attrape mon poignet, une autre me tire en arrière. Je me débat, me dégage, mais ils sont deux, trois. Leur coordination est implacable.
Je balance un coup de pied, frappe une jambe, mais une prise ferme me fait tomber au sol. Le choc résonne dans mes os.
Je serre les dents, le souffle court, le cœur battant à tout rompre.
— Je la récupérerai, putain. Je la récupérerai, même si je dois me battre jusqu’à mon dernier souffle.
Vittoria
Je sens la tension à son paroxysme, cette énergie brute qui couve derrière la porte. Un feu sauvage, un ouragan de colère et de douleur.
Mais je sais que ce feu peut s’éteindre, qu’il peut se transformer en cendres.
Je me rapproche, lentement, savourant chaque seconde de ce combat désespéré.
Puis, je fais signe à mes gardes d’interrompre la lutte.
— Assez, ordonné-je d’une voix glaciale.
Ils reculent, mais leur regard reste fixé sur Adrian, comme une menace silencieuse.
Je pousse la porte, entrant dans la pièce d’un pas lent et assuré.
Adrian me regarde, la rage brûlant dans ses yeux, mais aussi la fatigue qui commence à l’éroder.
Je m’avance, et dans un sourire cruel, je murmure :
— Tu penses vraiment pouvoir lutter contre moi ? Ce n’est pas une bataille de muscles, Adrian. C’est une guerre d’esprits.
Je m’arrête à un souffle de lui, laissant cette phrase suspendue dans l’air, lourde de promesses sombres.
VITTORIAJe laisse mes doigts glisser sur le pied de mon verre, comme si je caressais une promesse. La lumière tamisée du restaurant enveloppe les tables d’une chaleur feutrée, mais à notre table, l’air vibre d’électricité contenue. Le serveur s’éloigne, discret, mais je sais qu’il a vu, qu’il a compris. Tout le monde comprend.Je dépose ma main sur la sienne. Un effleurement d’abord, presque innocent, comme si j’avais simplement besoin d’appui. Mais je prolonge. Mes doigts enveloppent les siens, mes ongles tracent de légers cercles sur sa peau tendue. Il ne retire pas sa main. Il ne peut pas. Ses yeux brûlent pourtant de colère contenue, de refus muet.Je souris, douce et victorieuse. — Tu vois, Adrian, tout paraît si naturel, quand on cesse de lutter.Je serre un peu plus, et j’entends les conversations autour de nous s’interrompre un instant. L’atmosphère change, imperceptiblement, mais je le sens : les regards se tournent, certains subtilement, d’autres avec une curiosité à peine
VITTORIAJe sens le regard d’Adrian brûler contre ma peau alors que je détourne le mien avec légèreté. Les murmures et les flashes continuent de crépiter autour de nous, mais je ne les remarque plus. Tout ce qui compte, c’est le moment que je vais lui imposer, le jeu que je contrôle.— Allons déjeuner, murmuré-je à voix basse, juste pour lui, mais suffisant pour que le monde entende notre complicité apparente.Ses yeux se plissent, mélange de colère et d’incrédulité, mais il ne proteste pas. Pas encore. Je sais que sa fierté hurle, que sa stratégie mentale s’active, mais il ne peut rien contre moi ici. Pas après ce baiser, pas après ce parvis transformé en scène.Je l’entraîne par le bras, léger contact qui en dit long, jusqu’à ma voiture. Les passants reculent instinctivement, fascinés et effrayés par la démonstration silencieuse. Chaque talon frappant le trottoir est un rappel que je dicte le rythme. Adrian garde la tête haute, mais je devine le tremblement contenu dans ses poings.
ADRIANLe palais de justice est une ruche disciplinée : robes noires qui se croisent, dossiers sous le bras, pas mesurés, visages fermés. Ici, chaque mot pèse, chaque geste est scruté. C’est mon domaine, mon dernier rempart, le théâtre où je contrôle tout, où chaque seconde est codée et chaque erreur sanctionnée.Je viens de sortir d’une audience. La lumière crue du soleil m’aveugle un instant. Les flashes des journalistes éclatent déjà au bas des marches, impatients, affamés. Je prends une inspiration pour m’armer d’indifférence, mais mon corps refuse. Mon cœur s’accélère avant même que je ne la voie….. Vittoria.Elle se tient là, comme si le parvis entier était son trône. Tailleur sombre parfaitement coupé, lunettes noires, lèvres écarlates. Derrière elle, ses gardes dessinent un arc de cercle menaçant, statues de pierre vivantes. Le tumulte de la ville s’arrête net. Les voitures freinent, les passants figent leurs gestes. Même le vent semble hésiter avant de bouger.Mon souffle se
VITTORIALa grille s’ouvre dans un grincement feutré, à peine audible, mais je sais que derrière le portail, une dizaine d’yeux me suivent déjà. Les gardes se tiennent droits, silhouettes noires découpées dans la lueur des projecteurs. Leurs oreillettes brillent comme des cicatrices métalliques. Ils ne parlent pas. Ils ne sourient pas. Ils sont là pour une seule chose : protéger mon empire.La voiture s’avance dans l’allée bordée de cyprès. Chaque arbre semble se pencher en signe de révérence. Quand je descends enfin, les talons frappent les pavés comme les coups d’un marteau de juge. Ma sentence est tombée ce soir : Adrian est à moi.Un garde ouvre la porte d’entrée de la villa. Pas un mot, pas un regard. Ils savent. Ils sentent que je reviens victorieuse.À l’intérieur, la demeure respire le luxe glacé : marbre poli, tapisseries sombres, lustres de cristal. Tout est silence, sauf le bruissement de ma robe. J’ai bâti ce lieu comme une forteresse : les vitres sont blindées, les caméra
ADRIANUn bruit de chaise fend le silence et me tire du sommeil. Mes yeux s’ouvrent d’un coup, happés par la lumière crue de la lampe de chevet. La chambre paraît étrangère, découpée en zones trop nettes. Vittoria est là, assise dans le fauteuil, jambes croisées, une tasse fumante posée sur la table basse. Son calme me glace. Elle ne semble pas une intruse : elle semble avoir toujours eu droit de cité ici.— Qu’est-ce que tu fais ici ? Ma voix est sèche, alourdie par la fatigue.Elle sourit, ce sourire qui n’éclaire jamais rien.— Je suis venue passer la nuit avec mon fiancé.Je me redresse, le cœur martelant mes tempes.— Ton fiancé ? Tu parles de qui ?— De toi, Adrian. Toi. Et dans quelques jours, dans un restaurant de la place, tu me demanderas en mariage devant témoins.Le souffle se bloque dans ma gorge. Mes yeux cherchent machinalement mon téléphone sur la table de nuit. Vide. Elle suit mon geste d’un léger mouvement de tête, presque amusée.— Inutile. Tu ne l’auras pas. Et qua
ADRIANMon téléphone vibre encore dans ma main quand la réunion se disperse. Les visages autour de la table restent tendus, chacun portant la fatigue d’un animal qui sait qu’on le chassera s’il chancelle. Marco soupire, comme s’il venait d’entendre une cloche qu’il n’a pas su faire taire. Clara range ses notes avec une précision rageuse. Alessandro, lui, a les yeux qui brillent : la chasse a commencé et il adore la chasse.Je relis la capture. Le message est simple, vulgaire par sa clarté : elle a des copies. Elle menace d’envoyer ce qu’il faut au procureur de la République. La formulation est un défi et une promesse. C’est moins un chantage qu’un jeu d’échecs où l’adversaire m’impose un tempo que je dois casser.Sofia me rejoint presque immédiatement, sans cérémonie. Elle entre comme on pousse une porte dans un chantier : poussière, détermination, nerveuse mais nette.— Tu as fait le bon mouvement, dit-elle, sans détour. Mais tu as bougé sur le terrain qu’elle préfère. Elle aime la s