Guérison

Je m'assois à table. Mon père est là.

Je reprends les cours aujourd'hui. C'est angoissant...

Mon père travaille dans un milieu pas très légal. Et ça a détruit ma vie. 

On m'a séquestré. Pendant des semaines et des semaines, en abusant de moi...

Aujourd'hui je me sens enfin prête à retourner en cours... enfin, plus ou moins prête.

- Tu es sûre que tu veux y retourner Lya' ? Me demande-t-il.

J'hoche la tête positivement.

- Ça va mieux, c'est bon.

Il soupire.

- Un de mes hommes va t'accompagner au lycée, et à partir de maintenant ça va être ton garde du corps.

- Tu les as retrouvé ?

- Pas encore mon ange.

Ils n'ont même pas payé pour tout ce qu'ils m'ont fait.

- Ils ne reviendront pas... n'est ce pas ?

- Ils ne reviendront sûrement pas.

J'acquiesce.

Après avoir mangé il m'accompagne jusqu'à mon nouveau "garde du corps".

Je suis rassuré que ce ne soit pas un vieillard. Il a l'air d'avoir dans la vingtaine. Au moins je pourrai m'entendre avec lui.

- Lya' je te présente Adrian, Adrian je te présente ma fille, Lyana.

- Enchanté. Dis-je en lui adressant un sourire.

- De même.

- Appelle-moi si tu ne te sens pas bien d'accord ?

J'hoche la tête.

Il dépose un bisou sur ma tempe avant de rentrer à la maison.

Je monte dans la voiture.

- Ta ceinture.

- Pardon. Dis-je en prenant ma ceinture de sécurité pour la boucler.

- Si tu es trop stressée n'y va pas.

- Ça va aller.

Il commence à conduire.

- Tu finis à quelle heure ?

- Il faut que tu viennes me chercher à 15:30 pour aller chez le psy. Tu es nouveau à travailler avec mon père ?

- Non ça fait trois ans que je travaille pour ton père.

- Je ne t'ai jamais vu à la maison.

- D'habitude il m'envoie dans les autres pays pour des missions. Il m'a dit de venir parce que je suis celui en qui il a le plus confiance c'est tout.

Avant tout ça j'avais énormément d'amies. Mais j'ai supprimé tout le monde.

J'ai besoin de faire le point sur moi...

On arrive devant le lycée.

- Ton numéro Lya'. M'arrête-t-il alors que j'allais sortir.

Je lui donne mon téléphone et il marque son numéro.

- Et met ça. Dit-il en me tendant une montre connecté. Si tu es en danger tu as juste à appuyer dessus et je viendrais, de toute façon je resterai toujours autour.

Il l'accroche à mon poignet.

- Je peux y aller ?

Il hoche la tête.

Je sors de la voiture et me dirige vers l'intérieur du lycée.

Ça fait si longtemps que je ne suis pas venu dans un lieu public.

Je me suis renfermée sur moi-même.

La matinée passe tranquillement. Je reste dans mon coin, la seule personne qui m'a remarqué est Diego.

C'était mon petit ami, avant tout ça...

A midi je vais me réfugier au CDI.

Je prends mon téléphone, le numéro d'Adrian est là.

J'hésite à l'appeler pour qu'il vienne me chercher. J'aime pas être entouré d'autant de monde.

- Lya' ?

Je relève la tête vers lui.

C'est Diego, je me lève pour être plus ou moins face à lui.

- Tu ne m'as pas dis que tu revenais aujourd'hui. Je sais que tu avais besoin de temps, mais je veux une réponse Lyana.

Je serre ma pochette dans mes mains.

- ... je ne suis pas en état de te donner ce que tu veux Diego...

- Alors j'attendrai.

- Les choses ont changés.

- Je t'ai toujours dis que je te soutiendrai.

- Mais tu ne peux pas...

- Tu ne peux pas dire que tu n'es plus amoureuse Lyana.

- Laisse-moi tranquille.

- Lyana.

- Je ne veux pas.

- Arrête de mentir.

J'essaye de passer mais il m'arrête.

- S'il te plaît Lyana.

Mon rythme cardiaque s'accélère.

Qu'est-ce qu'il fait ? Pourquoi il ne me laisse pas ?

Il pose soudainement sa main sur ma taille pour me coincer entre la bibliothèque et lui.  

- Diego arrête.

- Pourquoi tu les as laissé profiter de toi ? Je croyais que j'allais être le premier...

Il glisse sa main sous ma jupe.

- Arrête-toi Diego...

- Pourquoi tu t'es laissé faire ?

Les larmes dégoulinent sur mes joues.

Il passe sa main dans mes cheveux pour les tirer. Je sens une boule de stresse se former dans mon ventre, je ne veux pas que tout ça recommence, surtout pas.

Il me lâche aussitôt car il vient de se faire attraper par quelqu'un.

C'est Adrian.

Il a reçu la notification.

- Casse-toi avant que je te dégomme. Dit-il en restant devant moi.

Il s'en va aussitôt.

J'ai envie d'arracher la partie de mon corps qu'il a touché.

J'ai envie d'arracher chaque parcelle de peau qu'ils ont touché.

- Je veux rentrer à la maison. Dis-je en essuyant mes larmes.

*

Je m'enferme dans la douche.

Je frotte mes cuisses si longtemps que je vois la couleur du sang apparaître.

Oh mon dieu... qu'est-ce que je suis en train de faire ?

J'essaye d'arrêter le saignement, mais je n'y arrive pas.

Je sors de la douche et m'habille en gardant une serviette sur ma cuisse qui continue à se couvrir de sang.

- Adrian ? Je demande en ouvrant la porte à moitié, il est juste devant.

- Oui ?

- Je crois que j'ai fait une bêtise...

Il me regarde confus.

- Tu peux venir ?

Il entre à l'intérieur et voit ma cuisse. 

- Comment t'as fais ça ?

- J'ai... frotté un peu trop fort sous la douche... mais le dit pas à mon père, s'il te plaît.

Il soupire.

- Assis-toi, je vais désinfecter.

Je m'assois sur mon lit alors qu'il va chercher la boîte de premier soin dans la salle de bain.

- Je peux ? Demande-t-il en regardant ma cuisse.

J'hoche la tête positivement.

Il prend doucement ma jambe sur son genoux et vient désinfecter.

Je serre le drap pour éviter de crier de douleur. De l'alcool sur une peau ouverte ça fait mal, très mal.

- C'est bon, ça va passer.

Je retiens mes sanglots.

Il passe un bandage tout autour.

- Où est mon père ?

- Il rentrera ce soir.

- Ne lui dit rien à propos de ce qui s'est passé dans le CDI.

- Je dois faire un rapport à ton père pour lui dire tout ce qui s'est passé.

- Adrian, s'il te plaît, si tu fais ça il ira le tuer.

- Je ne peux pas mentir à ton père Lyana. Il me fait confiance.

Je me mords l'intérieur de la joue pour ne pas pleurer.

Soudain la porte de ma chambre s'ouvre.

Mon cœur a sûrement faillit s'arrêter quand je vois mon frère.

Je me lève directement et va le serrer de toutes mes forces dans mes bras.

Oh mon dieu, ça faisait si longtemps que je ne l'avais pas vu.

Adrian se remet devant la porte.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je suis venu voir ma petite sœur, je n'ai pas le droit ?

- Je croyais que tu restais au Mexique ?

- Je suis là pour quelques semaines. Je n'avais pas envie de te laisser seule.

Ça fait trois mois que j'essaye de passer par-dessus tout ça, au début il est resté avec moi, mais puisqu'il gère les affaires au Mexique, il a dû y retourner.

- Pourquoi tu n'es pas en cours ?

Je croise le regard d'Adrian. Il veut que je dise la vérité...

J'ancre à nouveau mes pupilles dans celles de mon frère.

- J'ai trop stressé je ne me sentais pas bien.

- Hmm, ça viendra avec le temps, c'est déjà bien que tu sois sortie. De toute façon c'est pas grave si tu n'as pas ton bac, tu as assez d'argent pour mener une vie entière sans travailler princesse.

Je souris.

- Ce serai mieux que j'aie un diplôme quand même.

- Mais ce n'est pas important. Tu veux venir faire un tour avec moi ?

- Non, je vais rester au lit je suis fatiguée. Peut-être un autre jour.

- Surveille bien ma soeur toi. Dit-il en se tournant vers Adrian.

- Tu m'avais pas manqué.

- Tu me brises le cœur.

Ils ricanent.

- Je te laisse te reposer princesse, je suis juste à côté si tu as besoin.

Ils sortent de la chambre.

Je ferme mes volets et m'allonge dans mon lit. Les larmes commencent à venir petit à petit.

J'en ai vraiment marre de pleurer chaque jour, mais j'ai si mal...

Je sens tout le temps leurs mains sur moi. Sans arrêt... mon corps ne m'appartient plus, il appartient à eux.

J'étais enchaînée comme un animal pendant qu'ils me battaient. Ils m'ont violé à plusieurs, en y prenant du plaisir.

J'espère que mon père les retrouvera et qu'il les tuera. Ils méritent de brûler en enfer.

Adrian

J'ai une chambre à côté de celle de Lyana. C'est devenu ma priorité de protéger cette petite.

Ça fait trois ans que je travaille avec monsieur Ricci.

Je sais qu'il a confiance en moi. Mais je ne sais pas pourquoi je sens que cette fille va être très compliquée.

Ce qu'elle a subie m'énerve tellement... ça m'a serré le cœur quand j'ai vu ces cuisses en sang, dans le seul but de ne plus se sentir sale.

Je suis le premier qui peut comprendre son ressenti.

C'est une jolie fille, dès le premier jour je l'ai trouvé magnifique, il y a trois ans.

Ça va être si compliqué de reprendre confiance en elle après tout ça. J'essayerai de l'aider de mon mieux.

J'entends soudain la porte de sa chambre s'ouvrir.

Je me lève directement et sors. Je la rattrape avant qu'elle ne descende les escaliers.

Elle sursaute en se tournant vers moi.

- Où tu vas à cette heure ?

- Je sors juste dans le jardin c'est bon.

Je soupire.

- Je viens avec toi.

- On est à la maison Adrian il ne risque pas de m'arriver grand chose.

- Tu es ma priorité Lyana. Tu es sous ma protection, donc je viens avec toi. Dis-je les pupilles ancrées dans ses iris vairons.

Gris et vert. Ils sont magnifiques, vraiment.

- Adrian.

Je tourne la tête vers Livio, son frère.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Rien, je voulais juste aller dans le jardin et il m'a entendu sortir.

- Je vais l'accompagner c'est bon. Dit-il. Va dormir un peu espèce d'insomniaque.

- Tu es sacrément culotté Livio.

- Moi je dors.

- Tu passes tes nuits à baiser surtout.

- Je me retire de cette conversation. Dit-elle en descendant les escaliers me laissant seul avec son frère.

- Va voir mon père demain, on a peut-être retrouvé les mecs.

- C'est pour ça que t'es revenu n'est-ce pas ?

- Non. Je suis vraiment revenu pour elle, elle en a besoin.

Je soupire.

- Pourquoi ils l'ont prit elle ?

- Parce qu'ils savent très bien que Lya' est notre petite princesse dans cette famille. Et que la toucher c'est comme toucher le noyau. Va dormir un peu je vais rester avec elle c'est bon.

- D'accord.

Je retourne dans ma chambre.

Après avoir prit deux somnifères je trouve enfin le sommeil.